Erwan et les Oiseaux - Théâtre La passerelle

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Erwan et les Oiseaux
Conception Chat Borgne Théâtre
Librement inspiré des Oiseaux de Tarjei Vesaas
Durée : 50 min
Mise en scène
Jean-Yves Ruf
Avec
Juan Cocho (Erwan), Claire Deutsch (Marie) et Jean-Christophe Cochard (Johann)
Son
Jean-Damien Ratel
Lumière
Christian Michaud
Scénographie
Aurélie Thomas et François Fauvel
Construction
François Fauvel et Christelle Paré
Production le petit théâtre de Lausanne, Chat Borgne Théâtre
Production déléguée Chat Borgne Théâtre
SEANCES SCOLAIRES :
THEATRE LA PASSERELLE
137 boulevard Georges Pompidou
05010 Gap cedex
Contacts : Valérie Bérest ou Corinne Donio
04 92 52 52 58 / 57
[email protected]
Jeudi 16 décembre 9h30 et 14h30
Vendredi 17 décembre 14h30
THEATRE LE CADRAN
45 avenue de la République
05100 Briançon
Contact : Claire Meynand ou Florence Bourg
04 92 25 52 60
[email protected]
Lundi 13 décembre 9h30 et 14h30
Mardi 14 décembre 9h30 et 14h30
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SOMMAIRE
I – Le spectacle
1 - Les personnages
2 - L’espace
3 - Les grandes thématiques
4 - Les partis pris
p. 3
p. 4
p. 4
p. 5
p. 6
II – Le point de départ
p. 7
III – Jean-Yves Ruf et la compagnie Chat Borgne Théâtre
p. 8
IV – L’auteur : Tarjei Vesaas
p.9
V – Extraits du texte
p. 10
VI - Pistes de travail
p.12
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I – LE SPECTACLE
Erwan et les Oiseaux est tiré du roman Les Oiseaux de Tarjei Vesaas. Il ne s’agit en aucun cas d’une
adaptation, le roman a uniquement servi de terreau et d’imaginaire de départ dans le travail de répétition. C’est
autour du rapport qu’entretient le personnage principal, qui a pris le nom d’Erwan dans la pièce, avec l’extérieur
que Jean-Yves Ruf a centré le propos de la pièce.
L’extérieur, ce sont d’abord les mots qui sont pour Erwan comme des objets ou des animaux qu’il fait jouer dans
sa bouche, parfois doux et obéissants, parfois rétifs, parfois dangereux, comme le mot lame, ou éclair.
Mais aussi la nature. Erwan est un lecteur acharné, non de livres, mais du langage de la nature et des animaux.
Tout est signe pour lui et doit être interprété.
Et enfin sa famille : sa sœur, puis l’ami bûcheron de celle-ci qui vient s’installer chez eux. Sa sœur tente de le
faire travailler, le bûcheron tente de lui apprendre le métier, peine perdue dans les deux cas.
Personne ne remarque qu’il n’est pas un actif, un « entreprenant », mais un « écoutant », un rêveur, une sorte de
poète. Il écoute le monde et « l’alchimise » intérieurement.
Jean-Yves Ruf et les comédiens sont partis du milieu du roman lorsque le bûcheron amoureux vient d’arriver, il
habite maintenant avec Erwan et sa sœur. Le spectacle nous fait vivre une journée d’Erwan.
Le lever, le rasage des deux hommes, un petit cours pour apprendre à lier les fagots. Les retours successifs
d’Erwan qui s’échappe de l’emprise du bûcheron pour revenir à la maison, dans les jupes de sa sœur.
Le repas de midi, c’est l’anniversaire d’Erwan et sa sœur tente d’apaiser les tensions.
L’après-midi c’est l’apothéose, le bûcheron arrive au bout de ses capacités de pédagogue et capitule. Erwan erre
seul, et s’endort. Le bûcheron rentre du chantier, découragé. C’est pour lui une journée de perdue. Il n’a rien pu
faire avec Erwan, a perdu du temps, a failli se froisser avec son aimée...
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1 – Les personnages
Erwan est un jeune homme de 28 ans pas comme les autres. Non pas qu’il soit idiot, loin de là, mais il n’est
pas en adéquation avec ce que l’on attend de lui dans le monde qu’il habite. Il ne comprend pas la notion de
travail, de répétition. S’il est incapable de travailler, c’est qu’il a trop d’imagination, trop de pensées qui le
traversent. Il est continuellement à l’écoute du monde ici et maintenant sans hiérarchiser son attention, et un
escargot qui chemine est plus important à regarder que le fagot qu’il est en train de lier. Il élève en secret un
oiseau, qu’il cache précieusement au fond de sa poche, comme pour conserver à proximité ce qui le relie au
monde qui l’entoure.
Marie, la sœur, est une jeune femme très attachée à son frère. Elle le protège, le secoue parfois, tente de lui
expliquer le monde et essaie de l’aider à y trouver une place. Elle se comporte comme une mère avec lui.
Elle est le lien entre Erwan et son compagnon, celle vers qui chacun se retourne en cas d’incompréhension,
de débordement, d’exaspération.
Johann, le compagnon, est bucheron, un homme très terre à terre. Il est profondément amoureux de Marie.
Il est chargé par cette dernière d’apprendre à Erwan le métier de bûcheron. Il lui est difficile de comprendre
Erwan et son mode de fonctionnement.
Quant à la machine présente sur scène, elle tient presque le rôle d’un personnage. Elle vit, fait du bruit,
« s’exprime ». Elle est le fourneau, elle chauffe l’espace et les personnages. Elle symbolise les relations qui
lient les trois protagonistes. Lorsqu’Erwan la dérègle, elle a besoin de réparation. Et en s’y attelant, Erwan,
Marie et Johann entretiennent et réparent les liens qui les unissent.
2 – L’espace
La pièce se déroule à la campagne, dans une ferme et la cour adjacente.
La scénographie nous transporte dans cet univers de bois et de paille en compagnie d’animaux de bassecour.
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3 - Les grandes thématiques
La différence
Erwan est un homme qui, dans un autre temps, serait considéré comme le « fada » du village. La vie
quotidienne et son lot d’actions répétitives n’ont aucun sens pour lui. Sa richesse se trouve ailleurs : dans la
perception aigue de la poésie du monde qui l’entoure. Il détourne le moindre mot, la moindre situation pour
les adapter à sa réalité. Ce qui perturbe inévitablement les personnes qui le côtoient.
Quelle place pour des êtres si sensibles ?
Comment prendre en compte leur particularité ?
Comment vivre ensemble ?
Leur apparente « inadaptation » n’est-elle pas cette part de sensible qui se trouve en chacun de nous et que
nous n’avons pas pu ou pas su développer ?
Voilà quelques questions qui sous-tendent cette création.
La difficulté d’apprentissage
Dans toute société, il existe des actes, des comportements qui, dans l’inconscient collectif, doivent être
communs à tous.
Comment les transmettre, faire qu’ils soient intégrés ?
Comment donner du sens à des actes, des savoirs qui n’en ont aucun aux yeux de certains enfants ?
Quels sont les actes et comportements indispensables dans notre conception de la vie dans notre société ?
Qu’est-ce qu’être adapté ?
Autant de questionnements qui découlent de la vision de ce spectacle.
La famille recomposée
Erwan vit avec sa sœur et le compagnon de cette dernière.
Quelle est la place de Johann dans le duo ?
Quelle place et quel rôle peut-il prendre auprès de Marie d’un côté et d’Erwan de l’autre ?
Comment accepter cet homme-enfant, qui n’est pas le sien, mais qui tient une place importante dans le
cœur de son aimée ?
Comment réussir à trouver l’équilibre au sein de cette famille ?
Le potentiel poétique de notre monde
Dans notre société où tout s’enchaîne à toute vitesse, Erwan est celui qui nous montre un autre possible : la
poésie qui est présente à chaque instant en nous, autour de nous.
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4 – Les partis-pris
Jean-Yves Ruf a choisi de traiter ces thématiques de manière plus onirique que didactique. Comme Vesaas
dans son roman, il a suivi le regard et l’écoute d’Erwan et nous offre une entrée dans son monde intérieur,
sans donner de leçon. Tout est ici empreint de poésie.
Une place importante est donnée à la langue et à la musicalité qu’elle permet. Erwan transforme le monde,
fait d’une dispute une ritournelle, d’un son de machine une mélodie.
Les dialogues sont empreints de jeux autour des mots et des sonorités.
Parfois à la manière du traditionnel « Marabout – Bout d’ficelle – selle de ch’val… », en jouant sur les sons
des syllabes et les répétitions, mais également en s’appuyant sur des associations d’idées.
Marie : T’as mis le feu ?
Erwan : Oui, dans les fagots, c’était beau.
Marie : C’est du beau.
Erwan : C’était beau.
Marie : Non c’est du beau.
Erwan : C’est ma peau.
Marie : C’est malin.
Erwan : C’est ma main.
Marie : Non : c’est malin, t’es fier de toi ?
Erwan : C’est mon doigt.
Marie : Allez faut y retourner.
Erwan : C’est mon nez.
Marie : Arrête.
Erwan : C’est ma tête.
Marie : Erwan arrête.
Erwan : Arrête, pastèque, tête de pastèque, arrête tête de pastèque, il n’y a pas d’arêtes dans ma
tête de pastèque, tête de limace à grimace, tête de bécasses qui se bécotent, tête de marmottes
qui se barbotent sur la bouche comme des mouches, qui font du bouche à mouche.
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II – LE POINT DE DEPART
« L’idée de Erwan et les Oiseaux m’est venue en observant certains enfants que j’ai eu l’occasion de côtoyer lors
d’interventions en milieu scolaire, certains enfants le plus souvent au fond de la classe, à la traîne, lents,
laborieux, incapables de se concentrer longtemps. J’ai souvent pu constater combien ces « retardés » prenaient
du champ, de l’indépendance au sein de l’activité théâtrale, combien ils faisaient preuve soudain de vélocité,
d’imagination.
Ce hiatus entre leur niveau scolaire et la vivacité qu’ils montraient au théâtre m’interrogeait à chaque fois. Je
pense que l’intelligence elle-même n’est pas en question ici mais bien une inaptitude à s’adapter à la forme
d’intelligence demandée pour suivre correctement le cursus : soit une incapacité à penser l’abstrait, soit une
mémoire uniquement visuelle et absolument pas auditive, soit encore une dyslexie…
J’ai souvent tenté de comprendre et c’est en suivant leur logique intime, leur manière de louvoyer avec la
difficulté, les méandres de leur imagination, que j’ai le plus appris sur mon métier.
Dès que je me mets en position de m’adresser aux enfants, je ne cesse de penser à ces « cancres » si inventifs.
J’ai d’emblée envie de me mettre à la place du « cancre » pour créer, de faire un spectacle « à la place du
cancre», non pour le porter aux nues, mais pour faire entendre qu’il y a différends types de sensibilités et
d’intelligences dont certaines, si elles sont inefficaces dans le cadre d’une société donnée, n’en sont pas moins
riches et profondes.
Je ne suis pas parti d’un texte préétabli. Celui-ci s’est élaboré en partie en préparant le travail, en partie pendant
les répétitions. Cependant j’avais indiqué au début du travail que je prenais comme source de départ le roman
Les Oiseaux de l’écrivain norvégien Tarjei Vesaas, sans savoir à quel point j’allais m’en inspirer. Je peux affirmer
maintenant que le texte du spectacle n’est en rien une adaptation de l’œuvre de Vesaas. Le style, le mode de
narration et l’histoire elle-même diffèrent. Le roman de Vesaas a simplement servi de terreau de départ, pour que
les comédiens travaillent sur un certain type d’atmosphère et d’imaginaire. »
JEAN-Y VES RUF, metteur en scène
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III – JEAN-YVES RUF ET LA COMPAGNIE CHAT BORGNE THEATRE
La compagnie du Chat Borgne Théâtre est née en 1997 au sein de
la promotion 29 de l’Ecole du Théâtre National de Strasbourg, du
désir de quatre comédiens, Vincent Berger, Pierre Hiessler, JeanYves Ruf et Alexandre Soulié, de poursuivre au-delà de leur
formation un travail et une recherche commune.
Un processus de travail s’est peu à peu mis en place, sous
l’impulsion de Jean-Yves Ruf, processus qui mêle improvisations et
recherche patiente d’une structure précise d’ordre quasi musicale.
Jean-Yves Ruf, ancien hautboïste professionnel, mêle étroitement
son expérience de musicien à celle d’homme de théâtre, et élabore
avec Chat Borgne Théâtre des créations où la partition sonore est prédominante, où le texte a une valeur plus
musicale que narrative. Ainsi de Savent-ils souffrir ? (1998), Chaux Vive (2000), Erwan et les Oiseaux (2001),
Par les Cornes (2004), UnplusUn (2005), et Silures (2006).
Avec le temps, la compagnie, par souci de renouveler ses voies de recherches, n’a pas voulu se spécialiser dans
un seul type de recherche, elle a aussi exploré d’autres voies de travail. Nous nous sommes intéressés à des
textes rarement montés, qu’ils soient classiques ou contemporains : Comme il vous plaira et Mesure pour Mesure
de Shakespeare, Passion selon Jean d’Antonio Tarantino, La Panne de Friedrich Durrenmatt.
Les deux voies de création ne sont d’ailleurs pas antinomiques, les textes sont considérés aussi comme des
partitions et sont choisis pour leurs qualités sonores et structurelles. Une troisième voie, plus récente, s’est
présentée à Jean-Yves Ruf hors compagnie, mais prend une même cohérence dans une attention aux rythmes
et aux sons : la mise en scène d’opéra. Tout d’abord avec l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris avec lequel il
monte Cosi fan tutte de Mozart et un montage de madrigaux de Monteverdi. Puis dernièrement Eugène
Onéguine de Tchaïkovski à l’Opéra de Lille.
La compagnie Chat Borgne Théâtre travaille avec un même noyau artistique pratiquement depuis ses débuts,
tout en agrégeant régulièrement de nouveaux talents. Elle privilégie le travail de recherche pendant les
répétitions et les processus collectifs, pensant que le théâtre est un art éminemment collectif, et qu’une création
ne naît pas chez l’un ou l’autre mais « entre » plusieurs individus à l’écoute de ce qui est en train de naître.
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IV – L’AUTEUR : TARJEI VESAAS
Biographie
Tarjei Vesaas, né le 20 août 1897, décédé le 15 mars 1970, est un
romancier, poète et nouvelliste norvégien de langue néonorvégienne (nynorsk).
Son œuvre est dominée par les thèmes existentiels du Mal, de
l'Absurde, ainsi que par l'omniprésence de la Nature. Elle se
caractérise par une forte dimension symbolique et onirique. Sa
langue est rurale, paysanne et pas seulement parce qu’il emploie un
norvégien particulier. Les mots sont des mottes de terre, la neige
irrigue ses livres. Il a fait allégeance à la simplicité, à la fragilité. Son
écriture pudique, méfiante des envolées lyriques et du pathétisme
rend compte de l’essentiel, de l’amour à en mourir mais qui est plus
fort que la mort, de la nature au plus profond de la neige, de l’eau et du feu toujours présents.
Tarjei a reçu le prix de Venise de 1953 pour le recueil de nouvelles Les Vents (Vindane), en 1957 le
Doblougprisen, et en 1964 le Prix du conseil nordique pour le roman Le Château de glace (Is-slottet 1963). En
1964 il a institué le prix « Tarjei Vesaas » des débutants, pour aider les jeunes écrivains.
Bibliographie traduite en français :
· Les Chevaux noirs, (1928) traduction de Jaqueline Le Bras, Actes Sud, 1999
· L'Arbre de Santal, (1933), Actes Sud, 1994
· Le Germe, (1940), Le livre de Poche, 1993
· La Maison dans les ténèbres, (1945), Flammarion, 1993
· Le Vent du Nord, nouvelles (1952), La Table Ronde, 1993
· Les Oiseaux, (1957), traduction de Régis Boyer, Oswald, 1975, réédition Plein Chant, 2000
· L'Incendie, (1961), traduction de Régis Boyer, Flammarion, 1979, réédité en 1992
· Le Palais de glace, (1963) Flammarion, 1975, réédition 1993
· Les Ponts, (1966), Gallimard, 1971, réédition Autrement, 2003
· La Barque, le soir, (1968), traduction de Régis Boyer, Corti, 2003
· La Blanchisserie, Flammarion, 1997
· Être dans ce qui s'en va, édition bilingue, traduction du néo-norvégien d'Eva Sauvegrain et Pierre
Grouix, Rafael de Surtis/ Editinter, 2006
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V – EXTRAITS DU TEXTE
Extrait n°1
À jardin, une ferme, devant laquelle se trouve une machine agricole. Au centre, une table et trois chaises, à cour
un puits, au lointain un tas de planches empilées. Montée de lumière. Erwan sort de la maison en catimini. Il va
ouvrir une caisse, plonge la main à l’intérieur et prend un oiseau. *
Erwan :
Il y a des mots qui sont doux et qui glissent sur la langue comme de l’eau qui glisse sur de la plume, et qui font
qu'on se sent bien, comme quand on est bien coiffé et qu'on sent bon, parce qu'on sent bon le savon.
Un temps.
Il y a des mots qui piquent comme des ronces et qu’on dit quand on veut mordre, et qui tombent comme des
coups de hache, et qui crissent dans la tête, et qui font mal aux dents, et qui sont amers dans la bouche comme
des fraises pas mûres et qui donnent envie de cracher.
Un temps.
Et il y a des mots qui réveillent, comme quand on met les doigts sur une clôture électrique, et qui font qu'on se
redresse et qu'on s'assied bien droit sur sa chaise avec le coeur qui s'accélère et se met raide comme un arbre,
et c'est comme si on avait soulevé une pierre dans sa tête et que dessous grouillent des punaises qui font le bruit
de feuilles mortes qu’on émiette entre les doigts, jusqu’aux nerfs.
Un temps.
Là… là… là (il montre du doigt) !
Un temps.
J’écoute, j’écoute, et j’attends que quelque chose se passe.
Un temps.
Quand on regarde longtemps le soleil et qu’on ferme les yeux il y a des… (il montre avec sa main) qui passent.
J’aime les tâches, regarder les tâches, et attendre que quelque chose se détache pour venir jusqu’à mes oreilles
dire certains mots qu’on ne dit jamais, parce qu’on ne pense pas à les dire, et que je dis moi parfois très vite au
milieu de beaucoup d’autres mots, comme ça, pour voir si quelqu’un entend.
[…]
* Notes sur les termes spécifiques au théâtre
A jardin : on désigne ainsi la partie gauche du plateau (la scène) lorsque l’on est dans la position de spectateur.
A cour : il s’agit de la partie droite du plateau lorsqu’on est dans la position de spectateur
Moyens mnémotechniques : Jardin / Cour de gauche à droite, comme Jean-Claude, Jésus Christ… ou toute
autre idée.
Lorsqu’on se trouve sur le plateau , le côté cour est du côté du cœur.
Le lointain : on désigne ainsi le fond du plateau
La face : il s’agit de la partie du plateau qui se trouve à l’avant-scène, juste devant les spectateurs
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Extrait n°2
Marie : Qu’est-ce que tu fais là, mais qu’est-ce que tu fais là, non mais qu’est-ce que tu fais là ?
Erwan : Moi ?
Marie : Bah oui toi.
Erwan : Moi.
Marie : Bah oui toi.
Erwan : J’ai mis le feu.
Marie : Hein ?
Erwan : J’ai mis le feu dans les fagots.
Marie : Quoi ?
Erwan : Dans les fagots, c’était beau, il a dit, fiche le camp, espèce de blaireau.
Marie : T’as mis le feu ?
Erwan : Oui, dans les fagots, c’était beau.
Marie : C’est du beau.
Erwan : C’était beau.
Marie : Non c’est du beau.
Erwan : C’est ma peau.
Marie : C’est malin.
Erwan : C’est ma main.
Marie : Non : c’est malin, t’es fier de toi ?
Erwan : C’est mon doigt.
Marie : Allez faut y retourner.
Erwan : C’est mon nez.
Marie : Arrête.
Erwan : C’est ma tête.
Marie : Erwan !
Erwan : C’est moi.
Marie : Oui je sais.
Erwan : J’ai faim.
Marie : C’est pas l’heure.
Erwan : C’est mon coeur.
Marie : Erwan ! Allez, rends-toi utile, épluche. […]
Extrait n°3
Marie : Ça va ?
Johann : Je lui dis fais ci il fait ça.
Marie : Je sais.
Johann : Je lui dis fais ça il fait ci.
Marie : Je sais.
Johann : Je lui dis ficelle, il s’emmêle.
Marie : C’est rien.
Johann : Je lui dis fissa il s’en va.
Marie : C’est rien ça va.
Erwan : Oui ça va c’est rien.
Marie : Erwan !
Erwan : C’est pas à moi qu’on parle ?
Marie : Non, c’est à lui que je parle. C’est rien.
(à Erwan) Ça va.
Johann : Non.
Marie : Si ça va.
Johann : Non.
Marie : Ça va pas ?
Johann : Non.
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VI – PISTES DE TRAVAIL
Autour de la langue :
- A partir de l’extrait n°1, trouver des mots doux, des mots qui piquent, des mots qui réveillent… d’autres types de
mots.
- Déterminer ce qui fait qu’un mot est doux, piquant, qu’il réveille : est-ce le son que l’on entend quand on le
prononce ? son sens ? y a-t-il un lien entre les deux ?
- Faire écrire des dialogues en jouant avec les mots à la manière d’Erwan.
Autour du jeu :
- Faire jouer les extraits de texte par les élèves en étant attentif au rythme et à l’évolution des rapports entre les
personnages au cours de la scène.
- Faire jouer des textes écrits par les élèves.
Autour des thématiques :
- Organiser une discussion au sein de la classe autour de :
> La différence
> La difficulté d’apprendre, à quoi cela sert-il d’apprendre ?
> La famille recomposée
> La nature, toutes ces petites choses que l’on ne remarque pas forcément mais que l’on trouve belles
si on y fait attention et qui nous touchent.
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