La psychologie canine
Pas besoin de canapé
Dans le chapitre précédent, j'ai défini et détaillé l'énergie en tant que moyen de communication entre les
humains et les animaux.
Que vous en soyez conscient ou non, vous communiquez tout le temps avec votre chien grâce à l'énergie,
mais aussi grâce au langage du corps et aux odeurs. Mais comment interpréter les messages que vous en-
voie votre chien? Comment savoir si vous projetez en retour la bonne énergie? Il faut commencer par
comprendre la psychologie des chiens en retournant à leur nature innée et en essayant de voir le monde à
travers leurs yeux, et non les vôtres.
Les humains viennent de Saturne, les chiens viennent de Pluton
Pour que toute relation trouve un réel équilibre, elle ne peut pas être unilatérale. Les besoins des deux
parties doivent être comblés. Pensez aux relations homme-femme.
Le but ici est de vous aider à effectuer les changements positifs dans le « couple » que vous formez avec
votre chien, basés sur une nouvelle compréhension de la vraie nature de cet animal.
C'est seulement grâce à cette connaissance que vous pourrez établir avec lui le genre de lien, le véritable
lien homme-bête, auquel vous aspirez.
La première erreur que commettent nombre de personnes en créant un lien avec leur chien est la même
que celle commise par beaucoup d'hommes avec les femmes: ils présument que leurs cerveaux
fonctionnent exactement de la même manière.
La plupart des amoureux des animaux persistent à essayer d'établir des rapports avec leurs chiens en
utilisant la psychologie humaine.
Toutefois, aussi intelligents que nous soyons, mère nature a toujours raison de nous.
L'« humanisation » d'un chien, source de nombreux troubles du comportement, crée un déséquilibre, et un
chien qui n'est pas équilibré est un chien frustré et, la plupart du temps, agité. Il y a des chiens qui dirigent
la vie de leurs maîtres, qui se comportent de façon dominante, agressive ou obsessionnelle, et qui font
régner leur loi dans la maison.
Parfois, cela fait des années que ces problèmes durent.
Il arrive qu'un maître déconcerté dise: « Le problème, c'est qu'il croit être une personne. » Non, c'est faux.
Je vous le jure, votre chien sait parfaitement qu'il est un chien. Le problème, c'est que vous, vous ne le
savez pas.
À passés différents, présents différents
Les animaux et les humains ont tous connu une évolution différente: ils n’ont pas les mêmes ancêtres et
ont développé des forces et des faiblesses qui leur sont propres pour les aider à survivre sur Terre.
Dans son livre. À quoi pensent les animaux ?, le professeur Marc D. Hauser affirme que les différentes
espèces ont, pour survivre, des « trousses à outils mentales » intégrées et spécifiques.
L'analogie avec la « trousse à outils », est un moyen simple pour comprendre la grande diversité qui règne
dans la nature.
Nous partageons tous certains outils, comme le langage universel de l'énergie. Mais certains sont
spécifiques à une espèce.
De nombreux outils sont les mêmes pour différentes espèces - l'odorat, par exemple - mais jouent un rôle
plus important pour la survie d'une espèce en particulier.
Ces « outils évolutionnistes» composent la boîte à outils de l'esprit d'un animal: chaque espèce a donc une
psychologie qui est, par bien des côtés, unique et très spécifique.
Les girafes ont leur psychologie propre. Les éléphants aussi. Vous ne vous attendriez pas à ce qu'un lézard
ait la même psychologie qu'un humain, non? Bien sûr que non, car un lézard évolue dans un tout autre
environnement, et vit une existence totalement différente de celle d'un humain. Les lézards sont « conçus
» pour des fonctions opposées aux nôtres.
Pour reprendre l'image de la « trousse à outils », vous n'attendez pas d'un médecin qu'il apporte dans la
salle d'opération une boîte à outils de programmateur informatique, ou d'un plombier qu'il apporte les
instruments d'un violoniste pour réparer votre évier.
Tous ont des outils bien distincts car tous font un travail différent. Bien que les chiens et les humains aient
interagi étroitement, peut-être même de façon interdépendante, pendant des milliers d'années, les chiens
ont aussi été «conçus » par la nature pour remplir des fonctions très différentes de celles des humains.
Pensez-y. Étant donné les différences qui existent entre nous - nos fonctions et nos trousses à outils,
pourquoi voulez-vous que l'esprit de votre chien fonctionne de la même manière que le nôtre?
Quand nous humanisons les chiens, nous les coupons de la réalité.
En les personnifiant, nous allons être capables de les aimer comme nous aimerions un être humain; mais
nous ne serons jamais en parfaite communion avec eux. Nous n'apprendrons jamais à les aimer pour qui ou
ce qu'ils sont vraiment.
« Les chiens ne pensent pas comme les humains » ; « la psychologie canine n'est pas la psychologie
humaine »
Si vous en avez déjà assez entendu et que vous êtes fin prêt à considérer votre chien comme un chien,
félicitations et tous mes vœux de réussite!
Mais en quoi la psychologie canine est-elle si différente? Pour commencer, il faut à nouveau observer les
chiens à l'état naturel, quand les humains ne font pas partie du décor. Les chiens commencent leur vie
d'une façon totalement opposée à la nôtre, et même nos sens les plus basiques sont différents.
Mais vous seriez surpris de voir le nombre de gens qui se montrent réticents, ou qui parfois refusent même
carrément d'abandonner l'image qu'ils se font de leur chien, cette image d'adorable petite personne.
Leurs chiens sont leurs « bébés », et ces propriétaires ont peur, en les considérant différemment, de perdre
le lien qui les unit, au lieu de le renforcer. Certains ont le cœur brisé, et pleurent même, quand on leur dit
que pour résoudre les problèmes de leur chien, ils doivent commencer par percevoir et traiter leur fidèle
compagnon d'une manière totalement différente de ce qu'ils ont fait jusqu'à présent, et parfois depuis des
années.
On peut avoir peur que certains chiens n'aient jamais la chance de vivre paisiblement, de manière
équilibrée, car il semble peu probable, et même impossible, que leur maîtres changent.
Si en lisant ces lignes vous vous dites que vous êtes peut-être l'une de ces personnes, s'il vous plaît, armez-
vous de courage.
Apprendre à connaître votre chien pour ce qu'il est vraiment est une nouvelle aventure, non?
C'est excitant! C'est un grand privilège que d'être capable de vivre aux côtés de ce compagnon et de voir le
monde à travers les yeux d'un membre d'une espèce complètement différente de la nôtre ! Souvenez-vous
qu'en vous engageant à changer, c'est envers votre chien que vous vous engagez.
Vous lui donnez une chance d'atteindre son potentiel naturel et, ce faisant, vous témoignez à une autre
créature vivante la plus haute forme de respect qui soit, en la laissant être ce qu'elle est censée être. Vous
posez donc les fondations d'une nouvelle relation avec votre chien, qui vous rapprochera davantage
encore.
Le nez, les yeux, les oreilles: dans cet ordre !
Nez, yeux, oreilles: apprenez cela par cœur.
C'est l'ordre naturel dans lequel se développent les sens chez les chiens. A savoir, que depuis le début, dès
le développement de leurs tout-premiers outils de survie, les chiens ont fait l'expérience du monde d'une
manière totalement différente de la nôtre.
Quand une chienne accouche, ses petits naissent avec un odorat fonctionnel, mais ils n'ont pas encore la
vue, ni l'ouïe.
La première chose dans la vie d'un chien, et la plus vitale - sa mère - lui apparaît donc comme une odeur.
La mère est, avant tout, une odeur et une énergie. Un nouveau-né humain peut aussi différencier l'odeur
de sa mère de celle des autres humains: l'odorat est donc important pour nous aussi, mais ce n'est pas
notre sens le plus développé. Pour l'homme, « voir, c'est croire ». Eh bien, pour un chien, sentir, c'est
croire.
S'il ne sent pas, il est incapable de comprendre. Ce n'est pas réel pour lui.
Comparez plutôt: nous, les humains, n'avons qu'environ 5 millions de récepteurs olfactifs dans notre nez,
alors qu'un chien adulte en a en moyenne 220 millions.
En réalité, comme le disent les maîtres-chiens de chiens policiers (dressés pour retrouver des gens ou des
cadavres), les membres de l'espèce canine sont capables de renifler des odeurs que nous ne pouvons
même pas détecter à l'aide des équipements scientifiques les plus sophistiqués.
En résumé, un chiot grandit pour « voir» le monde en utilisant son nez comme principal organe sensoriel.
Outre l'odeur et l'énergie, un chiot va expérimenter le toucher: il se rapproche de sa mère en se tortillant
pour aller téter, bien avant qu'il ne sache à quoi elle ressemble. Il n'ouvre ses yeux qu'au bout de 15 jours
et commence alors à déchiffrer le monde à l'aide de sa vue.
Quant aux oreilles, elles ne se mettent à fonctionner qu'au bout de 20 jours.
Mais comment essayons-nous principalement de communiquer avec notre chien ? En lui parlant comme s'il
nous comprenait ou en lui donnant des ordres en criant !
Même l'expérience de la naissance pour un chiot est très éloignée de celle d'un humain. Pour un chien,
l'énergie calme-assurée de la mère imprègne tout. Pensez au scénario typique de la naissance d'un homme.
Imaginez le stéréotype de l'homme dans la salle d'accouchement: "Respire, chérie"
Pour des humains qui s'apprêtent à devenir parents pour la première fois, une naissance est généralement
très stressante, pleine d'agitation.
C'est une tout autre histoire dans le monde animal. Dans son environnement naturel, une mère chien ne
sera pas effrayée par l'accouchement, pas plus qu'elle n'aura besoin de médecins, d'infirmières ou de
sages-femmes.
Elle se construit un nid, s'y rend toute seule et, dans la plupart des cas, a un comportement très intime,
secret, pendant l'expérience. Avez-vous déjà vu une chienne prendre ses petits et les emmener dans un
tiroir ou sous un lit pour les nettoyer en enlevant le placenta, et se mettre à les nourrir ?
C'est une expérience privée, pour elle. Là encore, c'est très différent pour les humains. Une fois de plus,
nous venons au monde d'une manière qui diffère radicalement de celle des chiens. Être un chien n'est ni
mieux ni moins bien qu'être un humain. Mais la vie pour un chien est une expérience fondamentalement
différente, et ce dès le premier jour.
Pour mieux comprendre comment fonctionne leur esprit, jetons un œil aux premiers jours des chiens et à
leur développement. Alors qu'ils sont encore minuscules, quand la mère arrive dans son nid, ce sont les
chiots qui doivent la trouver et venir à elle: elle ne va pas vers eux.
Quand ils grandissent, parfois, elle s'éloigne d'eux - ou, même, les repousse - lorsqu'ils s'approchent pour
téter.
Dans la nature, c'est ici que commencent la discipline et la sélection naturelle. Les chiots les plus faibles
auront plus de mal à trouver leur mère, et ne pourront pas rivaliser avec les autres pour se nourrir.
Si une chienne décèle une faiblesse chez l'un de ses petits, elle n'y prendra pas garde. Le chiot peut même
mourir. L'énorme différence entre chiens et humains est donc flagrante. Nous sommes la seule espèce du
règne animal à prêter encore plus d'attention à un enfant s'il est faible.
Il n'existe pas d'unité de soins intensifs néonataux dans une meute de chiens. Cela ne signifie pas que la
chienne n'aime pas sa progéniture, mais, dans le monde des chiens, « aimer » équivaut à s'assurer de la
survie de la meute et des générations futures. Un chiot faible ne peut pas suivre les autres et met la meute
en danger en la ralentissant, mais pas seulement.
D'un point de vue génétique, il va sans doute rester faible en grandissant et il risque donc d'engendrer à
son tour d'autres chiots faibles. Cela nous paraît dur mais, dans la nature, les faibles ne tardent jamais à
être éliminés.
Pour un chiot, la mère est avant tout une odeur et une énergie.
L'énergie calme-assurée.
La progestérone, dont le taux est toujours élevé chez la mère après la grossesse, aide à accroître cette
énergie calme, en inhibant la « réponse de combat ou de survie », ce qui permet à la chienne de se
concentrer sur le fait d'élever ses petits
L'énergie calme-assurée est la toute première énergie dont les chiots font l'expérience, et c'est cette
énergie qu'ils associeront pour le restant de leurs jours à l'équilibre et à l'harmonie.
Dès les tout premiers instants de leur vie, ils apprennent à suivre un chef calme-assuré. Ils apprennent
également la soumission-calme, tempérament naturel des suiveurs dans le règne animal, et tout
particulièrement chez les chiens. Ils apprennent la patience.
Leur nourriture n'arrive pas toute seule, ils doivent attendre le retour de la mère dans le nid pour manger.
Ils apprennent que survivre signifie à la fois être en compétition avec les autres chiots de la portée et
coopérer avec la mère - qui est par défaut leur premier chef de meute.
Comment approcher un chien pour la première fois
Comment le corps et l’esprit de votre chien sont-ils liés ? Ou encore comment votre chien s’est-il développé
à partir du chiot qu’il était ?
C’est sa mère qui la première lui présente le monde, elle est le premier être qu’il rencontre. Maintenant
comparez l’odeur et l’énergie calmes-affirmées émises par la mère, avec la façon dont nous nous nous
comportons en général en rencontrant un chien.
Que faisons-nous à la vue d’un adorable petit chiot ? On s’exclame « oooh ! » très fort avec la voix aigüe
que l’on prend en s’adressant à un bébé. Ce faisant nous avons recours aux sons pour nous présenter au
chien, généralement un son chargé en excitation et en émotion. Nous projetons donc une énergie excitée
et affective qui est la plus éloignée qui soit de l’énergie calme-assurée. Pour un chien l’énergie affective est
une énergie de faiblesse: elle est souvent négative, le chien comprend donc dès cette rencontre que nous
ne sommes pas réellement équilibrés.
Que se passe-t-il ensuite ? Nous allons vers le chien et non l’inverse. Nous nous précipitons vers lui, nous
nous penchons à son niveau et nous lui donnons de l’affection, habituellement une petite tape sur la tête
avant même qu’il ne sache qui nous sommes. A ce moment-là, le chien sait déjà que nous ne comprenons
vraiment rien à son fonctionnement. ll reçoit aussi un autre message, nous allons vers lui et à partir de ce
moment nous signons un contrat qui dit que nous sommes les suiveurs et qu’il est le chef.
Pouvez-vous le blâmer âpres avoir fait une aussi piètre première impression et avoir projeté une image
d’instabilité ?
Refaisons à présent le scénario de cette première rencontre en nous basant sur la psychologie canine et
non sur la psychologie humaine.
La bonne façon d’aborder un chien que l’on ne connaît pas, c’est de ne pas l’approcher du tout. Les chiens
ne s’approchent jamais les uns des autres de face, sauf lorsqu’ils se défient. Le chef de meute lui ne
s’approche jamais des suiveurs, ce sont toujours les suiveurs qui l’abordent. Les convenances existent dans
le monde des chiens et la première de ces convenances serait que lorsqu’on rencontre un chien, on ne le
regarde pas dans les yeux, on garde une énergie calme-assurée, et on le laisse venir à nous.
Comment ce chien va-t-il vérifier votre personne ? En vous reniflant, évidemment. Et ne vous affolez pas s'il
vous renifle l'entrejambe. Bien sûr, dans le monde des humains, sentir les parties génitales de quelqu'un
que l'on rencontre pour la première fois serait considéré comme extrêmement choquant, mais c'est de
cette manière que les chiens se saluent.
Ce geste ne sous-entend en général rien de sexuel; c'est seulement une manière de recueillir des
informations importantes sur les autres - sexe, âge, alimentation. Un chien qui vous renifle recueille ces
informations. Pendant qu'il vous renifle, il ne capte pas seulement votre odeur, mais aussi l'énergie, de
première importance, que vous projetez.
Il est possible que vous ne reteniez pas son attention et qu'il parte à la recherche d'autres odeurs, qu'il juge
plus intéressantes. Ou alors, il peut rester près de vous pour mieux vous examiner.
Une fois qu'un chien a décidé de nouer le contact, en venant fourrer son nez contre vous ou en se frottant
à vous, vous pouvez lui donner de l'affection. Mais ne le regardez pas encore dans les yeux, gardez cela
pour quand vous vous connaîtrez mieux de façon à ne pas aller trop loin dès le premier rendez-vous. Il
arrive qu'après avoir examiné une nouvelle personne, un chien ne s'y intéresse pas du tout et s'en
détourne. Quelqu'un qui aime les chiens va tout naturellement tendre la main vers lui pour le faire revenir
en lui donnant de l'affection.
Certains chiens peuvent percevoir ce geste comme non désirable, et cela peut les pousser à vous mordre.
Même avec un chien gentil, je suggère en général aux gens de ne pas donner de l'affection
immédiatement. Laissez le chien faire votre connaissance, faites en sorte qu'il se sente à l'aise avec vous et
qu’il gagne votre affection.
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