lampes & LUMINAIRES Le “néon” sous tous ses états es néons ou tubes électroluminescents et fluorescents à cathodes froides fonctionnent sur le même principe que les tubes fluorescents basse tension, dans lesquels des poudres fluorescentes sont excitées par un rayonnement ultraviolet (UV). Peu de gens savent toutefois qu’il existe du mercure dans les tubes fluorescents et dans les tubes néon mercure, sans lequel il n'y aurait pas d’excitation des poudres par émission d’UV. Aussi est-il prochainement prévu l'arrivée des premiers tubes néon à cathode froide sans mercure.(1) L Comment produire de la lumière ? Sans entrer dans les phénomènes d’ionisation et d’électrons, le courant passe par les électrodes comme pour un tube fluorescent. Une décharge électrique se produit et le mercure, qui a été préalablement basculé dans les extrémités du tube, produit de l’ultraviolet. La production de lumière blanche ou colorée s’obtient grâce à un pelliculage réalisé à l'intérieur du tube en verre rempli à très basse pression (environ 8 à 12 mbar) par des mélanges de gaz rares comme le néon et l’argon (dans la plupart des cas, il est question de 75 % de néon pour 25 % d'argon). Sans les poudrages existant à l’intérieur des tubes, on obtiendrait une émission de rouge avec du néon et de bleu pâle avec de l’argon, l’émission d'UV restant faible. A un diamètre de tube correspond usuellement une intensité de courant secondaire (23/24 mm en 100 mA ; 18/19 mm en 50 mA). Cependant, si l’on alimente le tube avec une intensité réduite de moitié (ou même du quart) de sa valeur standard, on obtient une saturation des couleurs et un affaiblissement de la luminescence du tube. Pour obtenir des effets lumineux particuliers sous forme dynamique, on peut, par ailleurs, contraindre et perturber le cheminement du gaz en introduisant à (1) La profession effectue des recherches afin de remplacer le mercure par un autre composé chimique gazeux non polluant. Les résultats obtenus sont plutôt prometteurs. L'image de l'éclairage au néon mérite d'être réhabilitée. Quelles sont les caractéristiques techniques de ce tube électroluminescent et fluorescent à haute tension (de 1 000 à 10 000 V) qui peut offrir une importante économie d'énergie par rapport à d'autres types d'éclairage ? Pour preuve, pour une installation couleur de 21 m, la consommation effective est de 575 W contre 800 W en tubes basse tension. Avantage précieux alors que l'on redevient économe. l'intérieur du tube des billes de verre (les Nord-Américains appellent cela le “crackle néon”). Toutefois, la présence d’un corps étranger dans le tube introduit des impuretés risquant de réduire sa durée de vie. Enfin, on est également capable, à l'intérieur du tube, de gérer le flux d'une manière progressive ou d’intervenir sur la fréquence (entre 25 et 30 kHz), ceci afin de créer toutes sortes d’effets. Comment faire un tube ? Il existe plusieurs qualités de verre. Le marché français utilise du borosilicate à l’intérieur duquel a été réalisé un dépôt de poudres, la gamme de couleurs étant particulièrement étendue. Le verre peut également être teinté dans la masse, procédé surtout utilisé aux USA (tube Murano), ce qui donne au tube un aspect coloré soutenu. Si l’on recherche une couleur précise, non disponible dans la palette existante à partir des mélanges gazeux, certains façonniers peuvent proposer des vernis appliqués à l’extérieur du verre ou du verre teinté, et ceci est également réalisable en verre borosilicate. La mise en œuvre de ce procédé reste assez longue et délicate. La qualité d’un tube dépend fondamentalement du pompage et du vide effectué avant de lui injecter son mélange de gaz rares. Cela reste un réel souci dans ce secteur d’activité ! Aussi faut-il rechercher le concours d’entreprises utilisant des stations de pompage récentes, qu’elles soient automatiques ou semiautomatiques, le nec plus ultra étant des stations de pompage automatiques, puisque le processus, pour faire le vide et nettoyer le tube de ses impuretés, est piloté par un programme sachant aujourd’hui gérer les températures nécessaires aux diverses phases du procédé, après le nettoyage du tube (300 à 320°). En effet, le verre restitue les bons ou mauvais traitements auxquels il a été soumis, et nombre de pannes étaient constatées parce que le pompage n’était pas effectué avec la rigueur suffisante. La durée de vie totale d’un tube (aux environs de 20 000 heures) est donc dépendante de l’équipement du façonnier, lequel devrait être en mesure de produire : La mise en forme des tubes est manuelle, les courbures s'obtenant par des mouvements successifs de flexion conjugués à l'effet de la flamme du chalumeau. Cette technique nécessite une précision et une dextérité faisant que le métier de “néoniste” restera sans doute encore longtemps associé à de l'artisanat. Perspective nocturne du Palais de la Musique d’Athènes mis en lumière, en 1992, par Yann Kersalé, sous le thème Ecume de Pentélique. Les variations d’intensité lumineuse sont indépendantes pour chaque rangée et ligne des motifs cruciformes, intégrés en façade et réalisés en tubes de néon. LUX n° 212 - Mars/Avril 2001 37 lampes & LUMINAIRES Bonjour la durée de vie ! La durée de vie est un point fort du tube néon qui se prête ainsi aisément à un allumage en continu ou alterné, la cathode froide présentant cet avantage de solidité par rapport au filament très fin des tubes basse tension à cathode chaude. Les poudres fluorescentes tapissant l'intérieur du tube vieillissent et s'altèrent en efficacité et en couleur dans le temps. Il est donc recommandé de remplacer les tubes après 15 000 h environ. De plus, la maintenance des installations des tubes néon est tributaire de la fabrication du tube. Cependant, « lorsque la station de pompage est automatisée, on arrive à d'excellentes performances de maintenance (en deçà de 1 % sur l'ensemble du parc d'installations). Interviennent également les longueurs maximales unitaires des tubes qui, si elles se maintiennent en dessous de 2,5 m, augmentent les chances d'une durée de vie prolongée », nous confie Thierry Barillet de la société Néon de la Capitale. • une fiche photo colorimétrique des performances et des coloris ; • un certificat annuel de maintenance (ce qui lui est rarement demandé). Entre l'incan et la fluo ! Les électrodes sont des éléments sensibles isolés obligatoirement par un manchon. Contrairement aux tubes fluorescents, elles sont démunies de filament et ne dégagent qu’une chaleur négligeable, d'où l’appellation de tube “à cathode froide”. Un ou plusieurs transformateurs, calibrés en fonction de la longueur à traiter, permettent l’alimentation en série de l’installation (2). Par exemple, pour un diamètre de 5/6 mm, avec mélange néon + argon, on peut alimenter 5 m de tubes sous 10 kV, tandis que pour un diamètre de 23/25 mm, toujours en mélange néon + argon, on peut alimenter 25 m de tubes sous 10 kV. Pour ce qui est des performances lumineuses, elles se situent entre celles de l’incandescence et celles des tubes fluorescents. Cependant, on atteint un équilibre entre la perception de la luminance de la source et les effets visuels des éclairements particulièrement intéressant lorsque l’on recherche un bon confort visuel. Les diamètres de faibles dimensions sont utilisés par exemple pour des applications avec des réflecteurs. En effet, pour obtenir un rendement optimisé de la réflexion d’un flux, la distance de la source au réflecteur doit être de 4 fois au moins le diamètre du tube. Ce qui permet la réalisation de réflecteurs peu encombrants. Il est également possible d'appliquer directement, sur une moitié du tube, une peinture réfléchissante assurant ainsi l’incorporation d'un réflecteur interne. Les rendements lumineux avoisinent les 1 500 lm/mètre suivant les types de tubes et 30 à 50 lm/w suivant le type d’alimentation. Quant à l’allumage/ extinction, il s'opère comme une source à incandescence sous l’action d'un simple interrupteur. Enfin, la gradation, point fort du tube néon, s’effectue sans altération de la couleur. Possible sur des plages importantes de par l’absence de starter, elle est pilotée par un gradateur installé juste avant le transformateur, tandis que des jeux d’orgues de lumière peuvent être constitués par des grappes de gradateurs reliés à une console “DMX”, par exemple. Il y a blanc et blancs La régularité d’une température de couleur est directement reliée à son process de fabrication. Une station automatisée autorise, à tout moment, de mesurer la régularité du pelliculage de poudrage afin qu’il soit conforme au cahier des charges. En effet, au moment du renouvellement d’un tube à l’identique par le fabricant, il importe de retrouver la même série et la même formule de bain, pour obtenir cette constance de la température de couleur recherchée, des coordonnées colorimétriques ainsi que Tableau 1. Le LCIE (Laboratoire central des industries électriques) procède à une validation des grandeurs photocolorimétriques, et en particulier des IRC, qui devront progresser. Si ces derniers varient entre 40 et 85, une demande récente, émanant de concepteurs, incite les fabricants à enrichir la palette des blancs à des hauts de gamme leur permettant d'accéder à un excellent rendu de couleurs. Quelques exemples de désignation fabricant Références Photo Jean-Marc Charles Blanc 38 LUX n° 212 - Mars/Avril 2001 Température de couleurs IRC 2 400 K 80 Lumen/n Blanc crème 03 3 300 K 57 1 400 Blanc lumière du jour 10 8 300 K 56 1 280 Blanc nacré 20 6 900 K 78 1 220 Blanc perle 21 4 700 K 65 1 380 Blanc super 28 3 650 K 72 1 660 Blanc brillant 29 5 200 K 80 1 180 Blanc éclairage 30 6 350 K 40 1 550 Blanc 34 10 500 K 84 1 080 Blanc jour 35 8 200 K 80 1 170 Blanc “65” 65 6 700 K 75 1 090 Blanc rose de mai 82 3 500 K 62 830 lampes & LUMINAIRES du spectre qui, seuls et ensemble, assurent la fourniture d’une lumière à l’identique et non métamère. Sont disponibles sur le marché plusieurs nuances de teintes de lumière blanche, les températures de couleur allant de 2 400 à plus de 10 000 K (voir tableau 1). On obtient la différence de ces températures de couleurs et leur IRC (indice de rendu couleur) en intervenant sur la densité et la qualité des mélanges de lumiphores fluorescents. Enfin, chaque blanc et coloris font aujourd'hui l’objet d'une fiche consignant l’ensemble des données colorimétriques nécessaires à l’éclairagiste. MARC DUMAS Photo Jean-Marc Charles (2) On peut alimenter 21 m, voire 25 m, de tubes développés suivant le diamètre et le mélange gazeux utilisé à partir d'un seul transformateur. Références normatives La norme NF EN 50107, en vigueur depuis octobre 1998, concerne les installations de tubes luminescents fonctionnant à une tension de sortie à vide supérieure à 1 kV mais ne dépassant pas 10 kV. Cette norme prescrit que : - les extrémités anode/cathode sont à connexions mécaniques, à vis ou équivalent (l'épissure n'est plus autorisée, de même les connexions de câbles d'alimentation se font par un serrage mécanique) ; - lors d'implantation de tube en zone inférieure à 2,5 m d'altitude, ces extrémités sont recouvertes par une protection complémentaire réalisée à l'aide d'un manchon silicone (ou équivalent) protégeant l'ensemble ; - les câbles sont protégés électriquement par une gaine de protection ou comportent une double protection intrinsèque ; - les transformateurs sont munis de deux types de protection coupant le primaire du transformateur en 200 ms : soit une protection différentielle en cas de fuite de courant vers la terre, soit une protection différentielle plus vide réagissant en cas de fuite vers la terre, mais également en cas de choc sur le tube, qui entraînerait une rupture du circuit ; - en cas d'allumage animé, la coupure de sécurité doit également être effective sur le primaire de l'animateur ; - suivant les matériaux existant à proximité et suivant les hauteurs dans lesquelles se trouvent installés les tubes, des distances dans l'air (hauteur des supports) et les lignes de fuite (distance à la sortie du câble) sont à respecter pour éviter les vibrations ou les arcs électriques pouvant être créés par la proximité du métal. Enfin, les composants constitutifs de l'installation sont également sujets à des normes et protocoles ou modalités d'essais qui deviendront des normes produits : NF EN 61050, transformateurs pour lampes tubulaires à décharge ayant une tension secondaire à vide supérieure à 1 000 volts ; ME 102-669, organe de connexion haute tension ; MME 102-670, manchons de protection de la connexion d'électrodes, ME 102-671, supports pour lampes à décharge ; ME 102-662, transformateurs néon installés à l'extérieur ; ME 102-663, dispositif différentiel pour transformateurs néon. LE NEON DE LA CAPITALE “La Lumière Inventive” 6, rue Lavoisier 93100 Montreuil Tél. : 01 48 51 72 02 - Fax : 01 48 51 62 11 E-mail : [email protected] Maître d’œuvre de conception : B&A et AYBC - Scénographie : Olivier Massart/LA MODE EN IMAGES LUX n° 212 - Mars/Avril 2001 39