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15/12/2009 |
Masse monétaire
La masse monétaire est l'ensemble des disponibilités monétaires et quasi monétaires de l'économie nationale
(pour la Suisse, sans la Confédération ni les banques). En harmonie avec la pratique de nombreux pays, la
Banque nationale suisse (BNS) fait la distinction, dans la statistique de la masse monétaire, entre la monnaie
centrale (ou M0) et les agrégats monétaires M1, M2 et M3. La monnaie centrale comprend les moyens de
paiement créés par la banque d'émission (billets en circulation plus avoirs des banques et de l'industrie en
comptes à vue à la BNS). A la différence de la monnaie centrale, les agrégats monétaires M1, M2 et M3
englobent les disponibilités créées par les banques commerciales en utilisant pour critère statistique le degré
de liquidité des divers composants (Crédit). M1 est la somme du numéraire détenu par le public (billets et
monnaies divisionnaires en circulation), des comptes de transactions et des dépôts à vue, M2 est constitué de
M1 plus les dépôts d'épargne (sans les comptes de prévoyance). M3 finalement est formé de M2 et des dépôts
à terme (liquidités momentanément investies).
Il n'existe en Suisse de données valables pour le XIXe s. que pour la circulation des billets. Celle des monnaies
divisionnaires ne peut être que grossièrement estimée en raison de l'affiliation de la Suisse à l'Union
monétaire latine. Dans l'ensemble, la circulation des billets des banques d'émission de l'époque, ainsi que la
masse monétaire s'accrurent sensiblement durant toute cette période. M1 passa de 125 millions de francs en
1851 à 509 millions en 1880 et à 1,305 milliard en 1906. La masse monétaire peut être jugée avec plus de
précision depuis que la BNS est opérationnelle (1907). En raison des différentes méthodes de calcul
(définitions de 1975, 1985 et 1995), les statistiques sont difficilement comparables. Pour l'ensemble du XXe s.,
exception faite du début des années 1930, on constate une expansion de la masse monétaire (Croissance
économique). Selon des estimations basées sur les statistiques de la BNS, M1 s'élevait à 830 millions de francs
en 1910, à 3,232 milliards en 1930 et à 11,615 milliards en 1950. Cet agrégat progressa encore à 72,775
milliards de francs en 1990 et à 287,884 milliards en 2004 (définition de 1995).
L'importance économique de la masse monétaire repose sur la théorie quantitative de la monnaie, qui a
acquis une nouvelle base avec le monétarisme. Ce dernier établit un rapport stable entre l'évolution de la
masse monétaire et le niveau des prix en partant de la prévision potentielle de la vitesse de circulation de la
monnaie et de la demande de monnaie. Si celle-ci peut être évaluée, la banque d'émission est à même d'agir
sur le niveau des prix en intervenant au moyen de la masse monétaire, instrument qu'elle ne peut influencer
que par le biais de la monnaie centrale. Le passage au régime des taux de change flottants en janvier 1973
donna à la BNS la liberté de pratiquer une politique monétaire autonome. Elle appliqua une stratégie de
pilotage de la masse monétaire à partir de 1975, définissant des objectifs annuels, d'abord pour M1 puis, de
1980 à 1990, pour la monnaie centrale. En 1991, elle fixa pour les années 1991-1994 et 1995-1999 un
objectif de croissance à moyen terme de 1% par année pour la monnaie centrale. Vers la fin des années
1990, cette dernière perdit de son importance comme objectif intermédiaire et indicateur de la politique
monétaire, car la demande de cet agrégat devint instable. Depuis le début de 2000, la BNS prend ses
décisions en se référant à des prévisions trimestrielles sur l'évolution de l'inflation, lesquelles tiennent compte
de nombreux indicateurs, dont l'évolution de la conjoncture, celle des taux de change et celle des agrégats
monétaires, notamment M3.
Bibliographie
– Ch. Grüebler, Die Geldmenge der Schweiz 1907-1954, 1958
– Stat. hist., 796-807