Précisions sur le vocabulaire
de la socio-histoire
La socio-histoire privilégie les concepts
qui désignent des relations entre les
individus. Le terme «configuration »
peut être utilisépour nommer le type
d’activitéqui réunit des acteurs
engagés dans une même compéti-
tion. Par exemple, un match de foot-
ball peut être vu comme une forme
très simple de configuration, car
chaque partie oppose les membres de
deux équipes qui poursuivent le
même but. Le terme «groupement »
est employépour désigner un
ensemble de personnes ayant des
intérêts communs mais qui, pour la
plupart, ne se connaissent pas.
Chaque groupement possède son
règlement et ses représentants. Tous
ses membres sont interdépendants,
bien que certains occupent des posi-
tions dominantes alors que les autres
occupent des positions dominées.
Selon la configuration étudiée, on
distinguera les groupements écono-
miques (l’entreprise), politiques
(l’État ou le parti), culturels (le public).
Le terme «communauté»sera réservé
pour nommer des ensembles
d’individus liés entre eux par des rela-
tions d’interconnaissance (comme
une famille, un village, un quartier,
etc.).
On remarquera que la socio-
histoire n’utilise guère l’expression
«groupe social ». Elle appartient au
vocabulaire des historiens qui définis-
sent les entités collectives àpartir de
critères «objectifs »(comme le
métier, les revenus, etc.). Pour dési-
gner les ensembles d’individus qui
résultent de l’intervention croissante
de l’État dans la vie économique, le
socio-historien utilisera les termes
«groupes socioprofessionnels »
(employés, cadres, ouvriers, etc.) ou
«catégories socioprofessionnelles »
(chômeurs, retraités, etc.). Lorsque
ces groupements ne sont pas la consé-
quence d’une mobilisation des acteurs
directement concernés, mais imposés
par le pouvoir bureaucratique, on
parlera de «catégorie socioadminis-
trative »(par exemple, les
«immigrés»).
outils et la façon de les mettre en œuvre dépendent toujours des
questions précises que l’étude a pour but d’élucider.
Àl’heure actuelle, les chantiers de la socio-histoire sont très
inégalement avancés. Les exemples que j’ai retenus dans ce livre
n’ont pas pour but de présenter un état des lieux exhaustif de
la recherche dans ce domaine. Je les ai choisis surtout pour
montrer comment il était possible de mettre en œuvre concrète-
ment la démarche socio-historique.
INTRODUCTION 7