Strasbourg, les 3 et 4 décembre 2008 5
Cette question a remis en cause la pratique de l’écoute des citoyens, qui est souvent mise
en avant par les agents publics et les élus, mais restait en réalité restreinte. En outre, une
fois les attentes bien connues, il convenait de valoriser les actions jugées positives par les
citoyens et d’éliminer celles qui ne l’étaient pas. Une communication adaptée a été mise
en place, comme cela se fait dans le cadre du marketing privé. Il y a toutefois une
différence par rapport à ce dernier, les usagers n’étant pas les payeurs directs des
services qu’ils utilisent. Ce point constitue une difficulté. En revanche, les citoyens
s’impliquent plus que les consommateurs dans l’évolution des actions publiques. Ils
peuvent contribuer, par exemple à l’amélioration de leur qualité de vie.
La mise en œuvre du marketing public dans une collectivité complète les logiques
techniques et gestionnaires déjà en place, ainsi que la logique politique et la logique
citoyenne. Le marketing enrichit la discussion nécessaire avant tout arbitrage des élus
locaux. Le Grand Lyon a cherché, dans sa démarche, à améliorer ses prestations en
s’intéressant à la notion de bénéficiaires. La communauté urbaine l’a par la suite
généralisé, parallèlement à la diffusion en interne d’une « culture des choix », en évaluant
les projets en fonction de leur contribution à l’atteinte des objectifs de politiques publiques.
Ces dernières ont été formalisées dans le cadre d’un plan de mandat. Une équipe de
marketing stratégique, qui rapporte directement au directeur général, a été mise en place.
Son objectif est que chacune des politiques réponde aux justes attentes des bénéficiaires,
sans chercher nécessairement à améliorer la qualité de manière constante.
Le marketing stratégique a été utilisé pour la politique de la propreté, dont l’objectif est
aujourd’hui l’amélioration du cadre de vie en collaboration avec les usagers, alors qu’il
s’agissait autrefois d’améliorer le circuit des balayeuses. Le marketing a également été
utilisé pour évaluer les prestations de services internes des fonctions supports de la
communauté urbaine.
V.
Evaluer pour définir les frontières de l’action publique locale
(Jean-Gabriel MADINIER)
L’évaluation des politiques publiques revient à émettre un jugement de valeur et des
recommandations sur les résultats, les impacts et la cohérence de la politique au regard
des objectifs prédéfinis. Elle reste limitée en France dans les services publics, et en
particulier dans les communes ou les intercommunalités. Les régions ont uniquement mis
en place des évaluations de type technique liées à l’utilisation de fonds européens.
L’évaluation conduit à réinterroger les services publics et les modes de production. Elle
est un outil d’objectivation et aide à sortir d’un schéma de services publics conditionnés
par l’offre existante. Elle donne un sens à l’action administrative, car elle conduit à
s’interroger sur les finalités de cette dernière. L’évaluation peut être également un facteur
de déstabilisation, car elle remet en cause la place des élus et interroge le rôle de
l’exécutif et l’opportunité des politiques de long terme.