HISTOIRE DES MÉTAMORPHOSES DE LACIDALIA ASBESTARIA Piebde MILLIERE. 91. (Lue à L'insecte la Société que j'ai n'est il Linnéenne de Lyon, le -H août 1850). l'honneur de soumettre aujourd'hui à Société Linnéenne a été de temps après k oi , >, récemment découvert en Hongrie fut décrit par Kollar, naturaliste allemand peu ; il , , Histoire naturelle des Lépidoptères d'Europe, n'aient pas de cette Géomètre. Je dirai en général s'entendent assez peu caractères nébuleux Ses la donc pas étonnant que M. le docteur Boisduval dans son M. Duponchcl dans son , plus récemment Index melhodicus, et tion ; parure vague et la petitesse et l'incertain dislingue, explique et de sa que même que les sur l'identité peu tranchés, la prêtent à taille, soit resté si men- entomologistes de celle espèce. simplicité de sa la présente cette Phalénide comment on fait confusion. Le dans ce qui la longtemps avant de reconnaître en elle une espèce. Sans nul doute elle a été recueillie depuis plusieurs années déjà ; mais on a dû , par raisons que je viens de dire, la confondre avec une de ses les con- Asbestaria avait été connue de Duponchel, bien certainement cet auteur l'eût placée dans la division C de ses génères. Si (*) Couleur d'asbeste ou amiautc. 524 ACIDALIA ASBESTARIA. Aculaîia et dans niais ses premiers été publiés. voisinage de son le Ce Lépidoptère Candidari'a, H. ai étals, j'en Comme j'ai Jlbularia, Bv! est fort peu connu, dans toutes de sa répèle; point encore la certitude, n'ont suivi sa larve et je le les phases de sa vie, je puis fournir quelques détails sur ses habitudes et ses mœurs. C'est dans l'espérance d'èlre agréable à collègues, que je viens les leur faire connaître. Pendant l'été de 1854, je pris pour la première rons de Lyon, YJcidalia A&bestaria Mon ayant été appelée sur cette attention retournai l'année suivante au En à l'état même fois sur MM. mes aux envi- d'insecte parfait. rare Phalénide, je lieu, et la pris de nouveau. 1856 enfin, j'en capturai une douzaine d'exemplaires juillet appartenant aux deux sexes. Chaque fois je vis cette Acidalia dans des conditions analogues à la première, c'est-à-dire qu'elle volait toujours Son vol curs. au repos dans le comme dans les fourrés de bois de chêne me paraissait lourd elle se plaçait , craintif constamment sur le et les plus obs- inexpérimenté ; revers d'une feuille, but, sans doute, d'échapper aux regards de ses ennemis, aussi pour se soustraire à la lumière du soleil qu'elle semblait fuir obstinément. Le dimanche premier juillet 1855 j'obtins une ponte d'une dsbeslaria prise dans un bois que traverse le ruisseau de Francheville, situé à cinq ou six kilomètres de Lyon. Pendant les trois ou quatre premiers jours, ment comprimés quatrième jour, il les œufs pondus qui étaient légère- me parurent d'un gris verdàtre. Le au centre de l'œuf, un point noir se forma et oblongs, œufs passèrent au rouge très-prononcé. Soixante heures après,ces le neuvième jour c'est-à-dire de l'éclosion la veille , brun; puis, qui avait suivi leur ponte, ils devinrent d'un brun noirâtre. La m'a paru d'un jaune clair ; elle jeune larve au sortir de l'œuf était de plus cerclée de six anneaux bruns des plus caractéristison troisième changement de ques, qu'elle a conservés jusqu'à peau. û25 ACIDAUA ASBESTARIA. De le furent présentées à celle larve, c'est toutes les plantes qui commun (Leonlodum taraxacum, pissenlit préféré, bien cependant qu'elle Rumex, Graminées de plusieurs mangé de ait et Lin.) qu'elle a plusieurs Composées, autres plantes basses. Les habitudes de cette chenille polypbage ainsi , que je vais le rapporter, sont des plus singulières. Souvent, fixée par les pâlies anales à une feuille ou à une des parois du vase qui on la le voyait, la renfermait corps ployé en demi cercle, demeurer des jour- nées entières dans cette altitude qui paraissait des plus pénibles. D'autres fois , toujours retenue par et restait les pattes inférieures, elle neuf dixièmes de son corps grêle et effilé, ainsi pendant quarante-huit heures et plus, sans s'èlre avant projetait en les dérangée, sans avoir fait un seul mouvement. Celle position bien bizarre et qui paraissait forcée, qu'habituelle à la plupart des larves de Géomètres, ne m'a semblé, chez aucune d'elles, se longtemps que chez la chenille d'Asùestaria. C'est dans cet état que l'insecte dont il est question, ressemblait à prolonger aussi tromper à un fragment de plante desséchée, ou mieux, à une petite branche de bois mort. Par suite de celle constante immobi- s'y lité, je n'ai jamais pu savoir à quelle heure du jour ou de celte chenille rongeait les feuilles qui lui servaient Sa croissance étant relativement fort lente, la nuit de nourriture. on explique qu'elle doit manger rarement et très-peu à la fois. Le bruit ne l'effrayait pas, ainsi quej'ai été souvent à même de l'observer sur un grand nombre de le chenilles plus pelit : il ne produisait sur mouvement de celle d'Jsbeslaria pas contraction. Celte immobilité, celle privation de vie apparente, celle primer ainsi, n'était pas serait tenté de le croire. toute leur grosseur (I) , aussi En effet, ces larves, affectaient toujours La plupait des chenilles devenues pour ne plus se réunir. indifférence, si je puis m'exabsolue chez ce pelit èlrc qu'on fortes, cessent bien qu'arrivées à de se rapprocher de vivre eu famille et se (*). séparent 5?6 ACIDALIA ASBESTARÏA. Sans cesse c'était vues rassemblées dans un espace resserré je les ai plus souvent sous une large le les éloigner les unes des autres, j'étais certain lendemain réunies de nouveau. Ce changement de peau que feuille. S'il de les : m'arrivait de retrouver le n'est qu'après son troisième celte chenille prend une livrée toute différente de celles qu'elle a eues précédemment, à tel point qu'on ne reconnaîlrailjamais sous ce nouvel état l'insecte revêtu de ses premières parures. Sa croissance, ainsi que je l'ai dit, s'opère très-lentement ; ce qui m'en a donné la preuve, c'est qu'après avoir obtenu en juin l'insecte ab ovu, il ne s'est transformé en nymphe que l'année d'après. Parvenu à toute sa grosseur vers 10 du mois d'avril, coin cessa alors complètement il dant six ou huit jours ; môme 17 du le du vase, rassembla quelques réunit par des fils de soie mois, il démanger pen- se retira dans légers brins de mousse, brunâtre, l'insecte qui tissé cette toile si fragile, si auxquels il serait peu propre à s'il exposé jours après, dis-je, l'insecte tournant quelque peu, formé en nymphe qui, le préserver des dangers devait l'habiter longtemps rongeur se plaça sur le dos quinze jours de les Deux jours après avoir vingt-quatre heures après, et, à l'habitait. un les forma un réseau qui et ayant l'apparence d'un tulle grossier, permettait devoir tous mouvements de le là, il ('), deux en se con- s'est trans- m'adonne son insecte parfait très-bien développé. (•) L'admirable les êtres créés, loi providentielle qui dirige commande ans; larves si tous sagement, pour leur conservation doivent Lépidoptères qui de l'ordre des demeurer un temps plus ou moins long en chrysalide, de former une coque solide à l'humidité et inattaquable à la dent de leurs nombreux ennemis impénétrable tandis que celles qui ne resteront qu'une enveloppe mant, elles savent que fort légère et qui n'a pas la combien doit brillantes et parées à la être court lumière. , , peu de jours en nymphe, ne construiseu moindre solidité leur état , la forparce que tout en avant de renaître , léthargique acidalia. 527 asbesta1ua.. Larve. Celte chenille a dix pattes dont , antérieures et quatre six postérieures. Arrivée à toute sa grosseur, elle a de vingt-six à vingt-huit millimètres de long. Elle est allongée, presque cylin- drique, légèrement aplatie depuis neuvième, s'amincissant à partir le troisième anneau jusqu'au de celui-ci jusqu'à larve est recouverte, sur plusieurs parties pilifères visibles pour la teinte qui seulement à , la loupe la fête. Celte du corps, de tubercules ; varie beaucoup elle chez quelques individus, passe au rouge brun des plus prononcés. Le type serait d'un rougeâtre obscur qui est globuleuse et relativement assez petite , est ; la tête de couleur brunâtre. La troisième paire de pattes antérieures est plus allonles gée que deux premières ; ces six pattes, ainsi que la tête, sont recouvertes d'une villosité plus abondante. Les trois derniers an neaux sensiblement plus forts courts et spinuliformes. Sur prononcé , matale qui longueur que les . autres supportent des poils fond d'un brun plus ou moins le chaque côté du corps la ligne dite stygque le fond ondule dans sa plus grande se détache de , plus claire , et vient aboutir à la naissance de Pavant-dernière paire de pattes; celle ligne ou bande qui ondule davantage à mesure qu'elle approche des derniers anneaux, s'élargit fortement sur le huitième, et prend à cet endroit une teinte blanchâtre très pro- noncée traits ; le dernier anneau est marqué de chaque côté de deux jaunâtres fins qui viennent aboutir en se réunissant à un gros point brun silué au centre du neuvième anneau. A partir du septième jusqu'au dixième anneau les slygmalcs se soupçon- nent plutôt qu'ils ne se voient à ils l'œil se reconnaissent très-bien el se très petits points noirs nu examinés à la loupe, organes de la resligne stygmalale. La région cerclés de blanc piration sont placés en dessous de ; montrent alors sous forme de la ; ces dorsale est d'un rougeâtre plus clair; chez quelques sujets celle AC1DALIA ASBESTAIUA. 528 couleur tourne au vert foncé. Avec partie du corps nous montre deux suivent parallèlement sur loule anneau vu de dos nous çoit à par le la laisse voir le secours de traits la loupe celle bruns très-fins qui se longueur de l'animal une sorte de chaque ; V couché qui re- son ouverture deux points bruns séparés l'un de l'autre double trait dont il vient d'être question. Le dessous du dans sa plus grande longueur; cette coucorps est blanc grisâtre leur s'affaiblit et prend une teinte verdâlre en se rapprochant de la tète. Les pattes antérieures sont d'un brun clair , les posté- rieures sont beaucoup plus obscures. Nymphe. La chrysalide qui d'abord est d'une couleur jaune pâle, acquiert au bout de peu de temps une leinte beaucoup plus foncée qua: tre jours cur; après sa formation elle devient d'un brun vineux obs- elle esl alors très-luisante. Celte nymphe qui a, en moyenne, dix millimètres de long, esl de forme cylindrico-conique ; l'enved'un vert foncé , laisse Irès-bien disloppe des ailes et du dos , L'extrémité de la chrysalide se tinguer les nervures des ailes. termine par deux pointes très-fines placées à côté l'une de l'autre. Les stygmales qui se détachent en plus clair, s'aperçoivent Irès-bien. Insecte parfait. Envergure 23 à 2ù millimètres. Les quatre ailes, d'un blanc verdâlre très-luisant , sont tra- versées par cinq lignes légèrement ondulées; chez la plupart des sont individus les quatre premières de ces lignes ou bandes , sauf pourtant celle qui se géminées dans loule leur longueur , le plus de la naissance de l'aile; celle dernière bande rapproche n'arrive pas comme les autres jusqu'au bord supérieur et n'atteint 529 ACIDALIA A9BE3TARIA nervure médiane; celle ligne forme alors un erooliel dort pointe se dirige du côté de la naissance de l'aile. Les bandes que la la transversales d'un gris assez peu prononcé, tranchent faiblement sur le fond. La surface des quatre blé très-fin visible seulement seconde ligne se voit sur quatre ailes les recouverte d'un sa- ailes est loupe. Entre à la le , la première et la point discoïdal ; ce caractère essentiel quoique faiblement accusé, est constant ebez tous les individus La naissance des antérieures est lavée ailes d'une teinte fuligineuse d'autant plus prononcée, que la lumière frappe plus obliquement celle partie de l'insecte. La première li- gne des ailes inférieures que remarqué chez tous les sujets que j'ai paraît oblitérée miner. La frange qui est de <l'une série ; j'ai été à couleur des la ailes au moins ce même est , de petils croissanls noirs à peine visibles pointes sont tournées en dehors , chacune d'un très petit point visible seulement à Le dessous des quatre Ire; mais c'est tout ailes nombre des le lignes paraît que deux sur chaque point discoïdal et la est la d'elles est précédée dont les , surmontée loupe. également d'un blanc verdà- transverses est réduil aile ; d'exa- n'en il : ces lignes sont, ainsi que le série de croissanls qui précède la frange , beaucoup plus accusés qu'aux ailes supérieures. La tète , le corselet , les antennes et les pâlies , rappellent la couleur du fond. Je ferai observer en terminant, qu'il est peu de Géomètres qui autant pour la forme et la disposition des lignes sur ou dix-huit vingt exemplaires d'dsbeslaria que j'ai été à même de comparer, je n'^n ai pas vu doux absolument semblables. varient Annales de : la Société Linnéenne 3-i EXPLICATION DE LA N _ — — ^ 2 Chenille d Asbestaria id. id. , jeune. adulte. 3 Nymphe. 4 Insecte parfait grossi. o Anneaux du milieu vus de dos. PLAISC1IE.