Développer durablement une activité économique locale Le cas de Vray Bois Diffusion Comment faire partager une démarche de développement durable par l’ensemble d’une filière ? La démarche de Vray Bois Diffusion - Les faits, par l’entreprise elle-même Les valeurs de développement durable sont portées avant tout par Hubert VRAY, dirigeant de l’entreprise, par amour de son métier transmis de père en fils et par souci et intérêt pour les énergies renouvelables. C'est dans cet esprit qu'il a commencé à mettre en œuvre des pratiques significatives dès 2007, tout en étant un promoteur des maisons à ossature bois depuis 30 ans. La démarche de Vray Bois Diffusion passe par la volonté de développer une économie locale durable, basée sur une filière structurée et minimisant ses impacts environnementaux, notamment sur la question des transports. Vray Bois Diffusion en quelques mots L'organisation... Les Établissements Vray constituent une société familiale depuis 1948. Ils sont composés de deux sociétés. La scierie Vray est une S.A.R.L au capital de 3812 euros, spécialisée dans la transformation de résineux à 85 % et de feuillus à 15 % (capacité de sciage de 18 m3 par jour, 14 personnes employées). Autres prestations proposées : traitement des bois, rabotage, usinage, séchage. Vray Bois Diffusion est une E.U.R.L au capital de 3812 euros. Elle emploie 5 salariés et est spécialisée dans la distribution et le négoce de bois. Aujourd'hui, les établissements Vray gèrent un chiffre d'affaire de 1,7 millions d'euros. La stratégie de l'organisation... C'est avant tout la promotion des bois locaux, régionaux (circuits courts), de la maison à ossature bois et des matériaux isolants se rapportant à la norme HQE (Haute Qualité Environnementale). La perception du développement durable par la personne rencontrée… Le développement durable pour les Établissements Vray c'est « développer les circuits courts pour éviter les transports (filière bois énergie) et contribuer à la prise en compte du bilan énergétique d'une construction ». Les objectifs Le dirigeant de l’entreprise exprime la volonté de créer une chaîne vertueuse au sein de l’entreprise en optimisant les transports et les conditionnements des produits, en valorisant les déchets produits par l’activité. A travers l’idée d’une exemplarité incarnée par les nouveaux locaux de l’entreprise bâtis en HQE, le dirigeant souhaite rendre visible sa démarche et ainsi contribuer à développer l’organisation durable de la filière (plate-forme interprofessionnelle de stockage des croûtes de bois par exemple) et orienter les demandes des clients en matériaux écologiques. Les actions conduites par l'entreprise répondent aux problématiques portées par le chef d'entreprise : • Autour du process : - - la valorisation des déchets : l'entreprise Vray a investi et installé un broyeur afin de valoriser les croûtes de bois qui étaient jusqu'alors revendues en partie pour l'industrie à papier. Les déchets (croûtes de bois) ainsi valorisés permettent d'alimenter des chaudières à bois ; l’optimisation des transports est un souci constant tant dans la récupération des matières premières de l’activité (bois locaux) que dans la commercialisation des produits obtenus. Ainsi l’entreprise s’efforce de revendre localement les plaquettes de bois (au zoo de Saint-Martin la Plaine et à la piscine intercommunale de Génilac par exemple) même si ce ne peut être le cas qu’une partie de l’année ; de même, ce sont les camions livrant la laine de bois ainsi que les granulés de bois qui sont chargés de croûtes de bois pour leur expédition non locale ; Personne référente... Rencontrée le 2 juillet 2009 VRAY BOIS DIFFUSION (VBD) Monsieur Hubert VRAY (dirigeant) Tél: 04 77 22 09 24 [email protected] • Autour du produit : - l’intégration d’une activité de négoce de laine de bois, isolant écologique dont l'entreprise Vray est le seul revendeur sur la région Rhône-Alpes, et de granulé de bois. Ces granulés sont vendus en sac et sont destinés aux poêles et non pas aux chaudières. Le dirigeant souligne que le négoce de granulés de bois n'est pas une activité rentable et c'est uniquement la conviction et la volonté d'agir en faveur des énergies renouvelables qui ont amené l'entreprise à initier ce négoce. Ceci dit, le granulé de bois amène aussi une nouvelle clientèle à l'entreprise ; • Autour de l'implication des parties prenantes : - la participation à plusieurs salons dans l'année, qui constituent pour l’entreprise des scènes importantes en termes d'information et de sensibilisation du public et des clients potentiels Développer durablement une activité économique locale Le cas de Vray Bois Diffusion sur les questions d’énergies renouvelables ; • Autour d'une démarche interne d'éco-responsabilité : - la volonté d’exemplarité avec le projet d'aménager des locaux HQE. Le projet consiste d'une part à regrouper ces activités de vente, de stockage et administratives, dans des bâtiments HQE et d'autre part, le souhait du dirigeant de pouvoir ensuite revendre le terrain qu'il occupe actuellement, pour la construction d'un lotissement de maisons bois HQE. Les effets des actions conduites dans la perspective d’améliorer la durabilité de l’activité sont peu développés dans l’entretien accordé par le chef d’entreprise. Les préoccupations croissantes pour le développement durable apparaissent peu soutenues par l’édiction de normes et de recommandations, ce qui fait craindre au dirigeant de Vray-Bois « qu’on se mette à faire tout et n'importe quoi, que ça parte dans tous les sens. ». En effet, « les clients sont perdus, mal informés », et des opportunistes en profitent. Parmi les effets potentiellement négatifs, le dirigeant exprime une forme de déception en regard du modèle économique qui prévaut pour le passage finalement assez rapide des produits innovants dans le « grand commerce », induisant une perte de marché pour les entreprises qui ont pris les risques au départ et en ont assuré la promotion. Principales difficultés soulevées. Les difficultés en interne : Pour ce qui concerne les difficultés rencontrées, l’entreprise, par la voix de son dirigeant, met en avant le coût financier des investissements dans les technologies durables. A titre d’exemple, la mise en place de la valorisation des déchets a coûté 120 000 euros à l’entreprise, faiblement compensés par une subvention de 10 000 euros de la Région Rhône-Alpes. Les aides sont donc très faibles et, de surcroît, difficiles à obtenir. Il mentionne également le manque d'intérêt des banques pour les questions de développement durable et donc l'absence de soutien de leur part dans ces investissements. Quant aux matériaux « écologiques », ils restent 25% plus chers que les matériaux classiques, ce qui constitue évidemment un frein à la croissance de la demande. Le dirigeant ne mentionne aucun frein interne à l’entreprise à l’introduction de pratiques de travail plus durables. Les difficultés en externe : Le manque de structuration des entreprises de la filière apparaît comme une difficulté première. « Les clients ont des difficultés à trouver des artisans proposant les matériaux écologiques. Il y a donc nécessité d'aider et d'orienter les clients vers les artisans qui travaillent dans ce sens là ». La nécessité de consolider la filière est incontournable pour pallier le manque d'artisans et la dilution des informations. La formation professionnelle, initiale ou continue, fait défaut et n’aide pas les entreprises par la structuration de savoir faire et de compétences. De manière plus générale, la volonté de l’entreprise de promouvoir les circuits courts est en contradiction avec les logiques d’une « société basée sur une économie mondialisée ». La démarche de Vray Bois Diffusion - L’avis du CIRIDD, d’Épures et de TemiS Le discours du dirigeant de l’entreprise Vray Bois Diffusion est très clair et très volontaire sur le développement d’une activité économique locale durable. Les progrès réalisés dans la valorisation des déchets et la prise en compte de l’impact environnemental de l’activité par le biais de l’optimisation des transports constituent des points forts de la démarche. Les enjeux soulevés concernent la filière dans son ensemble et s’il est fait mention de collaborations engagées (avec Inter Forêt Bois 42 et le secteur du BTP) et d’échanges et de partage de pratiques par le biais du Pôle Bois de Noirétable (Loire), les possibilités d’action à cette échelle semblent limitées. La question reste donc posée des modalités de passage d’une stratégie d’entreprise à une stratégie de filière et de la mobilisation des consommateurs sur ces questions. En creux, la question des moteurs de l’action, incitations financières comprises, et de la constitution de scènes pour développer des collaborations et partager des connaissances justifie la démarche engagée par SaintÉtienne Métropole pour inventorier, rendre visible et mutualiser les pratiques de développement durable. En creux également, la question des changements induits dans l’organisation du travail par cette démarche soucieuse de développement durable.