LE CONTEXTE PHILOSOPHIQUE DE LA PENSÉE CARNAPIENNE
1 - La métaphysique : Bergson, la phénoménologie, Heidegger.
2 - Les orientations positivistes de la philosophie de la science : Duhem, Mach,
Poincaré, Hertz.
La philosophie de Carnap a été qualifiée de néopositivisme. Le positivisme se
caractérise par son rejet de la métaphysique en raison d'une certaine conception de la
science : la science n'a pas à expliquer mais doit se contenter de décrire les faits et
d'introduire des hypothèses pour en rendre compte. Positivisme et instrumentalisme :
si la science ne permet pas de nous donner une « image » de la réalité, elle peut être
conçue comme un « instrument » servant à prédire les événements ou phénomènes :
si on n'admet pas le déterminisme strict, on parle de probabilité au lieu de vérité ou de
fausseté.
3 - La métaphysique peut-elle être une science ?
Réponse de Kant. Schlick : la métaphysique est impossible. Carnap : elle est un non-
sens. La question du sens imprègne toute la pensée de Carnap. Influence de
Wittgenstein : la philosophie ne peut prétendre apprendre quelque chose sur le monde :
il ne lui reste qu'à analyser la signification des énoncés scientifiques. L'analyse logique
doit être comprise comme une méthode pour détecter le sens et débusquer les non-
sens.
Texte de Carnap : la métaphysique engendre des non-sens.
Nous voulons maintenant indiquer quelques exemples de simili-énoncés
métaphysiques sur lesquels on peut reconnaître avec une netteté toute particulière que
la syntaxe logique est violée, bien que la syntaxe grammaticale traditionnelle y soit
respectée. Nous choisissons quelques énoncés dans l'exposé de la doctrine
métaphysique qui exerce actuellement en Allemagne la plus grande influence (1).
Ce que la recherche doit pénétrer, c'est simplement l'étant, et en dehors de cela - rien -
uniquement l'étant, outre cela - rien : exclusivement l'étant (2), et du-delà - rien. Qu'en
est-il de ce Néant ? N'y a-t-il le Néant que parce qu'il y a le « non », c'est-à-dire la
négation ? ou bien est-ce le contraire ? N'y a-t-il la négation et le « non » que parce qu'il
y a le Néant ? (...) Nous affirmons ceci : le Néant est plus originaire que le « non » et la
négation (...) Où cherchons-nous le Néant ? Comment trouvons-nous le Néant ?- Nous
connaissons le Néant (...) L'angoisse révèle le Néant (...) Ce devant quoi et pourquoi
nous nous angoissions n'était ici « proprement » (...) rien. En effet : le Néant lui-même -
comme tel - était là (...) Qu'en est-il du Néant ? (...) Le Néant lui-même qui néantit.
Pour montrer que la possibilité de former des simili-énoncés repose sur une carence
logique du langage, nous établissons le schéma ci-dessous. Les énoncés de la colonne
I sont grammaticalement aussi bien que logiquement irréprochables ; ils sont donc
pourvus de sens. Les énoncés de la colonne II (à l'exception de B3) sont tout à fait
analogues du point de vue grammatical à ceux de la colonne I. La forme
propositionnelle II A (la question et la réponse) ne satisfait pas, il est vrai, aux exigences
d'une langue logiquement correcte. Elle est néanmoins douée de sens, car elle peut
être traduite dans une langue correcte, comme le montre l'énoncé III A qui a le même
sens que II A. La forme propositionnelle Il A s'avère inadéquate du fait que, à partir
d'elle, moyennant des opérations grammaticales irréprochables, nous pouvons parvenir
aux formes propositionnelles II B dépourvues de sens, qui figurent dans la citation
d'Heidegger. On ne peut même pas construire ces formes dans la langue correcte de la
colonne III. Néanmoins, on ne remarque pas au premier coup d'oeil qu'elles sont
dépourvues de sens, car on se laisse facilement abuser par l'analogie trompeuse avec
les énoncés pourvus de sens de la colonne I B. Le défaut ici constaté de notre langue
consiste donc en ceci que, contrairement à une langue logiquement correcte, la nôtre
Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-239 : “Logique et épistémologie dans lʼœuvre de Carnap" - 09/01/2009 - page 4
1 - Les citations suivantes sont tirées de M. Heidegger, Was ist Metaphysik ?, 1929. Nous aurions pu prélever aussi bien des
passages dans un quelconque des multiples ouvrages métaphysiques du présent ou du passé; toutefois les passages choisis nous
semblent illustrer notre conception avec une netteté toute particulière.
2 - c’est ici la traduction de Corbinavec les modifications que nous avons jugé bon de faire : das Seiende = l’ étant