suivant la hiérarchie des modes de
traitement des déchets, à une réuti-
lisation, à un recyclage ou, à défaut,
à une valorisation des déchets. (...) »
(art. L. 110-1-1 nouveau du Code de
l’environnement). L'objectif de la loi
est de généraliser en France l’écono-
mie circulaire, en même temps que
l’éco-conception des produits devra
remplacer leur obsolescence program-
mée, dont l'article 22 ter A du texte de
loi donne une définition précise.
La promotion des circuits courts et
de l'économie locale, exprimés par la
formule
« coopération entre acteurs
économiques à l'échelle territoriale
pertinente dans le respect du principe
de proximité », est centrale dans l'éco-
nomie circulaire, notion large invitant
à repenser l'aménagement du territoire
de manière profonde.
De même, l'utilisation de matériaux
issus de ressources naturelles renou-
velables gérées durablement et prove-
nant du recyclage, l'allongement de la
durée du cycle de vie des produits, la
prévention, la réduction ou le contrôle
du rejet, du dégagement, de l'écoule-
ment ou de l'émission des polluants
et des substances toxiques, sont autant
d'éléments intégrés dans la définition
légale de l'économie circulaire, qui
impliqueront de repenser différem-
ment l'aménagement des territoires.
Des mesures importantes tendant à
réduire la production de déchets, et à
réutiliser ou à recycler les déchets pro-
duits sont introduites par la loi. Sont
ainsi prévus le réemploi ou l'orienta-
tion vers le recyclage à hauteur d'au
moins 70 % des déchets produits sur
les chantiers à l'horizon 2020, l'in-
terdiction de la mise à disposition
de sacs plastiques à usage unique par
les grandes surfaces mais aussi par
les petits commerçants à compter
du 1er janvier 2016, l'interdiction des
gobelets, verres et assiettes jetables de
cuisine en matière plastique dès 2020,
la lutte contre le gaspillage alimentaire,
l’amélioration de la conception des
produits pour augmenter leur durée
de vie : pénalisation de l’obsolescence
programmée.
Des actions transverses prévoient le prin-
cipe de proximité entre la production des
déchets et leur traitement, l'amélioration
de la valorisation des déchets, ou encore
la division par deux des volumes mis en
décharge en 2025. Ces actions doivent
être concrétisées, notamment par la créa-
tion d'un réseau de déchetteries profes-
sionnelles du BTP d’ici le 1
er
janvier 2017,
la mise en place par les collectivités d'un
tri à la source des déchets alimentaires,
l'obligation pour les collectivités et les
administrations de s'approvisionner en
papier recyclé à hauteur de 25 % à partir
du 1er janvier 2017 et 40 % à partir du 1er
janvier 2020, et de trier séparément leurs
déchets.
La loi est ambitieuse et pose un jalon
important dans la lutte contre le chan-
gement climatique. Certaines mesures
de la loi – telles que la rénovation énergé-
tique des bâtiments et le développement
des transports propres – sont applicables
immédiatement. D'autres entreront en
vigueur au 1er janvier 2016 et d'autres,
enfin, nécessitent la publication de
décrets ou d'ordonnances. S'agissant de
ces derniers, la ministre de l’Écologie et
du Développement durable a annoncé
le jour de la publication du texte que
50 % des textes d'application sont prêts
et seraient publiés avant la fin de l'année
2015, échéance aujourd’hui décalée
au premier trimestre 2016.
Afin de suivre les progrès de la
France dans la mise en place des
démarches d’économie circulaire,
l’article 69 de la loi prévoit que le
gouvernement doit soumettre au
Parlement, tous les cinq ans, une
stratégie nationale de transition
vers l’économie circulaire.
Ce plan devra notamment inclure
« un plan de programmation des
ressources nécessaires aux prin-
cipaux secteurs d’activités éco-
les potentiels de prévention de
l’utilisation de matières premières,
-
ainsi que les ressources stratégiques
en volume ou en valeur et de dégager
les actions nécessaires pour protéger
l’économie française ».
par l'économie circulaire, ce modèle
étant un projet de territoire par essence.
Les synergies de mutualisation et de
substitution constituent ainsi la base de
la réorganisation territoriale engendrée
par l'émergence de ce nouveau paradigme.
Les stratégies de mutualisation, en vert sur
le schéma ci-dessous, consistent à valoriser
les externalités émises par certaines entre-
prises par d'autres entités voisines. Elles
peuvent également nécessiter la présence
d'activités d'interface pour permettre la
valorisation des sous-produits, le déve-
loppement de produits ou de services et la
gestion d'une ressource commune.
D’opérationnelle, l’économie circulaire
devient juridique.
II- ENJEU JURIDIQUE DE
L'ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Preuve de l'actualité de la notion, s'il
en est, l'article 70 de la loi de transition
énergétique du 17 août 2015 crée un
nouvel article L 110-1-1 du Code de
l'environnement portant définition
de l’économie circulaire.
La loi oppose l'économie circulaire à
l'économie linéaire, qui était jusqu'à
présent le modèle. Entre autres élé-
ments, cette transition d'un modèle à
un autre impliquera une consomma-
tion sobre et responsable des ressources
naturelles et des matières premières
primaires, une hiérarchisation des
modes de gestion des déchets par
ordre de priorité (prévention de leur
production, réutilisation, recyclage,
valorisation), ainsi qu'une promotion
de l'écologie industrielle et territoriale :
« La transition vers une économie cir-
culaire vise à dépasser le modèle éco-
nomique linéaire consistant à extraire,
fabriquer, consommer et jeter en appe-
lant à une consommation sobre et res-
ponsable des ressources naturelles et
des matières premières primaires ainsi
que, par ordre de priorité, à la préven-
tion de la production de déchets, notam-
ment par le réemploi des produits, et,
PATRICIA SAVIN
savin@dsavocats.com
AVOCATE ASSOCIÉE, DOCTEUR
EN DROIT, DS AVOCATS
Diplômée de l’Institut de Droit Public des
Aaires (IDPA) du Barreau de Paris et de
l’IHEDN (34e cycle de sensibilisation à
l’intelligence économique et stratégique),
Patricia Savin est Docteur en droit privé.
Sa signature est respectée sur la place,
tant au conseil qu’au contentieux,
notamment chez les opérateurs privés de l’industrie, de la
logistique et de l’immobilier. Elle préside l’association Orée,
l’une des principales associations françaises multi-acteurs
(entreprises/collectivités publiques) du développement
durable et anime la Commission Environnement et
Développement durable de l’Ordre des Avocats de Paris.
Elle co-anime la commission Prévention des risques d’Alog et
participe régulièrement à des commissions interministérielles
très structurantes du droit de l’environnement (à
titre d’exemples, Commission Coppens sur la Charte
constitutionnelle de l’environnement, Commission Taubira
sur le préjudice écologique, Commission Hedary sur la
modernisation du droit de l’environnement…).
© DR
Source : L’économie circulaire au service de la préservation des ressources et du climat – Une approche flux et filières vers un écosystème territorial, Orée, 2015, 52 pages.
L’écologie
industrielle
et territoriale
etudesfoncieres.fr - #169 - Octobre / Novembre / Décembre 2015 3