Les tests de terrain et la planification de l’entraînement des filières énergétiques Colloque Bruxelles, 27 novembre 2004 Université Victor Segalen Bordeaux 2 Faculté des Sciences du Sport et de l’Éducation Physique LES FILIÈRES ÉNERGETIQUES : QUOI DE NEUF ? Georges CAZORLA & Luc LEGER Rappel des caractéristique des différentes sources énergétiques sollicitées au cours de l’exercice musculaire. CO2 + H2O + + Glycogène, glucose, acides gras libres, acides aminés + O2 ATP Acide lactique Glycogène Créatine + Pi ADP + Pi = Phosphorylcréatine (PCr) SOURCES 1) « anaérobie alactique » : Sprints courts et tout exercice très court et très intense. : 2) « anaérobie lactique » : 400, 800, 1500m (8 s à 2-3 min) 3) « aérobie » : 5-10000m, semi marathon, marathon et ultra marathon MILIEU EXTRA CELLULAIRE O2 Exercice de longue durée MEMBRANE CELLULAIRE p MILIEU CELLULAIRE Exercice court et intense o Glycogène... Myoglobine O2 lactate ATP n PCr C + Pi ADP + Pi Tropomyosine Mitochondrie Contraction et relachement musculaires Actine Troponine Myosine RA S L E PP CARACTERISTIQUES DES SOURCES ENERGETIQUES Chaque source énergétique se caractérise par : • le délai d’apport optimum d’énergie, • sa capacité ou énergie potentielle totale susceptible d’être utilisée, • sa puissance métabolique ou quantité maximale d ’énergie qu’elle peut fournir par unité de temps, • son endurance ou pourcentage de la puissance énergétique maximale qu’elle peut fournir pendant le plus long temps possible, • son ou ses facteur(s) limitant(s), • et la durée nécessaire pour reconstituer les réserves utilisées ou/et pour éliminer ou métaboliser les déchets et métabolites produits D’UNE CONCEPTION CLASSIQUE BIEN ADMISE… 100 - Dépense én DEPENSES ENERGETIQUES RELATIVES (%) 90 80 70 - ergétique to tale Filière anaérobie lactique Filière anaérobie alactique Filière aérobie 60 50 - Oxydations des résidus glucosyles, Acides gras libres, acides aminés Glycolyse, Glycogénolyse PCr 40 - Hydrolyse 30 - ATP 20 10 - 10s 20 120 I I 30 40 50 1min 2 4 6 8 10 20 30 40 60 210 280 420 625 1250 3150 5430 I I I I I I I 80 100min 8780 kJ I Courbe d’Howald modifiée Poortmans et Boisseau 2001 2003; Biochimie des A.P. page 19 …A DES REVISIONS NECESSAIRES QUE PEUT-ON DIRE AUJOURD’HUI DES FILIERES ENERGETIQUES QUI ALIMENTENT L’EXERCICE : 1- TRES COURT (< 6s) ET TRES INTENSE (supra maximaux > 160 à 250 % de PAM) : Sauts, sprints très courts, tout exercice « explosif »,… 2- DE DUREES INTERMEDIAIRES (20s à 2 min) ET INTENSE (supra maximaux > 120 à 200 % de PAM) : 200m….800m course, 50m….200m nage…) 3- DE LONGUES DUREES (3 min et plus…) ET DE MOINDRE INTENSITE (> 75 à 120 % de PAM) : 1000m au marathon…, 400m au 3000 m nage… 1- EXERCICES TRES COURTS ET TRES INTENSES = Filière anaérobie (*) alactique (**) (*) anaérobie = sans air donc sans oxygène (**) alactique = sans production d’acide lactique Substrats énergétiques d’un exercice maximal de 6 s ATP utilisé : mmol.kg-1 (muscle sec).s-1 D’après Gaitanos et al.; J;Appl. Physiol, 1993; 75 : 712 - 9 15 _ 1.2 O2 0.9 10 _ 7.4 ATP : : 7.5 % 5.5 % PCr : 46 % 5 _ 6.6 0 _ I I 6 secondes Glycolyse : 41 % RESERVES EN OXYGENE DE L’ORGANISME IMMEDIATEMENT UTILISABLES • Hémoglobine = environ 1000 ml d’O2 de réserve • Myoglobine = 11.2 ml / kg de muscle. 11.2 x 30 kg de muscle = 336 ml chez l ’adulte moyen (70 kg) Jusqu ’à 500 ml chez un sportif entraîné Comme nous l’aborderons cet après-midi, l’utilisation de ces réserves joue un rôle important dans les exercices par intervalles et plus particulièrement dans les exercices intermittents courts et intenses Mg ATP4- + H2O ATPase ADP3- + MgHPO42- + H+ La baisse du rapport ATP/ADP active l’augmentation rapide du flux métabolique de la glycolyse qui peut passer : - de 0.05 µmol.g-1.min-1 au repos - à 50 - 60 µmol.g-1.min-1 lors de l’exercice intense …entraînant une importante formation d’acide lactique Au pH cellulaire l’acide lactique (CH3CHOCOOH) est dissocié En un anion lactate (CH3CHOCOO-) et un proton : l’hydrogène (H+) Acide lactique → lactate + H+ Substrats énergétiques de deux exercices supra maximaux de 6 s et 10 s ATP utilisé : mmol.kg-1 (muscle sec).s-1 D’après : Gaitanos et al.; J;Appl. Physiol, 1993; 75 : 712 – 9 Bogdanis et al.; Acta physiol Scand, 1998; 163: 261-72 15 _ 1.2 0.9 O2 ATP : 7.5 % vs 14 % : 5.5 % vs 3.5 % 10 _ 7.4 2.0 0.5 4.5 PCr : 46 % vs 31.5 % 5 _ 6.6 Glycolyse : 41 % vs 51 % 7.3 0 _ I I 6 secondes I I 10 secondes Evolution des concentrations musculaires en ATP, PCr et du pH et concentrations sanguines en lactate en fonction de la vitesse et de la durée lors d’un 100 m. (d’après Hirvonen et al. 1987) Estimation du pourcentage de contribution des différents substrats dans la production d’ATP pour diverses épreuves Epreuve ATP PCr 100m 3,5 % 31,5 % 200m 400m 17 % 63 % Glycolyse Glycolyse lactique aérobie 51 % 14 % 56 % 27 % 37 % Auteurs Bogdanis et coll (1998) Gastin (2001) REVISION NECESSAIRE 100 - DEPENSES ENERGETIQUES RELATIVES (%) 90 - Dépense é nergétique 80 - totale 70 60 50 - Oxydations des résidus glucosyles, Acides gras libres, acides aminés Glycolyse, Glycogénolyse PCr 40 - Hydrolyse 30 - ATP 20 10 - O2 de réserve 10s 20 120 I I 30 40 50 1min 2 4 6 8 10 20 30 40 60 210 280 420 625 1250 3150 5430 I I I I I I I 80 100min 8780 kJ I Courbe d’Howald modifiée Poortmans et Boisseau 2001, 2003; Biochimie des A.P. page 19 PREMIERE CONSEQUENCE : TERMINOLOGIQUE 1) A l’échelle de l’organisme et du travail musculaire, il n’est plus possible aujourd’hui de soutenir le concept d’ANAEROBIE (sans air donc sans oxygène) car même les exercices très courts et très intenses bénéficient d’un apport en O2 2) Comme dès le début de l’exercice musculaire la glycolyse est mise en jeu, il est donc difficile aussi de soutenir le concept d’ALACTIQUE ! DEUXIEME CONSEQUENCE : Il n’est plus possible non plus d’affirmer l’intervention unique d’une filière énergétique dans l’apport total de l’énergie requis par un exercice donné. On parlera d’avantage d’une contribution relative de chaque filière énergétique au processus métabolique d’une activité musculaire. On fonction de l’intensité et de la durée d’un exercice ou d’une activité il est indispensable de définir non seulement la prédominance d’une source énergétique mais aussi l’interaction constante des autres. 1.2 - Facteur limitant de l’exercice court et intense Ce qui se disait :…. - Epuisement des réserves ?? Déplétion en ATP au niveau du vaste externe du quadriceps lors de sprints en course à pied : A) en fonction de la durée (Bogdanis et al., 1998; Cheetham et al. 1986). B) en fonction de la distance parcourue (Hirvonen et al. 1987) • 100 – [ATP] (en %) [ATP] (en %) 100 – A 90 – • 80 – • 70 – 60 – B • 90 – 80 – 70 – • 60 – I I I 0 10 20 • I 30 Durée du sprint (en s) 50 – • • • I I I I I 0 40 60 80 100 Distance du sprint (en m) Déplétion en PCr au niveau du vaste externe du quadriceps lors de sprints en course à pied : A) en fonction de la durée (Bogdanis et al., 1998; Cheetham et al. 1986). B) en fonction de la distance parcourue (Hirvonen et al. 1987) 100 – • 100 – • A B 80 – [ PCr ] (en %) [ PCr ] (en %) 80 – 60 – 40 – 20 – • • I I I 0 10 20 60 – 40 – • 20 – • • • I I I I I 30 0 40 60 80 Durée du sprint (en s) Distance du sprint (en m) • I 100 Facteurs limitants : - protons H+ de l’hydrolyse de l’ATP et de l’acide lactique ? - IMP…NH3, NH4 ? - baisse des réserves ?? 1.3 - RECUPERATION APRES L’EXERCICE COURT ET INTENSE Exercice 20 _ ép uisant C irculatio n sang uine no rm ale 90 % en 4m in 85 % en 2m in 16_ 70 % en 50s 12 _ 8_ O cclusio n = ab sence d ’oxyg ène = p as d e resynthèse d es Pho sp hag ènes (AT P + PC r). 4_ I 0 R ep os 2m in I 4m in I 8m in I I I 12m in R éc up ératio n Fig ure 9 : S yn thèse de s ph osph a gè ne s a près u n e xerc ic e co urt et inten se. L’app ort d’ox yg èn e est indisp e nsa ble po ur p erm ettre la res yn thèse de l’ATP d an s les m ito ch o ndries . L es m oléc ule s d’A TP ains i form ée s perm ettent elles m êm es la resyn thèse de la P C r. H arris et co ll. (19 76) CONSEQUENCE • Après un exercice court et intense, la resynthèse de la phosphocréatine (PCr) à partir de nouvelles molécules d ’ATP, nécessite la présence d ’oxygène • La vitesse de cette resynthèse dépend de la quantité d ’oxygène que le muscle peut utiliser. • Comme l’ont démontré les travaux Quirstorff & al, 1992 ; Trump & al.,1996 ; Bogdanis & al.,1996, il est possible d ’améliorer la vitesse de resynthèse de la PCr entre plusieurs exercices courts et intenses grâce à un bon développement préalable de la capillarisation et de la capacité oxydative des muscles sollicités. Le développement du pouvoir oxydatif du muscle devrait donc toujours précéder l’entraînement de la vitesse, de l’endurance de la vitesse et de la puissance musculaire. CINETIQUE DE LA RESYNTHESE DES PHOSPHAGENES La PCr utilisée au cours de l ’exercice est reconstituée comme suit: 70 % en 30 s 84 % en 2 min 89 % en 4 min 97 % à 100 % en 6 à 8 min RECAPITULATIF SOURCE D’ENERGIE IMMEDIATE Phosphagènes ANAEROBIE ALACTIQUE SUBSTRATS PRODUCTION DELAI DE D’ATP PRODUCTION OPTIMALE ATP + PCr TRES FAIBLE 1 PCr = 1 ATP NUL CAPACITE PUISSANCE TRES FAIBLE 20 - 60 kJ 65kJ (*) ENDURANCE ≤ 15 - 20s dépend du % TRES de puissance ELEVEE: max (jamais 250 à 530 kJ.min-1 inférieur à 95% de la puissance 750 kJ (*) Maximale) 1à3-4s (*) Sportif spécialiste entraîné et de haut niveau 2- EXERCICES DE DUREES INTERMEDIAIRES (20s à 2 min) ET INTENSES (supra maximaux > 120 à 200 % de PAM) : 200m….800m course, 50m….200 m nage…) Cycle de la glycolyse anaérobie ÒATP/ADP Òinsuline GLYCOGENE G. synthétase Récupération +- + - G. phosphorylase Adrénaline, Ò Ca 2+ et Ô ATP Contraction (travail musculaire) Glucose 1-phosphate Glucose 6-phosphate Fructose 6-phosphate Fructose biphosphatase Phosphofructokinase - Fructose 1,6 biphosphate ADP ATP Acide pyruvique Ô pH Acide lactique D ’après Newsholme, 1988 Contraction (travail musculaire) 1 - EXERCICE INTENSE ( >PAM ) et DE COURTE DUREE (400 m - 800 m) GLYCOGENE ADP NAD ATP (+3) NADH MILIEU INTERSTITIEL CELLULE MUSCULAIRE Accumulation intracellulaire NAD H+ Transport membranaire extra cellulaire CAPILLAIRE SANGUIN LACTATEMIE MCT4 PYRUVATE CO2 LACTATE O2 O2 MITOCHONDRIE ADP OXYDATION CO2 ATP (36) Chaîne des transporteurs d’électrons H2 Cycle de Krebs. TRANSPORT MEMBRANAIRE DU LACTATE (Juel et al.,1991; Dermott et Bonen,1993;Pilegaard et al.,1993; Roth et Brooks,1993) • Il existe des protéines qui permettent le transport du lactate à travers le sarcolemme : monocarboxylate tansporter : MCT1 et MCT4 • D'elles dépend la vitesse du passage du lactate musculaire : MCT1 milieu intracellulaire • MCT4 milieu extracellulaire <–> sang La vitesse du passage membranaire dépend : 1. du niveau de stimulation des transporteurs. 2. du nombre de transporteurs mis en jeu. 1- Le niveau de stimulation dépend : - du gradient pH entre les milieux intra et extra cellulaires - du type d ’entraînement (l ’entraînement en intensité augmente la vitesse du passage membranaire par rapport à l ’entraînement de longue durée) 2- Le nombre des transporteurs recrutés dépend : - du niveau d ’entraînement - de la nature des fibres activées : les fibres rapides présentent plus de MTC4 et pratiquement pas de MTC1, - de l’âge des sujets (le nombre de transporteurs sollicités diminue avec le vieillissement). (Juel et al.,1991;Dermott et Bonen,1993; Pilegaard et al.,1993; Roth et Brooks,1993; Brooks, 1999; Pilegaard, 1999; Bonen, 2000) DES QUESTIONS QUI SE POSENT... 1) Acide lactique ou lactate... quelle différence ? 2) Le Lactate est-il un « déchet » ? 3) Quel est le devenir du lactate ? 4) Quelles significations accorder au(x) seuil(s) anaérobie(s) ? 2.1 - ACIDE LACTIQUE OU LACTATE... QUELLE DIFFERENCE ? GLYCOGENE 1 mol. de GLUCOSE = 3 mol. d'ATP 2 mol. d'ACIDE LACTIQUE C6 H12 O6 2 C3 H6 O3 + 197 kJ Au pH du muscle (7.05 à 6.1) Acide lactique : C3 H6 O3 H+ + Proton C3 H5 03Anion : Lactate A l'échelle de l'organisme il n'y a que très peu d'acide lactique sous sa forme acide mais surtout des ions lactate. 2.2 - Le lactate est-il un « déchet » ? ... DONC : EST- IL MAUVAIS DE PRODUIRE BEAUCOUP DE LACTATE ? • Une molécule de glycogène permet la synthèse de 3 ATP et s’accompagne de la formation de 2 molécules de lactate. • Donc, plus le muscle produit de lactate par unité de temps, plus de molécules d’ATP ont été synthétisées,et donc plus important a été le travail musculaire. • L’athlète qui réussit dans les disciplines courtes est celui qui produit le plus de lactate par unité de temps (Lacour et Coll. 1991) Sprint et lactatémie Après des courses de 100 et 400m, des valeurs élevées de [La]s ont été mesurées : 12,5mmol/l et 20,1mmol/l. Plus les athlètes courent vite, plus ils présentent des [La]s élevées en fin de compétition. [La]s apparaît donc comme un témoin de la performance au sprint (Brett et coll, AEFA n°162, 2001). LACTATE ET EXERCICE 100m sprint……………environ 13-16 mmol/l 200m sprint……………environ 18-20 mmol/l 400,800 et 1500m……environ 22-26 mmol/l 5000m…………………environ 13 mmol/l 10000m………………..environ 8 mmol/l EN CONSÉQUENCE… Le lactate n’est donc pas un « déchet » ni surtout « une toxine qui empoisonne le muscle » mais bien une source énergétique potentielle utilisable après, ou au cours d’une récupération passive ou active. 2.3 - QUEL EST LE DEVENIR DU LACTATE ? ou : Lactate et récupération MILIEU INTERSTITIEL CELLULE MUSCULAIRE Glucose Néoglycogenèse : 1/4 FOIE Elimination : Urine, sueur (négligeable) de u ig o se l e F o de -gluc e l e Cyc lanin l’a GLYCOGENE ALANINE 4 5 PYRUVATE 2 Cor Cycle de capillaire i 1 Lactate O2 Oxydation : 3/4 CŒUR , REINS, AUTRES MUSCLES NON ACTIFS. MITOCHONDRIE O2 H2 LACTATE 36 ADP + 36 Pi 3 NADH2 NAD + H2 36 ATP H2O Chaîne des transporteurs d’électrons CO2 OXYDATION CO2 H2 Cycle de Krebs H2 METABOLISME AU COURS DE LA RECUPERATION DEVENIR DU LACTATE AU COURS DE LA RECUPERATION LACTATE OXYDATION ~ 4/5 Par : • Les muscles squelettiques Les fibres musculaires productrices Les fibres musculaires environnantes (navette) Les fibres musculaires d’autres territoires au repos GLYCOGENESE ~ 1/5 • Le myocarde 10 % • Les reins • Les reins < 10 % Par : • Le foie - Cycle de Cori - Cycle de l’alanine-glucose ELIMINATION négligeable Par : • L’urine et la sueur • Les muscles (indirectement ?) LACTATE ENTRANT (LE) LACTATEMIE (MUSCLE) • LE > LS : (accumulation) • LE = LS : (Etat stable) 6-8 mmol.l-1 SANG • LE < LS : (décroissance) LACTATE SORTANT (LS) ( OXYDATION, GLYCOGENESE ) 1 H 30 2.4 - QUELLES SIGNIFICATIONS ACCORDER AU(X) SEUILS ? • Si le S.A. existait, il devrait délimiter deux zones : l'une située en deçà d'une limite (puissance, vitesse, FC, % VO2 max) à caractéristique essentiellement aérobie et l'autre au delà, à composante essentiellement anaérobie entraînant une accumulation de lactate. [LA] mmol. l-1 AEROBIE : PAS DE LACTATE • Si cette théorie ANAEROBIE : correspondait à une ACCUMULATION réalité, l'entraîneur LACTIQUE disposerait alors de repères objectifs S.A nécessaires pour planifier individuellement les intensités d'entraînement Puissance, vitesse aérobie ou anaérobie. FC ou % VO2 max - 11 - 10 - 9 - 8 - 7 - 6 - 5 - 4 - 3 - 2 - « Seuil » d’apparition du lactate : SL1 ou S. Aérobie * 1 - • • [LAs ] ( mmol.l-1 ) 12 • • I 25 • • • • • Seuil d’accumulation du lactate : SL2 ou S. Anaérobie *, I I 50 75 % vam, % PAM, % VO2max, % FCmax, I 100 * Selon la terminologie proposée par Wasserman, (1964 et 1967) EXAMINONS : Ö La validité des théories sous-jacentes : - 4.1 La non apparition du lactate dans le sang correspond-elle à des conditions strictement aérobies ? et donc à quelle puissance le muscle commence t-il à produire du lactate. - 4.2 L’accumulation du lactate correspond-elle à l’absence d’oxygène ? A QUELLE PUISSANCE LE MUSCLE PRODUIT-IL DU LACTATE ? • Travaux de GREEN et Coll. 1983 montrent qu'à une puissance correspondant à 50% de VO2 max (< au "S.A."), la concentration du lactate musculaire atteint 4,5 mmol/l alors que la lactatémie n'augmente pas (1,3 à 1,5 mmol/l) • Travaux de CONNETT et Coll. 1984, CHIRTEL et Coll. 1984 et FUKUBA et Coll. (1989) montrent que.. …dans un exercice à intensité progressive, le muscle produit du lactate dès les premières puissances de travail et ensuite la concentration intramusculaire augmente linéairement avec les puissances successives. [ La S] mmol / l [ La m] mmol / l 4.5 1.5 50 % VO2 max MUSCLE puissance 50 % VO2 max SANG puissance EN CONSEQUENCE… On ne peut conclure à une absence de production de lactate par le muscle à partir de l’absence de modification de la lactatémie en début d’exercice triangulaire. Il n’existe donc pas de puissance «SEUIL» en deçà de laquelle le muscle ne produit pas de lactate et au delà de laquelle il en produit. L’absence de modification de la lactatémie en début d’exercice triangulaire résulte probablement de l’interaction de 3 composantes physiologiques : 1- du gradient de pH trop faible ce qui entraîne : 2- une activation insuffisante des transporteurs membranaires du lactate musculaire, 3- de la dilution du lactate dans un vaste espace extra musculaire (Zouloumian et Freund, 1981) L’ACCUMULATION DU LACTATE CORRESPOND-ELLE A L’ABSENCE D’OXYGENE ? EST-CE L’ABSENCE D’OXYGENE QUI ENTRAINE LA FORMATION ET L’ACCUMULATION DU LACTATE DANS LE MUSCLE ? X Il est fréquent de lire qu’« il y a formation de lactate en absence d’oxygène » Ceci est exact mais ... dans un tube à essai ! XGlobalement au niveau des muscles actifs Les travaux de Pirnay et Coll. (1972) montrent qu’au cours d’un exercice maximal (= à VO2 max), la PO2 du sang veineux effluent ne s’abaisse pas au dessous de 20 mm Hg. XLocalement dans la cellule musculaire Les travaux de Connet et Coll. (1984) montrent aucun gradient de PO2 inférieur à 2 mm Hg alors que la PO2 minimale nécessaire pour assurer une activité maximale de la phosphorylation oxydative est inférieure à 0.5, voire 0.1 mm Hg. (Chance et Quirstorff,1978) EN CONSEQUENCE : P Malgré sa production et son accumulation du lactate, le muscle squelettique qui travaille (même à puissance maximale = à VO2 max) N’EST EN HYPOXIE, ni globalement, ni localement, ni transitoirement, ni à l’état stable. P Il y a toujours plus d’oxygène que la quantité maximale susceptible d’être utilisée par le muscle. P Ainsi l’hypothèse sous-jacente à la théorie du « Seuil anaérobie » selon laquelle le muscle produit du lactate car il est en hypoxie au delà d’une certaine puissance « seuil » n’est pas confirmée. HYPOTHÈSES... L’accumulation du lactate pourrait être due : P A la différence entre l’activité enzymatique maximale de la lactate déshydrogénase (en amont) et celle de l’α cétoglutarate déhydrogénase (en aval) qui sont deux des enzymes limitant le flux métabolique respectivement : de la glycolyse et de l’oxydation mitochondriale. Au niveau d’activation des protéines permettant le transport transmembranaire du lactate vers le milieu extracellulaire. Vitesses d’activités enzymatiques maximales (V.A.E.max) au sein du quadriceps humain (micromoles.min-1. g-1 à 25°) Glycolyse : Phosphofructokinase *…………….…..57 Lactate déshydrogénase…………… 121 Oxydation : V.A.E.max 100 fois supérieure ! Céto-glutarate déshydrogénase*….…1.2 * Enzymes limitant le flux métabolique D’après Jorfeld et al. (1978) et Poortmans (1988), Au plan biochimique, dans certains cas, les effets de l’entraînement se traduisent essentiellement par l’augmentation de la quantité d’une ou de plusieurs enzymes en présence. h or nous savons que, plus la concentration d’une enzyme est élevée, plus grande est la quantité de substrat susceptible d’être dégradée. hc’est précisément ce qui se passe chez l’athlète entraîné en endurance dont l’entraînement augmente le nombre, la taille des mitochondries et par conséquent la concentration en enzymes oxydatives. • c’est le cas de l’enzyme cétoglutarate déshydrogénase (CGDH) dont le niveau faible de l’activité maximale limitait, avant entraînement, le flux substrat du cycle de Krebs expliquant en partie l’accumulation précoce du lactate en amont. • Chez l’athlète entraîné, la même quantité d’O2, autorise une oxydation plus importante de lactate grâce à une concentration plus élevée de la CGDH expliquant le déplacement vers la droite de la courbe lactateintensité. [LAs] ou VE non entraîné entraîné S.A. Puissance, vitesse, VO2 2.5 - RECUPERATION APRES UN EXERCICE LACTIQUE CINETIQUE DU METABOLISME DU LACTATE POST EXERCICE Transformation du lactate après un exercice épuisant de deux minutes 1- RECUPERATION PASSIVE: 50 % en environ 25 min 75 % en environ 50 min 88 % en environ 1h 15 min 100 % en environ 1h 30 min 2- RECUPERATION ACTIVE (entre 40 et 60 % de VAM) 50 % en environ 6 min 75 % en environ 12 min 100 % en environ 20 min SOURCES ENERGETIQUES DU 400 m (en % du total) Glycolyse 25% aérobie 13% PCr Phosphocréatine (PCr) Glycolyse anaérobie Glycolyse aérobie 62% Glycolyse anaérobie D ’après Newsholme et coll. (1992) SOURCES ENERGETIQUES DU 800 m (en % du total) 6% PCr Phosphocréatine (PCr) 44% Glycolyse aérobie Glycolyse anaérobie 50% Glycolyse anaérobie D ’après Newsholme et coll. (1992) Glycolyse aérobie RECAPITULATIF SOURCE D’ENERGIE RETARDEE Glycolyse lactique ANAEROBIE LACTIQUE CAPACITE PUISSANCE SUBSTRATS PRODUCTION DELAI DE D’ATP PRODUCTION OPTIMALE GLYCOGENE FAIBLE COURT: 1 GL. = 3 ATP 15 à 20s FAIBLE 75 - 200 kJ 130 à 210 kJ (*) ELEVEE: 110 à 200 kJ.min-1 500 kJ.min-1 (*) (*) Sportif spécialiste entraîné et de haut niveau ENDURANCE Entre 1 et 3min dépend du % de PMA (entre 90 et 140% de PMA ou de VAM 3 - EXERCICE DE LONGUE DUREE ET RÉCUPERATION SOURCES : CO2 + H2O ATP Glycogène, glucose, acides gras libres, acides aminés + O2 3) Très retardée : aérobie - semi marathon, marathon et ultramarathon - 3000 10 000 m - 800 - 1500 m Acide lactique 2) Retardée : anaérobie lactique Glycogène Créatine + Pi ADP + Pi Phosphocréatine (PCr) 1) Immédiate anaérobie alactique CELLULE MUSCULAIRE Acides aminés FOIE GLYCOGENE Glucose Glucose AAR Acides aminés ra mifiés (AAR) O2 Acid es g ras l AGL ibres SANG Glycérol G-6-P Triglycérides Acides g ras libres (A PYRUVATE ACETYL CoA GL) CO2 MITOCHONDRIE O2 36 ADP + 36 Pi OXYDATION 36 ATP H2O Chaîne des transporteurs d’électrons CO2 H2 Cycle de Krebs. H2 METABOLISME AU COURS DU MARATHON ET DE L’ULTRAMARATHON SOURCES ENERGETIQUES DU 1500 m (en % du total) Glycolyse anaérobie 25,00% Glycolyse aérobie Glycolyse anaérobie 75,00% Glycolyse aérobie D ’après Newsholme et coll. (1992) INFLUENCE DE LA PUISSANCE RELATIVE DE L’EXERCICE (% DE PMA) SUR LA CONTRIBUTION DES SUBSTRATS A L’APPORT D’ENERGIE. (D’après LACOUR, 1982) 100 90 70 - Glucides 50 - Lipides 30 - Protides 10 - I 20 I 40 I 60 % de P.M.A. I 80 I 100 LES DIFFERENTES SOURCES ENERGETIQUES DURANT L’EXERCICE PROLONGE A 70 % DE VO2max 100 – - LIPIDES 80 60 40 - GLUCOSE SANGUIN 20 - GLYCOGENE MUSCULAIRE 0 - I 0 I I 1 I I 2 I I 3 DUREE DE L’EXERCICE (heures) I I 4 EFFET DE L’INTENSITE DE L’EXERCICE SUR LES CONCENTRATIONS METABOLIQUES 25%VO2max 65%VO2max 100 80 60 40 20 0 15 30 45 60 75 Temps (min) Romijn et al. (1993) 90 TG musculaire AGL plasmatique glycogéne musculaire glucose plasmatique % de la dépense d'énergie % da la dépense d'énergie 100 80 60 40 20 TG musculaire AGL plasmatique 0 15 glycogéne musculaire 30 45 60 75 Temps (min) 90 glucose plasmatique SOURCES ENERGETIQUES DU 5 000 m (en % du total) Glycolyse anaérobie 12,50% Glycolyse aérobie Glycolyse anaérobie 87,50% Glycolyse aérobie D ’après Newsholme et coll. (1992) SOURCES ENERGETIQUES DU MARATHON (en % du total) Acides gras libres AGL = 20% 5% = Glucose circulant (hépatique et sanguin) 1 2 3 75% = Glycogène aérobie D ’après Newsholme et coll. (1992) SOURCES ENERGETIQUES DE L'ULTRA MARATHON : 80 KM (en % du total) 5% Glucose circulant 30% Glycolyse aérobie 1 2 60% Acides gras libres D ’après Newsholme et coll. (1992) Acides 5% aminés ramifiés 3 4 L ’épuisement total des réserves en glycogène est réalisé en: 1 heure de travail musculaire à 80 - 85 % de VAM 1 heure 30 min à 2 heures à 75 - 80 % de VAM 50 % des réserves sont reconstituées dès la 5ème heure (Piehl 1974). La reconstitution totale (concentration initiale) est complète en 46 heures • La DEPLETION des RESERVES MUSCULAIRES en GLYCOGENE dépend : – De l'importance des réserves initiales; – Du niveau d'entraînement du sportif; – Du niveau et de l'intensité de l ’activité physique; – De la qualité des fibres musculaires sollicitées. RECONSTITUTION DES RESERVES EN GLYCOGENE La RECONSTITUTION des RESERVES nécessite un DELAI POST- EXERCICE de 12 h (Machlum et coll.,1977) à 46H (Piehl, 1974) dont la DUREE dépend : – De l'importance de la déplétion: – Du niveau d'entraînement; – Et du régime alimentaire; RECAPITULATIF SOURCE D’ENERGIE TRES RETARDEE Oxydative AEROBIE SUBSTRATS CAPACITE PUISSANCE PRODUCTION DELAI DE D’ATP PRODUCTION OPTIMALE TRES GLYCOGENE IMPORTANTE + GLUCOSE + AGL 1 GL. = 39 ATP + AAR ... + ALANINE LONG : 2 à 3 min 1 à 1.30 min (*) FAIBLE : 60 à 90 kJ.min-1 TRES ELEVEE: 1500 à 135 à 5300 kJ 155 kJ.min-1 45000 à Peut être 80000 kJ (*) maintenue de3 à 15 min (*) Sportif spécialiste entraîné et de haut niveau ENDURANCE Dépend du % de VO2max Sollicité (entre 70 et 90% de VAM) EN CONCLUSION DE CETTE PREMIERE PARTIE... COURSES POURCENTAGE D’ATP DERIVE DU METABOLISME AEROBIE 100 m <5% 200 m 10 % 400 m 25 % 800 m 50 % 1 500 m 65 % 5 000 m 86 % 10 000 m 96 % Marathon 98 % D ’après Newsholme et coll. (1992) POURCENTAGES DE CONTRIBUTION DANS LA PRODUCTION D’ATP D ’après Newsholme et coll. (1992) Glycogène Courses (m) PCr (%) Anaérobie (%) Aérobie (%) Glucose sanguin (glycogène hépatique) (%) Triglycérides (acides gras) (%) 100 m 48 48 4 _ _ 200 m 25 65 10 _ _ 400 m 12.5 62.5 25 _ _ 800 m 6 50 44 _ _ 1500 m (*) 25 75 _ _ 5 000 m (*) 12.5 87.5 _ _ 10 000 m (*) 3 97 _ _ 42 195 m (*) 1 74 5 20 80 000 m (*) _ 35 5 60 (*) : Dans ces épreuves la PCr est utilisée dans les premières secondes et, si elle est resynthétisée pendant la course, elle servira aussi pour l ’accélération finale. ( en % du maximum) PREDOMINANCE DE LA SOURCE DES PHOSPAGENES 100 % ≈1à6s ZONE MIXTE PREDOMINANCE DE LA GLYCOLYSE LACTIQUE ≈ 6 s à 1min ATP + PCr INTENSITE 50 % _ + Glycogène ZONE MIXTE PREDOMINANCE DE L’OXYDATION DE DIFFERENTS SUBSTRATS > 7min… PREDOMINANCE DE LA GLYCOLYSE AEROBIE : 2 à 7min GLYCOGENE..acide lactique + PCr + Glycogène aérobie GLYGOGENE… acide lactique GLYCOGENE ...H2O + CO2 + GLYCOGENE + Glycogène aérobie (acide lactique) 10s 20s 30s 40s 50s 1min 2min DUREE (s et min) 3min GLYCOGENE + GLUCOSE + ACIDES GRAS LIBRES + ACIDES AMINES 4min 10min 20min Contribution respective de chaque processus métabolique dans l ’apport énergétique total (courbe du haut) lors de courses d’intensités et de durées différentes. En fonction de ces deux variables, on peut remarquer la prédominance d ’une source énergétique mais aussi l’interaction constante des autres. MERCI POUR VOTRE ATTENTION