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I – LE SPECTACLE
Erwan et les Oiseaux est tiré du roman Les Oiseaux de Tarjei Vesaas. Il ne s’agit en aucun cas d’une
adaptation, le roman a uniquement servi de terreau et d’imaginaire de départ dans le travail de répétition. C’est
autour du rapport qu’entretient le personnage principal, qui a pris le nom d’Erwan dans la pièce, avec l’extérieur
que Jean-Yves Ruf a centré le propos de la pièce.
L’extérieur, ce sont d’abord les mots qui sont pour Erwan comme des objets ou des animaux qu’il fait jouer dans
sa bouche, parfois doux et obéissants, parfois rétifs, parfois dangereux, comme le mot lame, ou éclair.
Mais aussi la nature. Erwan est un lecteur acharné, non de livres, mais du langage de la nature et des animaux.
Tout est signe pour lui et doit être interprété.
Et enfin sa famille : sa sœur, puis l’ami bûcheron de celle-ci qui vient s’installer chez eux. Sa sœur tente de le
faire travailler, le bûcheron tente de lui apprendre le métier, peine perdue dans les deux cas.
Personne ne remarque qu’il n’est pas un actif, un « entreprenant », mais un « écoutant », un rêveur, une sorte de
poète. Il écoute le monde et « l’alchimise » intérieurement.
Jean-Yves Ruf et les comédiens sont partis du milieu du roman lorsque le bûcheron amoureux vient d’arriver, il
habite maintenant avec Erwan et sa sœur. Le spectacle nous fait vivre une journée d’Erwan.
Le lever, le rasage des deux hommes, un petit cours pour apprendre à lier les fagots. Les retours successifs
d’Erwan qui s’échappe de l’emprise du bûcheron pour revenir à la maison, dans les jupes de sa sœur.
Le repas de midi, c’est l’anniversaire d’Erwan et sa sœur tente d’apaiser les tensions.
L’après-midi c’est l’apothéose, le bûcheron arrive au bout de ses capacités de pédagogue et capitule. Erwan erre
seul, et s’endort. Le bûcheron rentre du chantier, découragé. C’est pour lui une journée de perdue. Il n’a rien pu
faire avec Erwan, a perdu du temps, a failli se froisser avec son aimée...