Dans un premier temps, nous passerons en revue la littérature sur le concept de fan pour en
dégager les points de consensus, avant de nous employer à cerner les limites des études qui
ont été, jusqu’à présent, menées sur les fans en marketing. Nous proposerons ensuite de
dépasser ces limites par l’emploi de l’ethnographie multisite et trans-fandom que nous
décrirons. Nous conclurons enfin sur les implications théoriques et managériales de notre
étude.
1. Le concept de fan et les limites des fan studies
Le terme « fan » nous vient par apocope de l’anglais fanatic (fanatique), issu lui-même du
latin « fanaticus » (Holbrook, 1987 ; Jenkins, 2006), qui veut dire « (1) inspiré, rempli
d’enthousiasme, (2) exalté, en délire, frénétique » (Dictionnaire Gaffiot). Les concepts « fan »
et « fanatique », termes égaux à l’origine, sont aujourd’hui quelque fois utilisés comme des
synonymes. Cependant, on remarquera que le mot « fan » a pris son indépendance sémantique
vis-à-vis du « fanatique » originel. Les deux termes sont aujourd’hui souvent placés le long
d’un continuum, d’une « barométrie passionnelle » (Le Guern, 2009) qui « va de fan à
excentrique en passant par fanatique », ce continuum étant indexé sur le niveau d’engagement
du consommateur pour le produit aimé (Thorne et Bruner, 2006). Cependant, pour éviter
l’emploi du terme « fanatisme », trop stigmatisant car lié à l’idée de folie, certains auteurs
l’ont totalement évacué et remplacé par le néologisme « fanitude » (Dalmazzo, 2009).
1.1. Un phénomène identitaire...
Le terme de fan évoque ainsi principalement le rapport d’un individu à un objet. Gripsrud
(2002) propose qu’un fandom « existe quand l’enthousiasme pour un objet culturel revêt un
rôle totalisant dans les styles de vie et identités des gens ». Le rapport individuel à l’objet est
primordial et fondateur ; c’est sur ce substrat que repose le concept de « fan » (Le Guern,
2009). L’objet aimé par le fan, qui peut être de nature très variée (genre cinématographique,