DEBOUT…TENEZ FORT LE BOUCLIER DE LA FOI
(Cfr Ep. 6, 14,16)
Exhortation pastorale de Pâques 2012
Aux prêtres,
Religieux et religieuses,
Fidèles laïcs,
A toutes les personnes de bonne volonté.
Frères et sœurs,
1. « A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ ! » ( Phi, 1,1
). Parmi les dons précieux que Dieu, par notre Seigneur Jésus Christ, a faits à l’humanité
figure en bonne place celui de la foi. C’est Dieu, en effet, qui appelle les hommes à entrer
en communion avec lui. L’initiative de nous appeler à la foi lui revient en premier. « La
réponse adéquate à cette invitation est la foi »
1
. Cette foi est libre, volontaire.
Je rends grâce à Dieu pour ce don merveilleux, d’un si grand prix comme dit Saint Pierre
(Cfr 2Pi 1,1), que nous avons reçu en partage. Ce don fait de nous un seul peuple,
consacré à Dieu, uni par le sang de Jésus Christ ( Ac, 20, 28), peuple « il n’est plus
question de Grec ou de Juif, de circoncision ou d’incirconcision, de Barbare, de Scythe,
d’esclave, d’homme libre ; il n’y a que le Christ, qui est tout et en tout » (Col 3, 11). Dans
la foi, nous sommes Eglise Famille de Dieu.
2. La foi en Jésus Christ n’est pas un objet de musée, moins encore quelque chose de figé,
d’inerte. Elle est agissante, dynamique. C’est une puissance, une arme dont tout chrétien
est appelé à se servir pour le combat du salut, contre le péché, le doute, la tentation,
l’ignorance et toutes formes d’attaques du Malin ou des forces obscures.
1
Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 142.
3. Au regard de nombreux défis de la foi observables dans notre diocèse et ailleurs, Pâques
me donne l’occasion de vous encourager à cheminer avec le Christ et surtout de vous
rassurer que notre foi chrétienne a une valeur inestimable et une puissance
insoupçonnée ( Cfr Rm 4, 20). Plus précisément, elle est toute puissante (Cfr Mc 9, 23).
Par elle, Dieu Tout-Puissant déploie en nous, les faibles, sa Toute Puissance ( Cfr 2 Co
12, 9-10). Mon souci pastoral majeur est que la foi dans notre diocèse rayonne, croisse
et grandisse. Qu’elle soit confessée avec conviction et que le témoignage de vie qui en
découle soit davantage crédible
2
, convaincant, authentique. Je voudrais aussi que ceux
et celles qui doutent encore ou qui ont pris leurs distances vis-à-vis de notre Eglise, ou
ceux qui sont pris en otage par des alliances occultes retrouvent le chemin de la foi.
Joie et fierté
4. Je me réjouis de constater que la foi imprègne la vie de beaucoup de membres de notre
Eglise locale. Leur vie est transformée par la grâce divine. Ils sont d’authentiques témoins
de Jésus Christ qui démontrent que l’Esprit de Dieu est à l’œuvre dans notre milieu. Ils sont
nombreux à accepter Jésus Christ comme leur Sauveur. Ils pratiquent la foi chrétienne et la
font rayonner à travers un témoignage de vie convaincant.
Au nom de cette foi, ces témoins du Christ ressuscité sont engagés dans notre Eglise locale
et y exercent divers ministères. Ils tiennent et animent, de façon remarquable, nos
structures d’Eglise. Ils sont présents dans les mouvements et groupes qui embellissent
notre diocèse ( Communautés ecclésiales de base (CEB), équipes liturgiques ou
catéchétiques, Renouveau dans l’Esprit, Légion de Marie, Jamaa Takatifu, Mamans
catholiques, chorales, lecteurs, gardiens de paix dans l’église, distributeurs de la sainte
communion, visiteurs de malades, etc. ). Les plus jeunes ne sont pas en reste. Leur
présence sur la scène ecclésiale ne passe pas inaperçu à travers, notamment, les
mouvements Kiro, Xavéris, scouts, groupe Kizito- Anuarite, Enfants de Marie, coordination
de jeunes, acolytes, chantres, etc.). Les responsables de ces joyaux de notre Eglise font
preuve, quant à eux, d’un dévouement désintéressé, témoignant d’une foi engagée. Parmi
eux se trouvent des agents pastoraux laïcs (Missionnaires laïcs diocésains(MLD),
2
Cfr BENOIT XVI, Porta fidei, n. 9
catéchistes, bénévoles, etc.). Nos écoles et, de façon générale, nos structures diocésaines
sont aussi des foyers à vocation de la foi.
Enracinés eux-mêmes dans la foi, nos prêtres annoncent joyeusement l’Evangile à notre
peuple, au prix de beaucoup de sacrifices, dans la patience et le dévouement. Ils
s’efforcent, dans la mesure de la grâce qu’ils reçoivent de Dieu, d’être d’authentiques
«maîtres de la foi» que le Christ a institués au milieu de nous.
Tout aussi remarquable est l’engagement des personnes consacrées qui sont comme le
levain dans la pâte de notre Eglise et de notre société. Par leur témoignage et par leur
dévouement, ils apportent une spécificité remarquable à la vie de notre Eglise locale. Leur
présence nous rappelle à chaque instant notre vocation céleste.
Beaucoup de nos familles chrétiennes du diocèse sont, elles aussi, comme des « Eglises
domestiques » où la foi est vécue avec simplicité et transmise aux plus petits. Les vocations
religieuses ou sacerdotales en sont parfois issues. En dépit de la pauvreté matérielle, qui
sévit chez nous, ces familles offrent, très souvent, un témoignage vivant du Christ
ressuscité. Elles sont, surtout pour les enfants, des lieux d’apprentissage et d’initiation non
seulement à la foi, mais aussi à la prière, aux valeurs chrétiennes, à une vie de témoignage
chrétien. Des parents y jouent leur rôle de premiers agents de l’évangélisation.
Il y a sans doute dans nos villages, des gens qui cherchent Dieu, qui sont probablement en
communion sincère avec lui, à leur manière, loin de nos structures ecclésiales. Ils
s’approchent petit à petit de la porte de la foi. L’Eglise les attend, patiemment, pour les
accueillir et les incorporer dans la Famille de Dieu
Tous ces différents membres du peuple de Dieu, hommes et femmes, jeunes et adultes,
constituent un peuple de foi. Ils nourrissent et consolident leur foi à travers les sacrements
et une pratique chrétienne vivante. Ils s’abreuvent aux fontaines des Saintes Ecritures et se
laissent guider par l’Esprit Saint. Ils vivent pour Dieu et entretiennent, dans la mesure du
possible, des liens de charité, de fraternité, de solidarité, de partage et de soutien mutuel.
Par leurs contributions matérielle et spirituelle, ils soutiennent nos prêtres, nos œuvres
d’Eglise et nos activités pastorales. C’est eux qui font la fierté de notre Eglise diocésaine.
Je leur rends hommage et les encourage à continuer à cheminer avec le Christ, malgré les
difficultés du moment. Ensemble, poursuivons dans la foi l’édification de l’Eglise de Dieu
chez nous.
Paradoxe
5. Cependant, à côté de ces témoignages édifiants, beaucoup parmi nous manifestent, très
souvent, des attitudes de défaillances au niveau de leur foi. Ces attitudes démontrent que le
chemin de la conversion est encore long
3
. En effet, comme l’a noté judicieusement le Pape
Benoît XVI, il y a dans l’histoire de la foi, « le mystère insondable de l’entrelacement
entre sainteté et péché. Alors que la première met en évidence le grand apport que les
hommes et les femmes ont offert à la croissance et au développement de la communauté
par le témoignage de leur vie, le second doit
provoquer en chacun une sincère et
permanente œuvre de conversion pour faire l’expérience de la miséricorde du Père
qui va à
la rencontre de tous »
4
. C’est donc pour provoquer la conversion en chacun de nous que je
mentionne ces défaillances.
Peur et insécurité spir
i
tuelle
6. En effet, tout en se disant chrétiens, certains diocésains vivent comme s’ils ne
connaissaient pas le Christ et son Evangile. Leur foi paraît sans constance, peu consistante,
en tout cas fragile. Cette foi en Jésus Christ, qu’ils confessent sans trop de peine, ne
semble pas les rassurer. De cette manière, ils manifestent toutes sortes de peurs,
d’insécurité spirituelle, débouchant quelquefois sur des actes de contre-témoignage. On
constate qu’ils ont peur des sorciers, des esprits maléfiques, du diable, des fétiches, des
sortilèges, de la mort, du mal, des génies de la forêt, etc. Un exemple suffit. Dans certains
villages, il y a des chrétiens qui disposent des moyens matériels suffisants pour construire
une belle maison, mais qui n’osent pas s’en construire une. Ils se contentent d’une case en
paille parce qu’ils craignent de s’attirer la jalousie des autres ou de se voir jeter un mauvais
3
Cfr BENOIT XVI, Africae munus, n. 32.
4
BENOIT XVI, Porta fidei, n. 13.
sort et de mourir. Le Christ n’a-t-il pas dit : « Mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde »
(Jn 16, 33 ) ?
De même, certains de nos chrétiens font preuve d’une insécurité spirituelle qui ne
s’explique pas. Comme si la foi ne leur suffisait pas, ils s’encombrent de fétiches,
d’amulettes et se livrent parfois aux pratiques traditionnelles incompatibles avec l’Evangile
du Christ. Pour toutes sortes de raisons, d’autres font parfois un usage magique et exagéré
des sacramentaux ( eau bénite, port de médailles, onction de l’huile d’olive, usage de
l’encens, allumage de bougies de neuvaine, etc.). Ils recherchent certaines prières
spéciales de saints (Sainte Rita, par exemple) ou des anges comme l’Archange Michel.
Dans cette insécuri spirituelle, il y en a qui se livrent à d’interminables jeûnes, jusqu’à
nuire à leur santé parfois.
Ecartelés entre la foi et les traditions culturelles locales
7. Parmi nous, il y a beaucoup de catholiques qui sont écartelés entre la fidélité à la foi en
Dieu et l’adhésion à l’éventail de croyances en vogue dans notre milieu. Ils sont terrifiés par
d’éventuels assauts des sorciers ou des esprits impurs. Quand frappent le malheur, la
souffrance, les insuccès de la vie et surtout la maladie, ils oublient leur foi. Ils se font
récupérer par les sectes ou recourent avec empressement, le cas échéant, aux solutions
qu’offrent la culture et les coutumes locales : consultation de devins, usage de fétiches et
des amulettes, sacrifices d’animaux, cultes païens, etc. Dans une lettre pastorale de 1980,
Monseigneur Eugène KABANGA, Archevêque de Lubumbashi fit, non sans ironie, le même
constat amer : « Pour l’instant il existe déjà une autre forme de pèlerinage. C’est que pas
mal de chrétiens éprouvés ou en difficulté professionnelle, familiale ou personnelle vont
trouver le féticheur, le guérisseur ou le « prieur ». Et ce sont des moments d’angoisse,
de désarroi intérieur et même de panique. La précarité de l’existence humaine est alors
sentie au tréfonds de l’être humain, et pousse alors à des démarches de toutes sortes. Il
n’est un secret pour personne que ces démarches sont bien souvent occasion de division
au sein des familles et des clans. Ce qu’on éviterait, poursuit l’Archevêque, si chacun
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