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CORRIGÉ
LE THÉÂTRE : TEXTE ET REPRÉSENTATION • SUJET 6
Questions
PRÉPARATION
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mm Question 1
Ce que l’on vous demande
En travail préliminaire, répertoriez sur un tableau à trois colonnes les compo-
santes de ces scènes : thème, situation, personnages – nombre et identité,
rapports entre eux –, registre, évolution de l’action, rôle du spectateur…
Cherchez les éléments que vous retrouvez dans ces trois scènes.
Classez ces éléments et définissez-les. Justifiez votre réponse par des
références précises aux textes.
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LE THÉÂTRE : TEXTE ET REPRÉSENTATION • SUJET 6
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mm Question 2
Ce que l’on vous demande
« Complicité » signifie participation (ici : à l’action), connivence (entre deux
personnes : ce peut être entre l’auteur, les personnages et le spectateur), lien.
Normalement, au théâtre, le spectateur est dans le noir et, par convention,
n’a plus d’existence (la vie est sur scène). Mais il arrive qu’il « participe » un
peu à l’action, ou que, au moins, il soit lié à un des personnages, c’est-à-
dire qu’il ait des informations que certains personnages n’ont pas, qu’il soit
dans la confidence et voit ce que certains personnages ignorent. Il occupe
alors une position privilégiée.
Dans ce domaine, la double énonciation au théâtre est importante.
La double énonciation au théâtre
Au théâtre, le discours est marqué par une double énonciation : les per-
sonnages se parlent entre eux mais ils parlent aussi à l’intention du
public. Mais en général, le public n’entre pas, n’intervient pas dans le dia-
logue qui se déroule sur scène entre les personnages, exception faite du
cas des apartés et du monologue.
Le monologue, la tirade et l’aparté
• Le monologue est un discours prononcé par un personnage qui est ou
se croit seul.
Spécificité du monologue : au théâtre, l’une des conventions veut que les
personnages sur scène ignorent le spectateur laissé dans l’ombre, totale-
ment séparé de la scène et de ce qu’il s’y passe. Le monologue peut
rompre avec cette convention, car le personnage peut s’adresser au
public. En tout cas, les seuls auditeurs d’un monologue sont le public (et
parfois un personnage caché ; le personnage qui monologue n’est pas au
courant de la présence de celui-ci).
• La tirade est une longue réplique qu’un personnage dit d’un trait à un
autre personnage. La tirade ne rompt pas avec la convention théâtrale
mentionnée ci-dessus.
• L’aparté est une brève réplique ou un mot qu’un personnage se dit à
lui-même, en présence d’autres personnages, et adressé aux seuls spec-
tateurs. Il dévoile des sentiments secrets, informe le spectateur et crée
une complicité du personnage avec le public. Il peut provoquer le
comique.
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LE THÉÂTRE : TEXTE ET REPRÉSENTATION • SUJET 6
Cherchez en quoi la situation du spectateur de ces scènes est privilégiée :
que sait-il ? Qu’entend-il ? Que voit-il que certains des personnages ne
savent ? n’entendent ? ne voient pas ? Avec quel personnage s’établit sa
complicité (involontaire) ? Par quel moyen s’établit cette complicité (aparté,
monologue, obscurité, vision « panoramique », ambiguïté des mots…) ?
Vous avez intérêt à prendre chaque scène l’une après l’autre ; faire une
synthèse serait difficile.
CORRIGÉ DES QUESTIONS
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mm Question 1
Les trois scènes ont des points communs tant du point de vue des per-
sonnages que de la situation et du thème qu’elles traitent. Leurs registres,
quoiqu’un peu différents, présentent aussi des ressemblances.
Il s’agit dans les trois cas d’une scène de séduction : Dom Juan tente de
séduire deux paysannes, le Comte du Mariage de Figaro fait sa cour à celle
qu’il croit être Suzanne, Cyrano adresse une demande de baiser à Roxane.
• Par ailleurs, dans chaque scène, les personnages jouent un rôle ambigu, ont
une identité double ou sont déguisés : Dom Juan est l’amoureux de Mathu-
rine, mais aussi celui de Charlotte ; Cyrano parle au nom de Christian ; la
Comtesse a pris l’identité de Suzanne.
Ces rôles équivoques soutiennent une scène de tromperie – c’est en effet le
thème commun de ces scènes – : Dom Juan par son double jeu trompe les
deux paysannes en leur faisant croire à chacune que c’est elle qu’il aime ;
dans la scène du Mariage de Figaro, la Comtesse trompe son trompeur de
mari ; enfin, Cyrano et Christian trompent tous deux Roxane, qui croit que
c’est Christian qui parle.
Ces trois scènes sont traitées sur le mode comique ; certes, il est plus ou
moins accentué – assez appuyé dans Dom Juan (tant la situation est invrai-
semblable), plus léger dans le Mariage de Figaro – bien que le spectateur
s’amuse fort du tour joué au Comte, il est mêlé de pathétique dans Cyrano
de Bergerac.
Les trois scènes se rejoignent aussi sur un dernier point : elles offrent
des situations tout à fait improbables dans la vie réelle, c’est vraiment du
théâtre. Car comment concevoir logiquement que les deux paysannes
n’entendent pas ce que Dom Juan dit à l’autre ? Comment imaginer que
le Comte ne reconnaisse pas la voix de sa femme ni Roxane celle de
Cyrano – ou du moins comment peut-elle la confondre avec celle de
Christian ?
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mm Question 2
Le spectateur, dans ces trois extraits, a une position privilégiée qui fait de
lui le complice de certains personnages et de la tromperie qui se déroule
sous ses yeux.
Ainsi, il dispose d’informations que les autres personnages n’ont pas. Il
sait que Dom Juan mène un double jeu – les paysannes l’ignorent – ; il sait
que ce n’est pas la vraie Suzanne qui est face au Comte ; il est enfin complice
du stratagème de Cyrano et Christian, que Roxane est loin d’imaginer.
Cette complicité fait du spectateur l’égal de l’auteur en termes de savoir et
s’établit par plusieurs moyens. Dans Dom Juan et dans Cyrano, le specta-
teur est complice des personnages masculins, dans Le Mariage, c’est de
la femme.
Dans Dom Juan, le spectateur perçoit les apartés du séducteur avec
chacune des paysannes et est témoin des deux conversations, alors que
chaque jeune fille n’en perçoit qu’une. Pour le spectateur, la scène n’est
pas « coupée en deux ». On pourrait dire qu’il a une perception stéréopho-
nique de la scène et qu’il est là en position de double voyeur du duo
amoureux !
Dans les deux autres extraits, le public, grâce aux apartés, partage les
sentiments des personnages : il sent le désarroi de Cyrano à la fin de
l’extrait à travers sa réplique pathétique déplorant à voix basse son sort
cruel et son dur retour à la réalité ; il sent le dépit de la Comtesse devant
la perfidie du Comte (« Oh ! la prévention ! ») et son étonnement (« Ah !
quelle leçon ! »).
Le spectateur a aussi une vision panoramique de la scène : la présence
sur scène de trois personnages (Dom Juan et Cyrano), ou d’un personnage
pris pour un autre (Le Mariage et Cyrano), mais aussi le fait que certains
d’entre eux ne se voient pas (le Comte dans l’obscurité ne distingue pas
bien la femme qui lui parle, Roxane voit Christian mais pas Cyrano), donnent
au spectateur une position de témoin omniscient de tout double jeu.
Enfin, certains mots sont ambigus et seul le public en perçoit le double
sens. Ainsi le « Il y a de l’écho » du Comte prend une saveur toute particu-
lière pour lui. Il en va de même de certains indices personnels : « ce ne sera
pas moi », « vous ne l’aimez plus ». Seul le spectateur sait que le « tu » avec
lequel Roxane croit s’adresser à Christian s’adresse en fait aussi à Cyrano.
Et c’est un plaisir propre au théâtre que de pouvoir « voir » tout comme si
l’on était un dieu omniscient.
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Commentaire
PRÉPARATION
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mm Trouver les idées directrices
Faites, pour vous aider, la « définition » du texte (voir sujet n° 1, p. 24) qui
peut vous ouvrir des pistes. Analysez avec précision les termes de cette
« définition ». Tirez-en des questions.
• Première piste
Ici, Cyrano élabore un « plan » dont le but visé est de séduire Roxane et de
lui faire accepter un baiser… pour Christian.
Demandez-vous comment s’y prend Cyrano pour obtenir ce baiser, quels
moyens (verbaux) il utilise pour arriver à ses fins, en quoi son discours
amoureux est habile.
• Deuxième piste
Le pathétique
Étymologie : du grec pathos, « souffrance ».
Le pathétique se caractérise par l’expression de la souffrance, de la
tristesse, de la douleur. Il vise à provoquer la pitié du lecteur.
• Ses marques sont : l’hyperbole (ou exagération), l’exclamation, les
interjections, les appels à l’émotion, le lexique des émotions, des sensa-
tions, de l’affectivité, de la douleur et de la souffrance.
– Demandez-vous ce qui, dans la situation de Cyrano, est pathétique et pro-
voque donc la pitié ; comparez pour cela le début et la fin de la scène
(imaginez aussi ce qui se passe sur scène, voir les didascalies), l’évolution
des sentiments de Cyrano.
Isolez les expressions précises qui traduisent le désarroi de Cyrano.
Commentez-les.
Cherchez ce qui, dans la situation, est humoristique, voire comique parce
que invraisemblable.
Cherchez ce qui, dans le personnage de Christian, est un peu ridicule.
Étudiez les niveaux de langue et leur rapport (contrastes ?). Analysez cer-
taines images cocasses.
Déclaration amoureuse qui s’appuie sur une stratégie de séduction
habile, qui mêle pathétique et humour.
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