Première partie Introduction ……………………………………………………………………… 1 ………………………………………………………………………… 3 Bactériologie……………………………………………………………………… 5 Historique I. Structure antigénique …………………………………………………… 6 II. Immunopathologie ……………………………………………………… 6 Epidémiologie …………………………………………………………………… 8 I. la syphilis précoce ………………………………………………………… 8 II. la neurosyphilis …………………………………………………………… 9 Aspects cliniques ……………………………………………………………… 11 I. neurosyphilis asymptomatique ………………………………………… 11 II. Les méningites syphilitiques …………………………………………… 11 III. La méningo-encéphalite chronique ou paralysie générale ……… 13 IV. La méningo-vascularite d’origine syphilitique……………………… 15 V. la striatite syphilitique …………………………………………………… 16 VI. L’atteinte cérébelleuse …………………………………………………… 17 VII. Les gommes syphilitiques ……………………………………………… 17 VIII. Le tabès …………………………………………………………………… 18 IX. les myélites syphilitiques ……………………………………………… 20 X. La pseudosclérose latérale amyotrophique d’origine syphilitique 21 XI. Les manifestations ophtalmologiques ……………………………… 21 XII. Les névrites crâniennes ………………………………………………… 22 XIII. Neurosyphilis et VIH……………………………………………………… 22 Diagnostic ………………………………………………………………………… 24 I. Données biologiques …………………………………………………… 24 II. Données radiologiques ………………………………………………… 30 Traitement ………………………………………………………………………… 33 Deuxième partie Patients et méthodes Observations ……………………………………………………… 36 …………………………………………………………………… 37 ………………………………………………………………………… 62 I. Données épidémiologiques …………………………………………… 62 II. Données cliniques ……………………………………………………… 63 III. Examens complémentaires …………………………………………… 66 IV. Traitement ………………………………………………………………… 72 V. Evolution …………………………………………………………………… 73 Résultats Discussion ………………………………………………………………………… 74 I. Données épidémiologiques …………………………………………… 74 II. Données cliniques ……………………………………………………… 77 III. Données paracliniques ………………………………………………… 87 1. la biologie ……………………………………………………………… 87 2. l’imagerie ……………………………………………………………… 89 IV Traitement ………………………………………………………………… 98 V Evolution …………………………………………………………………… 99 VI Prévention ………………………………………………………………… 102 Conclusion Résumés ……………………………………………………………………… 103 …………………………………………………………………………… 105 Bibliographie …………………………………………………………………… 109 Introduction La syphilis est une maladie sexuellement transmissible répondue dans le monde entier, due à un spirochète le tréponème pale. La symptomatologie de la syphilis a évolué au fil du temps, les symptômes étaient essentiellement cutanéomuqueux, puis progressivement d’autres localisations ont apparu surtout cardiovasculaires et nerveuses. Grâce à l’introduction de la pénicilline à partir de 1946, la fréquence de la neurosyphilis a diminué parallèlement à celle de la syphilis primosecondaire. Cependant à partir de 1985 plusieurs publications attirent l’attention sur la recrudescence de la syphilis et de la neurosyphilis, qui reste un sujet d’actualité surtout chez les malades positifs pour le VIH. Toutefois la neurosyphilis continue à sévir au Maroc chez les sujets séronégatifs pour le VIH. Ceci fait soulever un certain nombre d’interrogation quant à l’étiopathogénie de la neurosyphilis dans notre pays. Par ailleurs, dernièrement plusieurs auteurs ont insisté sur la modification de la présentation clinique de la neurosyphilis. En effet on note une diminution des formes parenchymateuses au profit des manifestations précoces telles que les méningites et les méningovascularites. On Peut expliquer cela, d’une part par la coinfection par le VIH et d’autre part, par un traitement insuffisant de la syphilis primaire. Le diagnostic positif, étant basé surtout sur les réactions sérologiques qui ont connu des progrès considérables, permet l’instauration d’un traitement précoce, celui-ci est le seul garant d’une guérison en cas de syphilis primosecondaire et d’un bon pronostic en cas de neurosyphilis. 1 Le but de ce travail est une évaluation de l’aspect épidémiologique, clinique, thérapeutique et évolutif de la neurosyphilis à travers une série de 19 cas colligés au service de neurologie du CHU de Hassan II de Fès et de comparer nos données à celles de la littérature. 2 Historique La syphilis occupe une place importante dans la pathologie humaine, son origine exacte est encore discutée de nos jours. En fait cette maladie a été décrite pour la première fois, fin 1494, début 1495 en Espagne ou elle aurait été introduite par Cristophe Colomb en 1493 ou par Antonio de Torres en 1494 au retour du nouveau monde [1]. La syphilis a fait son apparition en 1495 après la prise de NAPLE par l’armée française, puis elle va se disséminer rapidement dans toute l’Europe au gré de la dispersion des mercenaires des armées françaises et espagnoles. Ainsi, la syphilis était dénommée mal de Naples par les français et mal français par les italiens [1]. Aux XVI et XVII siècles, la syphilis est dénommée grande virole. La dénomination de syphilis s’imposera à la fin du XVIII siècle par analogie au Berger Syphilus, protagoniste d’un poème de Jérome Fracastor, médecin et philosophe italien. La vérité historique pourrait être tout autre, puisque Hippocrate avait déjà fourni une description précise de lésions génitales qui ne semblent pouvoir correspondre qu'au chancre syphilitique. Plus tôt encore, des lésions osseuses syphilitiques ou tréponématoses furent mises en évidence sur de nombreux squelettes préhistoriques , y compris à l'époque du pléistocène (1,8 million d'années à 11 000 ans avant JC). Au début la syphilis a été confondue avec les autres maladies vénériennes, elle ne fut distinguée de la blennorragie et du chancre mou que grâce au travaux de Rollet , Ricard et Fournier. C’est à partir de cette période que l’origine syphilitique de certaines atteintes viscérales a été établie. En 1822, Bayle décrivit la paralysie générale, en 1859 Duchenne de Boulogne décrivit le tabès que Fournier a pu rattaché à la syphilis en 1875. 3 Le signe d’Argyll Robertson a été décrit en 1869, et Sattas, en 1894, démontra l’origine vasculaire de certaines manifestations médullaires de la syphilis. Mais c’est à partir de XX ème siècle que la découverte concernant la syphilis devenait plus intéressante. Le tréponème pale est mis en évidence à Berlin en 1905 par Schaudinn et Hoffmann et les anticorps anticardiolipines par Wassermann et Meissner en 1907. En 1910, Ehrlich à francfort met au point un dérivé arsenical organique trivalent (l’arsénobenzol) qui est utilisé avec sucées par voie parentérale en association avec les sels de bismuth. Mais il faut attendre 1943 pour que Mahoney, Arnold et Harris démontrent l’efficacité de la pénicilline dans le traitement de la syphilis [1]. En 1949, Nelson et Mayer ont mis au point la réaction d’immunofluorescence découverte par Coons en 1942. Hunter améliora la réaction FTA en proposant la FTA absorbé en 1964. Les japonais ont mis au point en 1969 une technique de sérodiagnostic utilisant la réaction d’hémaglutination passive (TPHA). Avromeas Engwall et Perhman ont mis au point une méthode de sérodiagnostic immuno-enzymatique (ELISA) en 1971. 4 Bactériologie Il s'agit de Treponema pallidum variété S, bactérie cosmopolite, mobile, appartenant à l'ordre des Spirochaetales. C’est un germe de forme allongée, spiralée de 0,10 à 0,18 μm de large sur 6 à 20 μm de long, avec 6 à 12 tours de spires. Au microscope standard, on ne peut le voir que sur fond noir, avec coloration spéciale [1]. Le tréponème pale est mobile ayant 3 types de mouvement, en pas de vis, pendulaire et ondulatoire. Sa structure a été précisée en microscope électronique, on retrouve : Ø Une zone extracellulaire qui serait un critère de pathogénicité. Ø Une membrane d’enveloppe formée de 3 feuillets, de nature glucidolipidoprotidique, qui serait le support des antigènes de surface. Ø Un appareil locomoteur formé de 5 fibrilles enroulées autour du corps du spirochète et responsable de ses mouvements typiques. Ø Enfin, une membrane limitant le corps cellulaire avec cytoplasme à inclusion et noyau sans membrane nucléaire. T. pallidum ne peut être cultivé in vitro, mais peut survivre pendant 48 heures à 37 °C [2]. Morphologiquement et sérologiquement, il est indiscernable des autres tréponèmes pathogènes pour l’homme, tréponème pertenue agent du pian, tréponème carateum de la pinta, T. pallidum endemicum, cause du Bejel ou syphilis endémique. Chez l'homme, la transmission se fait le plus souvent par voie sexuelle, rarement par voie transplacentaire, bien que ce mode de transmission fût fréquent avant le traitement antibiotique. La transmission peut se faire aussi par contact 5 direct au niveau des lésions cutanées ou muqueuses secondaires, très contagieuses (collier de Vénus). La transmission par voie transfusionnelle est exceptionnelle [2]. I. Structure antigénique : On distingue 4 groupes d’antigènes : Ø Le cardiolipide ou haptène lipidique de Wassermann (Phosphatididyl-glycérol, commun aux tréponèmes) + Protéine tréponèmique à Réagines Ø Un antigène protéique spécifique de groupe. (Extrait de la souche Reiter, commun aux tréponèmes) Ø Un antigène polyosidique d'enveloppe. (Spécifique de TP, IF) Ø Des antigènes du corps tréponèmiques. (Spécifique de TP, Test Nelson) II. Immuno-pathologie : La nature de l’immunité induite par le TP est double : 1. L’immunité humorale : Après infection, la première réponse immunitaire humorale est la production d’anticorps de types IgM, mais ces immunoglobulines disparaissent rapidement. L’IgM spécifique de TP est décelable pendant la deuxième semaine après l’infection et disparaît dans les trois mois après le début de traitement dans le cas de syphilis précoce ou dans le délai d’une année après le début du traitement dans la syphilis tardive. La détection de l’IgM spécifique de TP dans le sérum d’un malade non traité indique la nécessité d’une thérapeutique appropriée, de même que la persistance de la réactivité à des titres inchangés pendant une période de plus de 3 à 4 mois après l’administration de pénicilline à des posologies correctes. La réapparition d’anticorps IgM permet de distinguer la réinfection d’une rechute après traitement inefficace. 6 La production d’immunoglobulines IgG commence normalement pendant la quatrième semaine après l’infection et leurs titres sériques atteignent habituellement des valeurs beaucoup plus élevées que ceux des anticorps IgM [3]. 2. L’immunité cellulaire : Au cours de la syphilis primaire, on observe une diminution du nombre et du taux de lymphocytes CD4 et au cours de la syphilis secondaire une diminution des lymphocytes CD8 [1], ce qui retarde la destruction du germe et facilite sa dissémination dans l’organisme. 3. Pouvoir pathogène expérimental : Le lapin peut être expérimentalement inoculé par voie cutanée, oculaire et testiculaire avec Treponema pallidum. L'animal fait un chancre riche en tréponèmes. Les tréponèmes vont persister pendant toute la vie de l'animal dans les ganglions lymphatiques, la rate et la moelle osseuse. Le singe fait expérimentalement des lésions primaires et secondaires très semblables à celles de l'homme ; il est le seul animal sensible à l'infection par Treponema carateum. 7 Epidémiologie I. La syphilis précoce : L’épidémiologie de la syphilis est plus ou moins bien connue selon les pays. D’une façon générale , son incidence a régulièrement diminuée depuis l’avènement de la pénicillinothérapie, passant de 70 pour 0,1 million d’habitants à la fin de la seconde guère mondiale à 7 pour 0,1 million en 1983 dans la population des pays riches. A partir de 1985 elle réaugmente avec l’émergence du SIDA atteignant en 1990 14 pour 0,1 million, puis décline à nouveau [2]. Et depuis 2000, une série d’épidémies survenant principalement chez les hommes homosexuels, a touché la plupart des pays d’Europe et d’Amérique [4,5]. En France, la syphilis précoce avait pratiquement disparue entre 1990 et 1997, mais depuis 1998 on assiste à une recrudescence indiscutable avec une accélération rapide en 2001. En fait, de 2000 à 2005, 1841 cas ont été notifiés, 84% sont des homosexuels dont 50% sont VIH positif. Graphique 1 : nombre de cas de syphilis par semestre, réseau de la syphilis, France, 2000-2005 8 Les États-Unis ont également connu des épidémies touchant la communauté homo et bisexuelle. Entre 2001 et 2002, Le nombre total de cas déclarés a augmenté de 12,4 %, soit de 6 103 à 6 868 cas. Enfin, malgré des traitements de masse, la syphilis persiste dans de nombreux pays en voie de développement. L’OMS évalue que sur les 12 millions de nouveaux cas annuels estimés dans le monde, 90 % surviennent dans les pays en voie développement : Asie du Sud-est (4 millions de cas), Afrique subsaharienne (4 millions de cas), Amérique latine (3 millions) [5]. Au Maroc, d’après les statistiques de la santé publique concernant l’évolution de la syphilis primo –secondaire de 1995 à 2006, cette affection n’a pas disparu et ne doit pas être oubliée dans notre pratique médicale. Année 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Nbr de cas 5295 4934 5087 4980 5058 5936 5288 4759 4819 4892 3882 4478 Taux 19,8 18,0 18,6 17,9 17,9 20,6 18,1 16,1 16,0 16,0 12,9 14,6 d'incidence pour 100000 habitants Tableau 1: Evolution des cas de syphilis au Maroc de 1995 à 2006 II. La neurosyphilis : La neurosyphilis représente 56 à 70 % de l’ensemble des syphilis viscérales et complique 5 à 10 % des syphilis non traitées [6,7]. Sa fréquence a considérablement diminué parallèlement a celle de la syphilis primaire grâce à l’introduction de la pénicilline, mais elle persiste toujours comme en témoignent plusieurs publications récentes. Au Maroc , nous ne disposons pas d’études épidémiologiques suffisantes permettant de connaître la fréquence exacte de cette affection, et les études 9 réalisées ne peuvent pas refléter la réalité de l’incidence de la neurosyphilis dans notre pays, tout de même nous disposons de données de prévalence hospitalière. Auteur El Période Alaoui 1980-1985 Faris [7] Service Hôpital Ville Nbre de cas Neurologie CHU Rabat 53 Moutamid 1983-1988 dermatologie CHU Casa 53 Ennour [72] 1983-1990 Psychiatrie CPU Salé 45 Lakouichi 1985-1990 Neurochirurgie CHU Casa 26 Jarmouni 1983-1988 dermatologie CHU Casa 53 Darkaoui 1981-1993 Maladies CHU Casa 28 Regragui 1986-1997 neurologie CHU rabat 201 [73] Errazi [50] [76] [71] infectieuses Tableau 2 : fréquence de la neurosyphilis publiée entre 1980 et 1997 Dans la littérature, boudin avait rapporté 87 cas observés entre 1955-1962, Hooshmand a colligé 241 cas entre 1965-1970, Luxon a rapporté 17 cas en 1979, Wolters a décrit 121 cas , et plus récemment Cisse a rapporté 82 cas entre 19861991 et 28 cas entre 1992-2000 [7,8]. 10 Aspects cliniques de la neurosyphilis : I. Neurosyphilis asymptomatique : Sa découverte se fait fortuitement à l’occasion d’un bilan systématique. Les malades n’ont pas de signes cliniques mais ils présentent des anomalies du liquide céphalo-rachidien dont une pléiocytose inférieure à 20 mm3 à prédominance lymphocytaire ou monocytaire, une hyperprotéinorachie avec un profil gammaoligoclonal et une sérologie syphilitique positive [2,9]. L’une au moins de ces perturbations du LCR est retrouvée chez 20 à 34% des patients dont la syphilis n’a pas été traitée après 2 ans d’évolution [9]. Chez les malades ayant une neurosyphilis asymptomatique non traitée, la probabilité totale d’évoluer vers une neurosyphilis clinique est environ 20% pour les 10 premières années et augmente au fur et à mesure que le temps s’écoule, d’où l’intérêt d’un traitement précoce. II. Les méningites syphilitiques : 1. Méningite aigue : C’est l’expression neurologique la plus précoce. Elle est en générale contemporaire à la phase primo secondaire de la maladie [7]. Cliniquement, elle se manifeste par un syndrome méningé franc, parfois associé à des paralysies oculomotrices, une parésie pupillaire et troubles de la vigilance [7]. L’atteinte des nerfs crâniens survient dans 45% des cas et pose alors le problème de diagnostic différentiel avec les autres causes de méningite basilaire, essentiellement la méningite tuberculeuse [2]. Cependant, le tableau clinique peut être moins spectaculaire et peut même être trompeur sous forme d’un état confusionnel, des manifestations psychiatriques, ou de crise d’épilepsie [2]. L’existence concomitante 11 d’éléments cutanuéo-muqueux ou la notion d’une syphilis récente permettent de soupçonner le diagnostic. La ponction lombaire le confirmera en montrant un liquide clair ou légèrement trouble, une hypercytose à 500 éléments par mm3 à prédominance lymphocytaire, une protéinorachie entre 1 et 2g/l et un profil gamma-oligoclonal et surtout une positivité de la sérologie syphilitique [7]. 2. Méningite chronique : Elle survient au cours de la période tertiaire, elle peut être localisée ou diffuse, siége au niveau de la base ou de la convexité et toujours associée à une atteinte du parenchyme nerveux sous-jacent ; elle s’intègre le plus souvent dans le cadre d’une méningo-encéphalite [7]. Cliniquement, elle est caractérisée par des céphalées tenaces nocturnes ne cèdent qu’au traitement spécifique avec altération de l’état général et parfois des troubles de l’humeur et du caractère [10]. On distingue deux tableaux cliniques en fonction de la prédominance des lésions : §La méningite chronique de la convexité qui peut s’accompagner des crises comitiales ou d’épisode déficitaire transitoire. cette forme est la plus fréquente selon Chkili contrairement aux données de la littérature [7]. §La méningite chronique de la base qui s’associe à une atteinte des nerfs crâniens. Le nerf oculomoteurs notamment le III, le cochléovestibulaire, le nerf optique et le nerf facial sont les fréquemment touchés [10, 11,12]. L’atteinte infundibulo-tubérienne ne serai fréquente que dans la méningoencéphalite tuberculeuse et associe un diabète insipide, une glycosurie, une obésité, des troubles génitaux et des troubles de sommeil [7,10]. 12 III. La méningo-encéphalite chronique ou paralysie générale : La paralysie générale décrite par Bayle en 1822, est une affection essentiellement caractérisée par un état démentiel et une détérioration progressive des fonctions supérieures liées à une méningo-encéphalite diffuse d’origine syphilitique. Elle survient 10 à 20 ans après l’infection primaire. Elle est secondaire à une perte neuronale avec gliose progressive et diffuse qui se traduit par une atrophie cortico-sous-corticale [2]. Elle est à évoquer devant toute démence du sujet jeune mais également du sujet âgé [13] car elle représente l’une des rare étiologie curables des démences et doit donc être diagnostiquée à la phase de début afin d’instaurer un traitement précoce. Le début peut être soit aigu, soit d’installation progressive sur plusieurs mois. Il est parfois précédé d’un facteur déclanchant comme un choc psychoaffectif (décès du conjoint par exemple) d’un traumatisme crânien ou bien une intoxication éthylique [7, 13,14]. Le début par un épisode psychiatrique aigu peut se manifester par une excitation hypomaniaque caractérisé par une augmentation passagère de capacité et de rendement de la personnalité, mais l’examen retrouve une incohérence des idées, un illogisme voire un véritable délire. Des troubles dépressifs sont beaucoup plus fréquents et ils risquent de faire méconnaître le diagnostic au début de la maladie. Il peut s’agir d’une dépression mélancolique réalisant de véritables états de stupeurs avec inhibition, mutisme, impulsion suicidaire ou d’une dépression à forme hypochondriaque. La gravité de ces états dépressifs traînant est qu’ils vont occasionner un retard diagnostic important et son corollaire, la détérioration intellectuelle, qui pourra être objectivé dès ce stade par une étude psychométrique [7]. 13 Des actes médico-légaux peuvent inaugurer la maladie, ils sont favorisés par l’affaiblissement précoce de jugement. Il peut s’agir d’actes scandaleux (attentat sexuel, exhibitionnisme) ou délictueux (vol, parfois le patient fait de la prison à plusieurs reprise avant que le diagnostic de la PG ne soit fait). Un état confusionnel peut être également le signe de début de la maladie. Plus rarement une crise comitiale partielle ou généralisée, un AVC ischémique, une paralysie oculomotrice ou une atrophie optique peuvent inaugurer le tableau [7,14]. Le début insidieux est le plus fréquent, progressif, à tel point qu’il est difficile de le situer. C’est par l’interrogatoire de l’entourage que l’on retrouve les symptômes initiaux à type de changement de caractère et de la personnalité. Il s’agit d’un affaiblissement intellectuel global et progressif portant sur la mémoire aussi bien visuelle que verbale, elle prédomine sur les faits récents alors qu’elle respecte les faits anciens ,portant aussi sur l’attention¸le jugement associé à des modifications de l’affectivité survenant souvent dans un contexte dépressif qu’euphorique. Il faut au moindre doute demander les sérologies syphilitiques et vérifier le LCR afin de traiter les malades avant la constitution de l’atrophie cérébrale définitive. La phase d’état associe une démence globale, un délire et des signes neurologiques. La démence globale est due à une désintégration totale des fonctions psychiques supérieures ; les troubles mnésiques sont précoces et sévères, intéressant à la fois les faits récents et anciens, entraînant une véritable désorientation temporo-spatiale. La perte de l’autocritique est manifeste, le malade devient indifférent vis à vis de l’entourage. Les troubles de l’humeur sont aussi fréquents. 14 Le délire associé à la démence caractérise la PG et permet de la distinguer des autres démences. Le plus spectaculaire est le délire de grandeur de type hypomaniaque avec des thèmes multiples, dans lesquels on constate l’incohérence, la contradiction, l’absurdité et l’instabilité des toutes les idées émises. Les troubles neurologiques sont dominés par une dysarthrie qui est caractérisé au début par une hésitation, des inversions ou des omissions des syllabes et qui peut être incompréhensible dans les formes évoluées. La découverte de cette dysarthrie est d’un intérêt diagnostique capital. L’examen remarquera aussi l’hypomimie faciale, un tremblement labio-lingual et des extrémités des mains. Différents signes neurologiques peut être associés à la démence : - paralysie générale et tabès : association classique, mais elle est actuellement rare, - paralysie générale et paraparésie spasmodique, - le fond d’œil peut trouver une atrophie optique, - PG et crises comitiales. La ponction lombaire trouvera une sérologie syphilitique positive dans le LCR, qui contient au moins une des trois anomalies biologiques suivantes : pléiocytose supérieure à cinq éléments par mm3, protéinorachie supérieure à 0,50g/l ou hypergammaglobulinorachie de distribution oligoclonale. IV. La méningo-vascularite d’origine syphilitique : Le tableau clinique est celui d’un accident vasculaire (AVC) ischémique brutal ou progressif, après une phase prodromique faite de céphalées, de vertige et parfois de crises comitiales [2,7,15] s’installe une hémiplégie qui est la traduction la plus fréquente. Elle est le plus souvent d’emblée spasmodique non proportionnelle et d’évolution favorable sous traitement [7]. 15 Elle peut être associée à une méningite, à une méningo-encéphalite avec crises comitiales le plus souvent bravais-jacksonnienes, paralysie d’un ou plusieurs nerfs crâniens, un syndrome cérébelleux… La lésion initiale est une endartérite dont on connaît 2 types : -l’artérite de Heubner, la plus fréquente, touche les artères de grand et moyen calibre. Elle est caractérisée par une prolifération fibroblastique de l’intima, un amincissement de la média et des transformations inflammatoires et fibreuses de l’adventice. Ceci provoque un rétrécissement de la lumière de l’artère et ectasies pseudo anévrysmales de la paroi [15]. -l’artérite de Nissl, touche les petits vaisseaux, elle est caractérisée par une prolifération endothéliale et adventitielle [15]. Ces lésions vasculaires peuvent siéger sur toutes les artères cérébrales, mais prédominent au niveau encéphalique sur l’artère cérébrale moyenne [2]. Les artères cérébrales antérieures, postérieures et le tronc basilaire sont les moins touchés. La méningo-vascularite survient en moyenne 4 à 7 ans après le début d’une syphilis non traitée, mais elle peut apparaître quelques mois après le chancre. Il faut noter aussi l’atteinte possible des veines cérébrales et médullaires voir des sinus veineux et même du système veineux profond [15,16]. V. la striatite syphilitique : C’est l’atteinte des noyaux gris centraux par l’atteinte méningo-vasculaire notamment des artères lenticulostriées [7], elle se manifeste le plus souvent par une rigidité, alors que le tremblement est moins fréquent. Cependant, dans la paralysie générale, l’atteinte extrapyramidal se manifeste par un tremblement labiale et ou des extrémités [7]. 16 VI. L’atteinte cérébelleuse : C’est une forme clinique particulière de la neurosyphilis, on distingue trois formes cliniques : -atteinte cérébelleuse d’origine vasculaire : elle réalise un tableau d’accident vasculaire cérébelleux, le plus souvent ischémique. -cérébellite : elle est très rare et se manifeste par un syndrome cérébelleux, le plus souvent ischémique. -atrophie cérébelleuse ; qui peut être secondaire à une méningo-encéphalite. VII. Les gommes syphilitiques : La gomme syphilitique est la conséquence d’une réponse immunitaire cellulaire entraînant la formation d’une granulation constituée de lymphocytes et de plasmocytes infiltrant le parenchyme et les méninges, puis remplacée progressivement par une fibrose et une nécrose [17]. Les gommes syphilitiques sont d’une extrême rareté et sont habituellement superficielles cérébroméningées mais peuvent être exceptionnellement intracérébrales. La symptomatologie clinique dépend de la taille et de la situation de la gomme qui se comporte comme un processus expansif et peut se manifester par un déficit focal ou une comitialité [2,17]. Des cas de gomme syphilitique médullaire ont été rapportés, qui consistent essentiellement en une myélite [17]. Les principaux diagnostics différentiels de la gomme cérébrale sont représentés par les gliomes, les abcès, la tuberculose et la sarcoïdose [17]. L’évolution est classiquement régressive sous pénicillinothérapie [7,17]. 17 VIII .Le tabès : Il est caractérisé par une dégénérescence systématisée des cordons postérieurs de la moelle secondaire à l’atteinte des racines postérieures. Certains auteurs estiment que 10% des syphilitiques non traités développent un tabès 10 à 20 ans après le chancre. Cliniquement 2 triades caractérisent le tabès dont une symptomatologie faite de douleurs en éclair, de dysurie et d’ataxie, tandis que l’Argyll Robertson, l’aréflexie et l’hypoesthésie proprioceptive représentent la triade des signes physiques. Par ailleurs, l’atrophie optique, les crises viscérales et l’arthropathie constituent les autres éléments du diagnostic. -Les troubles de la sensibilité : La douleur en éclair à début et à fin brusque domine le tableau clinique. C’est une douleur fulgurante, survenant habituellement au niveau des jambes [18]. La crise viscérale est due à une atteinte de système nerveux autonome. La plus fréquente est la crise gastrique qui peut être confondue à un abdomen chirurgical aigu [19]. -L’ataxie : est de type proprioceptive [7] entraîne une instabilité à la station debout et à la marche mise en évidence par le signe de Romberg. Au cours de l’évolution, la marche devienne talonnante ; les jambes écartés et les talons prenant violemment contact avec le sol [18]. -Les troubles génito-sphinctériens : La dégénérescence syphilitique des racines au niveau des métamères et des colonnes dorsales de la moelle entraîne un dysfonctionnement vésical. Les racines postérieures et le cordon postérieur de la moelle conduisent l’influx sensitif. Leur atteinte au niveau lombosacrée va être à l’origine d’une dysurie, d’une miction impérieuse, d’un retard à la miction ou d’une absence de sensation physique 18 d’uriner et par conséquence une hypotonie vésicale avec un énorme résidu postmictionnel [20]. Quant aux troubles génitaux, il s’agit d’une frigidité chez la femme et une impuissance chez l’homme [18]. -Les troubles oculaires : Le signe d’Argyll Robertson est l’atteinte pupillaire la plus fréquente dans la neurosyphilis. Il se manifeste par une abolition bilatérale du réflexe photomoteur direct et conservation du réflexe d’accommodation. Les pupilles sont en myosis irrégulier en raison des synéchies postérieurs [7,24]. L’atrophie optique est moins fréquente et l’atteinte des nerfs occuolomoteurs réalisant des paralysies associées a été rapportée [18]. -L’hypoesthésie proprioceptive se manifeste par une perte du sens de position du gros orteils voir des segments des membres, avec analgésie des structures profondes (muscles, tendon…). -L’aréflexie : L’abolition des réflexes ostéotendineux est le plus souvent bilatérale et symétrique et touche en particulier les membres inférieurs. -Les troubles trophiques : Ils sont dominés par l’arthropathie neurogène destructrice secondaire à une tabétique, c’est une arthropathie perte de l’innervation sensitive douloureuse et proprioceptive. Elle apparaît dans 5 à 10% des cas de tabès et elle survient le plus souvent au cours d’un tabès connu, mais dans de nombreux cas l’arthropathie mène au diagnostic d’un tabès jusque là méconnu. Elle apparaisse toujours à un âge avancé de la maladie entre 15 et 20 ans après le chancre [21,22,23]. 19 L’atteinte est habituellement monoarticulaire et prédomine aux membres inférieurs (60 à 75%) touchant par ordre de fréquence décroissante le genou (46%), la cheville, le tarse, la hanche, le rachis dorsolombaire, l’épaule et le coude [23]. Sa pathogénie reste discutée et deux théories sont évoquées : -La théorie trophique : perturbation de la trophicité ostéoarticulaire par un mécanisme vasculo-sympatique. -La théorie mécanique: l’anesthésie articulaire supprime toute protection de l’articulation qui est soumise à des traumatismes répétés favorisés par l’ataxie et l’hyperlaxité ligamentaire [21,23]. Cliniquement, le début est caractérisé par trois éléments, d’une part son caractère brutal, son indolence habituelle qui contraste avec l’importance de la déformation et de la destruction articulaire. Sur le plan radiologique, les premiers clichés montrent souvent des lésions avancées à type de déminéralisation épiphysaires et des ostéophytes. On peut noter aussi des traits de fractures et des tassements [21,22,23]. IX. les myélites syphilitiques : Elles sont assez rares [6] on distingue deux tableaux cliniques : 1. La myélite aigue transverse : Elle est secondaire à une artérite des artères spinales antérieures et postérieures, qui est responsable d’une nécrose ischémique de la moelle [25] ou peut décompenser l’insuffisance circulatoire induite par les ostéophytes exubérants d’origine tabétique qui siégent au niveau du rachis lombaire. La symptomatologie clinique débute par des épisodes paraparétiques transitoires puis apparaissent des troubles permanents avec une paraparésie incomplète, une incontinence urinaire et des troubles sensitifs. Le pronostic est 20 encore favorable si le traitement est institué précocement. Rarement on peut avoir un tableau de section transverse de la moelle qui se caractérise par un état de paraplégie flasque avec sidération de toutes les fonctions motrices et sensitives et présence des troubles sphinctériens, le pronostic en est sombre [26]. 2. La myélite d’Erb : Elle correspond à une atteinte des cordons latéraux avec une dégénérescence des faisceaux pyramidaux. Elle est caractérisée par une paraparésie spasmodique d’évolution progressive, avec troubles sphinctériens à type de miction impérieuse, mais sans troubles sensitifs. L’évolution est lentement progressive vers un état grabataire en 10 à 15 ans [26]. X. La pseudosclérose latérale amyotrophique d’origine syphilitique : Elle est exceptionnelle [6], elle touche des sujets plus jeunes. Elle est secondaire à une méningo-myélo-vascularite diffuse avec des lésions ischémiques prédominant sur les cellules de la corne antérieure [26,27]. Le tableau clinique se caractérise par l’installation progressive d’une amyotrophie de la ceinture scapulaire et des petits muscles de la main, un syndrome pyramidal des quatre membres, crampes et fasciculations et l’absence de troubles sensitifs objectifs. L’évolution sous traitement est meilleure que dans la forme idiopathique. XI. Les manifestations ophtalmologiques : Elles surviennent à la phase secondaire et tertiaire de la maladie. Certaines accompagnes les manifestations générales de la syphilis précoce et traduisent la dissémination du germe, c’est le cas des neuropathies optiques oedémateuses, des 21 coriorétinites et des neuropathies transitoires. D’autre se voient à la phase tardive et sont dominées par l’atrophie optique, les anomalies pupillaires et les paralysies oculomotrices [28]. 1. l’atrophie optique : Elle se manifeste par une diminution progressive de l’acuité visuelle qui peut aller jusqu'à la cécité. Elle peut être isolée, accompagnée seulement d’une réaction méningée biologique. Elle peut accompagner une méningo-encéphalite ou un tabès. L’évolution de cette atrophie optique est variable, mais très souvent elle est de mauvais pronostic. Une atteinte partielle des fibres optiques est possible et elle se manifeste par un scotome central. 2. Les anomalies pupillaires : Représentes les manifestations cliniques les plus fréquentes, outre le signe d’Argyll Robertson, on décrit la pupille d’Adie. Il s’agit d’une mydriase unilatérale réagissant peu à la lumière avec un lent retour à la dilatation de départ. XII. Les névrites crâniennes : L’atteinte des nerfs crâniens est fréquente. Elle survient au cours de la phase secondaire ou tertiaire de la maladie. Elle peut résulter d’une inflammation dans le cadre d’une méningite granulomateuse de la base, d’une ischémie dans les méningovascularites ou d’une compression par une gomme syphilitique. Les nerfs crâniens les plus fréquemment atteints sont le cochléovestibulaire, facial, optique et oculomoteurs [11,12]. XIII. Neurosyphilis et VIH : La syphilis et le Sida sont deux maladies sexuellement transmissibles, ainsi, les antécédents de syphilis augmentent le risque de contracter le sida [7]. 22 Il est acquis que les ulcérations génitales que constitue le chancre syphilitique facilitent la transmission de VIH. Par ailleurs le VIH augmente le risque d’infection par le TP ; ce risque est 17 fois plus important que dans la population générale, ceci est du à la diminution de la réponse immunitaire induite par le VIH [7]. Marra a défini les facteurs de risque de neurosyphilis chez les patients séropositifs pour le VIH par un taux de CD4 inférieur ou égale 350 cell/ml, un titre RPR supérieur ou égale 1/32 et un ARN VIH1 supérieur à 500 copies /ul [29,30]. La neurosyphilis est significativement différente quand elle survient chez les sujets infectés par le VIH, on assiste à une survenue plus précoce, à une prédominance des atteintes oculaires, des méningites syphilitiques, des méningovascularites et des atteintes des nerfs crâniens [31,32]. Cependant, il semble que ces formes précoces de neurosyphilis soient distinctes de la neurosyphilis classique de la syphilis tertiaire du patient non traité. Elles surviendraient dans l'année qui suit la primo-infection, alors que la syphilis tertiaire n'apparaît qu'après plus de 10 ans de latence [33]. Le VIH modifie également les données sérologiques avec de forte réaction sérologique ou au contraire des faux négatifs et il augmente la pléiocytose et la protéinorachie [34]. Il modifie aussi la réponse au traitement puisque 30% des patients traités pour syphilis primaire peuvent développer une neurosyphilis dans les 6 mois [7,35]. De toutes ces constatations, Les auteurs recommandent que soit pratiquée, pour toute personne infectée par le VIH, une sérologie syphilitique sanguine incluant un FTA-abs; en cas de positivité, une ponction lombaire devrait être faite afin d'éliminer l'éventualité d'une neurosyphilis [35]. 23 Diagnostic I. Données biologiques : Le diagnostic microbiologique de la syphilis repose en routine sur les méthodes sérologiques disponibles dans de nombreux laboratoires qui sont indispensables pour affirmer la maladie [7,36]. Les méthodes directes (microscopie au fond noir, immunofluorescence, inoculation à l’animal), au contraire, restent l’apanage des structures spécialisées. Quant aux méthodes moléculaires, elles gardent pour le moment un statut de recherche appliquée [36]. 1. Etude sérologique dans le sang et LCR : Le diagnostic sérologique repose sur la mise en évidence des anticorps induits par l’infection [36]. Il existe de très nombreuses méthodes qui se divisent en deux grands groupes suivant l’origine de l’antigène utilisé. On distingue : - les réactions à Ag non tréponémique, qui utilise des Ag cardiolipidiques. - les réactions à Ag tréponémique. 1.1 Les réactions utilisant les Ag non tréponémique : Ces réactions sont dites de sérologie classique comprenant : 1.1.1 BW : Border Wassermann, n’est plus utilisé 1.1.2 VDRL : Veneral Diseas Reagent Laboratory C’est une réaction d’agglutination passive. L’Ag utilisé est d’origine cardiolipidique. Les résultats sont rendus en croix (de 1 à 4) en fonction de l’intensité de la réaction. En cas de dépistage positif, un titrage est effectué par dilution du sérum de raison de 2. Le titre correspond à la dernière dilution ou l’on observe la présence d’agglutinats est exprimé en unités [36]. 24 C’est une technique peu coûteuse, facile à réaliser, rapide et se positive dès la 4ème semaine (soit 5 à 10 jours qui suivent le chancre) et c’est la première à se négativer après traitement. C’est un bon marqueur de suivie de l’efficacité thérapeutique [1,7,36], Il reflète assez fidèlement l'évolution de la maladie (en atteignant un titre maximal en phase secondaire ou latente précoce) et l'ancienneté de la contamination (en diminuant progressivement même en l'absence de traitement jusqu'en phase latente tardive) [1]. L’inconvénient de ce test est sa faible spécificité expliquée par la fréquence des faux positifs variants entre 3 et 40 % des cas. Ces faux positifs sont dus à des Ac apparus au cours de certaines maladies infectieuses ou auto-immunes et au cours de la grossesse d’où la nécessité de réaliser simultanément d’un test spécifique :TPHA ou FTA abs. 1.2 Les réaction à Ag tréponémique (TPHA, FTA, NELSON,Western Blot) 1.2.1 TPHA (Treponema Pallidum Hemagglutination Assay) : C’est une réaction d’hémaglutination passive. Elle consiste à mettre en présence le sérum du malade avec des hématies sensibilisées avec un Ag extrait à partir de T. pallidum, la présence d’Ac sérique antitréponémique forme un complexe qui agglutine les hématies [1,36]. C’est un test simple, rapide et peu onéreux, il est positif dès la 3e ou 4e semaine (10 jours près le chancre), le seuil de positivité dans le sang est fixé à 80. Toute réaction positive est suivie d’un titrage dans le sang et LCR à raison de 2 (1/80, 1/160, 1/320…) [2,36,37]. Le titre ne reflète pas l’activité de la maladie et ne permet pas de juger de son évolutivité. Le TPHA effectué sur le LCR a une forte valeur prédictive négative. Un test positif ne permet pas d’affirmer le diagnostic d’une neurosyphilis active. Pour palier cela, l’index d’Ac spécifique de Klapper est calculé, c’est le meilleurs reflet d’une infection locale [37]. 25 Index de klapper ou index de TPHA=rapport titre TPHA (LCR/sang)/rapport albumine (LCR/sang). Si le titre est supérieur à 2, une synthèse intrathécale d’anticorps antitréponème est affirmée [37]. 1.2.2 La réaction d’immunofluorescence FTA test (fluorescent tréponémal antibody test et FTA abs, FTA abs IgM): C’est un test d’immunofluorescence indirect, il utilise comme Ag, le tréponème pale entier, tué et fixé. Cette réaction apparaît extrêmement sensible et précoce, mais elle est considérée comme un peu spécifique [7]. Pour augmenter la spécificité de cette technique, il a été mis au point la FTA-abs ; dans un premier temps, le sérum du malade est absorbé pour éliminer les Anticorps non spécifique [1,2,37]. La FTA-abs se positive 25 à 30 jours après la contamination et reste positive après traitement. Le titre ne reflète ni l’évolutivité de la maladie ni l’efficacité du traitement. La FTA IgM : C’est une technique de recherche des Ac antitréponème de classe IGM. Il est peu sensible et peu spécifique. Il présente un intérêt dans la syphilis congénitale, la primo-infection ou une réactivation. 1.2.3 La réaction immuno-enzymatique, ELISA : Cette réaction consiste à mettre au contact de l’antigène protéique, le sérum du malade et une solution d’antiglobuline IgM ou IgG conjuguée à un enzyme. Dans un deuxième temps on ajoute un substrat spécifique de l’enzyme qui permet de donner un changement de couleur en cas de positivité. C’est une technique intéressante par sa sensibilité et sa spécificité proches de 100 %, elle permet de détecter les IgM, applicable sur le LCR, automatisable, peu coûteuse et quantitative [1]. La présence d’Elisa IgM permet d’affirmer l’évolutivité de la syphilis (comme le VDRL). 26 Cependant, aucune étude de pratique n’a démontré son bénéfice sur les tests habituels (TPHA, VDRL) et son coût est plus élevé. Ce test est imposé depuis 2002 comme le test tréponémique de première intention au RoyaumeUni [38], mais il est encore peu utilisé en France en 2007 [39]. 1.2.4 Western blot Les protéines tréponémiques migrent sur un gel d’électrophorèse, en fonction de leur poids moléculaire. Les protéines tréponémiques ainsi séparées sont transférées sur une membrane de nitrocellulose, puis exposées au sérum testé. Les complexes antigènes- anticorps formés sont ensuite mis en évidence par l’adjonction d’un révélateur. Comme le FTA et l’Elisa, le western blot permet la recherche d’IgM. Sa spécificité et sa sensibilité sont très élevées [40,41]. Il n’y a pas de rationnel suffisant pour préciser clairement la place du western blot dans le diagnostic de la syphilis. Cependant, son coût devrait le réserver à la confirmation du diagnostic, en seconde intention, notamment en cas de discordance sérologique. 1.2.5 La PCR : C’est une technique qui permet de reconnaître des fragments d’ ADN du TP dans les liquides biologiques en amplifiant un segment spécifique du génome du micro-organisme après extraction d’ADN. Elle semble donc particulièrement adaptée pour aider au diagnostic de neurosyphilis, mais elle manque de sensibilité par rapport au marqueurs biologiques prédictifs classiques. Récemment, une technique de PCR par transcriptase inverse basée sur l’amplification d’une région de 366 pb de l’ARN ribosomal 16S a été mise au point pour augmenter la sensibilité de détection de TP notamment dans le LCR [42,43]. 27 Par ailleurs, la présence du TP dans le liquide amniotique détecté par PCR est un très bon argument en faveur d’un risque de transmission foetomaternel. La détection du TP à 20 semaines de grossesse dans le liquide amniotique de la femme enceinte ayant une syphilis non traitée, permet le traitement des femmes infectées et réduit voir annule le risque de transmission à l’enfant. La PCR est donc appliquée avec succès pour évaluer le risque de transmission de la syphilis au fœtus [44]. 1.2 Analyse du LCR : 1.2.1 La cytologie : La première étape consiste à analyser l’aspect macroscopique du LCR. Classiquement il est noté clair ou eau de roche. Le LCR normal est incolore limpide, il contient lymphoplasmocytaire moins de 3 éléments par mm3 de type [37]. Les plasmocytes ne sont pas observés à l’état normal dans le LCR et leur présence serait témoin de l’évolutivité de la neurosyphilis [41,45]. Les résultats cytologiques ne sont ni spécifiques ni caractéristiques de la neurosyphilis, dont le diagnostic repose sur les réactions sérologiques positives dans le sang et LCR. Dans cette pathologie, la pléiocytose constitue le signe le plus précoce et aussi la première anomalie à disparaître sous l’action du traitement, elle est habituellement à prédominance lymphocytaire [7]. Dans la méningo-encéphalite syphilitique la pléiocytose est modérée et le plus souvent lympho-monocytaire. Dans le tabès, la réaction cellulaire est minime lymphocytaire et /ou plasmocytaire. 28 1.2.2 La chimie : *Le dosage chimique : C’est le dosage des protéines totales , temps essentiel non seulement pour orienter le diagnostic mais aussi pour réaliser correctement et interpréter les examens ultérieurs. La moyenne normale des protéines totales dans le LCR est 0,40g/l. Dans la neurosyphilis, les modifications de la protéinorachie ne sont pas constantes, celle-ci peut être normale dans plus de 50 % des cas [7]. *L’électrophorèse des protéines : Elle met en évidence une augmentation du pourcentage des gammaglobulines dans 2/3 des cas avec une distribution oligoclonale quasi constante. *L’étude immunochimique : Cette étude montre une élévation des IgG dans 70 % des cas de neurosyphilis, probablement par synthèse locale. Une augmentation des IgA peut être notée, quant à l’augmentation des IgM, elle traduirait la persistance du tréponème pale dans le système nerveux [7]. Les critères de diagnostic: Selon l’OMS La présence d’au moins deux des trois critères suivants fait porter le diagnostic de neurosyphilis biologique : –hyperalbuminorachie ; –hypercellularité ; –VDRL positif dans le LCR [46] Cependant plusieurs auteurs soulignent la nécessité d’inclure dans ces critères diagnostiques certains paramètres notamment l’index IgG et le TPHA index, considéré comme éléments de certitude bien que Holmes et Lukehart 29 affirment que le test TPHA est un peu pratiqué par certaines équipes travaillant dans le domaine de la syphilis [8,47]. Mais un LCR normal n’élimine pas pour autant une neurosyphilis. Ainsi, actuellement le diagnostic repose essentiellement sur les sérologies tréponémiques spécifiques dans le sang et le LCR. II. Données radiologiques : 1. La tomodensitométrie : Dans la méningo-encéphalite chronique le scanner cérébral montre essentiellement une atrophie cortico-sous-corticale, prédominant sur les régions frontales avec atteinte de la scissure interhémisphérique, étendue parfois au tronc cérébral et au cervelet, moins fréquemment une dilatation ventriculaire [7,48,49]. Et plus rarement on peut trouver une hydrocéphalie ou une hypodensité correspondant aux formes focalisées de la paralysie générale [50]. Dans la méningovascularite la TDM hypodensités d’AVC ischémique cérébrale met en évidence des [7,50,51]. Par contre, la gomme apparaît soit comme une image spontanément hyperdense qui prend le produit de contraste et qui est entourée par une zone hypodense exerçant un effet de masse sur les structures avoisinantes. L’hypodensité est souvent superficielle, prenant l’aspect d’un nodule cortico-méningé [7], ou sous forme d’une masse hypodense sans prise de contraste ni effet de masse [51]. 2. L’IRM : C’est la technique la plus performante en terme de sensibilité et de spécificité, elle est un élément important pour le diagnostic et permet d’évaluer l’efficacité thérapeutique. 30 En cas de méningo-encéphalite chronique, l’IRM peut objectiver une atrophie corticale frontale ou temporale, avec des lésions hyperintenses en T2 témoignant d’une gliose qui disparaît sous traitement [52]. Zifko, suggère dans une étude récente qu’il existait une corrélation entre la progression des lésions objectivées par l’IRM et les manifestations psychiatriques de la méningo-encéphalite chronique conférant à l’IRM une valeur pronostique dans cette affection [53]. Dans la méningovascularite, l’IRM cérébrale permet de visualiser l’AVC ischémique sous forme d’un hypersignal en séquence T2 ou Flair et en hyposignal en séquence T1, avec un rehaussement après injection de gadolinium. Elle peut être couplée à l’angioIRM qui met en évidence des images de sténoses des artères de petit et de grand calibre et des occlusions des segments supraclinoidiens de l’artère carotide interne et des portions proximales de la cérébrale antérieure, de la cérébrale moyenne et du tronc basilaire [7,52]. La gomme syphilitique du SNC a été rapportée pour la première fois en 1991. Elle se présente à l’IRM sous forme de nodule de siège cortical hypo ou isointense en T1 et hyperintense en T2, rehaussée après injection de produit contraste d’une façon homogène et peut s’accompagner d’un rehaussement durmérien linéaire [17,54]. Elle peut se présenter aussi en T1 sous forme d’un hypersignal périphérique à centre hypointense fortement rehaussée après injection du Gadolinium et en T2 la lésion est hypointense avec un œdème périphérique en hypersignal [17]. Cet hypersignal périphérique noté en T1 serait du à la production intracellulaire des radicaux libres paramagnétiques [17]. L’IRM peut être un moyen de surveillance en montrant la régression de la gomme syphilitique après traitement par la pénicilline à forte dose. 31 Dans la myélite, l’IRM met en évidence un hyposignal en T1 avec un rehaussement périphérique de la moelle après injection de gadolinium et qui témoigne de l’inflammation méningée. En T2, elle met en évidence un hypersignal centromédullaire compatible avec une inflammation ou un petit infarctus médullaire [55,56,57]. 32 Traitement Le seul traitement radical de la syphilis nerveuse est préventif et repose sur le dépistage et le traitement intensif de toute syphilis à la phase primosecondaire, car malgré la latence clinique, un traitement ne pourra plus amener de guérison totale tant qu’il a pas d’action sur les lésions nerveuses constituées en particulier l’atrophie cérébrale et son but sera de stabiliser si possible ces lésions [7]. Avant l’ère de la pénicilline de nombreux médicaments étaient utilisés dans le traitement de la neurosyphilis (malariathérapie, le mercure, les arsenicaux, les iodures). Mais la pénicilline a entièrement modifié les schémas thérapeutiques en éliminant les anciens produits dangereux et a raccourci considérablement la durée du traitement. En effet, La pénicilline G ne semble agir que sur les TP en voie de division, donc essentiellement pendant la phase active [1,26] et pour que le traitement soit efficace , il doit obtenir des taux tréponémicides pendant au moins deux divisions [7]. Mais on sait que, d’une part, le temps de division peut être de plusieurs mois et que d’autre part, l’état de la barrière hématoencéphalique influence le taux du médicament dans le système nerveux central [7], ceci explique la pratique de plus d’une cure de pénicilline. La concentration tréponémicide sérique minimale de la pénicilline G adoptée par l’OMS est de 0,31 UL/ml, selon plusieurs auteurs, cette concentration doit être atteinte et maintenue dans le LCR afin que le traitement soit efficace [58,59]. Les protocoles recommandés sont de 18 à 24 millions d’unités de pénicilline G aqueuse en perfusion dans 500 ml de sérum glucosé isotonique pendant 10 à 15 jours [7,60,61,62] ou de 2 à 4 millions d’unités toutes les 4 heures en intraveineux pendant 14 jours. La pénicilline G procaïne sera, par contre administrée à la dose de 33 2,4 millions d’unités en intramusculaire par jour associée à 2g de probénécide répartis en 4 prises quotidiennes également pour une durée de 14 jours [7]. Toutefois, l’instauration du traitement peut faire déclencher dans les 24 premières heures une réaction allergique spécifique à la syphilis et qui accompagne surtout le traitement de la MEC [63]. Elle a été décrite pour la première fois par Jarish Herxheimer et porte son nom. Elle se manifeste chez les patients asymptomatiques par une fièvre, des frissons, des céphalées et des myalgies ou peut se manifester par des singes neurologiques liés à la forme clinique de la neurosyphilis. Les patients ayant une méningo-encéphalite peuvent présenter une exacerbation des troubles mentaux, ou des signes neurologiques focaux. Chez les malades tabétiques la réaction se manifeste par des douleurs en éclair, une rétention urinaire… Elle peu exceptionnellement être fatale [63]. Sa survenue est imprévisible; elle serait plus fréquente quand la cytochimie du LCR est très perturbée. Pour la prévenir, il est recommandé d’administrer 30 à 50 mg de prédnisone avant de démarrer le traitement antibiotique [63] ou d’associer 100 mg d’HSHC à la perfusion de pénicilline en début du traitement [7]. En cas d’allergie à la pénicilline, la doxycycline et la minocycline peuvent être administrées à la dose de 200 à300 mg/jours, 14 jours par mois pendant 9 mois sous réserve de contrôler le LCR à 6, 12 et 24 mois de début de traitement [64]. Mais les cyclines sont contre indiqués chez la femme enceinte. La céftriaxone a une bonne diffusion dans le LCR, une dose quotidienne de 1g /jour en IM atteint un niveau au dessus de la MIC de 0,0006 mg/ml et elle a une demi vie exceptionnellement longue dans le sérum, d'approximativement 7 heures. Elle est une alternative intéressante et peut même amener à une récupération chez les sujet séronégatifs pour le VIH [65]. Selon Marra [66] la voie intraveineuse est 34 réservée aux patients séropositifs pour le VIH présentant une neurosyphilis ou une syphilis précoce. En cas d’association à une infection par VIH, il existe souvent un échec du traitement de la syphilis précoce et évolue rapidement et en dépit du traitement vers une neurosyphilis [62]. Cette dernière continue a évolué malgré les fortes doses de pénicilline G. Il semble que les concentrations locales de pénicilline n’atteignent pas G dans le LCR des valeurs bactéricides, aux posologies usuelles [33]. La pénicilline ne traverse la barrière méningée que lorsque celle-ci est le siège d'une inflammation. Il est donc vraisemblable que l'efficacité curative de la pénicilline contre la neurosyphilis de l'hôte immunocompétent implique une action synergique avec ses propres réactions immunitaires non spécifiques et spécifiques. Or, celles-ci sont défaillantes chez le patient infecté par le VIH et le traitement apparaît comme incomplet [33,67]. Le CDC recommande de traiter toute syphilis chez un patient HIV positif comme une neurosyphilis [61] avec un contrôle clinique et sérologique pendant 2 à 3 ans. Et en cas de neurosyphilis, le traitement actuel doit être réévalué ; peut être en essayant des doses plus fortes et pour une durée plus longue [68]. 35 Patients et méthodes Notre étude rétroprospective porte sur 19 cas de neurosyphilis confirmés et colligés au service de neurologie du CHU Hassan II, de janvier 2004 à Février 2009. Les critères d’inclusion reposent sur la positivité des sérologies syphilitiques (TPHA, VDRL) dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) réalisées chez tous les patients présentant des manifestations neurologiques et une sérologie syphilitique positive dans le sang. Cette dernière est demandée systématiquement chez tous les patients hospitalisés au service de neurologie. Les paramètres étudiés sont l’age, le sexe, les antécédents de chancre syphilitique, l’incidence, la forme clinique le traitement et l’évolution. Chez tous les patients, l’étude du LCR a compris l’analyse de la cytorachie, la glycorachie et la protéinorachie. Sur le plan radiologique, en fonction des tableaux cliniques, les patients ont eu un scanner cérébral, IRM cérébral…etc. Enfin tous les patients ont été traités par des fortes doses de Péni G selon deux protocoles : - Un groupe a reçu 20 millions d’UI de Péni G par jour pendant 10 à 15 jours. - L’autre groupe a reçu 30 millions d’UI de Péni G pendant 10 jours. 36 Observations : Cas 1 : Atrophie optique bilatérale isolée Il s’agit d’un homme de 49 ans, marié, originaire de Taounat, il a été hospitalisé pour une baisse de l’acuité visuelle d’installation progressive de l’œil droit suivie un mois plus tard de l’œil gauche. L’examen clinique a objectivé une baisse de l’acuité visuelle bilatérale avec conservation de la perception lumineuse et le reste de l’examen neurologique était normal. La sérologie syphilitique était positive dans le sang (TPHA=1/2560 et VDRL=1/64) et LCR (TPHA 1/80 et VDRL 1/2) et l’analyse cytochimique du LCR a révélé des GB=<3 éléments/mm3, glycorachie=0,52g/l, protéinorachie= 0,39g/l. L’ IRM était normale et le FO a objectivé une atrophie optique bilatérale. Dans ses antécédents on trouve un chancre syphilitique traité par pénicilline à 1979 et une 2eme rechute de chancre il y a 7 ans. Le patient a reçu 6 cures de Péni G de 10 MU 2 fois/jour pendant 15 jours, associé à Tegretol avec une évolution stationnaire. Cas 2 : Encéphalite limbique Il s’agit d’un patient âgé de 39 ans, ayant une notion de rapports sexuels non protégés, son histoire remonte à 3 semaines avant son hospitalisation par l’installation brutale de céphalées, somnolence suivie d’une crise convulsive, le patient a consulté et un traitement à base de Depakine a été prescrit mais non pris. Une semaine plus tard le patient a présenté des crises convulsives tonicocloniques généralisés avec morsure de la langue, suivie d’un coma post critique d’où son hospitalisation en réanimation. Il a été intubé ventilé pendant 48heures puis sevré après amélioration. Puis le patient a été transféré en neurologie, l’examen clinique était strictement normal. Après deux jours d’hospitalisation le patient a présenté des troubles de comportement. 37 Devant ce tableau clinique le patient a bénéficié d’un scanner cérébral qui s’est révélé normal, par ailleurs la sérologie syphilitique est revenue positive dans le sang et aussi dans le LCR avec un TPHA à 1/320 et VDRL à 1/8, GB= 7éléments/mm3, glycorachie=0 ,68 g/l, protéinorachie= 0, 6g/l et l’IRM a objectivé une lésion hyperintense en T1 et en T2 temporale. Le diagnostic d’encéphalite limbique syphilitique a été retenu sur des arguments cliniques, biologiques et radiologiques. Le patient a reçu 2 cures de Péni G 10 MU 2 fois / jour pendant 15 jours à 3 mois d’intervalle associé à Tegretol 200 mg 2 fois / jour. L’évolution était marquée par une diminution du nombre de crises. 38 Cas 3 : méningo-encéphalite chronique C’est un patient de 41 ans, marié, originaire de Fès, il a été hospitalisé en milieu psychiatrique pour un syndrome dépressif avec lourdeur de l’hémicorps gauche. Au cours de son hospitalisation il a bénéficié d’une sérologie syphilitique qui est revenue positive, puis il a été adressé au service de neurologie pour prise en charge. L’examen clinique a objectivé un mouvement dystonique de la main gauche, un fauchage gauche avec abolition du RPM des 2 cotés et aussi des troubles cognitifs, son MMS était à 20/30. Le TPHA était à 1/2560 et VDRL à 1/64 dans le sang et l’étude de LCR a révélé des GB =4 éléments/mm3, glycorachie=0,64 g/l, protéinorachie= 0,62g/l avec un VDRL négatif et un TPHA à 1/1280. La TDM a montré une atrophie cortico –sous- corticale fronto-temporale avec dilatation ventriculaire et à l’IRM de multiples foyers nodulaires hypo-intenses en T1 hyper- intenses en T2 centimétrique de la substance blanche paraventriculaire, et une atrophie sévère du corps calleux probablement d’origine ischémique secondaire à une avascularisation. L’évolution était stationnaire après 6 cures de Péni G à la dose de 10 MU 2 fois/ jour pendant 15 jours. Après la 6ème cure on notait une baisse du titre de TPHA (1/640). 39 Cas 4 : Tabès Il s’agit d’un patient âgé de 43 ans, originaire de Fès, ayant une notion de chancre syphilitique il y a 15 ans non traité. Le début de sa symptomatologie remonte à 10 ans par l’installation d’une baisse de l’acuité visuelle bilatérale avec troubles de la marche, cette symptomatologie s’est aggravé il y a 4 ans par une cécité bilatérale. L’examen clinique a trouvé un syndrome radiculocordonal postérieur, une neuropathie optique bilatérale et un signe d’Argyll Robertson. La sérologie syphilitique était positive dans le sang avec un TPHA à 1/5120 et VDRL à 1/32, l’analyse du LCR a révélé un liquide clair, GB=2/mm3, GR=47/mm3 et une glycorachie=0,55 g/l, une prortéinorachie = 0,63g/l, le TPHA à 1/160 et VDRL négatif. Le fond d’œil a objectivé une atrophie optique bilatérale, la TDM, l’IRM cérébrale et médullaire étaient sans particularités. Le patient a reçu deux cures de Péni G à la dose de 15 MU 2 fois/jour pendant 10 jours, puis il a été perdu de vue. Cas 5 : Tabès Il s’agit d’un patient âgé de 52 ans, ayant une notion de chancre syphilitique à 1982, traité pour neurosyphilis à rabat de 1993 à 1995 par Péni G. il a été hospitalisé le 07/12/05 à l’hôpital Hassan II à Fès pour lourdeur et douleur des deux membres inférieurs d’installation progressive, associée à des troubles génitosphinctériens type dysurie et trouble érectile. L’examen neurologique a trouvé un syndrome radiculocordonal postérieur et un syndrome neurogène périphérique sensitivomoteur. La sérologie syphilitique était positive dans le sang avec un TPHA à 1/62 et un VDRL à 1/2560 et aussi dans le LCR avec un TPHA=32 et un VDRL négatif, une glycorachie= 0, 52g/l et une protéinorachie = 0,36 g/l, GB=0 /mm3. Le scanner cérébral était normal. Le patient a reçu deux cures de Péni G à la doses de 15 MU 2 fois/ jour pendant 10 jours, puis il a été perdu de vue. 40 Cas 6 : Méningo-encéphalite chronique Un homme de 32 ans, originaire et habitant Fès, ayant une notion de rapports sexuels non protégés, traité par extencilline en janvier 2005 suite à la découverte d’une sérologie syphilitique positive dans le sang, il a été hospitalisé le 21/02/05 pour troubles de comportement apparut progressivement avec fatigue généralisée et trouble de la marche, associés à des troubles psychiques à tendance dépressive et anxieuse. L’examen clinique a trouvé un syndrome quadripyramidal, un syndrome extrapyramidal, des troubles de comportement et une anisocorie. La sérologie syphilitique était positive dans le sang, avec un TPHA à 1/2560 et un VDRL 1/64, l’étude de LCR a montré un aspect clair, la protéinorachie = 0,62g/l, la glycorachie = 0,49g/l et des GB : 8/mm3, le TPHA était positif à 1/5120 et le VDRL à 1/16. La TDM a objectivé une hydrocéphalie triventriculaire sur atrophie cérébrale. Sur les résultats des examens cliniques et paracliniques le diagnostic de méningoencéphalite a été retenu. Un traitement par la Péni G a été démarré après 3 ans du début des signes cliniques à la dose de 10 MU 2 fois/jour pendant 15 jours associée à un neuroleptique (Haldol) a permis une évolution stationnaire, le nombre de cures est non précisé. Cas 7 : méningo-encéphalite chronique Il s’agit d’un patient âgé de 39 ans , originaire de Fès, ayant une notion de chancre syphilitique traité par Extencilline, admis au service de neurologie le 16/10/05 pour des crises épileptiques partielles secondairement généralisées associées à des troubles de mémoire, une agressivité et une démotivation psychosociale. L’examen clinique a trouvé une anisocorie, un signe d’Argyll Robertson, des troubles de mémoire et des troubles psychiatriques avec un MMS à15/30. 41 La sérologie syphilitique était positive dans le sang avec un TPHA à 1/5120 et VDRL à 1/64. L’analyse du LCR a révélé un liquide légèrement trouble, GB=40 éléments/mm3, les lymphocytes = 93%, des GR=70/mm3, la protéinorachie = 0,6g/l et la glycorachie =0.61g/l avec un TPHA=1/2560 et un VDRL=1/2. La TDM cérébrale a objectivé une hémiatrophie sous corticale gauche, modérée, non évolutive d’allure séquellaire et à l'IRM un hypersignal T2 focal de l’hémibulbe droit avec atrophie cérébrale. 42 Le patient a reçu 5 cures de Péni G à la dose de 15 MU 2 fois/jour pendant 10 jours, ce qui a permis une légère amélioration clinique (MMS=25/30) et paraclinique (PL, GB=3/mm3, VDRL1/2, TPHA 1/2560). Cas 8 : MEC Il s’agit d’un patient âgé de 36 ans, originaire de Taza, ayant une notion de rapport sexuels non protégés, qui a présenté 4 ans avant son admission une hypersomnie avec apathie d’installation progressive, compliquées de troubles de comportement type d’agressivité et d’agitation avec une suspension du langage, associé à une hypoacousie avec troubles sphinctériens type rétention urinaire. L’examen neurologique a révélé un syndrome pyramidal au deux membres inférieurs, un syndrome frontal avec un grasping des mains bilatérale. Il existait aussi un syndrome démentiel avec une désorientation temporospatiale, et un trouble de jugement et de raisonnement avec un MMS à 8/30. La sérologie syphilitique était positive dans le sang (TPHA : 1/10240 et VDRL : 1/64). L’analyse du LCR a montré un aspect eau de roche, protéinorachie : 0.24g/l, glycorachie : 0,70 g/l et les globules blancs : 2 éléments/mm3. La sérologie VIH était négative. Le diagnostic de paralysie générale a été posé sur l’association d’une détérioration mentale progressive, des troubles neurologiques, avec sérologie syphilitique positive dans le sang et le LCR et d’une atrophie cortico-sous-corticale fronto-temprale avec dilatation du système ventriculaire sur la TDM. Un traitement par Péni G a été démarré à la dose de 15MU 2 fois/ jour pendant 10 jours. Après 5 cures de traitement l’évolution a été stationnaire. Cas 9 : Méningovascularite Il s’agit d’un patient de 60 ans, traité pour syphilis primaire à 1970, il a été hospitalisé à l’hôpital Ibn lkhatib à Fès à 1987 pendant 40 jours pour troubles de la marche avec lourdeur et douleur des 4 membres, avec une bonne amélioration. 43 Le patient a été réhospitalisé au service de neurologie au CHU Hassan II en 2006 pour une lourdeur du membre inférieur gauche puis du membre inférieur droit d’aggravation progressive associé à des céphalées diffuses et une baisse progressive de l’acuité visuelle, accompagnée des troubles sphinctériens (constipation, mictions par regorgement et une impuissance sexuelle). L’examen clinique a trouvé une tension artérielle à 220/110 mmHg, une marche spastique , un signe de babinski bilatéral, des réflexes vifs avec une hypertonie spastique aux deux membres inférieurs, un syndrome cérébelleux cinétique et des troubles sensitifs à tous les modes du coté déficitaire. La sérologie syphilitique était positif dans le sang avec un TPHA à 1/640 et VDRL à 1/16 et aussi dans le LCR avec TPHA à 1/8 et VDRL négatif, l’analyse cytochimique du LCR a montré 4 éléments blanc, un e gylcorachie =0,4g/l et une protéinorachie =0,5g/l. La TDM cérébrale a objectivé une atrophie cérébelleuse marquée, avec des lésions hypodenses de la substance blanche sustentorielle pouvant être en rapport avec des lésions de vascularite. Le patient a reçu 4 cures de Péni G à la dose de 10 MU 2 fois/jour pendant 10 jours mais sans amélioration. Le dernier control de sérologie de LCR a montré un TPHA à 1/320. Cas 10 : Neuropathie optique bilatérale+ MEC Il s’agit d’un patient âgé de 45 ans, ayant une notion de rapports sexuels non protégés. Son histoire de la maladie remonte au mois 07/2005 par l’installation progressive de signes visuels à type de brouillard puis de baisse de l’acuité visuelle monoculaire gauche, associé à des troubles de l’attention, de la mémoire et du langage (manque de mot) avec une notion de paresthésie des membres inférieurs. Devant cette symptomatologie le patient a été hospitalisé au service d’ophtalmologie puis il a été référé au service de neurologie. L’examen neurologique a objectivé des réflexes rotuliens et achiliens abolis des deux cotés, le patient compte des doigts à 44 un mètre à gauche, avec un nystagmus rotatoire bilatéral, une amnésie antérograde et un manque de mot. Le test psychométrique (MMS) était à 20/30. Les résultats des examens para cliniques demandés étaient comme suit : - la sérologie sanguine de la syphilis est revenue positive avec un TPHA à 1/5120 et VDRL à 1/16. - la ponction lombaire a révélé un TPHA à 1/10240 et un VDRL à 1/512, avec 2 éléments blancs, une protéinorachie = 0,28g/l et une glycorachie=0,54g/l. - la TDM cérébrale est revenue normale - le fond d’œil a objectivé une pâleur papillaire bilatérale. Le traitement préconisé était la cure de Péni G à la dose de 15 MU 2 fois /jour pendant 10 jours. A J7 de traitement le patient a présenté un brouillard visuel et une baisse de l’acuité visuelle de l’œil droit avec ptôsis gauche. Une IRM a été prévu pour la prochaine hospitalisation. Cas 11 : Encéphalite limbique Patient de 37 ans, marié, suivie pour psychose dysthymique non schizophrénique depuis 5 ans avec des troubles de comportement, idées délirantes et grandeur mégalomaniaque, déficit de l’attention et des troubles de mémoire d’aggravation insidieuse, traité par neuroleptiques et évoluant par épisode d’amélioration et de rechute. 8 mois avant son hospitalisation le patient a présenté des crises épileptiques partielles hémicorporelles gauches secondairement généralisées suivie d’une lourdeur de l’hémicorps gauche, des troubles de langage d’aggravation progressive compliquée d’un syndrome confusionnel subfébrile et d’un état de mal épileptique pour lesquels il a été admis au service des urgences. 45 L’examen clinique après stabilisation de son état trouve un patient mutique avec un syndrome tetrapyramidal, un syndrome pseudobulbaire et des signes de psychose dysthymique avec un MMS à 3/30. La TDM cérébrale a mis en évidence une hypodensité frontale droite inchangée après injection du produit de contraste. La sérologie VIH, la sérologie de lyme et le bilan de lupus étaient normales par contre la sérologie syphilitique était positive aussi bien dans le sang que dans le LCR (TPHA=2 et VDRL=1/1280) et l’analyse cytochimique du LCR a montré des GB= 8 éléments/mm3, glycorachie=0,4g/l, protéinorachie=0,32g/l. L’IRM a révélé un hypersignal T2 de la substance blanche des deux lobes temporaux et du lobe frontal droit, respectant la substance grise corticale et les noyaux gris centraux. 46 Le diagnostic d’une encéphalite limbique syphilitique a été retenu des arguments clinique, biologique et radiologique et un traitement à base de Péni G à la dose de 15 MU 2 fois/jr pendant 10 jour a été démarré associé à des neuroleptiques (Lévomépromazine et Amisulpride) et des antiépileptiques (Carbamazépine et Clobazam). Apres 4 cures de pénicilline l’évolution était marqué par une amélioration de l’état générale, le malade n’est plus mutique mais garde une dysarthrie, avec un MMS =7/30 et l’IRM de contrôle a objectivé un important élargissement du système citernoventriculaire et des sillons corticaux de façon harmonieuse et symétrique avec atrophie cortico-sous-corticale dégénérative et absence d’anomalie de signal parenchymateux. 47 d’ordre Cas 12: Encéphalite limbique C’est un patient de 39 ans, marié, ayant une notion de traumatisme crânien et deux crises épileptiques tonico-cloniques généralisées à l’age de 37 ans non explorées et une notion de rapports sexuels non protégés . Son histoire de la maladie remonte au 27/10/06 par l’installation d’une crise épileptique tonicoclonique généralisée avec morsure de la langue avec une lourdeur de l’hémicorps gauche et perte de conscience pendant 2 heures. Le jour suivant le patient a présenté un état de mal épileptique suite à lequel il est admis aux urgences dans un tableau de coma post-critique. Il a ensuite repris conscience après une dose de charge de phénobarbital. Une TDM cérébrale réalisé en urgence a objectivé un effacement des sillons corticaux de l’hémisphère droit par rapport au coté controlatéral. En suite le patient a été transféré au service de neurologie, l’examen neurologique a trouvé un syndrome quadripyramidal et hypoesthésie gauche tactile et algique, son MMS=29/30. La sérologie syphilitique était positive dans le sang avec un TPHA=10240 et VDRL=1/128 avec une augmentation des gammaglobulines à l’ EEP 48 (alpha1 G=5,70g/l et alpha2 G=11,93 g/l et l’analyse de LCR a révélé une protéinorachie à 0,81 g/l, glycorachie=0,55g/l des GB = 1 élément/mm3 avec un pic gammaglobuline 27,7%, le TPHA = 1/640 et VDRL=1/64. L’IRM a mis en évidence des lésions temporales et pariétales bilatérales prédominant à droite, un aspect en hyposignal T1 et hypersignal T2 des régions cortico-sous-corticale frontopariétales droites avec aspect collabé des sillon à ce niveau et un aspect en hypersignal T2 également de la capsule externe gauche et des deux lobes temporaux des deux lobes insulaires et la circonvolution du corps calleux. Cet aspect nous fait évoquer une encéphalite limbique. 49 Le patient a reçu 3 cures de péni G à la dose de 15 MU 2 fois / jour pendant 10 jours associé à Carbamazépine. Et l’évolution a été marquée par une régression des crises et la dernière PL de contrôle a objectivé une diminution du titre de TPHA=1/8 et VDRL=1/32 et à l’IRM une disparition de l’hypersignal T2 du lobe temporale gauche décrit sur l’ancienne IRM, par ailleurs on note la persistance d’un hypersignal T2 cortico-sous-cortical temporal droit avec élargissement des sillons corticaux fronto-temporo-pariétaux droits et importante dilatation du ventricule latéral droit en rapport avec une atrophie parenchymateuse très probablement 50 séquellaire post-ischémique, avec des hypersignaux punctiformes non spécifiques du centre oval et aspect grélique de la carotide interne et de la sylvienne droite. 51 Cas 13 : Méningo-encéphalite chronique. Un homme de 54 ans, originaire de Fès, a présenté un 1 an avant son admission le 15/05/07 des troubles mnésiques affectant les faits récents, des troubles de jugement et de raisonnement, un désintérêt , une agressivité et une perturbation des conduites alimentaires et sexuelles, avec une anosognosie. L’examen a trouvé un syndrome démentiel associent des troubles mnésiques et praxiques, avec un MMS à 13/30, un tremblement lingolabial et une hypoesthésie vibratoire. Les examens complémentaires ont objectivé une sérologie positive dans le sang (TPHA=1/40960, VDRL=1/512) et dans LCR (TPHA=1/640 et VDRL=1/8), avec une méningite chronique à prédominance lymphocytaire (GB=120 éléments/mm3, protéine=0,63g/l, glucose=0,58g/l). Par ailleurs la TDM était sans anomalie. Le patient a reçu 5 cures de Péni G à la dose de 10 MU 2 fois/jr pendant une duré de 10 jours associées aux neuroleptiques (Haldol et Nozinan). L’évolution est marquée par une amélioration partielle clinique (MMS=24/30) et biologique, la PL de contrôle a montré GB<3 éléments/mm3, protéinorachie=0,85 g/l, glycorachie =0,59 g/l). Puis le patient est convoqué pour la 6eme cure. Cas 14 : AVC ischémique Il s’agit d’un patient âgé de 45 ans, originaire de Fès, ayant une notion de chancre, qui a présenté 21 jours avant son hospitalisation (le 08/06/07) une lourdeur de l’hémicorps gauche d’installation brutale avec difficulté du langage, associée à une diplopie verticale et des vertiges rotatoires. L’examen neurologique a trouvé une hémiparésie gauche à prédominance brachiale, une paralysie faciale centrale gauche, un syndrome cérébelleux cinétique droit et une dysarthrie cérébelleuse. Un scanner cérébral réalisé en urgence a révélé une lésion hypodense au nivaux du tronc non systématisée. 52 L’IRM a révélé un AVC ischémique du territoire de l’artère vertébro-basilaire associé à de multiples infarctus lacunaires sus et sous tentoriels et l’agioIRM a objectivé une réduction du calibre des deux artères vertébrales et occlusion totale du tronc basilaire de 10 mm de son origine avec absence de visualisation des deux artères cérébrales postérieures. 53 Le patient a bénéficié de plusieurs examens paracliniques dans le cadre de la recherche étiologique : l’échographie des troncs supra aortiques et l’échographie cardiaque ont été normales. Les sérologies de l’hépatite B, C et VIH ont été aussi négatives, par ailleurs la sérologie syphilitique a été positive dans le sang avec un TPHA à 1/10240 et VDRL à 1/256. L’analyse du LCR a montré un TPHA à 1/16 et VDRL à 1/8, avec 20 éléments blancs, glycorachie=0,45g/l et protéinorachie =0,86 g/l. 54 Sur les résultats de ce bilan clinique et paraclinique le diagnostic de vascularite syphilitique a été retenu. 5 cures de Péni G à la dose de 10 MU 2 fois/jour pendant 10 jours ont permis une amélioration progressive mais non complète du déficit, cependant le patient a gardé la dysarthrie. La dernière PL de contrôle a montré une diminution de la protéinorachie =0.66g/l et normalisation de la cytologie =<3 éléments/mm3. Cas 15 : Méningo-encéphalite compliquée d’hydrocéphalie chronique il s’agit d’un patient âgé de 23 ans , sans antécédents pathologiques , qui a présenté 2 ans avant son hospitalisation des pertes de connaissance d’installation brutale , aggravées 6 mois plus tard par des troubles de la marche et des troubles de mémoire avec des crises convulsives partielles secondairement généralisées. L’examen clinique a trouvé un syndrome cérébelleux statique et cinétique, un syndrome cordonal postérieur, et des troubles de mémoires. Le patient a bénéficié d’un scanner cérébral et une IRM qui ont objectivé une hydrocéphalie ventriculaire pour laquelle il a été drainé. 55 Il a été perdu de vue puis il a été réhospitalisé pour aggravation de sa symptomatologie par l’apparition des troubles sphinctériens (incontinence anale et urinaire). Lors de cette 2ème hospitalisation, la sérologie syphilitique était positive aussi bien dans le sang avec un TPHA à 1/20480 et VDRL à 1/ 5120) que dans le LCR avec un TPHA à 1/ 5120 et VDRL à 1 /4, l’analyse cytochimique montré un liquide clair, GB= < 3/ mm3, de LCR a protéinorachie= 0,39 g/l et une glycorachie=0,61g/l. Le patient a reçu un traitement par Péni G à la dose de 10 MU 2 fois par jour pendant 10 jours avec un traitement antiépileptique à base d’Urbanyl et Tégretol, sans amélioration, puis convoqué pour une 2ème cure. Cas 16 : MEC Il s’agit d’un patient âgé de 59 ans, marié, originaire de Fès, il a été hospitalisé à rabat à l’an 2000 pour troubles de comportement et de jugement, le diagnostic de la neurosyphilis a été retenu sur la positivité de sérologie syphilitique dans le sang et LCR, dans sa forme de paralysie générale. Le patient a bénéficié de 5 cures de Péni G avec une bonne amélioration clinique. Le 10/03/08 le patient a été réhospitalisé à Fès pour une 6ème cure de Péni G devant la persistance d’un titrage élevé de sérologie syphilitique dans le LCR (TPHA=1/2560, VDRL=1/64) l’examen neurologique était strictement normal avec un MMS= 30/30, la patient est sorti avec rendez- vous pour PL de contrôle dans 3 mois. Cas 17 : Méningite chronique Il s’agit d’un patient de 31 ans, célibataire, originaire de Fès, ayant une notion de chancre syphilitique non traité il y a 10 ans. L’histoire de sa maladie remonte à 2 ans par l’apparition d’une alopécie, ce qui a motivé le patient à consulter en dermatologie ou le diagnostic d’une syphilis a été retenu sur la base de sérologie 56 syphilitique dans le sang. Puis il a bénéficié d’une ponction lombaire qui a objectivé une méningite lymphocytes=70%, aseptique syphilitique protiénorachie=0.9g/l, (GB=400/mm3, glycorachie=0.53g/l) GR=20/mm3, avec sérologie positive dans le LCR (VDRL=1/8, TPHA=1/640), par ailleurs l’examen neurologique était strictement normal. Le diagnostic d’une méningite chronique syphilitique a été retenu et le patient a reçu 10 MU 2 fois /jours de Péni G pendant 10 jours la PL de contrôle à la fin de la première cure a montré une baisse des GB= 103/mm3 et de la protéinorachie= 0.49 g/l. Après 3 mois d’intervalle la patient a reçu la 2ème cure avec une PL de contrôle (VDRL= 1/16 et TPHA=1/1280). Cas18 : Radiculonévrite Il s’agit d’un patient de 43 ans, célibataire, sans antécédents pathologiques notables. Le début remonte à 3 mois avant son hospitalisation, par l’installation brutale d’un trouble oculaire à type de déviation du globe oculaire droit vers le coté droit. Devant cette symptomatologie le patient a consulté en ophtalmologie et un traitement non précisé a été prescrit. Une semaine plus tard le patient a constaté au réveil un défaut d’ouverture de l’œil droit, sans notion de diplopie. Devant l’aggravation de la symptomatologie le patient est adressé au service de neurologie pour prise en charge. L’examen neurologique a objectivé un ptôsis de l’œil droit, le globe oculaire est porté en abduction avec déficit de l’adduction, de l’élévation et de l’abaissement, un RPM paresseux des deux cotés avec abolition des réflexes ostéotendineux aux deux membres inférieurs. Devant ce tableau de radiculo-névrite un bilan a été demandé : - EMG : a montré une vitesse de conduction nerveuse et motrice normales. - La sérologie syphilitique était positive aussi bien dans le sang (TPHA=20480 et VDRL=128) que dans le LCR (TPHA= 640 et VDRL =1/4). - Les sérologies VIH, hépatite B et C étaient négatives. 57 -L’IRM cérébrale a révélé la présence des lésions hyperintenses en T2 de la substance blanche sustentorielle en regard des cornes occipitales et des carrefours ventriculaires prédominant à gauche. Il s’y associe des lésions hyperintenses en T2 et hypointenses en flair bithalamiques d’origine ischémique non modifiées par le contraste. Par ailleurs l’étage rachidien est sans anomalies. 58 Le diagnostic d’une radiculo-névrite d’origine syphilitique a été retenu et un traitement par pénicilline G a été démarré à la dose de 10 M UI 2 fois par jour pendant une duré de 10 jours avec une évolution stationnaire. Le patient est sorti avec un rendez- vous pour une deuxième cure après 3 mois. Cas 19 : Méningovascularite Il s’agit d’un patient de 57 ans, marié ayant comme antécédents une tuberculose pulmonaire à l’age de 14 ans, traitée et déclarée guéri. Ayant aussi deux crises convulsives tonico-clonique généralisées avec perte de connaissance et confusion post-critique en 2004 et en 2007, non documentées. Le début de la symptomatologie remonte à 3 ans , suite au décès de son fils , le patient a présenté une tristesse permanente , des pleurs, une diminution des activités habituelles , une irritabilité, une agressivité, une inversion du cycle nycthéméral et une impuissance sexuelle. Le 24/01/09 le patient a présenté une crise tonico-clonique généralisé suivie d’une confusion post-critique, associée à des vomissements le tout évoluant dans un contexte de fièvre. Le patient a été admis aux urgence ou une DAC a été diagnostiqué (glycémie = 5g/l, S= +++, Acétone= +++) et stabilisé, mais le syndrome confusionnel a persisté. Il a été mis sous traitement (Ampicilline 200 mg/kg/jr, Genta 3mg/kg/jr, amphotéricine B une injection/jr et Zovirax 10mg/kg/jr). Ensuite le malade a été transféré au service de neurologie. A l’examen la station debout est instable, la marche est instable avec fauchage gauche. Pensée ralentie, à contenu incohérent avec des idées dépressives, le patient rapporte des hallucinations visuelles à accentuation nocturne « je vois des animaux effrayants ». La TDM cérébrale était sans anomalies, par ailleurs la ponction lombaire a révélée une méningite avec des GB=280 éléments/mm3, à prédominance lymphocytaire 90%, protéinorachie=1,29 g /l et une glycorachie= 1,15 g/l. la 59 sérologie syphilitique était positive dans le LCR (TPHA=40960 et VDRL=1/32) et dans le sang (TPHA=10240 et VDRL= 1/256). L’EEG n’a pas montré d’éléments paroxystiques sur le tracé. Par ailleurs l’IRM a mis en évidence deux lésions hyperintenses en T2 sous corticales pariétales gauches, hyperintenses en diffusion et rehaussées par le produit de contraste, avec une lésion hyperintense en T2 et Flair en regard de la corne occipitale gauche et un aspect focalement rétrécit du tronc basilaire. 60 Sur le résultat des examens cliniques et paracliniques le diagnostic d’une méningo-vascularite syphilitique a été retenu. Le patient a été mis sous Péni G à la dose de 10 MU 2 fois / jour pendant 10 jours plus des neuroleptiques, le valproate de sodium et insulinothérapie, l’évolution a été marquée par une stabilisation des chiffres glycémiques et une amélioration des troubles de comportement. 61 Résultats I. Données épidémiologiques : 1. Répartition selon les années : Nombre de cas 5 5 4,5 4 4 3,5 3 3 3 2,5 2 1,5 2 2 1 0,5 0 Année 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Graphique 2 : Prévalence annuelle hospitalière des cas de neurosyphilis L’année 2006 a connu le plus grand nombre de cas de neurosyphilis (NS). 2. Répartition selon l’age : L’âge moyen de nos patients est de 43,3 ans avec un Ecartype de 9,48 et des extrêmes de 23 et 60 ans. L’âge Patient % 20-30 1 5,2% 31-40 7 36,8% 41-50 6 31,6% 51-60 5 26.4% total 19 100% 62 5,20% 26,40% 20 - 30 31 - 40 41 - 50 51 - 60 36,80% 31,60% Graphique 3 : Répartition selon l’âge La tranche d’âge entre 31 et 40 ans est la plus représentée avec 36.8 % des cas. 3. Répartition selon le sexe : Dans notre étude, tous les patients sont de sexe masculin. 4. Les antécédents des infections sexuellement transmissibles : Cette notion reste difficile à évaluer vu le tabou qui entoure l’activité génitale dans notre culture et de ce fait le comportement sexuel à risque n’a pu être précisé que chez 12 de nos patients (soit 63.2%). Le chancre syphilitique est retrouvé chez 7 malades soit (58,3 %), dont 3 ont été traités par Extencilline soit (42,8%). La période séparant le contage infectieux primaire et le diagnostic de la neurosyphilis variait entre 10 et 27 ans avec une moyenne de 18 ans et un écartype de 6,7 ans. II. Données cliniques : Dans notre série, les patients ont présenté soit un tableau clinique de syphilis nerveuse : méningo-encéphalite, tabès ou méningovascularite, soit des tableaux neurologiques polymorphes ayant nécessiter d’écarter d’autres éventualités étiologiques et ceci en ayant recours à divers examens paracliniques : TDM, IRM… etc. 63 La certitude diagnostic s’est basée sur la positivité des sérologies syphilitiques dans le sang et LCR. 1. Délai de consultation : C’est le temps écoulé entre le début des signes neurologiques et la consultation des malades. Nombre de cas 30,00% 26,30% 25,00% 21,00% 20,00% 15,80% 15,00% 15,80% 10,50% 10,00% 5,30% 5,30% 5,00% 0,00% <1 1à3 4à6 7 à 12 13 à 24 25 à 48 > 48 Mois Graphique 4 : Le délai de consultation chez les neurosyphilitiques Dans notre étude ce délai varie entre 2 semaines et 120 mois (10 ans), avec une moyenne de 19.3 mois. Un délai de plus d’une année est constaté dans 36.8 % des cas. 2. Signes fonctionnels : Le tableau suivant résume la répartition des signes fonctionnels toutes formes confondues. 64 Signes fonctionnels Nombre de cas % Trouble de comportement 9 47,3% Trouble de mémoire 7 36,8% Baisse de l’acuité visuelle 4 21% Crise épileptique 6 31,6% Troubles génito- sphinctériens 4 21% Trouble de la parole 3 15,8% Déficit moteur 6 31,6 % Syndrome dépressif 2 10,5% Céphalées 2 10,5% Troubles de la marche 8 42% Les troubles de comportement et de mémoire constituent les signes les plus fréquents dans notre série ainsi que les troubles de la marche avec 42.1% des cas. 3. Formes cliniques : Forme clinique Nombre de cas % 8 42 % Méningovascularite 3 15.8 % Encéphalite limbique 3 15.8 % tabès 2 10.5% Radiculonévrite 1 5.3 % Atrophie optique isolée 1 5.3 % Méningite chronique 1 5.3 % Méningo-encéphalite chronique 65 Différents tableaux cliniques ont été enregistrés avec au premier plan, la méningo-encéphalite chronique chez 8 patients, soit 42%, suivie par la méningovascularite, l’encéphalite limbique et le tabès, d’autres manifestations ont été notées et sont détaillées dans le tableau. Parmi les 8 cas de méningo-encéphalite, on note un cas qui associe à la méningo-encéphalite, une neuropathie optique et une paraparésie. III. Examens complémentaires : 1. Les données biologiques : 1.1 La sérologie syphilitique a. Dans le sang : ØLe test VDRL pratiqué chez tous les patients était positif dans 100% des cas avec des titres qui variaient entre 1/16 et 1/5120. 63% des cas avaient un titrage > 1/16. ØLe test TPHA était positif chez tous les malades, avec des titres variant entre1/64 et 1/20480 et 89,5% avaient un titrage > 1/64. b. Dans le LCR : ØLe test VDRL a été réalisé chez tous les patients, il était positif dans 79 % (15 cas) et négatif dans 21 % (4 cas). Le titrage variait entre 1/2 et 1/1280. ØLe test TPHA pratiqué chez tous les patients était positif dans 100% des cas et son titre variait entre 1/2 et 1/40960. 1.2 L’analyse cytochimique du LCR : a. La cytologie : Réalisé chez tous les malades (100%), elle a révélé une pléiocytose entre 0 et 400 éléments/ mm3 à prédominance lymphocytaire dans la majorité des 66 cas avec une moyenne de 48,16. Dans 52,6 % des cas la cytologie de LCR était normale. b. La protéinorachie : Elle a été étudiée chez tous les patients, elle variait entre 0,24 et 0,9 g/l avec une moyenne de 0,50 g/l. Elle était inférieure ou égale 0.4g/l chez 47.37%. Cependant elle n’a jamais dépassé 1g/l. c. L’électrophorèse des protéines : Elle a été pratiquée chez un seul malade. Elle a montré une élévation des gammaglobulines avec un pic oligoclonal. d. La sérologie VIH : Réalisée chez 9 malades soit 47.4% et elle était négative. 1.3 Les données radiologiques : a. La TDM cérébrale : Elle a été réalisée chez 15 patients, et l’aspect tomodensitométrique était pathologique dans 60% des cas. N° de cas Forme clinique Aspect tomodensitométrique 3 Méningo-encéphalite chronique Atrophie cortico-sous-corticale fronto-temporale avec 6 Méningo-encéphalite chronique Hydrocéphalie triventriculaire sur atrophie cérébrale 7 Méningo-encéphalite chronique Hémiatrophie sous corticale gauche 8 Méningo-encéphalite chronique Atrophie cortico-sous-corticale fronto-temporale avec 9 méningovascularite Atrophie cérébelleuse avec des lésions hypodense de la 11 Encéphalite limbique Hypodensité frontale droite inchangée après injection du 12 Encéphalite limbique Effacement des sillons corticaux de l’hémisphère droit 14 méningovascularite Lésion hypodense au niveau du tronc cérébral non 15 Méningo-encéphalite Hydrocéphalie triventriculaire dilatation ventriculaire dilatation ventriculaire substance blanche sustentorielle d’origine vasculaire. produit de contraste par rapport au coté controlatéral systématisé compliquée d’une hydrocéphalie chronique 67 b. L’IRM cérébrale : Elle a été pratiquée chez 11 patients et elle était pathologique dans 82% des cas. N° de cas Forme clinique Résultat de l’IRM 2 Encéphalite limbique Lésion hyperintense en T1 etT2 temporale. 3 Méningo-encéphalite Multiples chronique hyperintenses en T2 centimétriques de la substance 7 11 foyers nodulaires hypointenses en T1, blanche paraventriculaire et une atrophie sévère du corps calleux. Méningo-encéphalite Hypersignal T2 focale de l’hémibulbe droit avec chronique atrophie cérébrale Encéphalite limbique hypersignal T2 de la substance blanche des deux lobes temporaux et du lobe frontal droit, respectant la 12 substance grise corticale et les noyaux gris centraux. Encéphalite limbique lésions temporales et pariétales bilatérales prédominant à droite, un aspect en hyposignal T1 et hypersignal T2 des régions cortico-sous-corticale fronto-pariétales droites avec aspect collabé des sillon à ce niveau et un aspect en hypersignal T2 également de la capsule externe gauche et des deux lobes temporaux des deux lobes circonvolution du corps calleux 14 15 Méningovascularite AVC ischémique du insulaires territoire de et la l’artère vertébrobasilaire associé à des multiples infarctus lacunaire sus et sous tentoriel. MEC compliquée d’une Hydrocéphalie triventriculaire hydrocéphalie chronique 18 Radiculonévrite lésions hyperintenses en T2 de la substance blanche sustentorielle en regard des cornes occipitales et des carrefours ventriculaires prédominant à gauche. Il s’y associé des hypointenses lésions en hyperintenses flair en bitalamiques T2 et d’origine ischémique non modifiées par le contraste. Par ailleurs l’étage rachidien est sans anomalies. 19 Méningovascularite deux lésions hyperintenses en T2 sous corticales pariétales gauches, hyperintenses en diffusion et rehaussées par le produit de contraste, avec une lésion hyperintense en T2 et Flair en regard de la corne occipitale gauche et un aspect focalement rétrécit du tronc basilaire. 68 1.4 D’autres examens complémentaires : a. L’électro-encéphalogramme : EEG Il a été réalisé chez un seul patient (cas N° 19) et il n’a pas montré d’anomalies du tracé. Chez les autres l’indication de l’électro- encéphalogramme a été posée, mais non réalisée du fait des difficultés matérielles. b. L’électromyogramme : EMG L’EMG avec étude de la conduction nerveuse et motrice a été réalisé chez un seul patient (cas N° 18) et il était normal. c. Examen neuropsychologique : ØMini mental state examination : Le MMS est une approche normalisée pour coter et interpréter la fonction cognitive chez les patients. Le score variait entre 3/30 et 30/30. 69 70 71 IV. Traitement : Le traitement était basé essentiellement sur la pénicilline G sodique aqueuse par voie intraveineuse. 1. La pénicillinothérapie : Tous les patients ont reçu une forte dose de Péni G. 7 patients, soit 36,8% ont reçu le protocole de 15 MU 2 fois par jour pendant 10 jours et 12 patients soit 63,2% ont reçu la dose de 10 MU 2 fois / jours pendant 10 à 15 jours. ØLe mode et le schéma d’administration sont : Dose et mode d’administration : 10 millions d’unités de pénicilline G, dans 500 cc de sérum salé isotonique 2 fois par jour, à passer en 4 heures à démarrer progressivement. ØLe schéma d’administration : Le premier jour : 1 million d’unités Le deuxième jour : 2 millions d’unités Le troisième jour : 5 million d’unités Le quatrième jour : 10 million d’unités Du cinquième au dix à quinzième jours : 20 million d’unités. ØDurée : 10 à 15 jours La tolérance au traitement était bonne chez tous les patients, aucune réaction d’Herxheimer ou d’autre manifestation allergique n’a été notée. 2. Les antiépileptiques : 6 malades ayant présenté des crises épileptiques étaient sous antiépileptiques à base de phénobarbital, carbamazépine et benzodiazépine. 3. Neuroleptiques : Ils étaient prescris chez 11 patients. Les médicaments les plus utilisés étaient la chlorpromazine (Largactil), Lévomépromazine (Nozinan) et l’halopéridol (haldol). 72 V. Evolution : 1. Evolution clinique : Une bonne amélioration a été obtenue chez 4 patients soit 21% des cas, un patient avait une méningo-vascularite (amélioration des troubles de comportement) (cas n°19), après la 1ère cure et 3 patients avaient une méningo-encéphalite (cas n°7, 13 et16). Une amélioration partielle a été noté chez 3 patients, soit 15,8% (cas n° 11, 12, ,14). Un seul patient a présenté une aggravation au cours du traitement (cas n°10) par l’installation d’une atteinte du nerf III gauche et baisse de l’acuité visuelle de l’œil gauche. Chez les autres patients (8 cas soit 42,1%) l’évolution sous traitement était stationnaire. 3 malades ont été perdu de vue. Dans notre étude on n’a pas noté de guérison d’un de nos malades. 2. Evolution biologique : La PL de contrôle a été demandé chez tous les patients, mais elle n’a été réalisée que chez 7 patients, par manque de moyens. La cytologie du LCR est redevenue normale chez 3 patients et elle a diminuée chez 1 patient. La protéinorachie n’a été obtenue que chez 2 patients (cas n°14 et 17) et elle a diminué chez le cas n°14 après la 5ème cure et après la 1ère cure chez le cas n° 17. L’étude sérologique du LCR a montré une diminution du titre chez le cas n°3 et le cas n°12. 73 Discussion I. Données épidémiologiques : 1. Fréquence : L’atteinte nerveuse occupe la première place parmi les localisations viscérales de la syphilis, sa fréquence est estimée selon certains auteurs de 56 à 70% du total de syphilis viscérales diagnostiquées [2,6]. C’est une affection qui est actuellement en recrudescence et son diagnostic est d’autant plus difficile qu’elle revêt des formes atypiques soulignant ainsi l’intérêt de la sérologie syphilitique systématique dans les formes peu communes comme le signale Fisher [69] et Cisse [8]. 2. Age : Dans la série de Cisse [8], l’âge moyen était de 54,5 ans et dans la série de D.Michel [70], l’âge de ses malades est compris entre 36 et 70 ans avec un âge moyen de 52 ans. Quand aux 4 séries marocaines [50,71,72,73] ont retrouvé un âge moyen compris entre 40 et 41 ans ce qui représente un âge précoce comparativement aux données de la littérature. Dans la série de Jarmouni [50], 45% des malades avaient un âge inférieur à 40 ans et 20% avaient un âge inférieur à 30 ans. Pour la série de Yahyaoui 60 % des cas sont âgés de 40 ans. Dans notre série l’âge de nos malades est compris entre 23 et 60 ans avec une moyenne de 43.4 ans et 42.1 % des cas ont un âge inférieur à 40 ans, ce qui montre le jeune âge de nos patients rejoignant ainsi la majorité des auteurs qui insistent sur la recrudescence de la neurosyphilis chez les jeunes. 74 Certains auteurs ont expliqué cela par la libération des mœurs et la précocité des rapports sexuels ayant pour corollaire la possibilité de la neurosyphilis chez l’adule jeune. 3. Le sexe : La prédominance de la neurosyphilis chez le sexe masculin par rapport au sexe féminin a été signalée par tous les auteurs dans leurs publications. Dans notre série tous les patients sont de sexe masculin. Auteur Nombre de cas Sexe masculin Sexe ratio Nbre de cas % 201 183 91% 10.1 Cisse [74] 82 61 74% 2.9 Cisse [8] 28 17 60.7% 1.5 Jarmouni [50] 53 43 81% 4.3 Perdrup [75] 55 43 78% 3.6 Lakouichi [73] 26 22 84.6% 5.5 Darkaoui [76] 28 21 75% 3 Katz et Berger [77] 46 33 72% 2.5 Notre série 19 19 100% - Yahyaoui [6] La prédominance masculine pourrait être expliquée d’une part par la plus grande fréquence de la méningo-encéphalite chronique chez les hommes ; cette dernière est en effet 4 à 7 fois plus fréquente chez l’homme que chez la femme [6] et d’autre part par le fait que l’homme est plus exposé que la femme à contracter la syphilis vu la grande liberté des mœurs que connaît l’homme, le manque d’éducation sexuelle et l’homosexualité. 75 4. Antécédents de chancre : La recherche de cette notion est un élément important pour l’orientation diagnostic mais reste difficile à évaluer vu que les infections sexuellement transmissibles sont un sujet tabou dans notre culture. Dans notre série, on a retrouvé la notion de chancre syphilitique chez 58,3 % des malades (7 cas). Elle est de 41% dans la série de Yahyaoui, de 20% dans la série de Perdrup [75], de 43% dans celle de Jarmouni [50], 31% dans celle de Lakouichi [73], de 36% dans celle de Darkaoui [76] et de 34 % dans celle de El Alaoui Faris [78]. Cette variabilité du pourcentage dans les antécédents de chancre peut s’expliquer par le fait que [72] : -le contage infectieux primaire peut passer inaperçu, surtout chez la femme. -certains patients qui présentent une symptomatologie psychiatrique, en particulier la méningo-encéphalite chronique n’arrivent pas à se rappeler du contage primaire. Dans notre série le délai entre le chancre syphilitique est le diagnostic de la neurosyphilis varie entre 10 et 27 ans toutes formes confondues avec une moyenne de 18 ans et un écartype de 6.7 ans. Il était supérieur à 10 ans chez 18 patients de la série de Jarmouni [50], compris entre 4 et 40 ans dans la série de Lakouichi [73], entre 0 et 38 ans dans la série de Yahyaoui avec une moyenne de 12,7 ans, entre 10 et 42 ans dans la série de Burke [79] et entre 8 et 12 ans dans la série de Cisse [8]. Ce long délai noté dans les différents séries marocaines entre l’infection primaire et le diagnostic de la neurosyphilis pourrait s’expliquer par : -L’ignorance et le retard de consultation. -Le niveau socioéconomique bas de la population marocaine. -Les erreurs diagnostiques commises par des médecins praticiens non habitués à ce type d’affection… etc. 76 II. Données cliniques : 1. Délai de consultation : Dans notre série le délai de consultation varie entre 2 semaines et 10 ans avec une moyenne de 19.3 mois. Un délai de plus d’une année est constaté dans 36.8 % des cas. Dans la série de Lakouichi [73], ce délai variait de 10 jours à 9 ans, avec une moyenne de 10.8 mois, pour Darkaoui [76] ce délai variait entre 1 mois et 6 ans et dans la série de Perdrup [75] et de Houshmand [80], ce délai n’a pas dépassé 6 mois. Ce retard de consultation peut être expliqué par la sous médicalisation, l’ignorance, le manque de spécialiste qui ne couvrent pas les besoins de la population, les conceptions socioculturelles qui entourent les maladies du système nerveux et les erreurs diagnostiques commises par certains médecins qui ne pensent pas assez à la syphilis en pratique courante. 2. Les signes fonctionnels : Les troubles de comportement et de mémoire ont dominé la présentation clinique des patients. Ils se traduisent par une agressivité verbale et/ou gestuelle, d’agitation des oublies fréquentes portant sur la mémoire à court et à long terme. Les troubles de comportement ont été notés, comme manifestations inaugurales, dans 43% des cas de la série de El Alaoui Faris [78], dans 49% des cas dans la série de Jarmouni et dans 37% des cas dans celle de Burke [79]. Les crises comitiales ont été enregistrées dans 31,6 % des cas et révélaient aussi bien la MEC que la méningovascularite. Ils s’agissaient de crises partielles ou de crises généralisées type grand mal. Selon Hooshmand, l’incidence des crises convulsives se situe en générale entre 14 et 60% et caractérise aussi bien la méningovascularite et la MEC [80]. 77 Les troubles oculomoteurs et de l’acuité visuelle constituent parfois le symptôme inaugural motivant des consultations en ophtalmologie. Les troubles gynéto-sphinctériens sont présentés par une dysurie, une incontinence urinaire ou anale et des troubles érectiles. Les troubles de la marche ont été notés dans 42% des cas, dans la majorité des cas, la marche était instable, nécessitant parfois un double aide. 3. Examen neuropsychologique : L’appréciation des fonctions cognitives est très intéressante car il permet de juger le degré de la détérioration intellectuelle, ce qui constitue un élément de pronostic fonctionnel et de surveillance importante. Dans notre étude l’examen neuropsychologique utilisé est le MMS, ceci grâce à sa facilité et sa courte durée de réalisation. Pour son interprétation l’âge, le niveau socioculturel et le niveau de vigilance du patient doivent être pris en considération. Un score inférieur à 24 est considéré comme anormal. Dans notre étude Le score variait entre 3/30 et 30/30. Après traitement ce score s’est amélioré chez certains patients. 4. Formes cliniques : 4.1 La méningo-encéphalite chronique : C’est une méningo-encéphalite diffuse, elle survient 10 à 20 ans après l’infection primaire, elle réalise une détérioration progressive des fonctions supérieures entraînant un état démentiel. La MEC est la manifestation la plus fréquente dans notre série, de même que dans plusieurs séries : 78 Auteur Nombre total de cas MEC % El Alaoui Faris [6] 53 43% Darkaoui [76] 28 60,1% Lakouichi [73] 26 23% Jarmouni [50] 53 49% Cisse [74] 82 47.5% Notre série 19 42% Tableau 3 : Fréquence des méningo-encéphalites chroniques selon les séries. La MEC est retrouvé dans 42% des patients de notre série, ce qui est très voisin de la série de El Alaoui Faris (43%). L’apparition précoce de la paralysie générale est soulignée par El Alaoui Faris et Coll. [47] avec un âge moyen de 41 ans, ce qui ressemble à notre série avec un âge moyen de 41,1 ans. Le début peut être soit aigu, soit d’installation progressive sur plusieurs mois. Dans notre série le début était progressif dans la majorité des cas portant sur la mémoire, l’attention et le jugement. Ennour [72] et Chkili [7] insistent sur la fréquence des formes à début dépressif qui risquent de faire méconnaître le diagnostic au début de la maladie. Cette état dépressif a été retrouvé dans 31% des cas de la série de Ennour [72] et dans moins de 10% des cas d’El Alaoui Faris. Dans notre série on l’a retrouvé dans 25% des cas. Dans notre étude la MEC s’est manifesté essentiellement par des troubles de comportement (87.5%) suivis par troubles de mémoire (75%) et les troubles de la marche (50%), puis les crises comitiales et enfin les troubles de la parole. La dysarthrie est retrouvée chez un seul cas, associée tremblement lingolabial. 79 à un L’atteinte du nerf optique est retrouvée dans 2 cas, soit 25% des cas. Le signe d’Argyll Robertson est noté dans un seul cas, soit 12.5% des cas et dans 2 cas seul le réflexe photomoteur était aboli soit 25% des cas. Dans la série de Regragui le signe d’Argyll Robertson est enregistré dans 21% des cas et l’abolition du réflexe photomoteur dans 20% des cas [71]. Dans notre série la détérioration intellectuelle sévère est enregistrée dans 50% des cas de méningo-encéphalite chronique. Dans la série d’El Alaoui Faris et dans celle d’Ennour elle était enregistrée dans 75% des cas. Cette forme clinique se présente soit isolée soit associée à d’autres formes cliniques. Dans notre série la MEC est associée à : - une hydrocéphalie chronique dans 2 cas, - une neuropathie optique plus paraparésie dans 1 cas, - des crises comitiales dans 1 cas ; cette association est retrouvée dans 4 cas de la série de Chkili [48]. La MEC avec participation vasculaire est notée dans 2 cas. 4.2 La méningo-vascularite d’origine syphilitique : La méningovascularite n’est pas rare dans notre série (15,8%). Sa fréquence a été diversement appréciée : 94% pour Laplane, 11% pour Hooshmand, 10% pour Bryne, 15% pour El Alaoui Faris et 11,9 % pour Yahyaoui [6]. Dans notre série on a rapporté un cas d’accident vasculaire ischémique intéressant le territoire du tronc vertébrobasilaire (cas n°14) d’installation brutale réalisant une hémiparésie gauche à prédominance brachiale avec participation faciale, l’examen a trouvé un syndrome cérébelleux cinétique et une dysarthrie. Cette atteinte est rarement rapportée dans la littérature [6,7]. 80 La méningo-vascularite survient en moyenne 4 à 7 ans après le début d’une syphilis non traitée, mais elle peut apparaître quelque mois après le chancre. Il faut noter aussi l’atteinte possible des veines cérébrales et médullaires voir des sinus veineux et même du système veineux profond [15,16]. Yahyaoui a rapporté un seul cas de thrombophlébite dans sa série de 201 cas [6]. 4.3 La cérébellite : Elle se traduit par un syndrome cérébelleux cinétique d’installation aigue, rarement isolée [7], le plus souvent ischémique faisant évoquer une artérite oblitérante du tronc vertébrobasilaire. En effet, on a noté un cas d’AVC ischémique du tronc vertébrobasilaire ayant des signes de cérébellite (cas n°14). El Alaoui Faris [78] a rapporté 4 cas de neurosyphilis avec un syndrome cérébelleux au premier plan. 4.4 Encéphalite limbique : Le terme d’encéphalite limbique correspond à des atteintes surtout immunologiques de l’encéphale portant ou prédominant sur le grand lobe limbique de Broca réunissant plusieurs structures, notamment l’hippocampe. Les caractères sémiologiques les plus saillants sont une installation aigue, ou subaiguë d’altération de la mémoire à court terme, de troubles cognitifs, des crises épileptiques temporales et psychomotrices pouvant précéder les troubles cognitifs de plusieurs mois et une perturbation du sommeil (hypersomnie ou insomnie) [81,82,83]. L’imagerie cérébrale met en évidence des lésions limbiques, spécialement hippocampiques [81,82,84]. L’encéphalite limbique peut être d’origine paranéoplasique, c’est une affection rare, d’installation habituellement subaiguë, elle accompagne ou 81 précède le plus souvent la découverte d’un cancer. Elle peut aussi rentrer dans le cadre des connectivites et de vascularites tel que le lupus érythémateux, le Behçet, le Gougerot Sjogren. Les causes infectieuses sont dominées par l’herpès virus [85]. De rares cas de neurosyphilis ont été également rapportés dans la littérature avec parfois un tableau clinique mimant une encéphalite herpétique [86,87]. Le diagnostic d’encéphalite limbique syphilitique reste peu connu car la syphilis n’est pas systématiquement recherchée dans certaines disciplines et encore parce que la neurosyphilis peut revêtir une large variété des manifestations cliniques et radiologiques. Dans notre série on a été frappé par la fréquence des cas des encéphalites limbiques. En effet on a noté 3 cas (cas n°2, 11,12), soit 15,8% des cas. Le cas n° 11 a présenté des manifestations psychiatriques inaugurales pour lesquels il a été longtemps suivi en psychiatrie puis il a présenté une aggravation subaiguë des symptômes aboutissant à une confusion et un état de mal épileptique. Les deux autres cas ont présenté un tableau d’état de mal épileptique. Le diagnostic de l’encéphalite limbique a été retenu chez les 3 cas sur des arguments cliniques, biologiques et radiologiques. 4.5 Le tabès : Il est caractérisé par une dégénérescence systématisée des cordons postérieurs de la moelle secondaire à l’atteinte des racines postérieures. Certains auteurs estiment que 10% des syphilitiques non traités développent un tabès 10 à 20 ans après le chancre. 82 Dans notre série, on a noté 2 cas de tabès soit 10,5% des cas de neurosyphilis rejoignant ainsi les données de la littérature. (Voir tableau4) Auteur Nombre de cas Tabès % 241 5% El Alaoui Faris (69) 53 11.3% Jarmouni (32) 53 15% 201 9,9% Lakouichi (31) 26 11,5% Burke (70) 30 11,5% Notre série 19 10,5% Hooshmand (1) Yahyaoui (1) Tableau4 : Fréquence du tabès selon les séries Cliniquement 2 triades caractérisent le tabès dont une symptomatologie faite de douleurs en éclair, de dysurie et d’ataxie, tandis que l’Argyll Robertson, l’aréflexie et l’hypoesthésie proprioceptive représentent la triade des signes physiques. Dans notre série, l’ataxie a été notée dans les deux cas de tabès. La dysurie et le trouble érectile ont figuré dans un seul cas (cas n°5). L’abolition des réflexes ostéotendineux est le plus souvent bilatérale et symétrique et touche en particulier les membres inférieurs, on l’a enregistré dans les deux cas. Le signe d’Argyll Robertson est retrouvé chez un seul cas (le cas n°4). C’est l’atteinte pupillaire la plus fréquente dans la neurosyphilis. L’atrophie optique, dans le cadre de tabès, est moins fréquente selon les données de la littérature. Elle a été notée chez le cas n° 4 dans notre série. 83 4.5 Les manifestations ophtalmologiques : Elles surviennent à la phase secondaire et tertiaire de la maladie. a. l’atrophie optique : C’est une complication de la névrite optique. Elle se manifeste par une diminution progressive de l’acuité visuelle qui peut aller jusqu'à la cécité en 5 à 10 ans [6]. Elle peut être isolée, accompagnée seulement d’une réaction méningée biologique ou elle peut accompagner une méningo-encéphalite ou un tabès. Malheureusement elle n’est pas rare. Elle a été révélée dans 13 cas soit 6,46% dans la série de Yahyaoui, dont 4 avait également un signe d’Argyll Robertson et 11 cas étaient associés à une MEC ou un tabès. Dans notre série une atrophie optique bilatérale a été notée dans 2 cas soit 10,5% des cas, dans le cas n°1, elle était isolée et dans le cas n°4 elle était associée au signe d’Argyll Robertson. Les deux patients avaient un retard diagnostic, de 1 an pour le cas n°1 et de 10 ans pour le cas n°4, ce qui explique les séquelles visuelles. Récemment Smith, 2006, considère que l’atrophie optique d’origine syphilitique est fréquente et insiste sur la nécessité de pratiquer des sérologies syphilitique chez tout patient avec BAV [88]. b. Les anomalies pupillaires : Représentent les manifestations cliniques les plus fréquentes dans la littérature. Le signe d’Argyll Robertson a été noté dans 2 cas de notre série soit 10,5%, le cas n°4 ayant un tabès et le cas n°7 ayant une méningo-encéphalite. Dans la série de Hooshmand sur 241 cas de neurosyphilis, 1/3 des cas présente un signe d’Argyll Robertson. Dans la série marocaine de Lakouichi [73], ce signe est retrouvé dans 33,3% des méningo-encéphalites chroniques. 84 4.6 Hydrocéphalie chronique de l’adulte : La méningite syphilitique chronique entraîne une symphyse arachnoïdienne qui gène la résorption de LCR au niveau de la convexité des hémisphères cérébraux et favorise l’apparition d’une HCA [89]. Parfois, les lésions prédominent autour du quatrième ventricule et entraîne alors l’apparition d’une hydrocéphalie non communicante [5]. Il s’en suit une hydrocéphalie communicante active ou à pression normale. Le diagnostic porté initialement est le plus souvent celui de paralysie générale [89,90]. Le diagnostic d’hydrocéphalie chronique peut être retenu devant la triade clinique habituelle d’ADAMS HAKIM faite de trouble de la marche, d’une incontinence urinaire et des troubles de comportement, les données scanographiques et manométriques et après l’amélioration clinique après soustraction du LCR [90]. Dans notre série on n’a noté 2 cas d’hydrocéphalie chronique dans le cadre d’une méningo-encéphalite chronique; le cas n° 6 a présenté des troubles de comportement associés à des troubles de la marche la TDM a objectivé une hydrocéphalie triventriculaire sur atrophie cérébrale. Le cas n°15 a présenté la triade d’ADAMS HAKIM et il a été drainé mais sans amélioration. 4.7 Radiculonévrite : On a noté un seul cas de radiculonévrite en dehors d’un tabès, présentant une abolition des réflexes ostéotendineux des deux membres inférieurs avec atteinte du nerf oculomoteur droit, occasionnant un ptôsis,le globe oculaire est porté en abduction avec déficit de l’adduction, de l’élévation et de l’abaissement. En effet l’atteinte des nerfs crâniens est fréquente selon la littérature. Elle survient au cours de la phase secondaire ou tertiaire de la maladie. 85 Les nerfs crâniens les plus fréquemment atteints sont le cochléovestibulaire, facial, optique et oculomoteurs [11]. Récemment en 2008 Hadrane [11] a rapporté un cas de neurosyphilis révélée par une atteinte de deux nerfs crâniens, cochléovestibulaire droit et trigéminé gauche. 4.8 La méningite chronique : Elle est souvent associée aux autres manifestations neurologiques qui masquent l’atteinte méningée, celle-ci étant de découverte biologique. - La méningite chronique de la convexité : Elle se traduit par des céphalées tenaces associées à une AEG et troubles de l’humeur. Pour Chkili, elle semble d’être la forme la plus fréquente contrairement aux données de la littérature [7]. Dans la série de Cisse, la méningite chronique de la convexité représentait 18% des cas de neurosyphilis atypique [5]. - La méningite chronique de la base : Elle a été rarement observée par Chkili (15) alors qu’elle a été considérée comme la forme la plus fréquente notamment par Fabiani [91]. Dans notre série on a enregistré un seul cas de méningite chronique syphilitique, le patient était asymptomatique sur le plan neurologique, le diagnostic est retenu sur les données biologiques. 86 III. Données paracliniques : 1. La biologie : 1.1 Sérologie de la neurosyphilis : Les sérologies réalisées chez nos patients sont le TPHA et le VDRL, les autres sérologies n’étant pas disponibles au laboratoire de l’hôpital et coûtent trop cher dans les laboratoires privés. • Le VDRL : C’est une technique facile à réaliser peu coûteuse et rapide. La positivité du VDRL varie de 60 à 80% dans le sang. Elle atteint 80% dans la série de Burke [79]. Dans la série de Jarmouni [50], la positivité du VDRL dans le sang est de 100% avec des titres élevés supérieurs à 1/4 dans 66% des cas. Le test VDRL pratiqué chez nos patients était positif dans 100% des cas avec des titres qui variaient entre 1/16 et 1/5120. La positivité du VDRL dans le LCR varie de 53% à85% selon certaines séries (voir tableau 5) Auteur Nombres de cas % du VDRL dans le LCR 176 56,7% Burke (70) 28 53% Jarmouni (32) 53 85% Notre série 19 79% Hooshmand (79) Tableau5 : Résultats du test VDRL dans le LCR selon les séries. Pour certains auteurs, la positivité du VDRL, est légèrement plus faible dans le LCR, et les titres sont moins élevés que dans le sérum [26,50,79]. 87 Un VDRL positif dans le LCR est très en faveur d’une syphilis nerveuse et il est reconnu comme un bon marqueur de suivie de l’efficacité thérapeutique, la quantification permet de suivre l’évolution de la maladie sous traitement [1,7,36,37,92]. • Le TPHA : C’est un test simple et rapide, il reste positif très longtemps à des taux très élevés sans rapport avec le stade de la maladie et ne convient pas pour un suivie thérapeutique [37]. Dans notre série, le test TPHA était positif dans 100% des cas dans le sang et le LCR. Dans la série de Jarmouni [50] il était positif dans 100% des cas dans le sang et dans 98% des cas dans le LCR. Il n’existe pas par ailleurs une corrélation entre les titres des sérologies et le tableau clinique en dehors peut être de l’association de la méningoencéphalite chronique à des titres élevés dans 89% des cas. 1.2 L’analyse du LCR : Beaucoup d’auteurs [50,78,79] insistent sur l’intérêt de l’étude cytochimique du LCR pour juger de l’évolutivité d’une neurosyphilis. Par ailleurs une cytologie et une protéinorachie normales n’excluent pas l’atteinte du SNC. • La cytologie : La pléiocytose constitue le signe le plus précoce et aussi la première anomalie à disparaître sous l’action du traitement [7]. Dans notre série on a trouvé une hypercytorachie dans 47,4% des cas variant entre 7 et 400 éléments /mm3 avec une moyenne de 99.3 éléments /mm3. La cytorachie était normale dans 52,6% de nos cas, ce qui rejoint les données de la série de Burke et Jarmouni. 88 D’après nos résultats, on peut déduire que la présence d’une réaction cytologique dans le LCR constitue un bon argument d’évolutivité de la syphilis nerveuse, mais son absence ne peut en aucun cas repousser le diagnostic qui doit alors reposer sur la positivité des réactions sérologiques syphilitiques dans le sang et le LCR. • La protéinorachie : Elle a été étudiée chez tous les patients, elle variait entre 0,24 et 0,9 g/l avec une moyenne de 0,50 g/l. Elle était inférieure ou égale 0.4g/l chez 47.4%. Et elle était augmentée chez 52,6 % Cependant elle n’a jamais dépassée 1g/l. Ceci concorde avec les principales séries de la littératures, affirmant que les modifications protéiques du LCR au cours de la neurosyphilis sont inconstantes et que la protéinorachie est le plus souvent modérée [7,74,80]. 2. l’imagerie : Dans notre série 15 patients ont bénéficié d’une TDM cérébrale et l’aspect tomodensitométrique était pathologique dans 60% des cas (9 cas). La TDM a objectivé une atrophie cérébrale (fig.1) dans 4 cas soit 44,4% des cas, 3 cas d’hypodensité évoquant une origine vasculaire, soit 33,3% des cas , 2 cas d’hydrocéphalie soit 22,2% des cas et un cas d’oedème cérébrale. Alors qu’elle était normale dans 40% des cas. Toutefois, l’atrophie cérébrale n’était pas uniforme chez tous les patients ayant une méningo-encéphalite chronique. En effet , une atrophie cortico-souscorticale prédominant sur les régions fronto-temporales avec dilatation ventriculaire a été notée chez 3 cas soit 75% des cas, comme dans la majorité des cas de El Alaoui Faris et al ou de Michel et al [48,70,78]. 89 L’IRM est plus sensible que le scanner et représente un élément important du diagnostic. Elle montre les atteintes de la substance blanche, l’atrophie parenchymateuse et permet souvent une corrélation radio-clinique. Dans notre série l’IRM a été réalisée chez 11 patients et elle était pathologique dans 82% des cas. Dans les cas de méningo-encéphalites, l’IRM a mis en évidence des lésions hypointenses en T1 et hyperintenses en T2 de la substance blanche avec un cas d’atrophie cérébelleuse et un autre cas d’atrophie du corps calleux. Zifko, suggère dans une étude récente qu’il existait une corrélation entre la progression des lésions objectivées par l’IRM et les manifestations psychiatriques de la méningo-encéphalite chronique conférant à l’IRM une valeur pronostique dans cette affection [53]. Dans notre étude, on a enregistré 3 cas d’encéphalite limbique syphilitique (cas n°2, 11 et 12). Selon Gultekin et al. L’encéphalite limbique se manifeste par des hypersignaux en séquence Flair des lobes temporaux internes [93]. En effet, dans notre étude, l’IRM a mis en évidence chez le cas n°2 une lésion hyperintense en T1 et T2 temporale. Dans le cas n°11, l’IRM a montré des hypersignaux au niveau du lobe frontale droit et au niveau des régions amygdalo-hyppocamiques, cet aspect est rapporté dans les encéphalites herpétiques ou les encéphalites limbiques paranéoplasiques (fig.2 et 3) [86]. Chez le cas n°12 l’IRM a objectivé également des lésions temporales et pariétales bilatérales prédominant à droite, un aspect en hyposignal T1 et hypersignal T2 des régions cortico-sous-corticales frontopariétales droites avec aspect collabé des sillons à ce niveau et un aspect en hypersignal T2 également de la capsule externe gauche et des deux lobes temporaux, des deux lobes insulaires et la circonvolution du corps calleux (fig.5, 6 et 7). 90 D’après ces résultats on déduit que la neurosyphilis peut revêtir une large variété des manifestations radiologiques et doit être toujours évoquée. Après traitement les deux derniers cas ont bénéficié d’une IRM de contrôle qui a montré chez le cas n°11 la disparition des hypersignaux parenchymateux avec une atrophie séquellaire (fig.4) et chez le cas n ° 12 disparition de l’hypersignal T2 du lobe temporale gauche avec une importante dilatation du ventricule latéral droit en rapport avec une atrophie parenchymateuse très probablement séquellaire postischémique (fig.8). Ce qui montre que l’IRM est un élément important pour évaluer l’efficacité thérapeutique et l’évolution de cette affection. Dans la méningovascularite, l’IRM cérébrale permet de visualiser l’AVC ischémique sous forme d’un hypersignal en séquence T2 ou Flair et en hyposignal en séquence T1, avec un rehaussement après injection de gadolinium. Dans notre étude l’IRM a révélé un cas d’AVC ischémique dans le territoire du tronc vertébrobasilaire (cas n°14) (fig.9). Elle a également objectivé des anomalies de la substance blanche et des noyaux gris centraux d’origine vasculaire (figure10). L’agioIRM a objectivé une réduction du calibre des deux artères vertébrales et une occlusion totale du tronc basilaire de 10 mm de son origine avec absence de visualisation des deux artères cérébrales postérieures dans un cas (fig.11) et un aspect focalement rétrécit du tronc basilaire dans un autre cas (fig.12). 91 Figure 1 Atrophie cérébrale fronto-temprale avec dilatation ventriculaire Figure 2 Coupes coronales en séquence FLAIR et T2 montrant un hypersignal mésotemporal bilatéral 92 Figure 3 Coupe axiale en séquence pondérée T2 et FLAIR montrant un hypersignal temporal bilatéral. Figure 4 Coupe axiale Flair montrant une atrophie cortico-sous-corticale et disparition des hypersignaux parenchymateux après traitement 93 Figure 5 Coupe axiale montrant un aspect en hyposignal T1 des régions cortico-sous-corticale fronto-pariétales droites Figure 6 Coupes axiales : Hypersignal T2 et Flair des deux lobes temporaux 94 Figure 7 Coupes axiales : hypersignal T2 et Flair de la capsule externe gauche, des deux lobes insulaires et de le circonvolution du corps calleux Figure 8 Coupe axiale en séquence Flair montrant une dilatation du ventricule latérale droit 95 Figure 9 Coupes axiales : hypersignal T2 et Flair du tronc cérébral Figure10 Coupe axiale : lésions hyperintenses en T2 de la substance blanche sustentorielle en regard des cornes occipitales et des carrefours ventriculaires prédominant à gauche et bitalamiques d’origine ischémique. 96 Figure 11 AgioIRM : Réduction du calibre des deux artères vertébrales et occlusion totale du tronc basilaire de 10 mm de son origine. Figure 12 AgioIRM : rétrécissement focal du tronc vertébrobasilaire 97 IV. Le traitement : Actuellement, le traitement de première intention adopté par la majorité des auteurs pour une neurosyphilis quelque soit sa forme, est représenté par la pénicilline G sodique aqueuse par voie intraveineuse à fortes doses. Pour que le traitement soit efficace, il faut maintenir des concentrations de pénicilline tréponimicides dans le LCR pendant au moins 10 jours. El Alaoui Faris [78] et Ennour [72] ont traité leurs malades avec la pénicilline G sodique aqueuse en perfusion à raison de 20 millions d’unités par jour pendant 3 semaines. Jarmouni a traité ses patients avec la pénicilline G sodique aqueuse en perfusion à raison de 30 à 40 millions d’unités par jours pendant 30 à 40 jours. Dans les services de neurologie des hôpitaux spécialisés de Rabat, SERRAGUI a comparé deux schémas thérapeutiques pour le traitement de la neurosyphilis. Le traitement A d'une durée de trois semaines avec une perfusion journalière de 20 MUI de pénicilline G pendant 4 h. Le traitement B d'une durée de 10 jours avec une perfusion journalière de 30 MUI de pénicilline G pendant 6 h. Les concentrations obtenues aussi bien avec le traitement A qu'avec le traitement B sont toutes largement supérieures à la CMI (Concentration Minimale Inhibitrice) du germe Treponema pallidum; elles sont respectivement 47 fois et 82 fois plus élevées. Ils ont conclu que le traitement B était plus efficace que le traitement A [94]. Dans notre série, 7 patients, soit 36,8% ont reçu le protocole de 15 MU 2 fois par jour pendant 10 jours et 12 patients soit 63,2% ont reçu la dose de 10 MU 2 fois par jour pendant 10 à 15 jours. Ces cures de pénicilline seront répétées à 3 mois d’intervalle à 4 reprises soit une durée totale de 9 mois. Par contre, nous n’avons pas enregistré d’allergie à la pénicilline et donc nous ne pouvons nous prononcer sur l’efficacité des autres antibiotiques proposés comme alternatifs dans la littérature. 98 La comparaison de l’évolution des patients en fonction des deux protocoles utilisés n’a pas montré de différence significative. En fonction de l’état clinique des patients, différents traitements symptomatiques ont été associées. Les neuroleptiques occupent la première place (57,9%). On peut expliquer cela par la fréquence élevée de la méningo-encéphalite chronique avec ses manifestations psychiatriques. Les antiépileptiques ont été prescris dans 36,8% des cas. V. Evolution : Les résultats thérapeutiques sont variables et dépendent du tableau clinique, de l’ancienneté des lésions et leur caractère évolutif [26,50]. L’évolution de la neurosyphilis ne peut être jugée sur les manifestations cliniques seules [95] car les séquelles neuropsychiques sont fréquentes, mais elle se base sur les résultats de la cytochimie du LCR surtout, ainsi que les réactions sérologiques et les données radiologiques [78]. 1. Evolution clinique : Le pronostic de la neurosyphilis reste réservé et dépend de la précocité de l’instauration du traitement curatif [7,78]. L’amélioration est bonne dans les méningites de la phase primosecondaire et les méningo-encéphalites précoces traitées, avec une guérison dans 80 à 100% des cas [26,50,78]. Le pronostic reste décevant dans les paralysies générales, souvent traitées tardivement, ces malades gardent de sévères séquelles neuropsychiques. Dans la série de Jarmouni [50], deux cas de méningo-encéphalite précoce étaient guéris après 2 cures de pénicilline G. dans celle de Hooshmand [80], les meilleurs résultats ont été obtenus chez des malades présentant une méningo99 vascularite syphilitique qui sont devenus pratiquement asymptomatiques après traitement. El Alaoui Faris [78] et Jarmouni [50], ont noté une bonne évolution clinique dans les cas d’artérite syphilitique cérébrale sans détérioration intellectuelle. Si le pronostic est bon dans les formes méningovasculaires, le traitement de la paralysie générale reste décevant et les séquelles sont fréquentes. Seulement 7,5% des malades d’El Alaoui Faris [78] ont pu avoir une réinsertion professionnelle normale, par contre une nette amélioration clinique avec disparition des troubles de comportement et de la désorientation temporo-spaciale a été noté dans environ 25% des cas de la série de Jarmouni [50]. Dans notre série, on a noté une bonne amélioration chez 4 patients, un patient avait une méningo-vascularite (amélioration des troubles de comportement) (cas n°19), après la 1ère cure et 3 patients parmi 8, soit 37.5% avaient une méningoencéphalite (cas n°7, 13 et16) avec amélioration des troubles de comportement de mémoire et de la désorientation temporo-spaciale. Une amélioration partielle a été obtenu chez 4 malades soit 21% (cas n° 2,11, 12, ,14). Trois cas ayant une encéphalite limbique et un cas d’AVC ischémique avec une amélioration progressive du déficit moteur. Dans le tabès, la gêne fonctionnelle peut être majeur [26]. Dans notre série on ne connaît pas l’évolution des deux cas de tabès, car ils sont perdus de vue. Dans la série de Jarmouni [50], le traitement a permis de stabiliser les 8 cas de tabès avec un état stationnaire dans 62,5% et une discrète amélioration dans 37,5% des cas. On a noté un seul cas d’aggravation au cours du traitement (cas n°10 ayant une MEC et neuropathie optique) par l’installation d’une atteinte du nerf III gauche et baisse de l’acuité visuelle de l’œil gauche. Chez les autres patients (8 cas soit 42,1%) l’évolution sous traitement était stationnaire. 100 2. Evolution biologique : La PL de contrôle permet une étude biologique du LCR lors d’une neurosyphilis traitée. Il n’y a pas d’unanimité quand à la date exacte pour pratiquer cette PL de contrôle [92]. Dans notre service elle est réalisée au 6ème, 12ème, 18ème et 24ème mois. Au cours du traitement antibiotique adapté et suffisant, dans les méningoencéphalites et les méningovascularites, les marqueurs dans le LCR d’une bonne efficacité thérapeutique sont la normalisation de la cellularité puis de la protéinorachie et la négativation du VDRL. L’interprétation des différents tests sérologiques est le plus souvent difficile. Dans les formes les plus évoluées la réponse est faible [37]. L’hypercellularité et l’hyperprotéinorachie sont de bons indicateurs de la persistance d’une réaction inflammatoire active nécessitant la poursuite ou la reprise du traitement [37,95]. Dans cette étude nous avons pratiqué une PL de contrôle chez 7 malades. La cytologie de LCR est redevenue normale chez 3 patients et elle a diminuée chez 1 patient. Pour Janier, 80% des patients à 6 mois et 90% des patients à 12 mois voient une normalisation de la cytorachie. L’absence de normalisation à 2 ans est un critère d’échec thérapeutique. La protéinorachie redevient normale après 6mois, voir plusieurs années de traitement [92]. Le VDRL dans le LCR se révèle des tests sensibles dans le cadre du suivie thérapeutique des patients. La négativation est le meilleur marqueur de l’efficacité thérapeutique. Contrairement à l’interprétation qui peut en être faite dans le sérum, le VDRL dans le LCR est spécifique. Le TPHA diminue sous traitement sans jamais se normaliser. Dans notre série L’étude sérologique du LCR a montré une diminution du titre de TPHA chez le cas n°3 et le cas n°12. 101 VI. Prévention : La prévention de la neurosyphilis découle de la prophylaxie générale de la syphilis sous toutes ses formes. Cette prophylaxie est basée d’une part sur la prévention primaire c'est-à-dire l’évection de l’agent pathogène et d’autre part sur la prévention secondaire qui regroupe le dépistage et le traitement précoce. La prévention primaire : c’est une étape primordiale et vise le changement du comportement sexuel individuel. Ceci repose sur l’éducation sanitaire et la sensibilisation du public. Cette éducation doit être intégrée dans les programmes scolaires en informant sur les modes de transmission de la maladie, ses symptômes et ses complications. D’autre part il faut promouvoir l’utilisation des préservatifs chez les sujets exposés, encourager le mariage précoce et surtout la fidélité dans le couple. La prévention secondaire : est une stratégie qui vise la réduction des complications et la rupture de la chaîne de contamination. Ceci passe par un dépistage précoce de la maladie par des examens sérologiques chez la population à risque comme les sidéens, à l’occasion d’un examen prénuptial, prénatal, d’un don de sang ou d’un bilan d’entrée des services hospitaliers en particulier en neurologie, psychiatrie et dermatologie. Par ailleurs il est nécessaire de sensibiliser aussi les médecins et de leur assurer une formation continue sur les IST et surtout la syphilis. 102 Conclusion La neurosyphilis est une complication tardive de la syphilis précoce incomplètement ou non traitée. Elle survient habituellement 10 à 15 ans après le premier épisode. Dans notre étude de 19 cas, on remarque un rajeunissement de la population atteinte de la neurosyphilis, avec une prédominance du sexe masculin. Les antécédents de chancre n’ont été retrouvés que dans 53,8% des cas, du fait que le chancre peut passer inaperçu ou négligé vu son caractère indolore, de même que la phase primosecondaire peut être asymptomatique et d’expression purement sérologique. Le mode de début est le plus souvent progressif et la présentation clinique est dominée par la méningo-encéphalite chronique suivie par la méningovascularite et l’encéphalite limbique, qui est une atteinte rarement rapportée dans la littérature, puis l’atrophie optique, la radiculonévrite et la méningite chronique. Au niveau du LCR, les modifications n’étant pas pathognomoniques, elles ne peuvent être que des arguments en faveur du diagnostic. La protéinorachie et la cytorachie, par leur manque de spécificité, ne pourront que servir d’éléments de surveillance. L’imagerie cérébrale est surtout l’IRM est indispensable pour le bilan lésionnel de la neurosyphilis et elle montre l’atrophie parenchymateuse, les atteintes de la substance blanche et des noyaux gris et permet souvent une corrélation radioclinique. Elle permet également d’évaluer l’efficacité thérapeutique. Quant au traitement on note la nécessité d’appliquer des doses suffisantes avec un renouvellement des cures et avec une surveillance aussi régulière que possible. 103 L’évolution globale est répartie entre une bonne amélioration (21%) et une stabilisation (42%).Des séquelles parfois graves ont été enregistrées ce qui souligne l’importance de la prévention primaire. 104 Résumé La neurosyphilis représente 56 à 70% de l’ensemble des syphilis viscérales et complique 5 à 10 % des syphilis non traité. Notre étude porte sur 19 cas de neurosyphilis colligés au service de neurologie du CHU Hassan II de Fès de janvier 2004 à février 2009. Il ressort de notre étude un rajeunissement de la neurosyphilis, l’âge moyen est de 43.3 ans avec des extrêmes de 23 et 60 ans et tous nos patient sont de sexe masculin. On a remarqué la fréquence de la méningo-encéphalite chronique avec 8 cas, soit 42% suivie de la méningovascularite (3 cas) et l’encéphalite limbique avec 3 cas soit 10,5% qui est une forme clinique rarement rapportée dans la littérature, puis le tabès avec 2 cas, 1 cas de radiculonévrite, 1 cas d’atrophie optique isolée et un cas de méningite chronique. Les critères de diagnostic ont été la positivité des sérologies syphilitiques dans le sang et le LCR. Dans le sang le VDRL et le TPHA étaient positifs dans 100% des cas. Dans le LCR, le VDRL était positif dans 79% des cas et le TPHA dans 100% des cas. Une pléiocytose élevée est retrouvée dans 47.4% des cas et une hyperprotéinorachie dans 52.6% des cas. Tous nos malades ont été traités avec la pénicilline G sodique aqueuse par voie intraveineuse à forte dose. Un groupe a reçu une dose quotidienne de 20 MU pendant une durée de 10 à 15 jours et l’autre groupe de malades a reçu une dose de 30 MU par jour pendant 10 jours. 105 Une amélioration partielle ou une stabilisation clinique a été noté dans 73,7% des cas cependant des séquelles ont été enregistrées, c’est pourquoi nous insisterons sur la prévention et le traitement correct de la syphilis précoce. 106 Summary Neurosyphilis accounts for 56-70% of all visceral syphilis and is a complication in 5 -10% of cases of untreated syphilis. Our study relates to 19 cases of neursyphilis collected in the department of neurology in UHC of Fez from January to February 2009. A renovation of the neurosyphilis emerges from our study, the mean age is a 40, 3 years, and the age range is 23 and 60 years. We noticed the frequency of the chronic meningo-encephalitis in 8 cases (42%), followed by meningo-artertis in 3 cases and limbic encephalitis in 3 cases (10, 5%), a form that is rarely reported in literature , then tabes in 2 cases, 1 case of radiculonevrite, 1 case of optic atrophy, and 1 case of chronic meningitis. Diagnosis criteria were positive serology for syphilis in blood and CSF. In the blood, the VDRL and the TPHA were positive 100% of the cases. In the CSF the VDRL was positive in 79% of the cases and TPHA in 100% of the cases. A high pleocytosis in the CSF was found in 47, 7 of cases and a hyperproteinorachia in 52, 6% of cases. All our patients have been treated by strong dose of sodic aqueous penicillin G by intravenous way. One group received a daily dose of 20 MU for a period of 10 to 15 days and another group of patients received 30MU / day during a 10 days. An improvement or clinic stabilisation has been noticed in 73, 7% of the cases. However, after-effects were recorded. So we insist on the importance of prevention and the correct treatment of early syphilis. 107 ﻣﻠﺨﺺ ﺗﻤﺜﻞ ﺣﺎﻻت اﻟﺰھﺮي اﻟﻌﺼﺒﻲ 56إﻟﻰ ٪ 70ﻣﻦ إﺟﻤﺎﻟﻲ ﺣﺎﻻت اﻟﺰھﺮي اﻟﺤﺸﻮي ,ﻛﻤﺎ اﻧﮫ اﺣﺪ اﻟﻤﻀﺎﻋﻔﺎت اﻟﻠﺘﻲ ﺗﺤﺪث ﺑﯿﻦ 5و ٪ 10ﻣﻦ ﺣﺎﻻت اﻟﺰھﺮي اﻟﺘﻲ ﻟﻢ ﺗﻌﺎﻟﺞ. ﺗﻄﺮﻗﻨﺎ ﻓﻲ ﺑﺤﺜﻨﺎ إﻟﻰ دراﺳﺔ 19ﺣﺎﻟﺔ ﻣﻦ داء اﻟﺰھﺮي اﻟﻌﺼﺒﻲ ﺳﺠﻠﺖ ﺑﻤﺼﻠﺤﺔ أﻣﺮض اﻟﺠﮭﺎز اﻟﻌﺼﺒﻲ ﺑﺎﻟﻤﺴﺘﺸﻔﻰ اﻟﺠﺎﻣﻌﻲ اﻟﺤﺴﻦ اﻟﺜﺎﻧﻲ ﺑﻔﺎس ﻣﻦ ﯾﻨﺎﯾﺮ 2004إﻟﻰ ﻓﺒﺮاﯾﺮ .2009 و ﻧﺴﺘﻨﺒﻂ ﻣﻦ ھﺬه اﻟﺪراﺳﺔ ﺻﻐﺮ ﺳﻦ اﻟﻤﺮﺿﻰ ﺑﺎﻟﻤﻘﺎرﻧﺔ ﻣﻊ اﻟﺪول اﻷﺧﺮى ﺑﺤﯿﺚ ﻣﺘﻮﺳﻂ اﻟﺴﻦ ھﻮ 43,3ﺳﻨﺔ ﻣﻊ ﺣﺪﯾﻦ أدﻧﺎھﻤﺎ 23و أﻗﺼﺎھﻤﺎ 60ﺳﻨﺔ. ﻛﻤﺎ ﻻﺣﻈﻨﺎ ﻛﺜﺮة ﺣﺎﻻت اﻻﻟﺘﮭﺎب اﻟﻤﺰﻣﻦ ﻟﻠﺴﺤﺎﯾﺎ و اﻟﺪﻣﺎغ ﻓﻲ 8ﺣﺎﻻت ،ﯾﻠﯿﮫ اﻟﺘﮭﺎب اﻷوﻋﯿﺔ و اﻟﺴﺤﺎﯾﺎ و 3ﺣﺎﻻت اﻟﺘﮭﺎب اﻟﺪﻣﺎغ اﻟﺠﯿﺮي و ھﻮ ﻧﺎدرا ﻣﺎ ورد ﻓﻲ اﻟﻜﺘﺎﺑﺎت اﻟﺴﺮﯾﺮﯾﺔ ،ﺛﻢ اﻟﺘﺎﺑﯿﺲ ﻓﻲ ﺣﺎﻟﺘﯿﻦ ,و ﺣﺎﻟﺔ واﺣﺪة ﻟﻀﻤﻮر اﻟﺒﺼﺮ و ﺣﺎﻟﺔ واﺣﺪة ﻻﻟﺘﮭﺎب اﻟﺠﺬور و اﻷﻋﺼﺎب ,و ﺣﺎﻟﺔ واﺣﺪة ﻻﻟﺘﮭﺎب اﻟﺴﺤﺎﯾﺎ اﻟﻤﺰﻣﻦ. و ﻗﺪ اﻋﺘﻤﺪﻧﺎ ﻟﻠﺘﺄﻛﺪ ﻣﻦ ﺗﺸﺨﯿﺺ اﻟﻤﺮض ﻋﻠﻰ اﯾﺠﺎﺑﯿﺔ اﻷﻣﺼﺎل ﻟﻤﺮض اﻟﺰھﺮي ﻓﻲ اﻟﺪم و اﻟﺴﺎﺋﻞ اﻟﺪﻣﺎﻏﻲ اﻟﻨﺨﺎﻋﻲ. ﻓﻲ اﻟﺪم ﻛﺎﻧﺖ TPHAو VDRLﻣﻮﺟﺒﺔ ﻓﻲ %100ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت. ﻓﻲ اﻟﺴﺎﺋﻞ اﻟﺪﻣﺎﻏﻲ اﻟﻨﺨﺎﻋﻲ ،ﻛﺎن VDRLﻣﻮﺟﺒﺎ ﻓﻲ %79ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت و TPHAﻣﻮﺟﺒﺎ ﻓﻲ % 100ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت .ﻛﻤﺎ ﻻﺣﻈﻨﺎ زﯾﺎدة اﻟﺨﻼﯾﺎ اﻟﺒﯿﻀﺎء ﻓﻲ %47,4ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت و ﻓﺮط اﻟﺒﺮوﺗﯿﻦ ﻓﻲ %52,6ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت. ﺟﻤﯿﻊ ﻣﺮﺿﺎﻧﺎ ﻋﻮﻟﺠﻮا ﺑﻮاﺳﻄﺔ اﻟﺒﻨﯿﺴﻠﯿﻦ )ج( ﻋﺒﺮ اﻟﻮرﯾﺪ ﺑﺠﺮﻋﺎت ﻛﺒﯿﺮة. ﻣﺠﻤﻮﻋﺔ ﻣﻦ اﻟﻤﺮﺿﻰ ﺗﻠﻘﺖ ﺟﺮﻋﺔ 20ﻣﻠﯿﻮن وﺣﺪة ﻋﺎﻟﻤﯿﺔ ﻓﻲ اﻟﯿﻮم ﻟﻤﺪة 10اﻟﻰ 15ﯾﻮﻣﺎ، و ﻣﺠﻤﻮﻋﺔ أﺧﺮى ﺗﻠﻘﺖ ﺟﺮﻋﺔ 30ﻣﻠﯿﻮن وﺣﺪة ﻋﺎﻟﻤﯿﺔ ﻓﻲ اﻟﯿﻮم ﻟﻤﺪة 10أﯾﺎم. ﺳﺠﻞ اﻟﺘﺤﺴﻦ أو اﻻﺳﺘﻘﺮار اﻟﺴﺮﯾﺮي ﻓﻲ %73,7ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت ،ﻓﻲ ﺣﯿﻦ ﺳﺠﻠﺖ اﻟﻌﺪﯾﺪ ﻣﻦ اﻟﻤﻀﺎﻋﻔﺎت ،ﻟﮭﺬا ﻧﺮﻛﺰ ﻋﻠﻰ أھﻤﯿﺔ اﻟﻮﻗﺎﯾﺔ واﻟﻌﻼج اﻟﻤﺒﻜﺮ ﻟﻤﺮض اﻟﺰھﺮي. 108 Bibliographie 1. 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