Développer durablement une activité économique locale
Le cas de Vray Bois Diffusion
Comment faire partager une démarche de développement durable par l’ensemble d’une
filière ?
La démarche de Vray Bois Diffusion - Les faits, par l’entreprise elle-même
Les valeurs de développement durable sont portées avant tout par Hubert VRAY, dirigeant de l’entreprise, par
amour de son métier transmis de père en fils et par souci et intérêt pour les énergies renouvelables. C'est dans
cet esprit qu'il a commencé à mettre en œuvre des pratiques significatives dès 2007, tout en étant un promoteur
des maisons à ossature bois depuis 30 ans. La démarche de Vray Bois Diffusion passe par la volonté de
développer une économie locale durable, basée sur une filière structurée et minimisant ses impacts
environnementaux, notamment sur la question des transports.
Les objectifs
Le dirigeant de l’entreprise exprime la volonté de créer une
chaîne vertueuse au sein de l’entreprise en optimisant les
transports et les conditionnements des produits, en valorisant les
déchets produits par l’activité. A travers l’idée d’une exemplarité
incarnée par les nouveaux locaux de l’entreprise bâtis en HQE, le
dirigeant souhaite rendre visible sa démarche et ainsi contribuer
à développer l’organisation durable de la filière (plate-forme
interprofessionnelle de stockage des croûtes de bois par
exemple) et orienter les demandes des clients en matériaux
écologiques.
Les actions conduites par l'entreprise répondent aux
problématiques portées par le chef d'entreprise :
Autour du process :
-la valorisation des déchets : l'entreprise Vray a investi et
installé un broyeur afin de valoriser les croûtes de bois qui
étaient jusqu'alors revendues en partie pour l'industrie à
papier. Les déchets (croûtes de bois) ainsi valorisés
permettent d'alimenter des chaudières à bois ;
-l’optimisation des transports est un souci constant tant
dans la récupération des matières premières de l’activité
(bois locaux) que dans la commercialisation des produits
obtenus. Ainsi l’entreprise s’efforce de revendre
localement les plaquettes de bois (au zoo de Saint-Martin
la Plaine et à la piscine intercommunale de Génilac par
exemple) même si ce ne peut être le cas qu’une partie de
l’année ; de me, ce sont les camions livrant la laine de
bois ainsi que les granulés de bois qui sont chargés de
croûtes de bois pour leur expédition non locale ;
Autour du produit :
-l’intégration d’une activité de négoce de laine de bois,
isolant écologique dont l'entreprise Vray est le seul
revendeur sur la région Rhône-Alpes, et de granulé de
bois. Ces granulés sont vendus en sac et sont destinés
aux poêles et non pas aux chaudières. Le dirigeant
souligne que le négoce de granulés de bois n'est pas une
activité rentable et c'est uniquement la conviction et la volonté d'agir en faveur des énergies
renouvelables qui ont amené l'entreprise à initier ce négoce. Ceci dit, le granulé de bois amène aussi
une nouvelle clientèle à l'entreprise ;
Autour de l'implication des parties prenantes :
- la participation à plusieurs salons dans l'année, qui constituent pour l’entreprise des scènes
importantes en termes d'information et de sensibilisation du public et des clients potentiels
Vray Bois Diffusion en quelques mots
L'organisation...
Les Établissements Vray constituent une
société familiale depuis 1948. Ils sont
composés de deux sociétés.
La scierie Vray est une S.A.R.L au capital de
3812 euros, spécialisée dans la
transformation de résineux à 85 % et de
feuillus à 15 % (capacité de sciage de 18 m3
par jour, 14 personnes employées). Autres
prestations proposées : traitement des bois,
rabotage, usinage, séchage.
Vray Bois Diffusion est une E.U.R.L au capital
de 3812 euros. Elle emploie 5 salariés et est
spécialisée dans la distribution et le négoce
de bois.
Aujourd'hui, les établissements Vray gèrent
un chiffre d'affaire de 1,7 millions d'euros.
La stratégie de l'organisation...
C'est avant tout la promotion des bois locaux,
régionaux (circuits courts), de la maison à
ossature bois et des matériaux isolants se
rapportant à la norme HQE (Haute Qualité
Environnementale).
La perception du développement durable
par la personne rencontrée…
Le développement durable pour les
Établissements Vray c'est « développer les
circuits courts pour éviter les transports (filière
bois énergie) et contribuer à la prise en
compte du bilan énergétique d'une
construction ».
Personne référente... Rencontrée le 2 juillet
2009
VRAY BOIS DIFFUSION (VBD)
Monsieur Hubert VRAY (dirigeant)
Tél: 04 77 22 09 24
Développer durablement une activité économique locale
Le cas de Vray Bois Diffusion
sur les questions d’énergies renouvelables ;
Autour d'une démarche interne d'éco-responsabilité :
- la volonté d’exemplarité avec le projet d'aménager des locaux HQE. Le projet consiste d'une
part à regrouper ces activités de vente, de stockage et administratives, dans des bâtiments HQE
et d'autre part, le souhait du dirigeant de pouvoir ensuite revendre le terrain qu'il occupe
actuellement, pour la construction d'un lotissement de maisons bois HQE.
Les effets des actions conduites dans la perspective d’améliorer la durabilité de l’activité sont peu développés
dans l’entretien accordé par le chef d’entreprise. Les préoccupations croissantes pour le développement durable
apparaissent peu soutenues par l’édiction de normes et de recommandations, ce qui fait craindre au dirigeant de
Vray-Bois « qu’on se mette à faire tout et n'importe quoi, que ça parte dans tous les sens. ». En effet, « les
clients sont perdus, mal informés », et des opportunistes en profitent.
Parmi les effets potentiellement négatifs, le dirigeant exprime une forme de déception en regard du
modèle économique qui prévaut pour le passage finalement assez rapide des produits innovants dans le
« grand commerce », induisant une perte de marché pour les entreprises qui ont pris les risques au départ et en
ont assuré la promotion.
Principales difficultés soulevées.
Les difficultés en interne :
Pour ce qui concerne les difficultés rencontrées, l’entreprise, par la voix de son dirigeant, met en avant le coût
financier des investissements dans les technologies durables. A titre d’exemple, la mise en place de la
valorisation des déchets a coûté 120 000 euros à l’entreprise, faiblement compensés par une subvention de
10 000 euros de la Région Rhône-Alpes. Les aides sont donc très faibles et, de surcroît, difficiles à obtenir. Il
mentionne également le manque d'intérêt des banques pour les questions de développement durable et donc
l'absence de soutien de leur part dans ces investissements. Quant aux matériaux « écologiques », ils restent
25% plus chers que les matériaux classiques, ce qui constitue évidemment un frein à la croissance de la
demande. Le dirigeant ne mentionne aucun frein interne à l’entreprise à l’introduction de pratiques de travail plus
durables.
Les difficultés en externe :
Le manque de structuration des entreprises de la filière apparaît comme une difficulté première. « Les clients ont
des difficultés à trouver des artisans proposant les matériaux écologiques. Il y a donc nécessité d'aider et
d'orienter les clients vers les artisans qui travaillent dans ce sens là ». La nécessité de consolider la filière est
incontournable pour pallier le manque d'artisans et la dilution des informations. La formation professionnelle,
initiale ou continue, fait défaut et n’aide pas les entreprises par la structuration de savoir faire et de
compétences. De manière plus générale, la volonté de l’entreprise de promouvoir les circuits courts est en
contradiction avec les logiques d’une « société basée sur une économie mondialisée ».
La démarche de Vray Bois Diffusion - L’avis du CIRIDD, d’Épures et de TemiS
Le discours du dirigeant de l’entreprise Vray Bois Diffusion est très clair et très volontaire sur le développement
d’une activité économique locale durable. Les progrès réalisés dans la valorisation des déchets et la prise en
compte de l’impact environnemental de l’activité par le biais de l’optimisation des transports constituent des
points forts de la démarche.
Les enjeux soulevés concernent la filière dans son ensemble et s’il est fait mention de collaborations engagées
(avec Inter Forêt Bois 42 et le secteur du BTP) et d’échanges et de partage de pratiques par le biais du Pôle
Bois de Noirétable (Loire), les possibilités d’action à cette échelle semblent limitées. La question reste donc
posée des modalités de passage d’une stratégie d’entreprise à une stratégie de filière et de la mobilisation des
consommateurs sur ces questions.
En creux, la question des moteurs de l’action, incitations financières comprises, et de la constitution de scènes
pour développer des collaborations et partager des connaissances justifie la démarche engagée par Saint-
Étienne Métropole pour inventorier, rendre visible et mutualiser les pratiques de développement durable. En
creux également, la question des changements induits dans l’organisation du travail par cette démarche
soucieuse de développement durable.
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