Puis nous parvient l’ordre de rentrer en France et nous abordons à Toulon le 17
décembre 1914. Après une permission passée dans ma famille, le navire part pour les
Dardanelles où nous prenons part à plusieurs combats ou attaques sous marines. Après
13 mois d'Orient, le Dupleix rentre subir des réparations à Saint-Nazaire où je débarque le
13 août 1916. Je suis envoyé dans les dépôts de Lorient et Toulon puis suis désigné pour
un navire grec, le Kanaris. Sur ce bateau nous avons un aumônier qui dit la messe chaque
dimanche, mais comme la guerre a endurci nos coeurs, ce pauvre homme est souvent
seul à ces cérémonies.
Après neuf mois à bord, j’embarque sur le Démocratie le 1er octobre 1917. Nous
sommes à ce moment-là au Pirée, en Grèce, et je reste à bord jusqu'à la fin de la guerre,
où après un séjour en Russie, à Sébastopol, nous descendons à Smyrne, en Turquie.
C'est dans cette ville que je rencontre ma femme Claire Magnifica, une bonne chrétienne
sincère. Le moment d'être libéré arrive après huit ans de service militaire, comme mon
grand-père. Une fois rendu à la vie civile, ma fiancée vient me rejoindre à Ucel, en
Ardèche, où nous nous marions le 27 juillet 1919.
À ce moment-là, une nouvelle vie commence pour moi. Je dois lutter pour gagner ma
vie tout comme j'avais lutté pour défendre mon pays. Je travaille comme menuisier dans
plusieurs villes : Vals-les-Bains, Marseille, Paris et finalement Aubenas où je me mets à
mon compte. Mon entreprise marche bien.
Je gagne bien ma vie et me laisse séduire par le matérialiste qui sera fatal à mon
entreprise. Cette expérience m’apprend à trouver le bonheur dans la sanctification de soi.
Ayant contracté des fièvres lors de mon séjour dans les pays tropicaux, je suis
contraint d'abandonner mon travail et de solliciter un emploi de fonctionnaire au ministère
de la guerre. Ayant obtenu satisfaction, je viens m’installer à Valence le 17 août 1931 avec
ma femme, une nièce et un neveu qui étaient orphelins et que nous gardions depuis
quelques années.
C'est à Valence que je me sens attiré par Dieu. Je suis conduit par son pouvoir vers les
missionnaires mormons. Avant de les rencontrer, je n'avais jamais lu la Bible. À cette
époque-là, j’assiste le matin aux réunions de l'Armée du Salut et le soir aux réunions de
l'Église de Jésus-Christ. Après avoir prié, je reçois de Dieu la révélation que la vérité se
trouve dans l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et je suis baptisé et
confirmé par Robert Hull le 13 août 1932. Le même jour, ma femme est baptisée par Ivan
Jones et confirmée par Hebert Merrill.
Après avoir accepté l'Évangile je me trouve tout transformé. J'ai le désir de m'instruire
pour être utile à Dieu qui a été si bon pour moi. Aussi, Dieu m’appelle à devenir un de ses
serviteurs et je suis ordonné à l’office de diacre par le président Woolf (président de
mission), à Lyon, le 14 mai 1933. Dans cette même ville, à la conférence de novembre, je
suis ordonné instructeur par le président Lang (président de mission suivant). Le 18 avril
1934, je suis ordonné à l'office de prêtre dans la prêtrise d'Aaron par Alfred Bissell.
Après mon ordination à l’office de diacre, la crise financière commence à sévir aux
États-Unis. De ce fait les missionnaires deviennent rares. Beaucoup de branches ferment,
aussi je m'engage au service de Dieu et deviens un missionnaire local.
Lorsque les missionnaires sont retirés des branches de Grenoble et Valence, je me
rends une fois par mois dans chacune de ces villes pour y tenir une réunion. Le 22 juillet