Document 1 : L’humanisme, au-delà de son expression historique lors de la Renaissance, est une
valorisation de l’homme et de ses capacités naturelles. Il repose sur la prise de conscience que l’homme
peut devenir cela, mais que pour y arriver, il faut l’accompagner dans ce projet d’humanité par l’éducation, la
culture, la connaissance et des idéaux philosophiques adaptés.
Tout ce qui nous entoure est notre oeuvre, oeuvre de l'homme, maisons, châteaux, villes,
des constructions magnifiques sur toute la Terre. Elles ressemblent à l'oeuvre des anges
plus qu'à celle des hommes; et pourtant elles sont l'œuvre des hommes. Ce sont des
peintures, des sculptures, ce sont tous les arts ; les sciences et les doctrines, ce sont des
inventions et des oeuvre littéraires dans plusieurs langues et ce sont des machines.
Lorsque nous voyons de telles merveilles, nous comprenons que nous pouvons faire des
choses meilleures, plus belles, plus ornées, plus parfaites que celles que nous avons
faites jusqu'ici. Gianozzo Manetti (1396 – 1459)
De dignitate et excellentia hominis, 1451-1452
Document 2 : Depuis la nuit des temps, l’humanité avait une conception anthropocentrée du réel, il était
donc normal que la pensée humaniste de la Renaissance fut, elle aussi, anthropocentrique. Depuis la
révolution copernicienne (amplifiée par les révolutions cosmologiques suivantes), nous savons que l’homme
ne peut plus se penser au centre du monde ou la finalité des choses. L’humanisme moderne est de ce fait
un humanisme cosmique, conscient de la place infime de l’homme à l’échelle de l’univers (comme l’illustre le
texte suivant d’Hubert Reeves). Néanmoins, cette place infime n’enlève rien aux principes valorisant
l’homme ; au contraire ils deviennent encore plus précieux à l’échelle cosmique.
Les connaissances scientifiques nous donnent une nouvelle image de l’être humain.
Détrôné de ses prétentions à être le “centre du monde”, il se trouve une nouvelle dignité.
Il se situe très haut dans l’échelle des êtres organisés de la nature. Là où l’a conduit cette
longue gestation dans laquelle sont impliqués tous les phénomènes cosmiques. Cette
dignité, il la partage avec tous ses frères humains, quelle que soit leur origine. Le respect
des Droits de l’Homme, c’est aussi la prise de conscience de l’importance de chaque
individu dans l’histoire de l’univers. Hubert Reeves
L’espace prend la forme de mon regard, 1995
Document 3 : C’est par les vertus de son esprit que l’homme s’élève pleinement à son humanité. Toutes les
pensées de l’homme sur l’homme ne sont donc pas forcément fécondes pour l’homme. Elles peuvent lui
nuire et le maintenir dans un état de sous-développement existentiel. Parmi les grands philosophes du
20ème siècle, Camus est certainement celui qui a le plus incarné cet esprit de l’humanisme moderne (par
opposition à Sartre).
Si la seule solution est la mort, nous ne sommes pas sur la bonne voie. La bonne voie est
celle qui mène à la vie, au soleil.
Quand j'habitais Alger, je patientais toujours dans l'hiver parce que je savais qu'en une
nuit, une seule nuit froide et pure de février, les amandiers de la vallée des Consuls se
couvriraient de fleurs blanches. Je m'émerveillais de voir ensuite cette neige fragile
résister à toutes les pluies et au vent de la mer. Chaque année pourtant, elle persistait
juste ce qu'il fallait pour préparer le fruit.
Ce n'est pas là un symbole. Nous ne gagnerons pas notre bonheur avec des symboles. Il
y faut plus de sérieux. Je veux dire seulement que parfois, quand le poids de la vie
devient trop lourd dans cette Europe encore toute pleine de son malheur, je me retourne
vers ces pays éclatants où tant de forces sont encore intactes. Je les connais trop pour
ne pas savoir qu'ils sont la terre d'élection où la contemplation et le courage peuvent
s'équilibrer. La méditation de leur exemple m'enseigne alors que si l'on veut sauver
l'esprit, il faut ignorer ses vertus gémissantes et exalter sa force et ses prestiges. Le
monde est empoisonné de malheurs et semble s'y complaire. Il est tout entier livré à ce
mal que Nietzsche appelait l'esprit de lourdeur. N’y prêtons pas la main. Il est vain de
pleurer sur l'esprit, il suffit de travailler pour lui.
Mais où sont les vertus conquérantes de l'esprit ? Le même Nietzsche les a énumérées
comme les ennemies mortelles de l'esprit de lourdeur. Pour lui, ce sont la force de
caractère, le goût, le « monde , le bonheur classique, la dure fierté, la froide frugalité du
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-011 : “Comment penser l’Homme au 21ème siècle ?“ - 23/10/2007 - page 5