Quand l`Afrique crée sa chance

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Quand l’Afrique crée sa chance
Synthèse de la journée de la Conférence de Rabat
sur le Développement Durable (13 avril 2016)
Résumé analytique - Executive summary
Transformer les fragilités de l’Afrique en opportunité pour construire la mutation verte du
continent. Tel a été le message délivré par la Conférence de Rabat sur le développement
durable présidée par Albert Mallet et organisée, le 13 avril, par Ahmed Baroudi, le
directeur général de la SIE, dans les locaux de l’hôtel La Tour Hassan de Rabat en présence
de Madame la Ministre de l’Environnement et envoyée spéciale pour le climat de Sa
Majesté le Roi Mohammed VI. « La bonne nouvelle, c’est que nous avons du retard » a ainsi
annoncé Hakima El Haité, la Ministre de l’Environnement du Maroc… « Et que nous allons
intégrer directement la croissance verte dans nos politiques économiques et tous nos projets de
développement pour qu’ils soient durables. Le retard africain peut devenir la chance de l’Afrique ». Ce
message a été relayé par la quasi-totalité des intervenants présents qui ont d’abord fait le
constat des risques climatiques majeurs qu’encourt l’Afrique puis des espoirs suscités par
les changements constatés tant dans la façon dont les pays africains abordent leur destinée,
en particulier dans la négociation sur le climat, que dans la mutation verte engagée par
certains pionniers, comme le Maroc.
L’immensité du chantier à engager est proportionnelle aux fragilités du continent.
Car l’Afrique subit de plein fouet le changement climatique alors qu’il ne représente que
4% des émissions de C02 mondiales, en particulier le Nord et le Sud où vont s’intensifier
les évènements climatiques extrêmes. 344 millions de personnes n’avaient pas accès à l’eau
potable en 2011. En Afrique, la température a déjà augmenté de 0,5°C en 50 ans. Et le
GIEC annonce + 2°C à l’horizon 2050 alors que pour le reste du monde, cette perspective
ne doit se produire qu’à la fin du siècle. En 2020, la migration climatique touchera près de
60 millions de subsahariens qui vont aller vers l’Afrique du Nord et l’Europe. Une hausse
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de 2°C de la température telle qu’elle est prévue par le GIEC génèrera une baisse de 10%
de la production agricole avec les risques alimentaires qui l’accompagnent.
Mais l’Afrique, c’est aussi une dynamique forte. Avec ses trésors cachés, comme ses 600
millions d’hectares de terres arables non cultivées, soit la moitié des terres fertiles
exploitées à l’échelle mondiale. Et une croissance économique à deux chiffres depuis dix
ans, de 5% en 2015. En bref, un creuset d’opportunités qui va bénéficier des acquis de
l’année 2015, la double chance évoquée par la Ministre. Cette année a en effet été marquée
par deux évènements mondiaux : d’abord, tous les Etats du monde ont adopté 17 objectifs
communs de développement durable. Ensuite l’Accord de Paris a posé un objectif partagé
par tous les pays de diminuer la température à 2°C. Ce qui implique de changer de modèle
de développement en allant vers les technologies sobres en carbone et les énergies
renouvelables... De nombreux mécanismes financiers de soutien au développement
durable doivent naître de l’Accord de Paris. On estime ainsi à 500 milliards de dollars par
an nos besoins pour l’adaptation. Les 100 milliards promis depuis Copenhague sont
devenus un plancher. Sur ces fonds, il y a des financements de court terme avec 10
milliards de dollars déjà disponibles. C’est donc pour les Africains le moment de faire
naître des projets. Il y a de l’argent. Une nouvelle phase commence.
Cette chance, l’Afrique se l’est créée en devenant un acteur majeur de la négociation climat
et en se forgeant une expertise commune dans un système où pendant longtemps les pays
du Nord ont été les seuls à détenir l’information. Cette expertise a permis d’introduire
dans la négociation les préoccupations du continent, ce d’autant que le groupe africain
présidait le G77, le groupe des Pays les moins avancés dont la moitié sont en Afrique mais
aussi le Comité permanent des finances. Le résultat ? Un meilleur équilibre entre
l’atténuation et l’adaptation. Et la réussite du post-2020 conditionnée à une ambition pré
2020 renforcée.
La Banque africaine de développement jouera un rôle majeur dans le développement de
cette finance climatique. Fonds dédiés au climat, accompagnement de projets pour le Fonds
Vert, partenariats privés et publics pour échanger les expériences, transferts de
technologie... Le financement de la formation est également à son programme pour former
des négociateurs pour le climat et des spécialistes capables par la connaissance des marchés
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financiers de mobiliser l’investissement privé. Enfin, sa méthode d’évaluation des projets
durables est en place. Pour les projets d’infrastructures, lorsque la banque finance un
projet, elle a mis au point un cadre d’indicateurs sur son impact social et environnemental
qui permet dès sa conception même d’évaluer et de limiter sa consommation carbone.
Au-delà de la gouvernance financière, il est essentiel que les chefs d’entreprise se
mobilisent pour construire ce nouveau modèle de développement durable. Un mouvement
engagé.
Depuis les 3 dernières COPS, ces sujets sont aussi débattus par les acteurs non étatiques. Ils
imposent leur point de vue et parfois le rythme des négociations. Auparavant ils étaient à la
marge, maintenant ils rentrent dans les négociations, que ce soit des collectivités
territoriales, des ONG, des entreprises et la finance. Tous sont devenus importants car les
Etats édictent les règles mais ce sont eux qui mettent en œuvre.
Pour mettre en œuvre un développement durable en Afrique, la coopération est une clé
essentielle, notamment l’axe Sud-Sud, privilégié par le Maroc. Dans le sillage du discours
d’avril 2009 de Sa Majesté le Roi Mohammed IV qui a posé comme objectif que 42% de la
capacité de production électrique du Maroc soit issue des énergies renouvelables en 2020,
désormais fixé à 52% en 2030, le pays a mis les bouchées doubles en matière de transition
verte. Trois projets de 2 Gigawatt chacun ont été lancés pour atteindre cet objectif,
notamment la plus grande centrale solaire au monde à Ouarzazate, qui donne au Maroc une
visibilité au plan mondial. Programmes privés dans toutes les régions, pour des petites
capacités, valorisation énergétique des déchets, bâtiment durable, avec le programme sur
les 15 000 mosquées, le plan national est multiforme. La recherche innovante est
également dynamique. Le Maroc expérimente l’agrivoltaïque, un procédé qui permet de
fournir de l’ombre aux plantes avec des panneaux solaires et d’augmenter la productivité
de chaque plante de 30%. Autre innovation pour laquelle le Maroc s’est associé avec la
France et la Chine : le projet Flying Whales. Des dirigeables qui peuvent transporter à des
prix low cost jusqu’à 60 tonnes de fret à 120 Km/heure, ce qui permet d’exploiter des
ressources sans attendre la construction d’infrastructures lourdes pour les atteindre, qu’il
s’agisse de bois ou d’autres produits.
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En matière de développement durable, la mutualisation des moyens et des idées permet de
gagner ce temps si précieux dont ne dispose plus l’Afrique face au réchauffement. Comme
au Gabon, avec l’agence de l’observation spatiale des forêts d’Afrique centrale qui couvre
23 pays du continent. Elle peut faire de l’anticipation des effets climatiques sur les forêts,
mesurer les avancées de l’exploitation et les conséquences sur le climat.
Dans les transports, le réseau africain SITRAS rassemble 11 équipes africaines et travaille
avec les équipes françaises de IFSTTAR (Institut Français des Sciences et Technologies des
Transports, de l’Aménagement et des Réseaux) et du LAET (Laboratoire Aménagement
Economie Transport - Lyon). Ensemble, ils ont pu constater que l’Afrique avait les coûts
de transports les plus élevés du monde et réfléchir avec les bonnes données sur la mutation
d’un secteur très émetteur de CO2. A Dakar, le gouverneur de la ville a demandé aux
propriétaires des transports urbains de se regrouper en GIE pour avoir accès à un
financement bonifié de la Banque mondiale et du gouvernement, et a réorganisé le secteur.
Jamais l’Afrique n’a eu autant de cartes en main pour s’engager dans le développement
durable en misant sur la rentabilité et la compétitivité de ses projets plutôt que de rester
dans une position de victime. Elle n’a d’ailleurs pas le choix car l’aide publique est en
régression. Et comme l’ont rappelé les jeunes élèves de terminale du lycée André Malraux
de Rabat qui avaient travaillé avec leurs professeurs d’économie, d’histoire-géographie et
de mathématiques à la préparation de cette journée, « la transition écologique est une
opportunité d’innover, de créer une économie plus respectueuse de l’environnement et plus égalitaire ».
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Quand l’Afrique crée sa chance
Synthèse de la journée de la conférence de Rabat
sur le développement durable (13 avril 2016)
(Synthèse détaillée)
Transformer les fragilités de l’Afrique en opportunité pour construire la mutation verte du
continent. Tel a été le message délivré par la Conférence de Rabat sur le développement
durable présidée par Albert Mallet et organisée, le 13 avril, par Ahmed Baroudi, le
directeur général de la SIE, dans les locaux de l’hôtel La Tour Hassan de Rabat en présence
de Madame la Ministre de l’Environnement et envoyée spéciale pour le climat de Sa
Majesté le Roi Mohammed VI. « La bonne nouvelle, c’est que nous avons du retard » a ainsi
annoncé Hakima El Haité, la Ministre de l’Environnement du Maroc. « Et que nous allons
intégrer directement la croissance verte dans nos politiques économiques et tous nos projets de
développement pour qu’ils soient durables. Le retard africain peut devenir la chance de l’Afrique ». Ce
message à la fois tonique et paradoxal sur fond de préparation de la COP 22 en novembre à
Marrakech a été relayé par la quasi-totalité des intervenants qui ont d’abord fait le constat
des risques climatiques majeurs qu’encourt l’Afrique puis des espoirs suscités par les
changements constatés tant dans la façon dont les pays africains abordent leur destinée, en
particulier dans la négociation sur le climat, que dans la mutation verte engagée parmi eux
par certains pionniers, comme le Maroc ou l’Afrique du Sud.
I Le diagnostic
L’immensité du chantier à engager est proportionnelle aux fragilités du continent. Comme
l’a expliqué M. Taoufik Mouline, Directeur de l’Institut Royal des Etudes Stratégiques,
« l’Afrique subit de plein fouet le changement climatique alors qu’il ne représente que 4% des
émissions de C02 mondiales, en particulier le Nord et le Sud où vont s’intensifier les évènements
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climatiques extrêmes. 344 millions de personnes n’avaient pas accès à l’eau potable en 2011. Sur 2
milliards d’habitants, 600 millions sont exposés au stress hydrique ». En Afrique, la température a
déjà augmenté de 0,5°C en 50 ans. Et le GIEC annonce + 2°C à l’horizon 2050 alors que
pour le reste du monde, cette perspective ne doit se produire qu’à la fin du siècle. « En
2020, la migration climatique touchera près de 60 millions de subsahariens qui vont aller vers
l’Afrique du Nord et l’Europe. Une hausse de 2% de la température telle qu’elle est prévue par le
GIEC, génèrera une baisse de 10% de la production agricole avec les risques alimentaires qui
l’accompagnent ».
Sur le plan humain, les défis sont immenses. Alors que l’empreinte écologique a baissé par
habitant, celle du continent a augmenté de 240% entre 1961 et 2008 du fait de la
croissance de sa population. « L’Afrique est un concentré de problématiques liées aux ressources
naturelles et aux autres facteurs de développement », a confirmé la ministre. « 750 millions de
personnes n’ont pas accès à l’énergie. Or, sans énergie, il n’y a pas de développement. Le continent est
aussi un concentré de problèmes de migrations, pas seulement du Sud vers le Nord, mais à l’intérieur
des villes africaines elles-mêmes. Car leur taille a été multipliée par trois en quelques années ».
Mais l’Afrique, c’est aussi une dynamique, un réservoir de potentialités naturelles,
démographiques et de croissance. Avec ses trésors cachés, comme l’a rappelé M. Taoufik
Mouline, comme ses « 600 millions d’hectares de terres arables non cultivées, soit la moitié des
terres fertiles exploitées à l’échelle mondiale, qui représentent un véritable potentiel pour le continent
et pour la planète ». Le continent a son dynamisme propre qui se traduit par une croissance
économique forte depuis dix ans, de 5% en 2015 et qui génère de nouveaux besoins.
« L’arithmétique aide à fixer les choses », explique Obaid Amrane, membre du Directoire de
MASEN, l’agence marocaine pour l’énergie solaire. « L’Afrique est le seul continent où le taux
d’électrification régresse car la croissance démographique dépasse celle de l’équipement. Les personnes
qui ont moins de 2 dollars par jour pour vivre payent près de 10 milliards de dollars par an pour
l’accès à l’énergie. L’électricité coûte à un africain 5 à 6 fois plus cher qu’à Manhattan. C’est un
creuset d’opportunités. Le développement des énergies renouvelables a heureusement atteint un seuil
envisageable à court et moyen terme pour ces pays. Ce sont des outils d’accélération d’équipement et
des opportunités d’emplois ».
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II Le tournant de l’année 2015
Dans ce contexte, comme l’évoque Hakima El Haité, l’année 2015 restera comme celle
d’une double chance pour l’Afrique. « Cette année a été marquée par deux évènements mondiaux :
d’abord, tous les Etats du monde ont adopté 17 objectifs communs de développement durable. Ensuite
l’Accord de Paris a posé un objectif partagé par tous les pays de diminuer la température à 2°C. La
grande révolution contenue dans ce texte, c’est qu’il nous demande de changer de modèle de
développement en allant vers les technologies sobres en carbone et les énergies renouvelables... Il s’agit
de changer de modèle de production, de consommation. Nous devons nous développer différemment
pour devenir le creuset de la civilisation neutre en carbone de demain ».
La « double chance » de 2015 n’est pas le fruit du hasard. Comme l’a expliqué
M. Mohamed Benyahia, le directeur du partenariat et de la coopération au Ministère de
l’Environnement et négociateur en chef pour le Maroc pour le changement climatique, ce
sont les pays africains qui l’ont construite en jouant collectif dans la négociation climatique.
« Ce que nous avons vécu à Paris a pris naissance en Afrique à Durban en 2011. C’est là qu’a été prise
la décision de lancer un processus qui aboutirait à un accord en 2015. La plate-forme de Durban avait
deux axes de travail : le texte et la phase pré-2020 car le changement climatique est déjà là ».
Et c’est en prenant l’initiative que l’Afrique est devenue un acteur majeur de cette
négociation. « Le groupe africain s’est forgé une expertise dans un système où souvent les pays du
Nord détenaient seuls l’information. Cette expertise a permis d’introduire dans la négociation les
préoccupations du continent, ce d’autant que le groupe africain présidait le G77, le groupe des Pays
les moins avancés dont la moitié sont en Afrique, mais aussi le Comité permanent des finances qui va
avoir une importance croissante et définir la finance climatique ». Yacine Fal, représentante
résidente au Maroc de la Banque Africaine de Développement, a appuyé son analyse: « lors
de la COP 21 plus encore que dans les précédentes, le groupe africain a porté la parole des pays en voie
de développement. C’est la région la plus intégrée au monde en termes de négociation ».
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Le groupe africain a désormais ses coordinateurs par thème : adaptation, atténuation,
renforcement des capacités, financement des technologies... « Ils ont fait des propositions
concrètes qui ont abouti plus tard à des ajouts dans l’accord de Paris, notamment un meilleur équilibre
entre l’atténuation et l’adaptation », précise Mohamed Benyahia. « Avant, la part belle était
donnée à l’atténuation. Le climat était unijambiste. Il marche désormais sur ses deux jambes grâce à
l’activisme africain». Alors qu’il était menacé dans son existence, le fonds pour financer
l’adaptation a été renforcé. « Les Africains ont bataillé pour le garder parce qu’il finance des
projets communautaires sans intermédiaire. Son accès a été simplifié. Il est financé par 2% des recettes
des échanges de crédits carbone qui viennent du Mécanisme de Développement Propre, son renforcement
va être abordé à la Cop 22 ». Autre sujet : le renforcement de capacités. « Depuis l’accord, c’est
une affaire très sérieuse, alors qu’avant elle était éparpillée entre différents organes. Grâce aux
Africains, un mécanisme nouveau va être mis en place à Marrakech. Autre sujet : entre maintenant et
2020, date officielle de l’entrée en vigueur de l’accord de Paris, il risquait de ne pas se passer grandchose. Les Africains ont conditionné la réussite du post-2020 à une ambition pré 2020 renforcée ».
III La confiance retrouvée
Voilà l’autre nouveauté. Pour construire la mutation verte du continent, les intervenants
ont estimé que l’Afrique pouvait s’appuyer sur ses propres forces et avoir confiance en elle.
« L’Afrique n’a besoin que des Africains pour faire un continent fort et développé et nous pouvons
réussir ce défi », a confirmé la Ministre. Fini la posture de victime, comme l’a noté Daniel
Claude Bille Kome, doctorant en sciences politiques, à l’Université Lyon III et enseignant à
l’école de management de Grenoble, qui prépare une thèse sur le rôle stratégique du
continent dans ce nouveau monde en construction, « l’Afrique doit quitter la posture victimaire
qui veut qu’elle brandit constamment le fait qu’elle n’ait pas contribué au changement climatique et
en subisse les conséquences pour susciter soit la compassion soit des financements ». « La bonne
approche, comme l’a souligné Yacine Fal, la représentante au Maroc de la Banque africaine
de développement, c’est de miser sur la rentabilité et la compétitivité ». Une nécessité d’ailleurs
puisque, comme elle l’a expliqué, « l’aide publique est en régression. Ce n’est plus une option
nous devons pouvoir mobiliser des investissements privés donc rentables ». Et choisir la voie de
création de valeur. C’est ce qu’a fait le Gabon lorsque son président Ali Bongo a décidé en
2010 et de ne plus exporter une seule grume de bois qui n’aurait pas été transformée au
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Gabon, trois décennies après que son père ait sanctuarisé en 1987 12% de la forêt du pays.
IV Jouer collectif
La coopération est une des clés pour réussir cette transformation du modèle de
développement africain. Et ce dans de nombreux domaines. Comme dans la gestion de
l’eau. Pour Taoufik Mouline, « la coopération interrégionale pourrait générer une gestion
harmonieuse et participative pour éviter des tensions interétatiques ». Et surtout dans le domaine
de l’énergie qui nécessite de mettre en place une vision de long terme à 30 ou 40 ans axée
sur le développement humain et la sécurisation des besoins des industries. « L’Afrique dispose
de 9% des réserves mondiales de pétrole et de gaz mais elle doit diversifier son mix énergétique. Il faut
pour cela d’énormes investissements qui ne peuvent se faire sans investissements étrangers, ce qui
suppose d’augmenter l’attractivité des pays africains et leur coopération entre eux ». Dans ce
contexte, « le Maroc pourrait contribuer au développement en Afrique via une approche gagnantgagnant et son expertise. Cet engagement peut se traduire par des joint-ventures dans l’agroalimentaire, les infrastructures, l’industrie chimique, etc ». « S’il y avait une SIE dans chaque pays
d’Afrique le tout fonctionnant en réseau, on démultiplierait le nombre de projets, confirme Ahmed
Baroudi, directeur général de la Société d’Investissements Energétiques (SIE). C’est ça
l’intérêt du réseau. On va plus vite alors que le temps joue contre nous. Avec la Banque africaine de
développement, nous travaillons toujours dans la philosophie d’accompagner des projets réplicables en
Afrique ».
V Le rôle précurseur du Maroc
La coopération Sud-Sud, voilà l’axe choisi par le Maroc qui veut exporter son savoir-faire
pionnier en matière de transition énergétique sur le continent. « La politique de sa Majesté est
visionnaire car il a choisi d’aller vers le Sud et la coopération Sud-Sud, explique Hakima El Haité.
Nous avons ainsi de l’avance dans certains secteurs avec notamment l’ouverture de la plus grande
centrale solaire du monde à Ouarzazate. Nous aspirons à devenir un pays producteur et exportateur
d’énergies propres. Nous avons aussi beaucoup à apprendre de ces pays africains et voulons travailler
avec eux. Nous avons ainsi créé un centre de compétences sur le changement climatique pour les aider et
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lancé la procédure d’accréditation des agences marocaines par le Fonds vert. Des institutions qui
financent des projets au Maroc se préparent. Notre réseau bancaire, nos promoteurs, nos entrepreneurs
sont déjà en Afrique. Nous exporterons des projets durables »
Le pays a lancé un ambitieux programme national dans le sillage du discours d’avril 2009 de
Sa Majesté le Roi Mohammed IV qui a posé comme objectif que 42% de la capacité de
production électrique du Maroc soit issue des énergies renouvelables en 2020. « C’est une
équation du premier degré, a expliqué Ahmed Baroudi. Nous avons lancé trois projets de 2
Gigawatt pour atteindre cet objectif. Nous sommes en train de réussir ce pari-là, ce qui nous donne une
visibilité importante au plan mondial ». La SIE soutient également des programmes privés dans
toutes les régions du Royaume, pour des petites capacités. Comme la coopérative agricole
de Taroudant, qui fait du solaire en autoproduction. Idem pour la valorisation énergétique
des déchets. « Nous avons initié avec le Ministère de l’Intérieur un programme national pour qu’il
n’y ait plus de décharges au Maroc. Nous développons également des solutions de petite hydraulique,
de 3 ou 5 mégawatt, avec une PME française, au total pour 5 projets de 19 mégawatt. Nous allons
mettre en route une installation hydraulique dans un barrage à côté de Marrakech au moment de la
COP22. Sur l’efficacité énergétique grâce aux amis de l’Intérieur, car nous travaillons toujours en
équipe, nous réfléchissons à un modèle d’éclairage public à l’échelle nationale. Sur le bâtiment
durable, nous avons par exemple le programme sur les 15 000 mosquées qui devrait générer de l’emploi
réparti sur tout le territoire pour de nombreuses PME ».
Autre innovation qui pourrait aider à nourrir les 281 millions d’africains qui ne mangent
pas : l’agrivoltaïque. Cette solution portée par Sun’R, une PME française installée au
Maroc, est développée par des centres de recherche français et marocain. Elle permet
d’optimiser la productivité de l’agriculture. « Ces chercheurs, explique Ahmed Baroudi, se
sont rendu compte qu’une plante se fatigue à partir d’un degré d’exposition, et produit de l’énergie
négative. Lorsque la plante a atteint un certain seuil d’exposition, elle est en souffrance. Il faut la
soulager et lui fournir de l’ombre. Des chercheurs de l’INRA ont démontré qu’en fournissant de l’ombre
au bon moment, on pouvait augmenter la productivité de chaque plante de 30%. Au départ, ils ont
posé des panneaux au-dessus des plantes sur des supports hauts qui laissent passer les tracteurs, ensuite
avec des algorithmes appliqués au mouvement des panneaux, ils ont permis de créer de l’ombre au
moment opportun. Ces panneaux devenus solaires font du goutte à goutte, arrosent, protègent la plante
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et génèrent de l’énergie. Lorsque ce projet m’a été présenté, j’ai souhaité le soutenir. On va le présenter
en novembre à la COP sur 500 m2. Et généraliser le principe dans une région avant la fin de
l’année ».
Autre innovation forte à laquelle est associé le Maroc avec la France et la Chine : le projet
Flying Whales. « Fin 2012, pour augmenter le prélèvement du bois en France, nous avons imaginé
une voie aérienne par dirigeable pour le livrer directement aux scieries sans créer de routes ou nouvelles
infrastructures trop coûteuses, a témoigné Sébastien Bougon, le PDG de Flying whales. Ces
engins peuvent transporter 60 tonnes à 120 Km/heure et rester en suspension au-dessus des bateaux
pour les pays qui n’ont pas besoin ou pas encore de ports. Nous avons créé un consortium industriel ».
Fin 2013, le programme est devenu l’un des 34 plans prioritaires du gouvernement
français. « La Chine a trouvé cette solution optimale en termes de capacité/coût pour le
développement du sud-ouest de son territoire et nous a proposé de faire un accord capitalistique avec
une importante entreprise aéronautique chinoise. Nous nous sommes également associés au Maroc, par
l’intermédiaire du groupe Marita qui va devenir actionnaire de Flying Whales ». Chacun des trois
pays développera la solution pour son continent. Comme l’a précisé Ahmed Baroudi, « il ne
s’agit pas d’un schéma où un groupe étranger vient s’installer au Maroc. Non. Là, le Maroc devient
actionnaire de cette société qui a une emprise mondiale. C’était une évidence pour nous car dans les 50
ans à venir, les deux grandes régions du monde les plus dynamiques seront l’Afrique et l’Asie. Grâce au
groupe Marita, les gens du Mississipi sont tombés amoureux du programme et nous sollicitent pour
qu’on vienne couvrir le continent américain avec quelques centaines de millions de dollars à l’appui.
C’est via le Maroc qu’on ira conquérir ce continent ». Pour Sébastien Bougon, l’impact du fret
low cost par dirigeable pourrait être majeur pour l’Afrique. Car paradoxalement, le
continent a des niveaux de croissance très élevés mais insuffisants pour construire des
infrastructures de transports.
VI L’ère de la mutualisation
Ce qui est bon pour le Maroc servira au continent africain. Car, comme l’explique Ahmed
Baroudi, « sur les énergies, notre approche est de développer des modèles réplicables en Afrique ». La
mutualisation des moyens, il est vrai, rend beaucoup plus fort face au réchauffement
climatique. Comme l’explique Abdu Razzaq Guy Kambogo, Ambassadeur extraordinaire
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et Plénipotentiaire de la République Gabonaise au Maroc, « au Gabon, l’une des dernières
actions prises sur la lutte contre le changement climatique a été la création de l’Agence de l’observation
spatiale des forêts d’Afrique centrale qui couvre 23 pays du continent. Elle peut faire de l’anticipation
des effets climatiques sur nos forêts, mesurer les avancées de l’exploitation et les différents
comportements et agissements dans nos zones et les conséquences sur le climat. C’est une contribution
forte à la lutte contre le changement climatique. En Afrique, des Etats peuvent servir de tracteurs pour
d’autres du fait de leurs compétences, de leur maitrise de certaines technologies. Ce qu’il faut, c’est
mutualiser ces moyens et capacités pour gagner du temps sur ce développement qui nous a tant échappé.
La centrale de Ouarzazate se passe de commentaire. » Jean René Nzamba Mombo, ingénieur
agronome, secrétaire général du Haut Conseil des Acteurs non étatiques du Gabon, a, de
son côté, appelé à lancer une « alliance africaine pour l’efficacité énergétique » pour que le
continent profite de l’expertise marocaine et que la BAD qui met l’énergie au centre de ses priorités
appuie ce projet. L’Afrique n’est pas pauvre, a-t-il ajouté. Nous naissons tous riches. La pauvreté c’est
une question d’esprit. La pauvreté est d’abord liée à la question de l’indépendance. Les pays d’Afrique
ont obtenu leur indépendance politique, pas leur indépendance économique. Ils doivent investir dans la
recherche scientifique, comme le Maroc l’a fait. Et planifier et anticiper. Car la croissance verte est une
chance pour l’Afrique ».
Le travail en réseau porte déjà ses fruits en Afrique. Ainsi Amakoe Adolehoume, le
Délégué général de l’Institut français des sciences et technologies des transports, de
l’aménagement et des réseaux, a pu témoigner de l’efficacité du réseau Sitras sur les
transports qui rassemble 11 équipes africaines et travaille avec les équipes françaises de
IFSTTAR et du LAET (Lyon). Son objectif ? « Constituer un réseau d’Africains en matière de
recherche et d’expertise sur les transports et la sécurité routière. Grâce à nos recherches, nous avons
constaté que nous avions en Afrique les coûts de transports les plus élevés du monde. Si le transport
d’une marchandise sur 1 km coûte 1 euro en France, il en coûtera cinq fois plus en Afrique ». Mais
paradoxalement, les rémunérations des transporteurs se sont effondrées depuis les années
90, ce qui les met dans l’incapacité d’assurer un transport de qualité. En Afrique
subsaharienne, le réseau a révélé par ses chiffres l’étendue du problème du transport
urbain. « A Abidjan, par exemple, le parc de bus était dans les années 60 de 1400 bus pour 1,5
million d’habitants. Aujourd’hui, il y a 4 voire 6 millions de citadins et moins - de 500 véhicules ».
A Dakar, le gouverneur de la ville a décidé de changer la donne par la mutualisation. « Le
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transport était atomisé, raconte Amakoe Adolehoume, avec des cars de 30/40 personnes qui
datent de 1976. On a mis en place un dispositif attractif pour les transporteurs. On leur a demandé de
se regrouper en GIE pour avoir accès à un financement bonifié de la Banque Mondiale et du
gouvernement. On en a profité pour réorganiser le fonctionnement du secteur. Avec des nouveaux bus
sur des lignes spécifiques avec une tarification, la mise en place d’une formation pour les chauffeurs et
les propriétaires de véhicules. Le taux de défaillance aujourd’hui de ces transporteurs est de moins de
2%. ». Même transformation à Lagos du fait d’un changement d’approche. Avant, il y avait
un système de transports avec les minibus, chaotique, avec des taxis collectifs aujourd’hui
remplacé par un système efficace de voie de bus rapide (BRT). « Cela s’est fait grâce au
triptyque de l’espérance qui passe par l’amélioration de l’organisation institutionnelle. Un : Ça a
marché parce que le gouverneur a pris les choses en main et réformé le secteur. Deuxième élément : il a
dégagé le financement nécessaire. Trois : il a agi sur l’infrastructure urbaine. Sans gouvernance, rien
ne marchera. Et si ça marche à Lagos, ça peut marcher partout ».
VII L’opportunité financière
De nombreux mécanismes financiers de soutien au développement durable doivent naître
de l’Accord de Paris. « On estime ainsi à 500 milliards de dollars par an nos besoins pour
l’adaptation. Les 100 milliards promis depuis Copenhague sont devenus un plancher, a précisé la
Ministre. A Marrakech, il faudra voir comment cet argent va arriver et être dépensé. Sur ces fonds, il
y a des financements de court terme avec 10 milliards de dollars déjà disponibles ». C’est donc pour
les Africains le moment de faire naître des projets. « Ils doivent préparer des dossiers bancables.
Il y a de l’argent. C’est une nouvelle phase qui commence avec une nouvelle feuille de route grâce à nos
amis de la Banque Africaine de Développement et des fonds financiers de toute la région.
« L’accord de Paris doit permettre d’offrir un cadre favorable, des ressources à un taux raisonnable, de
mobiliser des mécanismes de marché pour relever ces enjeux d’analyse et de renforcement des capacités
pour parvenir à un développement propre », explique, de son côté, Yacine Fal. L’accès au
financement et la capacité de négocier au plan international auprès des acteurs qui
disposent des ressources, tels sont les deux principaux objectifs de la Banque Africaine de
Développement. Partenariats privés et publics pour échanger les expériences, transferts de
technologie, la BAD avance sur tous les fronts. Notamment celui de la finance climatique.
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« Nous hébergeons des fond dédiés, un pour le développement durable en Afrique, un pour la
préservation de la forêt du bassin du Congo qui a un intérêt mondial en termes d’atténuation des
émissions de carbone. Nous avons aussi un plan d’action pour le changement climatique et mobilisons
des fonds via le Fonds Vert ». Le financement de la formation est également à son programme
d’action. « Nous nous impliquons dans la formation d’agences de plusieurs pays pour former des
négociateurs pour le climat et des spécialistes capables par la connaissance des marchés financiers de
mobiliser l’investissement privé ». Enfin, une méthode d’évaluation des projets durables est
déjà opérationnelle. « Pour les projets d’infrastructures, lorsque la banque finance un projet, nous
avons mis au point un cadre d’indicateurs sur son impact social et environnemental qui permet dès sa
conception même d’évaluer et de limiter sa consommation carbone ».
Au-delà de l’argent, ce sont les compétences humaines et l’expertise de montage des
projets et de présentation de ces projets aux institutions qui deviennent cruciaux. « Les fonds
d’investissement pour l’Afrique se multiplient, constate Ahmed Baroudi. Au Maroc, nous avons 7
institutions en cours d’accréditation au Fonds Vert. Nous allons pouvoir financer très concrètement des
projets sur le terrain avec l’argent du Fonds Vert. L’argent est disponible. Le problème c’est de savoir
comment l’utiliser et faire en sorte qu’il arrive à bon port. Il est important d’avoir une politique
d’investissements adaptée à l’Afrique, qui investisse aussi dans la ressource humaine et l’éducation.
C’est là le rôle d’institutions comme la BAD qui est précurseur dans ce domaine. » L’effort de
formation est crucial pour Jean-Charles Hourcade pour contrôler l’application sur le
terrain de l’accord de Paris. « L’expertise climatique est très fortement dominée par l’expertise
académique anglo-saxonne. Il faut en avoir dans l’ensemble des autres pays du monde. C’est important
de créer partout des capacités de formation. Et aucun pays en Afrique ne pourra le faire seul ».
L’ancien directeur du Centre International de Recherche sur l’Environnement et le
Développement, rédacteur pour le GIEC, lui, réfléchit à créer un système de garanties
publiques qui fera effet de levier pour financer les projets du Sud. « Pour développer les
investissements bas carbone, il faut réduire leur risque. Aujourd’hui, on a un taux d’épargne dans le
monde sans équivalent, et pourtant cela ne débouche pas dans des investissements dans les
infrastructures. Partout dans le monde, le FMI vient de le dire, le taux d’investissement dans les
infrastructures est au plus bas. Pourquoi ? Parce qu’il faut sécuriser des projets d’investissement par des
garanties publiques. Pour l’investisseur, l’équation serait simple : il investit 100, il emprunte 50 et
obtient 300 via la banque et ce grâce à la garantie d’Etat. La garantie n’est actionnée que si le projet
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fait faillite. Cela permettrait sur 5 ans de libérer 150 ou 300 milliards de dollars. »
VIII Sensibiliser tout l’écosystème
Au-delà de la gouvernance financière, il est essentiel que le tissu économique et les chefs
d’entreprise se mobilisent pour construire ce nouveau modèle de développement durable.
Cette prise de conscience se diffuse. Comme l’a noté Mohamed Benyahia, « avant, les COP
étaient des conclaves entre initiés. Depuis les 3 dernières COPS, ces sujets sont aussi débattus par les
acteurs non étatiques. Ils imposent leur point de vue et parfois le rythme des négociations. Auparavant
ils étaient à la marge, maintenant ils rentrent dans les négociations, que ce soit des collectivités
territoriales, des ONG, des entreprises et la finance. Tous sont devenus importants car les Etats édictent
les règles mais ce sont eux qui mettent en œuvre ». Bonne nouvelle, l’envie de participer est là,
sur le terrain. Comme l’a mentionné le Directeur des études et recherche du Groupe
Crédit Agricole du Maroc (GCAM), si, « sur les 300 000 entreprises certifiées ISO 14 000 dans
le monde, il y en a moins de 1% en Afrique, contre 50% en Asie, 40% en Europe, la bonne nouvelle,
c’est que 68% des chefs d’entreprises africains considèrent que le développement durable est très
important, un chiffre beaucoup plus élevé que dans d’autres continents. »
Mais c’est la jeunesse représentée par les élèves du lycée André Malraux de Rabat qui
avaient travaillé avec leurs professeurs d’économie, d’histoire-géographie et de
mathématiques à la préparation de cette journée qui y est encore plus sensible. La précision
de leurs questions en témoigne: « Une promesse de 100 milliards de dollars par an pour le Sud à
partir de 2020. A quelles fins ? Qui décide de leur utilisation ? De façon solidaire ? Harmonisée ?
Comment assurer une croissance durable endogène pour et par l’Afrique ? Quelle gouvernance par
rapport aux générations futures ? La croissance verte peut-elle mettre fin à l’insécurité énergétique en
Afrique ? » Ou encore : « Comment mettre en place des politiques concertées de développement
durable ? Comment les rendre prioritaires ? Les tensions alimentaires et les migrations climatiques ne
risquent-elles pas de s’aggraver ? Comment former les populations ? Ne faut-il pas impliquer plus les
femmes dans les initiatives locales ? Comment on prépare la COP 22 ? » Ce sont eux qui, comme
de nombreux participants l’ont souligné, vont porter sur les 30 années qui viennent la
mutation énergétique. Et ils en ont conscience. Comme l’a rappelé l’une des élèves, Rhita
Sarf avec force : « la voix de la jeunesse africaine doit être entendue. Nous avons nos points de vue et
nos solutions. La transition écologique est une opportunité d’innover, de créer une économie plus
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respectueuse de l’environnement et plus égalitaire ». Le Maroc se prépare à la COP 22, une COP
pour mettre en œuvre l’accord de Paris. « On doit passer à l’action, confirme Mohamed Benyahia.
A Paris, il y avait un esprit, un élan qui a fait qu’on a fait cet accord. Mais beaucoup de choses sont
ambiguës dans le texte et nous devons les préciser à Marrakech ».
Laissons le mot de la fin à la jeunesse : « la clé, comme l’a fort bien dit une élève du lycée
André Malraux, Rhtia Sarf, C’est que chacun trouve sa voix en termes de développement durable ».
La jeune fille a participé à une COP des jeunes en novembre dernier (la COY) et a fait des
simulations de négociation climat. Cette expérience l’a marquée. « J’ai été confrontée à la
difficulté réelle d’arriver à un compromis. J’en suis ressortie avec l’idée qu’il ne pouvait pas y avoir un
seul mode de développement durable applicable à tous. Chaque pays doit construire un mode endogène
de développement durable ». Et partager son expérience avec les autres.
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