CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
COMMENT PENSER L’HOMME ?
Introduction à l’humanisme moderne
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-011
COMMENT PENSER L’HOMME AUJOURD’HUI ?
Introduction à l’humanisme moderne
conférence d’Éric Lowen donnée le 18/01/2010
à la Maison de la philosophie à Toulouse
En ce début du 21ème siècle, les progrès de la compréhension du monde et de notre espèce
ont totalement bouleversé les anciennes représentations de nous-mêmes, tant sur le plan
individuel que collectif. En très peu de temps à l’échelle des processus culturels, nous
sommes passés de visions traditionnelles de l’homme, principalement issues des croyances
religieuses, à un homme désacralisé, naturalisé, corporalisé, matérialisé, dé-essentialisé,
animalisé, relativisé, biologisé, neurologisé, sans dieu, autonome et désormais seul
responsable de son destin. Cette révolution anthropologique est comparable à une révolution
copernicienne. L’humanisme classique n’est donc plus possible à l’identique, il doit être
repensé à partir de ces nouveaux fondamentaux de la nature humaine. Cet effort de
refondation de la conscience de l’humanité, loin de renier l’humanisme, est au contraire un
progrès de l’humanisme.
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COMMENT PENSER L’HOMME AUJOURD’HUI ?
Introduction à l’humanisme moderne
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Le problème consiste, en fait, à rechercher les conditions
de ce que pourrait être un humanisme non métaphysique.
Luc Ferry
I L’EFFONDREMENT DES PENSÉES TRADITIONNELLES SUR L’HOMME
1 - L’homme a besoin de se penser pour pouvoir être
2 - Les manières traditionnelles de penser l’homme se sont écroulées
3 - La plupart de nos opérateurs intellectuels sont obsolètes ou faux :
- nature/culture
- animalité/humanité
- instinct/intelligence
- matière/pensée
- inerte/vivant
- vie/mort
- chaud/froid
- homme/femme
- conscience/instinct
- individu/social
- temps/éternité
- permanence/impermanence
- sens/intentionnalité
- essence/modèle
- nature/surnaturel
- spirituel/matériel
- chaos/ordre
- mouvement/repos
- matière/énergie
- temps/espace
- natura naturata/natura naturans
- les lois de la nature
- créature/créateur
- la religion s’occupe du pourquoi/la science du comment
- immanence/transcendance
- origines de l’homme
- métaphysique
- religion comme explication du réel
- ... etc.
II LA PROVENANCE DE CES CONCEPTUALISATIONS OBSOLÈTES
1 - Des approches intuitives
2 - Des interprétation anthropomorphiques
3 - Des théorisations cachant/comblant des méconnaissances
4 - Une provenance essentiellement religieuse
III LES CAUSES DE LEUR EFFONDREMENT
1 - Une réflexion critique sur les fondements de ces anciennes conceptions
2 - Une suite de grandes révolutions scientifiques qui ont bouleversé notre compréhension du réel
A - Dans le domaine physique et cosmologique
1 - L’invention de la science
2 - La révolution naturaliste
3 - La révolution copernicienne
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4 - La révolution galiléenne
5 - La révolution newtonienne
6 - La révolution géologique
7 - La révolution chimique
8 - La révolution atomiste
9 - La révolution einsteinienne
10 - La révolution quantique
11 - La révolution cosmologique
12 - La révolution gaïenne
B - Dans le domaine anthropologique, la révolution anthropologique
1 - La révolution rationaliste
2 - La révolution hérodotienne, la naissance de l’histoire
3 - La révolution anatomico-corporaliste
4 - La révolution chimique
5 - La révolution biologique
6 - La révolution préhistorique
7 - La révolution darwinienne
8 - La révolution freudienne
9 - La révolution culturaliste
10 - La révolution génétique
11 - La révolution des neurosciences
12 - La révolution de la globalisation sociétale
IV LE DÉVOILEMENT D’UNE RÉALITÉ HUMAINE NOUVELLE, D’UN HOMO NOVUS
1 - Une révolution anthropologique comparable à la révolution copernicienne
2 - Le dévoilement d’une réalité humaine contre-intuitive, un homo novus
3 - Une idée de l’homme désormais fondée sur une connaissance positive et objective
4 - L’homme tel qu’il avait toujours été sans en être conscient
5 - Un bouleversement qui oblige à repenser tout notre rapport au réel
V LA NÉCESSITÉ DE REFONDER L’HUMANISME
1 - Parmi les conséquences, l’obligation de refonder l’humanisme
2 - L’impossibilité de l’humanisme classique, mais toujours le besoin de l’humanisme
3 - La nécessité de prendre ces progrès comme socle de la pensée philosophique humaniste
4 - Non la fin de l’humanisme mais un progrès de l’humanisme
5 - Un aperçu de cet humanisme renouvelé à travers ce cycle de conférences
ORA ET LABORA
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Document 1 : L’humanisme, au-delà de son expression historique lors de la Renaissance, est une
valorisation de l’homme et de ses capacités naturelles. Il repose sur la prise de conscience que l’homme
peut devenir cela, mais que pour y arriver, il faut l’accompagner dans ce projet d’humanité par l’éducation, la
culture, la connaissance et des idéaux philosophiques adaptés.
Tout ce qui nous entoure est notre oeuvre, oeuvre de l'homme, maisons, châteaux, villes,
des constructions magnifiques sur toute la Terre. Elles ressemblent à l'oeuvre des anges
plus qu'à celle des hommes; et pourtant elles sont l'œuvre des hommes. Ce sont des
peintures, des sculptures, ce sont tous les arts ; les sciences et les doctrines, ce sont des
inventions et des oeuvre littéraires dans plusieurs langues et ce sont des machines.
Lorsque nous voyons de telles merveilles, nous comprenons que nous pouvons faire des
choses meilleures, plus belles, plus ornées, plus parfaites que celles que nous avons
faites jusqu'ici. Gianozzo Manetti (1396 – 1459)
De dignitate et excellentia hominis, 1451-1452
Document 2 : Depuis la nuit des temps, l’humanité avait une conception anthropocentrée du réel, il était
donc normal que la pensée humaniste de la Renaissance fut, elle aussi, anthropocentrique. Depuis la
révolution copernicienne (amplifiée par les révolutions cosmologiques suivantes), nous savons que l’homme
ne peut plus se penser au centre du monde ou la finalité des choses. L’humanisme moderne est de ce fait
un humanisme cosmique, conscient de la place infime de l’homme à l’échelle de l’univers (comme l’illustre le
texte suivant d’Hubert Reeves). Néanmoins, cette place infime n’enlève rien aux principes valorisant
l’homme ; au contraire ils deviennent encore plus précieux à l’échelle cosmique.
Les connaissances scientifiques nous donnent une nouvelle image de l’être humain.
Détrôné de ses prétentions à être le “centre du monde”, il se trouve une nouvelle dignité.
Il se situe très haut dans l’échelle des êtres organisés de la nature. l’a conduit cette
longue gestation dans laquelle sont impliqués tous les phénomènes cosmiques. Cette
dignité, il la partage avec tous ses frères humains, quelle que soit leur origine. Le respect
des Droits de l’Homme, c’est aussi la prise de conscience de l’importance de chaque
individu dans l’histoire de l’univers. Hubert Reeves
L’espace prend la forme de mon regard, 1995
Document 3 : C’est par les vertus de son esprit que l’homme s’élève pleinement à son humanité. Toutes les
pensées de l’homme sur l’homme ne sont donc pas forcément fécondes pour l’homme. Elles peuvent lui
nuire et le maintenir dans un état de sous-développement existentiel. Parmi les grands philosophes du
20ème siècle, Camus est certainement celui qui a le plus incarné cet esprit de l’humanisme moderne (par
opposition à Sartre).
Si la seule solution est la mort, nous ne sommes pas sur la bonne voie. La bonne voie est
celle qui mène à la vie, au soleil.
Quand j'habitais Alger, je patientais toujours dans l'hiver parce que je savais qu'en une
nuit, une seule nuit froide et pure de février, les amandiers de la vallée des Consuls se
couvriraient de fleurs blanches. Je m'émerveillais de voir ensuite cette neige fragile
résister à toutes les pluies et au vent de la mer. Chaque année pourtant, elle persistait
juste ce qu'il fallait pour préparer le fruit.
Ce n'est pas un symbole. Nous ne gagnerons pas notre bonheur avec des symboles. Il
y faut plus de sérieux. Je veux dire seulement que parfois, quand le poids de la vie
devient trop lourd dans cette Europe encore toute pleine de son malheur, je me retourne
vers ces pays éclatants tant de forces sont encore intactes. Je les connais trop pour
ne pas savoir qu'ils sont la terre d'élection la contemplation et le courage peuvent
s'équilibrer. La méditation de leur exemple m'enseigne alors que si l'on veut sauver
l'esprit, il faut ignorer ses vertus gémissantes et exalter sa force et ses prestiges. Le
monde est empoisonné de malheurs et semble s'y complaire. Il est tout entier livré à ce
mal que Nietzsche appelait l'esprit de lourdeur. N’y prêtons pas la main. Il est vain de
pleurer sur l'esprit, il suffit de travailler pour lui.
Mais sont les vertus conquérantes de l'esprit ? Le même Nietzsche les a énumérées
comme les ennemies mortelles de l'esprit de lourdeur. Pour lui, ce sont la force de
caractère, le goût, le « monde , le bonheur classique, la dure fierté, la froide frugalité du
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