
Document 1 : Un exemple de déterminisme préscientifique antique, celui concernant le “pouvoir”
déterminant des astres, des êtres célestes.
Peut-être tout est-il gouverné par la translation du ciel et le mouvement des astres qui
déterminent chaque chose, selon les rapports de position qu'ils ont à leur passage au
méridien, à leur lever, à leur coucher et selon leurs conjonctions... On voit bien les
animaux et les plantes grandir, diminuer et subir d'autres actions en sympathie avec les
astres ; les régions terrestres diffèrent les unes des autres selon leur rapport à l'univers et
particulièrement au soleil ; or, de la nature de ces régions résultent non seulement les
plantes et les animaux, mais les hommes avec leur forme, leur taille, leur teint, leurs
sentiments, leurs désirs, leurs occupations et leurs mœurs. C'est donc le mouvement de
translation de l'univers, qui est maître de toute chose. - À quoi il faut répondre d'abord
que cette doctrine aussi, à sa manière, attribue aux astres ce qui est à nous, nos volontés
et nos passions, nos impulsions ; ne nous donnant rien, elle nous laisse à l'état de pierres
qui subissent le mouvement, et non d'hommes qui agissent par eux-mêmes et d'après
leur propre nature. Or, il faut nous donner ce qui est à nous ; en notre être propre doivent
bien pénétrer des effets issus de l'univers ; mais il faut distinguer ce qui est notre action
de ce que nous subissons nécessairement, et ne pas tout attribuer aux astres. Plotin (205-270)
Document 2 : Autre exemple de croyances destinales, celles de la prédestination calviniste.
Nous appelons prédestination le conseil éternel de Dieu, par lequel il a déterminé ce qu'il
voulait faire de chacun homme. Car il ne les crée pas tous en pareille condition, mais
ordonne les uns à la vie éternelle, les autres à éternelle damnation. Ainsi, selon la fin à
laquelle est créé l'homme, nous disons qu'il est prédestiné à mort ou à vie [...]
Si on demande pourquoi Dieu a pitié d'une partie, et pourquoi il laisse et quitte l'autre, il
n'y a autre réponse sinon qu'il lui plaît ainsi.
Quiconque se trouve en Jésus-Christ et est membre de son corps par foi, celui-là est
assuré de son salut [...] Quand donc nous recevons ce témoignage de salut qui nous est
rendu par l'Évangile, de là nous connaissons et sommes assurés que Dieu nous a élus
[...] Calvin (1509-1564)
L'institution de la religion chrétienne
Document 3 : Au point de vue philosophique, les premiers théoriciens du déterminisme naturel furent les
atomistes de l’antiquité (Démocrite, Épicure, Lucrèce), mais leur déterminisme restait encore philosophique.
Il n’était pas encore scientifique, capable d’engendrer une réelle prévisibilité des phénomènes. Ce stade
sera franchit au cours du 18ème siècle.
Dans un tourbillon de poussière qu'élève un vent impétueux ; quel qu'il paraisse à nos
yeux, dans la plus affreuse tempête excitée par des vents opposés qui soulèvent les flots,
il n'y a pas une seule molécule de poussière ou d'eau qui soit placée au hasard, qui n'ait
sa cause suffisante pour occuper le lieu où elle se trouve, et qui n'agisse rigoureusement
de la manière dont elle doit agir. Un géomètre qui connaîtrait exactement les différentes
forces qui agissent dans les deux cas, et les propriétés des molécules qui sont mues,
démontrerait que, d'après les causes données, chaque molécule agit précisément
comme elle doit agir, et ne peut agir autrement qu'elle ne fait.
Pierre Henri Dietrich D’Holbach (1723-1789)
Système de la nature, 1770
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-185 : “Le déterminisme innovationniste“ - 01/04/2006 - page 5