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FORMATION CONTINUE
Les principales causes sont décrites dans le tableau I9. Les
causes intrinsèques sont en général difficiles, voire impos-
sibles à éliminer. Par contre, les causes extrinsèques peuvent
être corrigées. Il est donc important de les réévaluer, en par-
ticulier la surutilisation.
4. LE REPOS TEMPORAIRE RESTE LE TRAITEMENT
DE CHOIX DE LA TENDINOPATHIE AIGUË. FAUX.
À la fin de 2011, l’équipe de Bleakley, en Angleterre, a recom-
mandé de remplacer le protocole GREC (Glace, Repos,
Élévation, Compression) par l’acronyme POLICE soit Pro-
tection, Charge optimale (Optimal Loading), Glace (Ice),
Compression et Élévation10. Protection et charge optimale
signifient qu’il faut équilibrer le repos et la charge mécanique
en période de réadaptation afin de favoriser une phase de
cicatrisation plus efficace. Par contre, il existe aussi des don-
nées probantes sur le protocole POLICE dans la phase aiguë
de la tendinopathie, soit pendant les premières semaines.
Ce protocole agit sur les éléments inflammatoires du début,
tout en combinant l’exercice contrôlé utilisant la réponse
cellulaire après charge mécanique (mécanotransduction)
que nous verrons à la question 6.
5. LES INFILTRATIONS DE CORTICOSTÉROÏDES
ONT PARFOIS UN EFFET BÉNÉFIQUE. VRAI.
Les corticostéroïdes sont prescrits depuis 1950, année de leur
découverte. Leur effet anti-inflammatoire était alors consi-
déré comme un élément de la guérison de la tendinopathie.
Les méta-analyses les plus récentes ne soutiennent toutefois
pas cette hypothèse4. Si, à court terme (six semaines), ils ont
un effet bénéfique sur le processus de guérison, à moyen
(de six semaines à six mois) et à long terme (plus de six
mois), ils sont nuisibles, accentuant l’apoptose et la mauvaise
fabrication du collagène. Ce n’est toutefois pas le cas dans la
ténosynovite et les arthropathies1. Leurs effets indésirables
sont l’atrophie et parfois la rupture du tendon ainsi que la
dépigmentation de la peau4.
6. SELON LES DONNÉES PROBANTES,
CERTAINS EXERCICES SONT RECOMMANDÉS
MALGRÉ LA SURUTILISATION. VRAI.
Selon les principes de physiopathologie décrits plus tôt, on
comprendra les bases théoriques des régimes reposant sur
les mouvements excentriques. Les exercices excentriques
sont constitués de mouvements où l’énergie sert à maîtri-
ser l’élongation d’un tendon, contrairement aux exercices
concentriques qui contractent le muscle et aux exercices
isométriques qui sont faits contre résistance et dans les quels
l’unité musculaire garde la même longueur. Par exemple, la
flexion du biceps pour lever un poids est un exercice concen-
trique alors que l’extension du bras après la flexion du biceps,
si elle est faite graduellement, est un exercice excentrique9.
Il faudra préciser au patient qu’il doit s’aider de son côté
sain pour reprendre la position de départ dans les exer-
cices ex centriques que nous décrirons. Pour empêcher la
surve nue de microtraumas, le patient évitera les exercices
isométriques ou concentriques9.
Les exercices excentriques visent à renverser les effets de la
phase dégénérative, ce qui est toutefois plus facile lorsqu’elle
en est encore à ses débuts. L’objectif est la création de liens
enchevêtrés entre les fibres de collagène désorganisées. Il
faut accroître la force de manière à réduire la quantité d’éner-
gie demandée à l’unité musculaire blessée, ce qui favorise
la réparation. Selon le mécanisme de mécanotransduction,
plus la force créée est élevée, plus les messagers cellulaires
produits sont nombreux, et plus la formation de liens enche-
vêtrés augmente9.
Les données probantes sur les exercices excentriques
datent des années 1980. À ce jour, c’est toujours le protocole
d’Alfredsson (tableau II9,11.12) pour le traitement de la tendi-
nopathie calcanéenne qui fait école11. Dans ce protocole, la
prescription d’exercice suit trois principes qui permettent d’at-
teindre cet objectif. Les étirements avant l’exercice réduisent
la résistance sur le tendon pendant le mouvement. Quand
on augmente la charge appliquée sur le tendon et la vitesse,
la force développée par le tendon s’accroît.
Le protocole d’Alfredsson a entraîné une diminution de la
douleur chez 90 % des patients qui en éprouvaient une dans
la partie moyenne du tendon. Seuls 30 % des patients souf-
frant d’une tendinopathie d’insertion constataient une
atténuation de la douleur11. Ce protocole a été le premier à
limiter les exercices concentriques et à favoriser les exer-
cices excentriques. Notons que toutes les études que nous
avons répertoriées, y compris celle d’Alfredsson, étaient des
essais à répartition aléatoire sans insu regroupant de dix à
vingt patients (quinze dans le cas du protocole d’Alfredsson).
TABLEAU II RÉSUMÉ DU PROTOCOLE
D’ALFREDSSON9,11,12
Protocole d’Alfredsson
Nombre de mouvements 3 séries de 15 répétitions
Fréquence 2 f.p.j.
Durée De 6 à 12 semaines
Objectif de la charge Douleur minimale (max. 5/10)
lors de la dernière série
Vitesse Lente (environ 5 secondes
par répétition)
Excentricité
(à rechercher)
Contrôle de l’élongation
d’un tendon
Concentricité (à éviter) Contraction de l’unité musculaire
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