Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques ISBN 978-2-8073-0016-3 ISSN 1780-9517 9782807300163_UNTAS_CV.indd Toutes les pages Aurélie UNTAS Catherine BUNGENER Cécile FLAHAULT est maître de conférences-HDR en psychopathologie à l’Université Paris Descartes et directrice des études du master 1 de psychologie, spécialité psychologie clinique et psychopathologie intégrative. Elle est également psychologue clinicienne à l’AURA Paris, formée aux thérapies familiales systémiques, à l’hypnose et à l’éducation thérapeutique. Catherine BUNGENER est professeur de psychopathologie à l’Université Paris Descartes. Elle est responsable du master de psychologie, spécialité psychologie clinique et psychopathologie intégrative. Cécile FLAHAULT est maître de conférences-HDR en psychopathologie à l’Université Paris Descartes et responsable du master de psychologie, spécialité psychologie de la santé. Elle est également psychologue clinicienne et thérapeute familiale à l’Institut Curie à Paris. Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques Aurélie UNTAS COUVERTURE : AXION FISZMAN & PARTNERS L es auteurs, tous psychologues, souhaitent présenter aux professionnels de santé un éventail d’interventions psychothérapeutiques, pouvant être proposées lors de l’accompagnement de patients ayant une maladie somatique et de leurs proches. L’objectif n’est pas d’être exhaustif, mais, dans une perspective intégrative, de sensibiliser les lecteurs au fait qu’actuellement, nous disposons d’un panel de psychothérapies relevant de diverses approches théoriques, souvent complémentaires les unes des autres. Ces approches se différencient par leurs buts, mais aussi par les moyens utilisés pour les atteindre. Les interventions psychothérapeutiques exposées ici sont individuelles, familiales ou groupales. Au sein des approches individuelles, nous avons distingué des approches structurées (TCC, Mindfulness et EMDR), des approches plus introspectives (expérientielle et centrée sur la personne, psychodynamique multifocale et Gestalt) ou encore imaginatives (hypnothérapie, sophrologie). Parmi les approches familiales et groupales, nous décrivons les thérapies familiales systémiques, de groupe et multifamiliales. Chaque chapitre présente une approche psychothérapeutique, les intérêts de celle-ci dans les maladies somatiques, les travaux scientifiques récents, et des vignettes cliniques. L’ouvrage se termine par une réflexion sur la place des interventions psychothérapeutiques en éducation thérapeutique. carrefour des psychothérapies Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques Accompagner les patients et leurs proches Aurélie UNTAS, Catherine BUNGENER et Cécile FLAHAULT (sous la direction de) Préface de Marilou BRUCHON-SCHWEITZER www.deboecksuperieur.com 02/09/2016 14:10 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques Accompagner les patients et leurs proches Aurélie UNTAS, Catherine BUNGENER et Cécile FLAHAULT (sous la direction de) Préface de Marilou BRUCHON-SCHWEITZER 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 1 02/09/2016 15:39:20 carrefour des psychothérapies Collection dirigée par Edith GOLDBETER-MERINFELD 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 2 02/09/2016 15:39:20 carrefour des psychothérapies Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques Accompagner les patients et leurs proches Aurélie UNTAS, Catherine BUNGENER et Cécile FLAHAULT (sous la direction de) Préface de Marilou BRUCHON-SCHWEITZER 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 3 02/09/2016 15:39:20 Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de spécialisation, consultez notre site web : www.deboecksuperieur.com © De Boeck Supérieur s.a., 2016 Rue du Bosquet, 7 – B1348 Louvain-la-Neuve Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. Imprimé aux Pays-Bas Dépôt légal : Bibliothèque nationale, Paris : octobre 2016 ISSN 1780-9517 Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2016/13647/115 ISBN 978-2-8073-0016-3 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 4 02/09/2016 15:39:20 Sommaire Liste des auteurs 7 Préface 11 Introduction 17 PARTIE 1 Interventions individuelles 23 A. Approches structurées 25 Chapitre 1 Thérapies comportementales et cognitives 27 Chapitre 2 Mindfulness 49 Chapitre 3 Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR) 75 B. Approches introspectives 97 Chapitre 4 Approche expérientielle et centrée sur la personne Chapitre 5 Approche psychodynamique multifocale 125 Chapitre 6 Gestalt-thérapie 149 99 5 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 5 02/09/2016 15:39:20 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques C. Approches imaginatives 181 Chapitre 7 Hypnothérapie 183 Chapitre 8 Sophrologie 207 PARTIE 2 Interventions familiales et groupales Chapitre 9 Thérapies familiales systémiques 233 235 Chapitre 10 Thérapies de groupe 255 Chapitre 11 Thérapies multifamiliales 281 Chapitre 12 Place des interventions psychothérapeutiques en éducation thérapeutique 305 Conclusion générale 329 Bibliographie 331 Index 349 Table des matières 355 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 6 02/09/2016 15:39:20 Liste des auteurs Maider Aguirrezabal Psychologue clinicienne et thérapeute familiale, service de néphrologie et de dialyse de la clinique Delay, Bayonne, France. Antoine Bioy Professeur de psychologie clinique et psychopathologie, Laboratoire de psychopathologie et psychologie médicale (EA4452), Université de Bourgogne, France. Expert scientifique de l’Institut français d’hypnose, et conseiller scientifique pour l’UNESCO (chaire 918). Docteur en psychologie et psychothérapeute à l’Institut français d’hypnose, France. Marie Jo Brennstuhl Docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute accréditée EMDR Europe, France. Catherine Bungener Professeur de psychopathologie, Laboratoire de psychopathologie et processus de santé (EA4057), Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, France. 7 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 7 02/09/2016 15:39:20 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques Cécile Dantzer Maître de conférences en psychologie, Laboratoire interuniversitaire de psychologie : personnalité, cognition et changement social (LIP/PC2S), Université de Savoie Mont-Blanc ; psychologue formée aux thérapies comportementales et cognitives, à la MBCT et MBST, France. Catherine Demoulin Psychologue, psychothérapeute cognitivo-comportementaliste agrée, service de réadaptation cardiaque, Centre hospitalier du Bois de l’Abbaye et de Hesbaye, Belgique. Anne-Marie Étienne Professeur de psychologie, Unité de psychologie de la santé, Département de psychologies et cliniques des systèmes humains, Université de Liège, Belgique. Cécile Flahault Maître de Conférences-HDR en psychopathologie, Laboratoire de psychopathologie et processus de santé (EA4057), Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité ; psychologue clinicienne et thérapeute familiale à l’Institut Curie, France. Carine Fouquet-Bandini Psychologue clinicienne, sophrologue caycédienne, France. Pierre-Henri Garnier Psychologue, équipe mobile de soins de support et soins palliatifs, CHU de Nantes ; formateur en éducation thérapeutique (origamisante.com, edusante.fr) et psychothérapie intégrative (rime44.com), France. Aurélie Gauchet Maître de conférences en psychologie de la santé, Laboratoire interuniversitaire de psychologie : personnalité, cognition et changement social (LIP/PC2S), Université Pierre Mendes France, Grenoble ; psychologue formée à la MBCT et MBST, formatrice en gestion du stress et entretien motivationnel, France. Jacques Grisart Docteur en psychologie, psychologue clinicien, psychothérapeute formé à la thérapie comportementale et cognitive et à l’approche centrée sur la personne, Cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles, Belgique. 8 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 8 02/09/2016 15:39:20 Liste des auteurs Laetitia Idier Docteur en psychologie, psychologue clinicienne formée à l’éducation thérapeutique et à l’hypnose, Centre hospitalier universitaire de Bordeaux (service de néphrologie-transplantation-dialyse), AURAD Aquitaine (Association pour l’utilisation du rein artificiel à domicile), CA3D (Centre aquitain pour le développement de la dialyse à domicile) ; membre du Laboratoire de psychologie, santé et qualité de Vie EA4139, Université de Bordeaux, France. Gladys Johnston Psychologue clinicienne, Maître de conférences en psychologie clinique et pathologique, Laboratoire CERReV, Université de Caen Normandie, France. Michèle Koleck Maître de conférences en psychologie de la santé, équipe « Psychoépidémiologie du vieillissement et des maladies chroniques », INSERM U1219 « Bordeaux Population Health Research Center » ; responsable pédagogique du DU d’éducation thérapeutique, Université de Bordeaux, France. Emmanuelle Le Barbenchon Maître de conférences en psychologie, Laboratoire interuniversitaire de psychologie : personnalité, cognition et changement social (LIP/PC2S), Université de Savoie Mont-Blanc ; psychologue formée à la MBCT et MBST, France. Sophie Lelorain Maître de conférences en psychologie de la santé, Université de Lille, Laboratoire SCALab UMR CNRS 9193 et psychologue chargée de recherche, Unité transversale d’éducation du Patient, Centre hospitalier régional universitaire de Lille, France. Frédérique Lieutenant Psychologue, thérapeute familiale, Cliniques universitaires Saint-Luc, Institut Roi Albert II, Bruxelles, Belgique. Velina Negovanska Docteur en psychologie, psychologue, Institut de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, France. Sonia Pellissier Maître de conférences-HDR en psychophysiologie, Laboratoire interuniversitaire de psychologie : personnalité, cognition et changement social 9 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 9 02/09/2016 15:39:20 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques (LIP/PC2S), Université de Savoie Mont-Blanc ; psychologue formée à la MBCT et MBST, France. Nadine Proia-Lelouey Psychologue clinicienne, psychanalyste, Professeur en psychologie clinique et psychopathologie, Laboratoire CERReV, Université de Caen Normandie, France. Audrey Rieucau Docteur en psychologie, psychologue clinicienne spécialisée en gérontologie, Service de gériatrie ambulatoire, Hôpital Émile Roux, Limeil-Brévannes, France. Marjorie Roques Psychologue clinicienne, Maître de conférences en psychologie clinique et pathologique, Laboratoire CERReV, Université de Caen Normandie, France. Cyril Tarquinio Professeur de psychologie clinique, psychologie de la santé, Unité de Recherche APEMAC EA 4360, directeur de l’équipe de psychologie de la santé, Université de Lorraine ; Superviseur et psychothérapeute accrédité EMDR Europe, France. Pascale Tarquinio Psychologue, psychothérapeute accréditée EMDR Europe, France. Aurélie Untas Maître de conférences-HDR en psychopathologie, Laboratoire de psychopathologie et processus de santé (EA4057), Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité ; psychologue clinicienne et thérapeute familiale, formée à l’hypnose et à l’éducation thérapeutique, AURA Paris (Association pour l’utilisation du rein artificiel), France. Emmanuelle Zech Professeur de psychologie clinique et de la santé, Institut de recherche en sciences psychologiques, Université catholique de Louvain ; psychologue clinicienne et psychothérapeute centrée sur la personne au Centre de guidance, Louvain-la-Neuve, Belgique. 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 10 02/09/2016 15:39:20 Préface Marilou Bruchon-Schweitzer1 C’est un grand plaisir de présenter cet ouvrage, coordonné par trois collègues du Laboratoire de psychopathologie et processus de santé de l’Université Paris Descartes et qui ont contribué (ainsi que d’autres auteurs ayant participé à cet ouvrage) à la diffusion et à l’évolution de la psychologie de la santé en France et en Europe. Après une formation en psychopathologie, psychologie clinique et psychologie de la santé, ces collègues ont travaillé et mené des recherches dans des services hospitaliers sur l’ajustement des patients et de leurs proches à des problèmes de santé somatique (VIH, atteintes neurologiques, cancers, maladies rénales, etc.) ; elles interviennent aujourd’hui dans plusieurs diplômes dont un Master de psychologie clinique et psychopathologie intégrative et un Master de psychologie de la santé. Cette dernière discipline, relativement récente, étudie les facteurs psychosociaux pouvant affecter l’initiation et l’évolution des maladies ainsi que la qualité de vie, le bien-être et même le bonheur. Si un certain nombre d’ouvrages présentent ses concepts et modèles théoriques et les résultats des recherches empiriques (processus psychosociaux ayant un effet sur la santé et la maladie), très rares sont ceux décrivant en détail les pratiques. Celui-ci propose un large éventail des psychothérapies 1. Professeur émérite, Laboratoire de psychologie, santé et qualité de vie EA4139, Université de Bordeaux, France. 11 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 11 02/09/2016 15:39:20 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques permettant aux psychologues travaillant dans le champ de la santé d’intervenir auprès des populations vulnérables. Les psychologues sont de plus en plus sollicités dans la prise en charge des patients au sein des structures de soin (cancérologie, cardiologie, rhumatologie, soins palliatifs, etc.). Cependant, il existe plusieurs centaines de types d’interventions possibles, certaines d’entre elles relativement classiques (approches psychodynamiques, comportementales et cognitives…), d’autres plus récentes (EMDR, thérapies familiales…). Chaque professionnel, compte tenu de sa formation, de ses compétences et des contraintes contextuelles (type de pathologie, objectif préventif, curatif, thérapeutique, éducatif, etc.) doit faire un choix répondant au mieux aux besoins et demandes du patient, de son entourage et des équipes soignantes. Actuellement, les psychologues travaillant dans le champ de la santé, confrontés aux multiples problèmes que rencontrent les patients souffrant de pathologies somatiques sont assez démunis (peu d’ouvrages, formation incomplète). Ils peuvent légitimement se demander quelle approche choisir pour les prendre en charge. On disposait de très peu d’ouvrages à la fois détaillés et intégratifs décrivant les psychothérapies disponibles. Celui-ci répond à un tel besoin. Chacun des douze chapitres présente l’une des approches existantes, ses fondements théoriques et conceptuels, les techniques utilisées dans les interventions, des illustrations cliniques (application à divers types de patients somatiques) et, lorsqu’ils existent, les résultats des études empiriques ayant évalué son efficacité. Elles ont été choisies par les auteurs à la fois comme représentatives, intéressantes sur le plan clinique et si possible pertinentes scientifiquement. L’histoire d’une maladie (examens, annonce du diagnostic, traitements et leurs effets, pronostic) est émaillée d’une succession d’événements stressants induisant chez les patients anxiété, affects dépressifs, détresse et souffrance, remaniements identitaires, sentiment de vulnérabilité, etc. Beaucoup de maladies chroniques s’accompagnent de douleurs, troubles du sommeil et co-morbidités psychophysiologiques détériorant la qualité de vie du patient et de ses proches. La santé physique et mentale est déterminée par de multiples facteurs ; si certains sont difficilement modifiables (antécédents environnementaux, biomédicaux, dispositionnels, socioéconomiques, sociobiographiques), d’autres sont des processus relativement plastiques (aspects transitoires de la personnalité : états anxiodépressifs, estime de soi, auto-efficacité perçue ; sensations, états corporels, cognitions, affects, comportements, stratégies d’ajustement). 12 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 12 02/09/2016 15:39:20 Préface Après avoir passé en revue les facteurs pouvant fragiliser ou protéger un patient, le psychologue pourra établir son profil : pathologie, caractéristiques psychosociales, comorbidités. Une intervention n’est pas toujours possible ni souhaitable. Pour certains patients psychotiques, il peut y avoir contre-indication, pour d’autres, souffrant d’une maladie sévère par exemple, une psychothérapie peut être vécue comme un fardeau supplémentaire. Si elle est envisagée, en accord avec le patient et les autres partenaires, seront fixés des objectifs : c’est-à-dire réduire le stress, l’anxiété, la dépression ; réguler les émotions ; restructurer les pensées dysfonctionnelles ; adopter des croyances plus réalistes, des stratégies d’ajustement plus efficaces ; réduire la douleur ; améliorer le sommeil. Ils varient selon le moment de l’intervention dans l’histoire des malades (prévention, éducation pour la santé, promotion de la santé, traitement, réhabilitation…). Les psychothérapies présentées dans cet ouvrage permettent de viser (et le plus souvent d’atteindre) certains de ces objectifs. Les effets bénéfiques de chacune sur la santé physique et émotionnelle des patients, souvent établis par les études antérieures, sont précisément décrits (c’est-à-dire, la méditation de pleine conscience réduit généralement le stress perçu, les émotions négatives, les stratégies évitantes et augmente le soutien social perçu, les stratégies d’ajustement actives et l’observance thérapeutique). Il s’agit pour le psychologue clinicien de choisir la (ou les) technique(s) la (les) plus appropriée(s) possible(s) en tenant compte du profil du patient (fragilités et résiliences, mais aussi vécu et demandes), du contexte (impératifs médicaux, institutionnels, familiaux, professionnels…), des objectifs de l’intervention et ses propres compétences cliniques. Il lui appartient de choisir l’intervention lui permettant de répondre au mieux aux besoins et demandes des patients et de leur famille et à ceux des équipes soignantes. Dans le cas où une psychothérapie s’avère souhaitée et souhaitable, laquelle choisir ? Vu leur prolifération (même dans le domaine psychosomatique), il semblait urgent de faire le point (vis-à-vis des patients, des médecins, de la communauté scientifique). L’ouvrage présente des approches souvent utilisées, cognitives, psychodynamiques, comportementales, mais aussi des psychothérapies moins classiques ouvrant des perspectives de prise en charge des patients tout au long de leur parcours de soins. Les tensions ont été vives entre les partisans d’interventions relativement standardisées (visant certains processus psychologiques) et d’interventions individualisées (visant la personne globale). Depuis quelques années, les relations entre courants idéologiques se sont un peu apaisées ; dans la prise en charge des patients ayant des maladies somatiques en particulier, on note 13 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 13 02/09/2016 15:39:20 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques l’infléchissement des pratiques vers l’ouverture, l’adaptabilité et la complémentarité. C’est dans cette perspective intégrative que s’inscrit cet ouvrage : plusieurs des psychothérapies présentées peuvent soit jouer un rôle central, soit être complémentaires (MBCT, MBSR, EMDR, hypnose, yoga, sophrologie, relaxation) ; elles peuvent en effet être combinées et intégrées (et non simplement juxtaposées), différentes techniques pouvant être utilisées simultanément ou successivement le long du parcours de chaque patient selon l’apport de chacune, son adéquation au profil du patient et les objectifs visés, choix opérés en fonction des résultats antérieurs disponibles. Une part importante de l’issue favorable des psychothérapies en général (environ 30 %) serait due à des facteurs communs : amélioration de l’estime de soi et de la motivation à être aidé du patient, remaniement des perceptions, modification de l’activation émotionnelle, adoption de nouveaux comportements, qualité perçue de l’alliance thérapeutique. L’amélioration de l’état des patients dépend aussi de la technique utilisée (15 %), de leur attitude envers l’intervention (15 %), le reste étant dû à divers autres facteurs (rémissions spontanées, soutien social de l’entourage…). Une synthèse exhaustive récente des études prospectives et expérimentales menées sur l’ajustement psychologique des patients à une maladie chronique, effectuée par des collègues néerlandais, a permis d’identifier quatre processus fonctionnels : identifier et exprimer ses émotions ; rester aussi actif que possible ; gérer et contrôler sa vie ; se centrer sur des thèmes positifs (c’est-à-dire des activités agréables). Les patients utilisant ces stratégies se caractérisent par des issues significativement plus favorables ; leur élaboration peut être facilitée par des types d’intervention très divers comme on le découvre au fil des chapitres de cet ouvrage. Les psychothérapies sont très médiatisées ce qui stimule et nourrit les attentes du public et des patients. Le problème de leur efficacité relative suscite des interrogations : comment savoir si une psychothérapie est efficace ou qu’on a affaire à un bon thérapeute ? Le fait, pour évaluer l’efficacité des psychothérapies, de ne retenir que les études obéissant aux critères de l’evidence-based medicine (critères d’inclusion restrictifs, effectifs suffisants, études contrôlées et randomisées) a suscité des débats vifs chez les chercheurs comme chez les cliniciens. Si certains rejettent toute forme de mise à l’épreuve statistique, d’autres soulignent qu’on ne peut évaluer les améliorations de la santé des patients sans un certain degré d’objectivation. Les recherches futures devront à la fois être pertinentes (remplir les conditions nécessaires à la réfutabilité) et respecter la réalité complexe des données cliniques (singularité du patient, étude de cas). 14 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 14 02/09/2016 15:39:20 Préface Cet ouvrage montre que des progrès s’amorcent aussi dans ce sens. On n’évalue plus simplement l’évolution de symptômes limités, mais aussi celle du fonctionnement des patients (émotionnel, cognitif…) et celle de la relation thérapeute-patient. Si de nouvelles approches apparaissent comme prometteuses (gestion du stress, méditation de pleine conscience, thérapies multifamiliales, biofeedback, etc.), leur intérêt thérapeutique devra être confirmé. Des recherches complémentaires permettront également de mieux comprendre quels sont, pour chaque type de relation thérapeutique, les processus précisément mobilisés et quels sont leurs effets à court et long terme. Ces études permettront de mieux connaître les compétences thérapeutiques optimales pour faire face à des situations difficiles spécifiques (souffrance des patients, de leurs proches et parfois des soignants et du thérapeute lui-même). Si l’importance des psychologues dans le champ de la santé somatique va croissant, il faut bien reconnaître que ceux-ci sont pour l’instant relativement démunis. En effet, les ouvrages disponibles et les formations universitaires leur proposent des modèles et concepts théoriques souvent éloignés de ce qu’exige leur engagement auprès de patients ayant des maladies somatiques. Les formations comprennent souvent l’apprentissage de techniques importées d’autres contextes. Il restera beaucoup à faire pour améliorer et enrichir celles-ci. On peut espérer que les résultats des études menées dans ce champ permettront de réexaminer et d’enrichir le contenu des cursus. Les études rapportées dans cet ouvrage, au-delà des particularités des approches présentées, soulignent l’importance de la personne du thérapeute, de ses expériences et connaissances, de ses compétences (créativité, plasticité), mais aussi de ses qualités personnelles (dans beaucoup de thérapies décrites ici, l’empathie et la chaleur humaine sont indispensables), tous ces atouts lui permettant de contribuer le mieux possible à l’amélioration de la santé physique et psychique des patients et à leur épanouissement physique, psychique et social. 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 15 02/09/2016 15:39:20 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 16 02/09/2016 15:39:21 Introduction Peu d’ouvrages portent sur l’accompagnement psychologique des personnes confrontées à une maladie somatique. Celui-ci est né du souhait de regrouper les connaissances et les expériences de psychologues francophones dans le domaine des psychothérapies. Avant de présenter cet ouvrage plus en détail, revenons sur le terme de psychothérapie. De nombreuses définitions ont été proposées. Pour Norcross (1990), la psychothérapie est une application de méthodes cliniques et d’attitudes interpersonnelles, dérivées de principes psychologiques, qui ont pour objectif d’aider les personnes, en lien avec leurs souhaits, à modifier leurs comportements, leurs pensées, leurs émotions et/ ou d’autres caractéristiques personnelles. Dans le contexte qui nous intéresse ici, il s’agit d’aider les personnes afin qu’elles parviennent à mieux faire face à leur maladie somatique, ou à celle d’un proche, et à ses conséquences. Il existe plusieurs centaines d’approches psychothérapeutiques dans le monde. Elles se différencient (et sur certains points se rejoignent) par leurs conceptions de la modélisation du fonctionnement psychique et par leurs modalités d’application. Certaines sont anciennes, plus ou moins connues, d’autres sont beaucoup plus récentes et en plein essor. Elles ont généralement été développées dans le traitement des troubles mentaux et ce n’est que plus tardivement qu’elles ont été adaptées au domaine de la médecine 17 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 17 02/09/2016 15:39:21 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques somatique. Nous avons choisi d’en présenter une dizaine dans cet ouvrage, reflétant déjà la diversité et l’évolution des psychothérapies, mais aussi leur complémentarité. En effet, nous n’avons pas la prétention d’être exhaustifs, et qui pourrait l’être dans ce domaine ? Nous avons fait le choix de proposer un éventail de psychothérapies, en partie les plus représentatives des approches actuellement utilisées dans les pays francophones de l’Union européenne. Ces approches psychothérapeutiques s’inscrivent dans différents référentiels théoriques, qu’elles soient individuelles ou de groupe, et s’adressent à des patients atteints d’une maladie somatique et/ou à leurs proches. L’application de ces approches thérapeutiques a fait l’objet de publications scientifiques, ce qui a également constitué un critère dans notre choix. Aucune seule et unique approche ne permet de répondre à tous les besoins et toutes les situations. Si l’expérience clinique nous le prouve généralement rapidement, la recherche l’a également démontré depuis longtemps, notamment à travers les travaux sur l’efficacité des psychothérapies. Rappelons que, d’après Lambert et Barley (2001), les techniques psychothérapeutiques n’expliquent que 15 % de l’efficacité d’une psychothérapie, alors que les facteurs extrathérapeutiques (rémission spontanée, événements fortuits, soutien social, etc.) en expliquent 40 %, les attentes d’effets 15 % et les facteurs communs (empathie, alliance thérapeutique, etc.) 30 %. Une mise à jour de l’état des connaissances sur l’importance des facteurs communs et des facteurs spécifiques a récemment été proposée par Wampold (2015). Cet ouvrage s’inscrit incontestablement dans une approche intégrative afin de prendre en compte la complexité à accompagner la singularité de chaque situation. De ce fait, au-delà de la présentation de chaque approche, il s’agit plus particulièrement d’aborder leurs intérêts respectifs. Cela permettra au lecteur d’identifier les points communs entre certaines approches et les complémentarités pour d’autres. Chaque chapitre a pour objectif de présenter une approche, d’expliciter son intérêt dans la prise en charge des personnes confrontées à une maladie somatique, de faire le point sur l’état d’avancement des connaissances scientifiques sur l’efficacité de cette approche, et enfin de présenter une ou plusieurs illustrations cliniques. Ces illustrations portent sur diverses pathologies (cancer, diabète, douleur chronique, maladies cardiaques, rénales, neurologiques principalement), soulignant ainsi l’intérêt de différentes approches thérapeutiques dans une même maladie. Elles concernent non seulement l’accompagnement des patients, mais également celui des proches, et dans quelques chapitres, celui des soignants. 18 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 18 02/09/2016 15:39:21 Introduction Cet ouvrage, écrit par des psychologues, s’adresse aux professionnels de santé qui prennent en charge et suivent des patients atteints d’une maladie somatique et/ou leurs proches. Ces professionnels sont des psychologues qui souhaitent découvrir d’autres techniques thérapeutiques, des médecins qui souhaitent proposer une psychothérapie à leurs patients, et plus largement des professionnels de santé (infirmiers, aides-soignants, diététicien, kinésithérapeutes, ostéopathes, etc.) qui souhaitent connaître d’autres modalités de prise en charge que celles qu’ils pratiquent quotidiennement auprès des personnes ayant une maladie somatique. Mais ce livre s’adresse également à tous les étudiants, futurs professionnels qui travailleront dans ce domaine. Cet ouvrage a été organisé en deux parties : la première concerne les interventions individuelles et la seconde les interventions familiales et groupales. Au total, il comporte 12 chapitres qui réunissent 27 auteurs. Nous avons fait le choix d’organiser la première partie sur les interventions individuelles en trois sous-parties : les approches structurées, les approches introspectives et les approches imaginatives. Cette catégorisation ne doit pas être perçue comme rigide, puisque certaines psychothérapies auraient pu être classées dans deux approches différentes. Il s’agit plutôt d’une manière de guider le lecteur. En effet, des travaux ont montré que les traits de personnalité des patients pouvaient avoir un rôle dans le choix d’une approche thérapeutique, dans l’établissement de l’alliance thérapeutique, dans l’expression du contre-transfert, ainsi que dans l’engagement et l’adhésion au traitement (Le Corff, 2011). Par exemple, les interventions structurées comme les thérapies comportementales et cognitives seraient à privilégier chez les personnes ayant un névrosisme élevé (instabilité émotionnelle). Au contraire, les personnes extraverties bénéficieraient davantage d’une intervention plus introspective. Les approches imaginatives et introspectives seraient plus adaptées pour les personnes ayant un trait d’ouverture élevé. La première sous-partie, sur les approches structurées, présente des psychothérapies qui suivent un protocole précis, en différentes étapes. Ainsi, le premier chapitre, sur les thérapies comportementales et cognitives, présente plusieurs méthodes directement issues de cette approche (comme la désensibilisation ou la résolution de problèmes) ou souvent associées (comme la psychoéducation et la relaxation) avec une illustration en cardiologie. Le deuxième chapitre porte sur la mindfulness qui est basée sur la méditation, associée à une approche comportementales et cognitives, et de groupe. Les auteurs y proposent une illustration dans le diabète. Ce chapitre aurait pu être abordé dans la deuxième partie sur les interventions 19 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 19 02/09/2016 15:39:21 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques familiales et de groupe, mais il nous a semblé plus pertinent de le présenter à la suite des thérapies comportementales et cognitives, puisque cette approche en est directement issue. Enfin, le troisième chapitre concerne l’EMDR, thérapie de choix dans les états de stress post-traumatique et plus largement les troubles réactionnels. Deux illustrations sont proposées en cardiologie et en oncologie. Ces deux dernières approches relativement récentes sont en plein essor. La deuxième sous-partie, sur les approches introspectives, présente des psychothérapies qui sont moins structurées, davantage centrées sur le patient, et qui mobilisent particulièrement leurs capacités relationnelles et d’expression de soi. Ainsi, le quatrième chapitre concerne l’approche expérientielle et centrée sur la personne. Il l’aborde d’une manière très précise dans la compréhension et l’accompagnement des personnes souffrant de douleurs chroniques. Le cinquième chapitre porte sur l’approche psychodynamique multifocale qui est directement inspirée de la psychanalyse. Les auteurs y proposent des illustrations de son intérêt pour les patients, les proches et les soignants dans la maladie rénale. Le sixième chapitre décrit la gestalt-thérapie, approche beaucoup moins reconnue, mais dont les concepts et les techniques étaient des précurseurs d’approches actuellement en plein développement. Les auteurs proposent deux illustrations en éducation thérapeutique dans le diabète. La troisième sous-partie, sur les approches imaginatives, présente des psychothérapies qui mobilisent souvent les capacités imaginatives des personnes. Ainsi, le septième chapitre est consacré à l’hypnothérapie. C’est une méthode ancienne qui connaît un renouveau dans le domaine de la santé et qui a également influencé de nombreux courants thérapeutiques. Plusieurs illustrations sont proposées dans différentes maladies. Le huitième chapitre, sur la sophrologie, permet de faire le point sur ses fondements théoriques et pratiques et ainsi de mieux comprendre ses spécificités par rapport à d’autres approches psychocorporelles présentées dans cet ouvrage. Deux illustrations sont proposées, une en oncologie et une comme soutien à la prise en charge globale d’un patient en hospitalisation. La deuxième partie est consacrée aux interventions familiales et groupales. Le neuvième chapitre présente les thérapies familiales systémiques qui permettent d’envisager une compréhension de l’impact de la maladie sur le patient et ses proches, complémentaire des approches individuelles. Les auteurs proposent des illustrations en oncologie. Le dixième chapitre porte sur les thérapies de groupe, plus particulièrement auprès des aidants. Deux illustrations sont proposées en neurologie, à travers un groupe de parole et une thérapie comportementale et cognitive en groupe. Le onzième 20 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 20 02/09/2016 15:39:21 Introduction chapitre aborde les thérapies multifamiliales. Cette approche, encore peu développée en dehors du traitement de la schizophrénie et des troubles du comportement alimentaire, consiste à regrouper plusieurs familles confrontées à une même pathologie. Une illustration est proposée dans la maladie rénale. Enfin, le dernier chapitre ne présente pas une psychothérapie en particulier. Il s’agit plutôt d’initier une réflexion sur la place des interventions psychothérapeutiques en éducation thérapeutique. Puisque l’éducation thérapeutique intègre des éléments théoriques et pratiques de diverses approches psychothérapeutiques, le psychologue a toute sa place pour venir enrichir ce champ dans un travail multidisciplinaire garantissant une prise en charge globale et singulière de chaque patient. À l’heure actuelle, les interventions des psychologues en éducation thérapeutique sont majoritairement groupales, aussi nous semblait-il plus pertinent de placer ce chapitre dans cette deuxième partie. Nous espérons que ces contributions permettront aux lecteurs d’élargir le champ des applications possibles des approches présentées pour améliorer l’accompagnement des patients et de leurs proches en médecine somatique. Enfin, nous souhaitons sincèrement remercier tous les auteurs ayant collaboré à ce travail. 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 21 02/09/2016 15:39:21 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 22 02/09/2016 15:39:21 PARTIE 1 Interventions individuelles 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 23 02/09/2016 15:39:21 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 24 02/09/2016 15:39:21 A. Approches structurées Cette première sous-partie s’attache à décrire des approches structurées, qui suivent des protocoles précis et utilisent des évaluations régulières. Les thérapies comportementales et cognitives qui sont emblématiques des approches structurées en individuel sont présentées en premier. Ensuite, une approche thérapeutique, très médiatisée actuellement auprès du grand public, est présentée, la mindfulness, ou méditation de pleine conscience. La troisième approche structurée est l’Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR) qui est une psychothérapie récente recommandée notamment dans le traitement des états de stress post-traumatique et dans différents troubles réactionnels à composante anxieuse. 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 25 02/09/2016 15:39:21 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 26 02/09/2016 15:39:21 Chapitre 1 Thérapies comportementales et cognitives Anne-Marie Étienne et Catherine Demoulin 1. PRÉSENTATION DE L’APPROCHE PSYCHOTHÉRAPEUTIQUE Après un très bref historique de l’approche psychothérapeutique menant aux thérapies comportementales et cognitives (TCC), nous aborderons les mécanismes de l’apprentissage et les principes du conditionnement et du renforcement qui forment les soubassements théoriques de cette approche psychothérapeutique. Nous distinguerons notamment le conditionnement classique qui permet d’apprendre les signaux prédictibles, d’un comportement, du conditionnement opérant qui met en avant l’apprentissage des conséquences de ce même comportement. Enfin, nous évoquerons l’apprentissage par observation qui joue un rôle important dans le comportement social de la personne. 1.1. L’apprentissage Selon Ladouceur, Fontaine et Cottraux (1992), la thérapeutique comportementale prend ses sources dans un ensemble de données scientifiques qui ont servi à élaborer et à valider ses interventions. La recherche expérimentale y est omniprésente et contribue à accroitre sa crédibilité 27 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 27 02/09/2016 15:39:21 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques et sa renommée. Les techniques comportementalistes ne fonctionnent pas uniquement sur le modèle Stimulus-Réponse, mais également sur un modèle d’apprentissage cognitif. Plus tard, Beck (1970, cité dans Fontaine & Fontaine, 2006) divisera les techniques en deux groupes : celles centrées sur les cognitions (où il rangera la désensibilisation) et celles centrées sur le comportement. Mais dans les faits, la plupart des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) intègrent les deux niveaux d’analyse (comportementale et cognitive). Elles reposent sur l’idée que si le milieu sélectionne les conduites (Skinner), l’homme sélectionne son environnement (Bandura), cette bidirectionnalité des contrôles se faisant grâce à des circuits de rétroaction responsables d’ajustements permanents. Très tôt, les TCC s’intéressent aux comportements extérieurs observables : les comportements anormaux sont acquis de la même façon que les comportements normaux par un processus d’apprentissage qui suit les principes de base du conditionnement et de l’apprentissage. Selon Gerrig et Zimbardo (2008, p. 136), « l’apprentissage, c’est-à-dire la façon dont les organismes acquièrent des expériences, est un processus dont le résultat est un changement relativement constant du comportement ou du potentiel comportemental. Et qu’est-ce que l’expérience dans le contexte de l’apprentissage ? C’est recueillir des informations (les évaluer et les transformer) et donner des réponses qui affectent l’environnement. En conséquence, l’apprentissage est effectif lorsqu’on est capable d’en montrer les résultats ». Actuellement, il semble acquis qu’il existe plusieurs formes d’apprentissage, par exemple l’apprentissage par essais et erreurs, celui par imitation, ou encore par habituation. Supposons que vous entendiez régulièrement votre patron crier (au lieu de parler calmement) dans les bureaux de votre entreprise alors que vous vous trouvez dans ces mêmes pièces en même temps que d’autres personnes. La première fois, vous vérifiez si ce n’est pas à vous que ces cris sont adressés. Si ce n’est pas le cas et si les cris continuent, vous commencerez rapidement à diminuer votre attention à propos de ces cris. Ceci est un exemple d’habituation. Vous faites preuve d’une diminution de la réponse comportementale à un stimulus présenté de façon répétée. L’habituation aide à rester concentré sur les événements nouveaux dans l’environnement, sans faire d’effort comportemental pour répondre à un vieux stimulus présenté de façon répétée. 28 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 28 02/09/2016 15:39:21 Thérapies comportementales et cognitives 1.2. Les principes du conditionnement et du renforcement 1.2.1. Le conditionnement classique Dans l’apprentissage classique ou répondant ou de type I (Pavlov, 19271), l’apprentissage de la réponse se fait par contiguïté de stimuli, selon un modèle unidirectionnel simple, de type stimulus-réponse. Que se passe-t-il concrètement ? D’une façon ou d’une autre, le corps a appris à produire une réponse physiologique (le cœur qui bat la chamade) lorsqu’un événement environnemental (l’arrivée de votre patron dans votre bureau) est associé à un autre (une remarque de sa part sur votre travail). Les règles du conditionnement classique expliquent l’acquisition des comportements par des processus d’apprentissages associatifs. Par exemple, un stimulus inconditionnel (SI, l’arrivée de votre patron dans votre bureau) peut provoquer une réponse inconditionnelle (RI, le cœur qui bat la chamade). Si le stimulus inconditionnel est associé à un conditionnement conditionnel (SC, une remarque de sa part sur votre travail) alors finalement la présence de celui-ci va suffire à provoquer l’apparition de la réponse inconditionnelle qui devient dès lors une réponse conditionnelle (RC, le cœur qui accélère). Des signaux externes (la mine dépitée de votre collègue de bureau) et internes (l’humeur dans laquelle vous vous trouvez) peuvent être associés au stimulus conditionnel. Ainsi, le stimulus conditionnel provoque la réponse conditionnée. Dans ce type d’apprentissage, un stimulus ou un événement prédit la survenue d’un autre stimulus ou événement. L’organisme acquiert une nouvelle association entre deux stimuli, un stimulus qui auparavant ne suscitait pas la réponse et un qui naturellement la suscitait. Ce mode d’apprentissage est particulièrement adapté à l’étude des phénomènes viscéraux, des réactions émotionnelles ou encore des réactions psychosomatiques. Il l’est moins en ce qui concerne l’étude des fonctions de la vie de relation, qui dépendent du système musculaire strié (Fontaine & Fontaine, 2006), mais connaître le conditionnement classique peut aider à comprendre les comportements quotidiens. 1.2.2. Le conditionnement opérant Environ à la même époque où Pavlov utilisait le conditionnement classique, Edward L. Thorndike (1898, p. 13 ; cf. Gerrig & Zimbardo, 2008) observait les chats essayant de s’échapper de « boîtes à problèmes ». 1. Pour rappel, Pavlov utilisait le conditionnement classique pour inciter les chiens à saliver au son d’une clochette. 29 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 29 02/09/2016 15:39:21 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques Au début, les chats ne faisaient que lutter contre leur confinement, mais, une fois qu’une action « impulsive » leur permettait d’ouvrir la porte, « toutes les autres impulsions infructueuses (étaient) éradiquées et l’impulsion particulière qui avait conduit à l’acte réussi (était) gravée en mémoire par le plaisir qui en résultait ». Selon l’analyse de ce dernier, l’apprentissage était une association entre des stimuli dans la situation donnée et une réponse qu’un animal apprenait à faire : une connexion stimulus-réponse (S-R). L’apprentissage de ces connexions S-R avait lieu graduellement et automatiquement de façon mécanique au fur et à mesure que l’animal expérimentait les conséquences de ses actions via des essais et des erreurs en aveugle. Petit à petit, les comportements qui avaient des conséquences satisfaisantes furent de plus en plus fréquents ; finalement ils devinrent la réponse dominante lorsque l’animal était placé dans la boîte à problèmes. Thorndike appela cette relation entre le comportement et ses conséquences la loi de l’effet : une réponse qui est suivie de conséquences satisfaisantes devient de plus en plus probable et une réponse suivie de conséquences non satisfaisantes devient moins probable. B.F. Skinner (1938) a adopté le point de vue de Thorndike selon lequel un comportement opérant est un comportement émis par un organisme et qui peut être caractérisé en termes d’effets observables sur l’environnement de l’émetteur. Les comportements opérants ne sont pas déclenchés par des stimuli spécifiques comme le sont les comportements conditionnés de façon classique. Ainsi, votre patron peut énoncer, soit des critiques, soit des compliments à l’égard d’un de vos comportements (par exemple votre productivité dans telle ou telle situation) ou encore, rester neutre. La probabilité d’apparition de ce comportement (votre productibilité) peut être augmentée ou réduite en manipulant les effets qu’il a sur votre environnement (c’est intéressant pour vous d’être productif parce que cela vous donne accès à une prime ou encore, peu importe votre productivité, votre salaire ne change pas). Par conséquent, le conditionnement opérant modifie la probabilité d’apparition de différents types de comportement opérant en fonction des conséquences environnementales qu’ils produisent (Gerrig & Zimbardo, 2008, p. 147). 1.2.3. L’apprentissage par observation/le modeling L’étude du conditionnement classique et opérant démontre qu’une large variété de comportements peut être comprise comme résultant de processus d’apprentissages simples. Toutefois, certains apprentissages néces30 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 30 02/09/2016 15:39:21 Thérapies comportementales et cognitives sitent des types de processus plus complexes, plus cognitifs. « La cognition comprend n’importe quelle activité mentale impliquée dans la représentation et le processus de la compréhension comme la réflexion, la mémorisation, la perception et l’utilisation du langage. Dans ce contexte, les comportements résultent en partie d’une production de processus cognitifs » (Gerrig & Zimbardo, 2008, p. 157). En fait, une grande partie de l’apprentissage social a lieu dans des situations où l’apprentissage ne serait pas prédit par la théorie traditionnelle du conditionnement, parce que celui qui apprend n’a pas fait de réponse active et n’a reçu aucun renforcement tangible. L’individu, après avoir simplement observé le comportement d’une autre personne (le modèle) qui a été renforcé ou puni, se comporte plus tard de la même façon ou non. C’est ce qu’on appelle l’apprentissage par observation (Bandura, 1977) et nous apprenons à la fois de comportements prosociaux (aidants) et antisociaux (nuisibles). La cognition entre fréquemment dans l’apprentissage par observation sous forme d’attentes. Souvent, après avoir observé un modèle, on peut penser « si je fais exactement ce qu’il fait, j’obtiendrai le même renforcement ou j’éviterai la même punition » (Gerrig & Zimbardo, 2008, p. 159). Toujours selon ces auteurs, le comportement observé d’un modèle est le plus influent quand (1) il est vu comme ayant des conséquences de renforcement ; (2) il est perçu de façon positive, apprécié et respecté ; (3) il existe des similitudes perçues entre les caractéristiques et les traits de caractère du modèle et ceux de l’observateur ; (4) l’observateur est récompensé pour avoir prêté attention au comportement du modèle ; (5) le comportement du modèle est visible et saillant : il ressort clairement par rapport aux autres modèles en concurrence et (6) il est dans le champ de compétences de l’observateur d’imiter le comportement. Les TCC vont donc favoriser les conditions permettant l’apprentissage par imitation d’un comportement produit par autrui ; elles vont également favoriser le développement de nouvelles compétences sociales et stimuler l’entraînement comportemental de ces nouvelles compétences sociales. 31 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 31 02/09/2016 15:39:21 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques 2. INTÉRÊTS DANS LA PRISE EN CHARGE PSYCHOLOGIQUE DES PERSONNES CONFRONTÉES À UNE MALADIE SOMATIQUE En Europe et ailleurs, les psychologues sont de plus en plus impliqués dans la prise en charge des patients fréquentant des services de cardiologie, de gastro-entérologie, de pneumologie, de rhumatologie, de néphrologie, d’oncologie, de soins palliatifs ou encore des centres de rééducation fonctionnelle et cardiaque. Un certain nombre de modes d’interventions cliniques, scientifiquement validées, peuvent être déployés dans le cadre de ces structures de soins en vue d’infléchir positivement le cours de la maladie par le biais de la compliance aux traitements. La prise en charge des patients somatiques diffère d’une pathologie à l’autre : les patients somatiques diffèrent par leurs symptômes, par leurs traitements médicaux ou encore par les innovations médicales ou technologiques auxquelles ils doivent faire face. Le tout se complique encore par la variété importante des modes d’adaptation des malades et des différents besoins psychosociaux qu’ils expriment (Razavi, Delvaux, Marchal & Moucheux, 2008). Les prises en charge les plus représentatives, novatrices et rigoureuses seraient issues des approches d’orientation comportementale et cognitive (cf. Fischer & Tarquinio, 2014). Leur intérêt spécifique réside dans le fait qu’elles visent la réduction ou la suppression de symptômes, un recouvrement plus rapide de la santé, une diminution des risques de rechute et une amélioration de la qualité de vie des personnes malades (cf. Gauchet, Shankland, Dantzer, Pelissier & Aguerre, 2012 ; Mikolajczak, 2013 ; Fischer & Tarquinio, 2014). Voici un exemple de gestion de symptômes : le traitement cognitivo-comportemental de la lombalgie chronique ou de la migraine à travers une meilleure gestion de la douleur par la personne (pour plus de détails, voir Mikolajczak, 2013). Pour ce faire, les TCC s’appuient sur la modification des facteurs cognitifs en restructurant les pensées dysfonctionnelles du patient associées à la douleur (« pour diminuer la douleur, il faut éviter certains mouvements »). Les TCC déconstruisent le lien entre le sentiment d’impuissance (facteurs émotionnels) et la douleur. Enfin, les TCC exposent la personne à d’autres comportements (« quand j’ai mal à la tête, je dois rester sans rien faire ou, puis-je faire une activité de détente telle que m’aérer quelques minutes »). Ces modifications ont pour but d’empêcher l’apparition d’une kinésiophobie vis-à-vis de certains mouvements. Un point fort des thérapies comportementales est qu’elle donne accès aux descriptifs détaillés de ses méthodes ; par exemple, vous y trou32 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 32 02/09/2016 15:39:21 Thérapies comportementales et cognitives verez décrit étape après étape comment opérationnaliser une restructuration de la pensée d’un patient douloureux chronique souffrant de lombalgie (cf. Laroche & Roussel, 2012). 3. EFFICACITÉ DE CETTE APPROCHE PSYCHOTHÉRAPEUTIQUE De manière générale, l’approche comportementale et cognitive dispose de plusieurs méthodes d’intervention susceptibles de venir en aide aux patients somatiques : la psychoéducation, une assistance dans la recherche de sens, une expression – ventilation des émotions, une correction des attributions erronées et des dramatisations (encore appelée technique de restructuration cognitive et émotionnelle), ainsi qu’une diversification des mécanismes d’adaptation (à l’aide de la résolution de problèmes par exemple). Cette double approche comportementale et cognitive favorise le développement de différentes capacités telles qu’utiliser des ressources internes et externes ; contrôler certains facteurs de stress, se détendre physiquement et psychologiquement ainsi que communiquer avec autrui à propos de, et malgré la maladie (Razavi et al., 2008 ; Moorey & Greer, 2012 ; Mikolajczak, 2013). À l’heure actuelle, plusieurs modes d’interventions cliniques, scientifiquement validées, existent, mais qu’apportent plus spécifiquement les TCC dans les maladies somatiques ? Une revue systématique de la littérature sur la dépression montrait que, toutes pathologies confondues, les groupes recevant des interventions basées sur les TCC présentent une réduction de symptômes plus importante que celle obtenue avec les thérapies interpersonnelles, les thérapies de soutien et les thérapies d’orientation psychodynamiques (Churchill et al., 2001). Plus spécifiquement, Dickens et al. (2013) définissent les caractéristiques des interventions psychologiques qui améliorent la dépression chez les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires. Les interventions psychologiques telles que l’éducation, la formation, les TCC, à savoir la relaxation et la résolution de problèmes améliorent la dépression, bien que l’effet soit faible. Thieme & Gracely (2009), quant à eux, regroupent quatorze études reprenant différentes recherches randomisées dans le traitement de la fibromyalgie : les résultats montrent une taille d’effet significative pour la réduction de la douleur notamment après des groupes de traitement TCC. Et enfin, le tableau 1.1. reprend trois études randomisées récentes, attestant de l’efficacité des TCC, chez des patientes atteintes d’un cancer du sein. 33 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 33 02/09/2016 15:39:21 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 34 Randomisé GC Cancer du sein 20 études Méta-analyse Randomisé GC Après chirurgie À 11 ans Cancer du sein 227 patientes Andersen et al., 2008 Antoni et al., 2009 Randomisé GC Après la chirurgie À 6 mois À 12 mois Cancer du sein (stades 1-3) 97 patientes Tatrow et Montgomery, 2006 Design Participants Groupe (10 semaines) • Carnet d’observation • Gestion du stress • Relaxation • Restructuration cognitive • Amélioration des copings, et des compétences interpersonnelles Groupe (10 semaines) • Gestion du stress • Relaxation • Résolution de problèmes • Assertivité • Augmentation de l’activité journalière • Amélioration des habitudes alimentaires • Coping pour faire face aux effets secondaires Survie • Différentes techniques TCC Techniques Adaptation psychosociale Adaptation physiologique Détresse Douleur Variable dépendantes Risque réduit de mort d’autres causes Risque réduit de récidive et de mort du cancer du sein Meilleure adaptation physiologique : cortisol plus faible (à 12 mois), cytokine Th1 plus élevé (à 6 mois) Meilleure adaptation psychosociale : anxiétés spécifique et générale diminuées (à 12 mois) Meilleurs résultats en individuel pour la détresse (pas significatif pour la douleur) 62 et 69 % ont moins de détresse et de douleur respectivement comparé au GC. Résultats Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques Tableau 1.1 TCC et résultats obtenus chez des patientes atteintes d’un cancer du sein 34 02/09/2016 15:39:21 Thérapies comportementales et cognitives Dans un tout autre domaine, les maladies rénales, à la demande de trois services de néphrologie belges francophones, en 2010, Rocha, Krzesinski, Warling, Smelten et Étienne ont développé trois modules TCC spécifiques destinés à des patients souffrant d’une insuffisance rénale chronique (IRC) : gestion de l’anxiété, réduction des affects dépressifs et psychoéducation. S’inspirant à la fois des théories de l’apprentissage et de diverses théories cognitives relatives à l’étiologie de certains troubles de la personnalité (Bruchon-Schweitzer & Boujut, 2014) la prise en charge TCC de ces patients dialysés s’est centrée sur trois objectifs, et ce à l’aide de diverses techniques qui s’entrecroisent durant les modules : anxiété, dépression et psychoéducation. Le premier objectif a été d’identifier puis de modifier les pensées erronées (exemple : croire en son incapacité à gérer ou réduire la douleur) ; ces distorsions cognitives seront remplacées par des pensées plus réalistes et associées à des images agréables (par diversion et imagerie). Deuxièmement, l’intervenant a renforcé les stratégies d’ajustement efficaces (coping), et réduit les stratégies nocives (apprendre à s’affirmer, à communiquer, à suivre des prescriptions médicales, un programme d’exercices physiques, un régime). Le troisième objectif a permis de réduire à la fois certaines cognitions erronées et les comportements nocifs qui y sont associés par l’utilisation systématique de plusieurs techniques : restructuration cognitive, imagerie mentale, biofeedback, relaxation. Les résultats observés pour les 47 patients montrent une diminution significative des scores d’anxiété, de dépression et d’inquiétudes, une amélioration significative de la qualité de vie ainsi qu’une diminution significative du produit biologique calcium-phosphore obtenu avant dialyse. Parmi les différentes méthodes évoquées et ayant démontré leur efficacité, nous allons décrire celles qui sont les plus fréquemment utilisées dans les maladies somatiques. La gestion du stress (et du stress professionnel) ne sera pas abordée en détail, car cette problématique s’opérationnalise à travers la combinaison de plusieurs techniques, comme la relaxation (et autres méthodes de détente musculaire), la gestion du temps, l’exposition graduée, la restructuration émotionnelle et cognitive, l’assertivité associée à des habiletés de communication. Bien que très présente dans la prise en charge des patients somatiques, la gestion du stress constitue un champ interdisciplinaire en soi, qui dépasse l’objet de ce chapitre. 35 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 35 02/09/2016 15:39:21 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques 3.1. La psychoéducation Tout en n’étant pas à strictement parler une méthode issue des TCC, la psychoéducation est souvent intégrée dans des programmes de prise en charge à composantes comportementales et cognitives. Comme le mentionne Mikolajczak (2013), « la psychoéducation consiste en un processus par étapes comprenant un ensemble d’activités de sensibilisation, d’information, d’apprentissage et d’aide psychologique et sociale. La psychoéducation concerne la maladie, les traitements, les soins, l’organisation et les procédures hospitalières, ainsi que les comportements de santé et ceux liés à la maladie ». Sa fonction essentielle est de diminuer l’incertitude et de permettre au patient de gérer au mieux les implications somatiques, affectives, familiales, sociales et professionnelles de la maladie et des traitements. Elle comporte une clarification de l’information concernant les procédures diagnostiques et thérapeutiques, leurs effets secondaires, et les possibilités de les contrôler. Elle implique un renforcement des informations données par les équipes soignantes, une identification des ressources psychosociales du patient ainsi qu’une explicitation des réactions émotionnelles habituellement associées à la situation. Ces techniques éducatives peuvent être employées conjointement dans des programmes intégrés et s’accompagnent de plus en plus de l’utilisation de supports écrits, audiovisuels ou informatiques (Andersen et al., 2008 ; Razavi et al., 2008 ; Mikolajczak, 2013). 3.2. La relaxation À nouveau la relaxation n’est pas une technique spécifique aux TCC, mais elle est fréquemment associée à des programmes à composantes comportementales et cognitives. La relaxation se réfère à toute technique s’exerçant sur le tonus musculaire, visant son relâchement et pouvant agir également sur la personnalité dans sa globalité (Sapir, 1974). Deux grands types de techniques de relaxation sont à distinguer : les méthodes neuromusculaires, introduites par Jacobson (1938) et les méthodes utilisant l’autoconcentration et l’autohypnose introduites par Schultz (1884-1970) : le training autogène. Sur le plan physique, la relaxation permet une prise de conscience du corps, un retour à un état de bien-être et de sensations agréables, et un contrôle des tensions par l’apprentissage de l’autodécontraction. Sur le plan psychologique, la détente mentale favorise l’amélioration de l’attention et de la concentration, la prise de conscience et le contrôle des pensées, émotions et sentiments, et la prise de distance par rapport aux événements vécus (Razavi et al., 2008). 36 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 36 02/09/2016 15:39:21 Thérapies comportementales et cognitives Berghmans et Tarquinio (2009) illustrent les résultats obtenus grâce à cette méthode : l’étude de Sutherland et al. (2005) réalisée auprès de patients atteints par une sclérose en plaques, montrent des effets positifs du training autogène sur la qualité de vie et le bien-être des malades. Dans une étude sur la réhabilitation cardiaque, Brugemann et al. (2007) ont évalué les effets d’exercices de relaxation auprès de cent trente-sept patients. Les résultats montrent une très nette amélioration au niveau de la qualité de vie jusqu’à neuf mois après la réhabilitation. Les travaux de Yu (2007) examinent les effets de la relaxation progressive sur la détresse psychologique chez des patients chinois victimes d’une crise cardiaque et montrent une réelle amélioration au niveau de la gestion de la détresse psychologique qui est essentiellement due à une baisse du score de dépression, alors que le score d’anxiété n’est pas réduit de manière significative. 3.3. La désensibilisation systématique/l’exposition La désensibilisation systématique est une technique comportementale standardisée. Basée sur la méthode de relaxation musculaire progressive de Jacobson, elle propose au patient d’expérimenter simultanément un état de relaxation et les situations imaginaires associées aux effets anticipatoires indésirables. Pour ce faire, le thérapeute apprend au patient la technique de relaxation choisie, et ensuite hiérarchise les situations déclenchant anticipativement l’anxiété, les nausées et/ou les vomissements. Une fois profondément relaxé, le patient est invité ensuite à imaginer successivement chacune des scènes déclenchantes (Razavi et al., 2008 ; Moorey & Greer, 2012). 3.4. La restructuration cognitive La psychothérapie cognitive se base sur l’hypothèse théorique selon laquelle certains symptômes ou leurs conséquences sont en relation étroite avec les représentations mentales et les schémas de pensée. Ceux-ci peuvent engendrer ou entretenir une détresse psychologique ou des états psychopathologiques. La psychothérapie cognitive consiste donc à apprendre au patient à identifier ses représentations mentales et à contrôler ses pensées automatiques négatives, à lui en faire comprendre l’impact sur le développement de ses symptômes ou de certaines conséquences de ceux-ci, et à l’aider à modifier ses schémas de pensée par la mise en place de nouvelles stratégies d’adaptation. La thérapie cognitive doit aussi viser la gestion des 37 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 37 02/09/2016 15:39:21 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques difficultés rencontrées par le patient comme l’incertitude, qui domine souvent le quotidien des malades et de leurs proches, et pour laquelle une intervention psychologique s’avère souvent nécessaire (Razavi et al., 2008 ; Antoni et al., 2009 ; Rocha et al., 2010). 3.5. La résolution de problème et l’activation comportementale Selon Wagener, Bragard, Jonius et Étienne (2014), la Résolution de Problème (RP) est un outil thérapeutique, développé dans les années 1970 par D’Zurilla et Goldfried, qui s’inscrit dans le courant comportemental et cognitif. La RP a pour objectif de trouver une solution à un problème particulier au travers de différentes étapes : définition et formulation du problème, génération de solutions alternatives, prise de décision, implémentation d’une solution, évaluation du résultat de la solution. L’implémentation d’action ou activation comportementale, quant à elle, consiste à augmenter les activités d’un patient afin qu’il puisse être en contact avec des contingences environnementales de type renforcement qui lui permettront d’améliorer sa situation en termes de pensée, d’humeur et de qualité de vie (Sniehotta, Scholz & Schwarzer, 2005). Elle est soustendue par trois principes clés : la motivation suit l’action, il est important d’expliquer au patient que c’est en mettant en œuvre une activité qu’il va en tirer satisfaction, ce qui entraînera une motivation à renouveler l’opération ; l’action est simple et concrète, les objectifs fixés sont toujours proximaux, c’est-à-dire qu’un minimum de temps et d’efforts doit être réalisé pour atteindre un premier objectif, puis un second jusqu’à atteindre l’objectif principal ; et enfin, l’action est agréable et/ou gratifiante. Un « feedback » est donné au patient par le thérapeute à chaque séance sur les tâches réalisées hors sessions. Ce « feedback » est constitué majoritairement de renforcements positifs et de commentaires/suggestions sur les améliorations possibles. Ce « feedback » constitue déjà un aspect non négligeable de la thérapie puisqu’il améliore le sentiment d’efficacité personnelle, il suscite davantage d’intérêts et améliore dès lors la performance même du patient. Il est d’ailleurs indispensable au sein même des implémentations d’actions puisqu’il encourage le patient à avancer dans l’atteinte de ses différents objectifs. Dans leur étude réalisée auprès de femmes atteintes d’un cancer du sein et souffrant de dépression, Hopko et al. (2011) combinent huit sessions comprenant de l’activation comportementale et de la résolution de pro38 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 38 02/09/2016 15:39:21 Thérapies comportementales et cognitives blèmes. Les résultats montrent que les deux traitements sont efficaces avec des améliorations cliniques significatives. Les améliorations sont maintenues à douze mois de suivi avec un effort plus marqué pour les patients ayant reçu l’activation comportementale. 4. ILLUSTRATION CLINIQUE 4.1. Contexte Dans les unités de cardiologie, le travail de prise en charge se réalise en concertation avec une équipe pluridisciplinaire qui comprend la plupart du temps : médecin, infirmier, assistant social, kinésithérapeute et diététicien. Les principaux troubles somatiques rencontrés par le psychologue sont, par ordre décroissant, l’infarctus du myocarde, l’angine de poitrine et la décompensation cardiaque. Globalement, le but principal est d’apporter des soins médicaux, psychologiques et sociaux afin de retarder l’évolution de la maladie. Le travail du psychologue se déroule essentiellement en trois phases. Dans la majorité des cas, il rencontre le patient dès la phase 1 qui correspond à la période de l’hospitalisation ; l’objectif principal est une détection précoce de la détresse émotionnelle. Le psychologue prolonge cet accompagnement en phase 2 lorsque le patient est invité à participer à la rééducation. Les objectifs sont d’aider le patient cardiaque à gérer aux mieux ses facteurs de risque cardiovasculaires et de favoriser la reprise d’une vie active. Au cours de cette phase, le patient dispose des groupes psychoéducatifs et/ou des entretiens individuels. La phase 3, quant à elle, lui permet d’être suivi à long terme (45 séances de rééducation par an, renouvelables chaque année). L’objectif principal est de le consolider dans ses efforts de changements comportementaux, cognitifs et émotionnels en vue d’une hygiène de vie saine. À chaque stade, le psychologue a pour mission d’identifier puis de lever les obstacles psychologiques (stress, anxiété, dépression) qui pourraient empêcher le patient de se soigner. Il évalue régulièrement les capacités d’adaptation du patient à sa maladie cardiaque. Les méthodes d’action utilisées sont fonction de sa formation personnelle, car il n’existe pas de méthode thérapeutique imposée ni de formation spécifique exigée du psychologue en cardiologie, néanmoins les méthodes comportementales sont les plus fréquemment utilisées (Mikolajczak, 2013 ; Fischer & Tarquinio, 2014). 39 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 39 02/09/2016 15:39:21 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques 4.2. Présentation du cas En juillet 1996, nous faisons connaissance avec Monsieur B, âgé de 43 ans, lors de sa rééducation, qui a débuté dans les suites d’un premier accident cardiaque : un infarctus aigu avec nécrose inférieure assez limitée (Artères IVA et circonflexe à 70 %). Initialement pris en charge par le service des urgences, il bénéficiera d’une angioplastie de la coronaire droite avec la pause d’un stent suivie d’un bon résultat anatomique. Pour optimaliser sa récupération après ce premier événement somatique, le patient s’engage dans une réadaptation cardiaque qu’il démarre en septembre 1996, période pendant laquelle il bénéficiera des 45 premières séances hebdomadaires incluant 20 minutes de relaxation, une heure de gymnastique quotidienne, des conseils diététiques, un suivi médical rapproché et un suivi psychologique ponctuel axé uniquement sur la gestion du stress en groupe. Or, le bilan psychologique d’entrée de Monsieur B révèle qu’il est anxieux à propos de sa santé : il identifie avoir tendance à interpréter de manière excessive le moindre symptôme physique. Au fur et à mesure de la rééducation, les séances de gymnastique en groupe lui permettent d’avoir du recul, car l’effort physique régulier et progressif rassure le patient sur sa résistance à produire des efforts. De plus, chaque exercice est suivi d’un contrôle des paramètres (tension et pouls) qui objective les progrès. À l’issue des douze semaines du programme classique, le patient gère mieux ses risques cardiaques : il a arrêté de fumer, a modifié son alimentation qualitativement, mais n’a pas perdu de poids ; il prend ses médicaments et aborde la reprise de travail sereinement. Par contre, suite à son retour au travail, il ne maintient pas une activité sportive régulière (phase 3) malgré les bienfaits de la rééducation. Lors de ce premier incident, Monsieur B ne s’engagera pas dans un suivi psychologique de sa gestion de son anxiété. Durant 17 années, Monsieur B ne présente aucune manifestation cardiaque : il se sent bien, mène une vie normale, n’a pas de plaintes et maintient sa qualité de vie. Mais, lors du second incident, nous constaterons que progressivement, il a relâché ses efforts (sauf pour le tabac) : il a pris du poids, deviendra de plus en plus sédentaire (notamment à cause de problème de genoux) et abandonnera certains de ses médicaments. Son cardiologue étant retraité, il ne se donne pas la peine d’en trouver un autre et restera sans suivi cardiologique. En 2013, Monsieur B se réveille brutalement en pleine nuit avec la sensation d’étouffer. Il doit être amené d’urgence à l’hôpital, car il souffre d’un œdème pulmonaire accompagné d’un pic hypertensif. Les différents examens révèlent qu’il souffre d’une décompensation cardiaque. La dégra40 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 40 02/09/2016 15:39:21 Thérapies comportementales et cognitives dation de sa fonction cardiaque est la résultante d’une gestion imparfaite de ses facteurs de risque au cours des dernières années. Pour récupérer une meilleure fonction, le patient doit à nouveau s’astreindre à différents efforts : diminuer le sel, maintenir une activité physique modérée et régulière, surveiller son poids et surtout prendre ses médicaments au long court. Le cardiologue implique le patient dans son traitement grâce à une approche psychoéducative. Malgré cette prise en charge médicale de type « rassurante », le patient une fois retourné à domicile présente un tableau anxieux massif : insomnies, auscultations régulières de sa tension et de son pouls, crises de panique, peur d’être seul, automédication (Xanax®, Alprazolam). Il décide donc d’être suivi psychologiquement. En résumé, qu’il s’agisse du premier ou du second incident cardiaque, Monsieur B se caractérise par des réponses anxieuses face à la nécessité de s’adapter à sa maladie somatique. Parmi les facteurs majorants l’anxiété de ce patient, nous retiendrons : (1) en 1971, le décès précoce de son père cardiaque d’un œdème pulmonaire à 51 ans. Monsieur B restera marqué et retiendra que la vie ne tient qu’à un fil. Il devient très anxieux lorsque l’idée de la mort est évoquée. (2) En 2010, à la faveur d’un bilan préopératoire de routine, il subira un examen cardiologique qui aboutira à une remontrance de l’examinateur, lui signalant qu’il avait un cœur trop gros (ce qui peut être le signe d’une décompensation cardiaque). Le patient demande alors que le résultat de l’examen soit envoyé à son médecin traitant, mais ce ne fut pas le cas. Il en déduit, trois ans plus tard que son épisode de décompensation aurait pu être évité si à l’époque on lui avait expliqué les mesures à prendre. Il reste marqué par cette anecdote et ne veut plus revivre ce genre de situation. (3) Depuis 2013, il veille à choisir un médecin avec qui il a du dialogue, de la proximité et de la transparence, car il entend se soigner au mieux. Il met donc une partie de la responsabilité de sa maladie sur un manque de communication entre médecins et médecin-malade. Depuis, il s’implique davantage dans son traitement en posant des questions, mais aussi en se documentant notamment sur internet. 4.3. Objectifs de la prise en charge TCC De manière globale, la prise en charge psychologique vise d’abord le repérage par Monsieur B des facteurs majorant son anxiété, puis une prise de conscience de leur impact sur sa santé pour ensuite lui permettre de développer une réponse plus adaptée à sa maladie. Monsieur B a été vu sept fois 41 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 41 02/09/2016 15:39:21 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques 60 minutes entre janvier et juillet 2014 à raison d’environ une fois par mois. Le contenu des sept séances s’appuie sur les recommandations d’un guideline (European Association for Cardiovascular Prevention & Rehabilitation, 2012). Les deux premiers entretiens concernaient la psychoéducation en rapport à la décompensation cardiaque. Les trois séances suivantes ont porté sur la gestion de ses inquiétudes les plus invalidantes concernant sa maladie, et les deux dernières sur des manifestations anxieuses concernant d’autres domaines de sa vie. Le dernier entretien visait à aider le patient à aborder la pension, à mettre en route des projets, ainsi qu’à être pro actif (cf. prévention de la dépression). De manière spécifique, pour diminuer l’anxiété et atteindre une réponse plus adaptative, les entretiens se sont structurés autour des axes suivants : créer une alliance thérapeutique, favoriser une hygiène de vie saine et différencier les manifestations anxieuses des signaux cardiaques. Pour créer l’alliance thérapeutique, la méthode d’intervention psychologique comportementale et cognitive utilisée est la psychoéducation. Pour l’hygiène de vie et le diagnostic différentiel, ce seront la gestion de l’incertitude, la diminution des évitements, le traitement des insomnies ainsi que l’apprentissage de la résolution de problèmes. 4.3.1. Psychoéducation Lors de la première rencontre (1996), Monsieur B avait développé une perception de la maladie cardiaque essentiellement fonctionnelle où selon lui, le psychologique ne joue pas (« le psy, c’est pour les fous »). Pourtant, mis brutalement face à sa vulnérabilité physique, il présentait déjà un fonctionnement anxieux dans différents domaines, à savoir la santé, la sécurité, l’argent et l’avenir, mais qu’il ne souhaite pas aborder. Au moment de sa décompensation cardiaque brutale (2013), cette anxiété est ravivée : il est disposé à la traiter. Avec Monsieur B, l’objectif général de la psychoéducation est d’identifier les signes avant-coureurs de la décompensation. Le patient reçoit un CD expliquant la décompensation cardiaque qui sert de base à la discussion avec le psychologue. Il s’agit de vérifier si le patient comprend et retient les recommandations liées à sa pathologie, puis ensuite de repérer d’éventuels obstacles à les mettre en pratique. Le psychologue complète l’information reçue par le patient, corrige certaines croyances et renforce les bonnes pratiques. L’objectif secondaire porte sur l’amélioration de la gestion de son anxiété en diminuant sa vulnérabilité face à la maladie. Si le patient adopte une bonne pratique, il se protégera plus longtemps de désa42 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 42 02/09/2016 15:39:21 Thérapies comportementales et cognitives gréments physiques et psychologiques liés à sa pathologie, ce qui indirectement diminuera son anxiété. Par exemple, il évitera une hospitalisation d’urgence, situation particulièrement redoutée par Monsieur B qui trouve peu de réconfort face à son anxiété de la part du personnel hospitalier. Lors des entretiens ultérieurs, une partie du temps sera toujours consacré à la santé physique et à l’adhésion thérapeutique afin de renforcer le patient dans ses nouvelles habitudes. 4.3.2. Gestion de l’incertitude, diminution des évitements, traitement de l’insomnie et apprentissage de la résolution de problème L’objectif général de la gestion de l’incertitude est d’identifier les déclencheurs de l’anxiété pour ensuite en permettre la gestion. Dans le cas de Monsieur B, cela nécessite la compréhension, l’identification et le diagnostic différentiel entre des signes d’anxiété versus des signes d’un problème cardiaque, la diminution de l’automédication ainsi que la diminution des réassurances. Pour mieux différencier les symptômes, le patient a été amené à tenir un journal d’auto observation de ses palpitations cardiaques et de ses sensations corporelles telles que des boules à l’estomac. Il a pu ainsi réaliser qu’elles étaient déclenchées systématiquement par la crainte d’être seul en cas de malaise ou par trop de nouveautés. Le patient a étoffé ses observations par une recherche sous forme de tableau des signes annonciateurs d’un problème cardiaque versus un problème anxieux. Progressivement, il a mieux discriminé ses symptômes et a pu dans un second temps appliquer la relaxation apprise en réadaptation et qu’il maîtrisait déjà. Enfin, il a été encouragé à se confronter à son anxiété notamment par l’exposition à certaines situations redoutées : prendre la voiture malgré un peu de fatigue, sortir le chien un peu plus longtemps afin de réaliser qu’il en est capable. Ces mises en situation ont permis au patient de restructurer ses cognitions dramatiques. Monsieur B ayant une meilleure connaissance des déclencheurs de son anxiété et des sensations physiques l’accompagnant, il a pu se concentrer sur leur gestion. Auparavant, lorsqu’il se sentait mal, il prenait son pouls ou sa tension artérielle à plusieurs reprises et constatant que les symptômes perduraient, il décidait de prendre du Xanax® tout en ayant peur de l’automédication. Dans un premier temps, le patient a été encouragé à demander à son médecin la posologie afin de vérifier s’il n’en prenait pas trop ou trop peu. Le médecin l’ayant rassuré sur le risque d’accoutumance très 43 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 43 02/09/2016 15:39:21 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques limité compte tenu de la dose, Monsieur B utilise son médicament sans anxiété et uniquement si c’est nécessaire. Une fois ce problème écarté de son esprit, il a pu se tourner vers la recherche de stratégies alternatives : la relaxation, la lecture, s’activer et/ou se raisonner. Lors d’épisodes d’insomnies, les conseils sur l’hygiène du sommeil ont également favorisé la diminution de son automédication. Dès le départ, ce patient anxieux qui s’est senti vulnérable lors de sa décompensation cardiaque cherche à prévenir la récidive en surveillant ses paramètres cardiaques : pouls et tension. Paradoxalement, le cardiologue, intéressé par ces données renforce sans le savoir le patient dans sa pratique compulsive de prendre son pouls. Ce comportement finit par devenir problématique. En effet, il prend sa tension plusieurs fois par jour et chaque fluctuation le faisant douter, il revérifie. Au final, il est même anticipativement anxieux : voir le tensiomètre lui provoque des palpitations. Le patient réalise qu’il est dans un cercle vicieux : la peur de prendre sa tension accélère son pouls et se répercute sur sa tension qui est forcément augmentée. Après avoir compris que les émotions s’accompagnent de sensations physiques (phénomène de la blouse blanche), il accepte de ne plus prendre sa tension que trois fois par jour. De plus, grâce à la psychoéducation il comprend mieux que les chiffres sont une tendance et que d’autres éléments (fluctuation de poids, essoufflements) sont plus importants que la tension comme annonciateurs d’une récidive. Enfin, ses contrôles cardiologiques sont bons, le médecin est systématiquement encourageant sur son état de santé. D’une manière générale, le psychologue proposera à Monsieur B de diminuer ses comportements de réassurances. En effet, le patient ritualise ses comportements en rapport avec la maladie y compris les outils « antianxiété » c’est comme cela qu’il finit par faire un usage « abusif » de la relaxation. Il redoute de ne pouvoir écouter son CD de relaxation et se sent contrarié si les conditions optimales ne sont pas réunies (être assis tranquillement au calme 20 min). Il va être encouragé à s’assouplir, à bousculer ses habitudes sous forme d’expositions programmées. Par exemple, il va essayer d’aller se coucher sans disposer à portée de main son téléphone, ses lunettes et son Xanax® ou faire sa relaxation à un autre moment de la journée ou dans un autre fauteuil. De plus, ayant peur d’être seul en cas de malaise, il surveille l’emploi du temps de sa femme et dès que l’heure présumée de son retour est dépassée, il ne s’occupe plus et reste en attente et s’énerve. De nouveau, assouplir son emploi du temps, s’occuper, oser sortir de la maison va améliorer ce problème. 44 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 44 02/09/2016 15:39:21 Thérapies comportementales et cognitives L’objectif général de la diminution des évitements est de favoriser un retour à une vie normale. Grâce à des informations sur le rôle de l’évitement dans le maintien de l’anxiété, le patient comprend qu’il doit s’exposer à ses craintes ; celles-ci portent notamment sur l’éloignement du domicile. Les recommandations médicales qu’il entend suivre lui conseillent d’être plus actif physiquement. Afin de s’y plier, mais aussi pour diminuer son anxiété liée à la récidive, il s’engage dans des balades de quelques minutes régulièrement, avec son chien (objet contrephobique) dans son quartier. Cet exercice lui redonne confiance et lui permet de se détendre. Progressivement, il tente d’élargir le périmètre ou de modifier le parcours. D’autres évitements sont présents : par exemple les microbes, car il se sait plus fragile. Il est très difficile pour lui de savoir si cette fuite est motivée ou non par l’anxiété. Pour l’aider à trancher la question, il s’en remet au départ à l’avis de son cardiologue qu’il consulte régulièrement ou joint par téléphone. Au fil du temps, il devient plus autonome et décide de se fixer une règle simple : il va éviter les risques évidents tels que se rendre dans un hôpital pour rendre visite à un malade, avoir un contact physique rapproché avec une personne malade. Le patient reste marqué par le fait qu’il s’est réveillé subitement en pleine nuit en train d’étouffer ; la nuit, le noir et la solitude lui rappellent cet épisode. Lorsqu’il se couche, il s’ausculte, écoute son cœur afin de déceler une éventuelle anomalie, mais ce comportement a tendance à lui faire « rater » sa période d’endormissement. Il reste alors éveillé des heures à ruminer et il ne sait plus quoi faire pour passer son temps. De plus, il redoute les conséquences du manque de sommeil sur sa journée du lendemain. Au départ, il utilise un CD de relaxation pour s’aider à trouver le sommeil. Cependant, ce rituel perd en efficacité. Grâce à de la psychoéducation sur les mécanismes du sommeil, il dédramatise la fatigue et teste des alternatives en cas de difficultés de sommeil telles que la lecture, un bain ou laisser ses tracas hors de la chambre. Le fait d’avoir plusieurs ressources à disposition en cas d’insomnie, l’aide à se détendre et à dormir. Pour terminer sa prise en charge et diminuer encore le fond anxieux de ce patient, il a été entraîné à la résolution de problème sur base de situations redoutées. Le patient a reçu un document reprenant les étapes de la résolution de problème et a été encouragé à l’utiliser sur deux problèmes concrets : qu’est-ce qu’on fera quand mes beaux-parents ne seront plus autonomes ? Comment m’occuper à ma pension ? Monsieur B a tendance à dénoncer les problèmes, à les anticiper plus qu’à les résoudre : il ne met rien en place, il n’analyse jamais l’entièreté de son tracas. Pour résoudre le problème, il sera 45 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 45 02/09/2016 15:39:21 Table des matières Sommaire 5 Liste des auteurs 7 Préface 11 Introduction 17 PARTIE 1 Interventions individuelles 23 A. Approches structurées 25 Chapitre 1 Thérapies comportementales et cognitives 27 1. Présentation de l’approche psychothérapeutique 1.1. L’apprentissage 1.2. Les principes du conditionnement et du renforcement 27 27 29 29 29 30 1.2.1. Le conditionnement classique 1.2.2. Le conditionnement opérant 1.2.3. L’apprentissage par observation/le modeling 355 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 355 02/09/2016 15:39:33 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques 2. Intérêts dans la prise en charge psychologique des personnes confrontées à une maladie somatique 3. Efficacité de cette approche psychothérapeutique 3.1. La psychoéducation 3.2. La relaxation 3.3. La désensibilisation systématique/l’exposition 3.4. La restructuration cognitive 3.5. La résolution de problème et l’activation comportementale 4. Illustration clinique 4.1. Contexte 4.2. Présentation du cas 4.3. Objectifs de la prise en charge TCC 4.3.1. Psychoéducation 4.3.2. Gestion de l’incertitude, diminution des évitements, traitement de l’insomnie et apprentissage de la résolution de problème 4.3.3. Prévention de la dépression 32 33 36 36 37 37 38 39 39 40 41 42 43 46 5. Conclusion 47 Chapitre 2 Mindfulness 49 1. Historique et principes 1.1. Maladie somatique et pratiques méditatives : l’histoire d’une rencontre 1.2. Les approches thérapeutiques basées sur la méditation de pleine conscience 49 1.2.1. Les protocoles standardisés basés sur la pratique de la méditation de pleine conscience 1.2.2. L’entraînement formel à la méditation de pleine conscience a) Focaliser son attention b) La posture d’observation 2. Intérêts 2.1. Perception corporelle et douleur 2.1.1. De la sensibilité à la perception de la douleur 2.1.2. Mindfulness et perception de la douleur 2.1.3. Modifications des structures impliquées dans le traitement de la douleur 2.1.4. Modifications de l’anticipation de la douleur et de l’état physiologique parasympathique 2.2. Régulation attentionnelle et maladie somatique 49 51 51 55 55 57 59 60 60 61 61 62 63 356 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 356 02/09/2016 15:39:33 Table des matières 2.3. Régulation émotionnelle et maladie somatique 2.4. Perception du soi et d’autrui 3. Efficacité prouvée 4. Étude de cas 4.1. Anamnèse de la patiente 4.2. Analyse qualitative 4.3. Analyse quantitative 5. Conclusion Chapitre 3 Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR) 1. Quelques aspects de la psychothérapie EMDR 1.1. Le Modèle TAI 1.2. Le temps de la reconnaissance 1.3. Protocole standard EMDR 2. Application de l’EMDR dans le champ des maladies chroniques : le cas de l’infarctus et du cancer du sein 2.1. EMDR et infarctus du myocarde : présentation d’un cas 2.2. EMDR et cancer du sein : le syndrome du sein fantôme 3. Conclusion B. Approches introspectives Chapitre 4 Approche expérientielle et centrée sur la personne 1. Présentation de l’approche centrée sur la personne 1.1. Ses principes de base 1.2. Son efficacité thérapeutique 2. L’approche centrée sur la personne dans la prise en charge des personnes confrontées aux douleurs chroniques 2.1. La douleur chronique et les traitements 2.2. Points d’intégration de l’ACP dans le domaine de la douleur chronique 2.2.1. L’importance d’une vision positive et globale de la personne 64 65 67 68 69 69 71 73 75 77 77 79 81 86 86 91 95 97 99 100 100 101 102 102 107 107 357 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 357 02/09/2016 15:39:33 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques 2.2.2. La rencontre avec l’autre et avec soi, l’accompagnement, les attitudes facilitatrices et leur interaction 111 3. Illustrations cliniques 3.1. Le travail en individuel 3.2. Le travail en groupe : des lieux particuliers pour expérimenter d’être soi 3.3. Le travail auprès des soignants 4. Conclusion 114 114 Chapitre 5 Approche psychodynamique multifocale 125 1. Présentation de l’approche psychodynamique 2. Intérêt de l’approche psychodynamique dans le champ somatique 3. Efficacité et illustrations : une approche basée sur l’étude de cas 3.1. Le sujet malade : Anaïs, un cas de « résilience » par la dialyse 126 Conclusion sur le suivi d’Anaïs et sur nos interventions 3.2. Le soutien aux proches Illustration clinique : exemple d’un atelier avec les patients en dialyse ambulatoire ou à domicile et leur conjoint 3.3. Les soignants aux prises avec la maladie : entre souffrance et violence 3.3.1. Première situation : violence d’un geste de soin « anodin » 3.3.2. Deuxième situation : être la « cible » des soignants 3.3.3. Troisième situation : une infirmière victime de harcèlement sexuel 3.3.4. Quatrième situation : Philippe : un ancien soignant soigné 120 121 122 128 131 131 135 136 138 140 142 143 144 145 4. Conclusion 146 Chapitre 6 Gestalt-thérapie 149 1. Historique et grands principes 1.1. La naissance de la Gestalt-thérapie 1.2. Les grands principes 149 149 151 151 154 1.2.1. Concepts et terminologie gestaltistes 1.2.2. Techniques en Gestalt 2. Intérêt de la Gestalt dans la prise en charge des personnes confrontées à une maladie chronique 2.1. Techniques gestaltistes : une accroche en milieu hospitalier 158 158 358 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 358 02/09/2016 15:39:33 Table des matières 2.2. « Ici et maintenant » : recentrage sur les émotions 2.3. Une vision holistique en réponse au morcellement des soins 2.4. Élargissement des interprétations possibles : le patient acteur 2.5. De la neutralité bienveillante à la relation chaleureuse 3. Efficacité de la Gestalt-thérapie 4. Illustrations cliniques : l’apport gestaltiste en éducation thérapeutique du patient 4.1. Illustration clinique individuelle : exploration gestaltiste de la balance décisionnelle 4.2. Illustration clinique de groupe : « Mieux vivre avec son diabète » 5. Conclusion C. Approches imaginatives 158 159 160 162 164 165 166 173 178 181 Chapitre 7 Hypnothérapie 183 1. Présentation de l’approche psychothérapeutique 1.1. La préhistoire de l’hypnose 1.2. L’essor de l’hypnose 1.3. Le premier âge d’or de l’hypnose 1.4. La période contemporaine 1.5. Actuellement, le second âge d’or 1.6. Incidences 1.7. Théories descriptives et explicatives de l’hypnose 183 183 184 186 187 188 190 192 192 193 193 194 195 196 1.7.1. 1.7.2. 1.7.3. 1.7.4. 1.7.5. L’hypnose comme état de conscience modifiée L’hypnose comme régression La situation hypnotique comme « jeu de rôles » L’hypnose comme support aux métaphores L’hypnose comme psychopathologie 1.8. Une synthèse 2. Intérêts dans la prise en charge des personnes confrontées à une maladie somatique 2.1. Principes 2.2. Éléments de preuve scientifique 199 199 200 359 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 359 02/09/2016 15:39:33 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques 3. Illustration clinique à travers des maladies somatiques 3.1. Patients 3.1.1. Charlotte, suivie pour un cancer du sein 3.1.2. Bakary, patient souffrant de drépanocytose 3.2. Proches 3.2.1. La famille de Grégoire, souffrant de migraines 3.2.2. Anita : accompagnement d’un travail de deuil 201 201 201 202 204 204 205 4. Conclusion 205 Chapitre 8 Sophrologie 207 1. Qu’est-ce que la sophrologie ? 1.1. Origine, définition et caractéristiques 207 207 208 209 209 210 210 211 212 212 213 213 213 214 214 214 217 1.1.1. 1.1.2. 1.1.3. 1.1.4. La sophrologie est-elle une science ? La sophrologie comme philosophie pratique La sophrologie comme thérapeutique La sophrologie comme art ou technique 1.2. Fondements théoriques et pratiques 1.2.1. La phénoménologie de Husserl et de Heidegger 1.2.2. La spiritualité bouddhiste, le zen et la méditation 1.2.3. L’analyse existentielle de Binswanger 1.3. Techniques psychocorporelles 1.3.1. La relaxation physiologique de Jacobson 1.3.2. Le training autogène de Schultz 1.3.3. Le yoga 1.4. Concepts fondamentaux et grands principes 1.4.1. Concepts fondamentaux 1.4.2. Quatre grands principes 2. Quels avantages présente l’approche sophrologique pour la prise en charge des personnes confrontées à une maladie somatique ? 3. Peut-on parler d’efficacité de la sophrologie ? 4. Présentation de deux cas cliniques : la sophrologie en oncologie et la sophrologie comme soutien pour la prise en charge globale du patient en hospitalisation 4.1. Sophrologie et chimiothérapie : Madame M. 4.2. Sophrologie, communication soigné-soignant et prise en charge psychosociale : M. E. 5. Conclusion 219 222 226 227 229 230 360 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 360 02/09/2016 15:39:33 Table des matières PARTIE 2 Interventions familiales et groupales 233 Chapitre 9 Thérapies familiales systémiques 235 1. Les prises en charge familiales et systémiques 2. Intérêt des interventions systémiques dans le champ des pathologies somatiques 3. L’impact du cancer sur la famille 4. La prise en charge des familles en oncologie 5. Illustrations cliniques 5.1. Prise en charge des couples en oncologie 235 5.1.1. Le couple F et leur fille 5.1.2. Le couple R et le changement 5.1.3. Mme et M. X : la mise à jour des éléments conflictuels 5.2. Prise en charge des enfants de patients suivis en oncologie 5.2.1. L’« Espace Luciole » aux Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles 5.2.2. La famille T 238 239 243 245 245 246 248 249 250 251 252 6. Conclusion 253 Chapitre 10 Thérapies de groupe 255 1. Les thérapies de groupe 2. Leur intérêt dans les maladies somatiques 2.1. La maladie d’Alzheimer 2.2. Répercussions psychiques et physiques chez l’aidant 2.3. Psychothérapies proposées aux aidants 3. Efficacité des thérapies de groupe chez les aidants 4. Illustrations cliniques 4.1. Le groupe de parole 255 4.1.1. 4.1.2. 4.1.3. 4.1.4. 4.1.5. 4.1.6. 4.1.7. Le groupe de parole : un espace neutre Le groupe de parole : le respect de la temporalité de chacun Le groupe de parole : un partage d’expériences Le groupe de parole : susciter la prise de recul Le groupe de parole : valoriser le rôle d’aidant La mise en place d’un groupe de parole Le rôle du psychologue 257 257 258 259 261 261 262 262 263 263 264 265 266 267 361 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 361 02/09/2016 15:39:33 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques 4.2. Thérapie comportementale et cognitive en groupe, centrée sur les pensées dysfonctionnelles des proches par rapport à l’aide apportée 4.2.1. Description des 13 séances du programme PRISMA 4.2.2. Illustration du programme PRISMA avec deux cas cliniques 268 268 271 5. Conclusion 279 Chapitre 11 Thérapies multifamiliales 281 1. Présentation de la thérapie multifamiliale 1.1. Définition et bref historique 1.2. Une diversité théorique et pratique 1.3. Techniques 1.4. Rôles des thérapeutes 2. Les intérêts de la thérapie multifamiliale dans la prise en charge des personnes confrontées à une maladie somatique 3. Que sait-on de l’efficacité de la thérapie multifamiliale ? 4. Illustration d’une thérapie multifamiliale en néphrologie 4.1. L’insuffisance rénale chronique 4.2. La mise en place d’une thérapie multifamiliale en néphrologie 4.3. Présentation du programme et illustration du travail d’un couple 281 281 282 284 285 4.3.1. Présentation du programme 4.3.2. Illustration clinique : Monsieur et Madame C 285 287 291 291 293 296 296 301 5. Conclusion 303 Chapitre 12 Place des interventions psychothérapeutiques en éducation thérapeutique 305 1. Qu’est-ce que l’éducation thérapeutique du patient ? 1.1. Développement de l’éducation thérapeutique du patient 1.2. Définition et présentation de l’éducation thérapeutique du patient 1.3. Des notions de l’éducation thérapeutique qui intéressent les psychologues 1.3.1. L’approche centrée sur la personne 1.3.2. L’accompagnement psychosocial 1.3.3. L’acquisition de compétences d’adaptation 306 306 307 309 309 310 311 362 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 362 02/09/2016 15:39:33 Table des matières 2. Des liens étroits entre éducation thérapeutique et interventions psychothérapeutiques 2.1. Des modèles théoriques communs à l’éducation thérapeutique et à la psychologie 2.1.1. 2.1.2. 2.1.3. 2.1.4. La théorie de l’apprentissage social Le modèle des croyances de santé Le modèle transthéorique ou modèle du changement Le modèle intégratif et multifactoriel 2.2. Des approches psychothérapeutiques utilisables en éducation thérapeutique 2.2.1. Les approches psychothérapeutiques les plus fréquemment utilisées en éducation thérapeutique 2.2.2. Des approches psychothérapeutiques à développer 2.2.3. Éducation thérapeutique et psychoéducation 312 312 313 314 315 316 318 318 320 322 3. Qu’est-ce qui différencie éducation thérapeutique et interventions psychothérapeutiques ? 3.1. Éducation thérapeutique et psychothérapie individuelle 3.2. Éducation thérapeutique et psychothérapie de groupe 3.3. Éducation thérapeutique et psychothérapie familiale 4. Conclusion 324 324 325 326 Conclusion générale 329 Bibliographie 331 Index 349 Table des matières 355 327 363 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 363 02/09/2016 15:39:33 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 364 02/09/2016 15:39:33 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 365 02/09/2016 15:39:33 pgColl-CARR_8.qxp:pg2Coll.CARR-16x24 18/01/2016 15:06 Page 1 carrefour des psychothérapies Collection dirigée par Edith GOLDBETER-MERINFELD Giovanni ABIGNENTE (Adaptation française de Jean-Yves HAYEZ), Les racines et les ailes. Giovanni ABIGNENTE (Adaptation française de Jean-Yves HAYEZ), Les racines et les ailes. Ressources, tâches et embûches de la famille Ressources, tâches et embûches de la famille Maurizio ANDOLFI (Traduction d’Angela MACCIOCCHI), La thérapie racontée par les familles. Maurizio ANDOLFI (Traduction d’Angela MACCIOCCHI), La thérapie racontée par les familles. Un regard rétrospectif selon le modèle transgénérationnel Un regard rétrospectif selon le modèle transgénérationnel Maurizio ANDOLFI, ANDOLFI, Anna Anna MAsCELLANI MASCELLANI (Traduction d’Angela MACCIOCCHI), Maurizio (Traduction d’Angela MACCIOCCHI), Histoires d’adolescence. Expériences de dethérapie thérapiefamiliale familiale Histoires d'adolescence. Expériences Bernard AUCOUTURIER, AUCOUTURIER, La La méthode méthodeAucouturier. Aucouturier.Fantasmes Fantasmesd’action d’actionetetpratique pratique Bernard psychomotrice psychomotrice Arnoud ARNTZ, Hannie Hannie van VanGENDEREN GENDEREN(Traduction (Traductiond’Elsa d’ElsaBOUëT), BOUËT), Arnoud ARNTZ, Thérapie des des schémas schémas et et personnalité personnalitéborderline borderline (à paraître) Thérapie Anthony BATEMAN, BATEMAN, Peter Peter FONAGY FONAGY(Traduction (Traductionde dePaco PacoPrada, Prada,Nader NaderPerroud, Perroud,Alexander Alexander Anthony Downing, Martin Debbané), Mentalisation et trouble de la personnalité limite. Downing, Martin Debbané), Mentalisation et trouble de la personnalité limite. Guide pratique pratique Guide Aaron T. T. BECk BECK (Traduction (Traductionde deBernard BernardPascal), Pascal),La Lathérapie thérapiecognitive cognitiveetetleslestroubles troubles Aaron émotionnels émotionnels Rolando Omar Omar BENENZON BENENZON (Adaptation (Adaptation française françaisede deFabienne FabienneCAssIERs), CASSIERS), Rolando La musicothérapie. musicothérapie. La La part partoubliée oubliéede delalapersonnalité personnalité La Antoine BIOY, BIOY, Pascal-Henri Pascal-Henri kELLER, KELLER,Hypnose Hypnoseclinique cliniqueetetprincipe principed'analogie. d’analogie. Antoine Fondements d'une d’une pratique pratique psychothérapeutique psychothérapeutique Fondements Suzette BOON, BOON, kathy Kathy sTEELE, STEELE,Onno OnnoVAN VANDER DERHART, HART,Gérer Gérerlaladissociation dissociationd’origine d’origine suzette traumatraumatique. Exercices pratiques pour patients et thérapeutes tique. Exercices pratiques pour patients et thérapeutes Sarah BOwEN, BOWEN, Neha Neha CHAwLA, CHAWLA,G. G.Alan AlanMARLATT, MARLATT,Addictions Addictions: prévention : préventiondedela la rechute sarah rechute basée sur sur la la pleine pleine conscience. conscience.Guide Guideclinique clinique basée John BYNG-HALL, Réinventer lesRégine relations familiales CALEVOI, Gérard DARGE, GOssART, Marc HAYAT, Nicole sylvie kOCkELMEYER, Romano sCANDARIATO, Nicole CALEVOI, Gérard DARGE, Régine GOSSART, Rita MarcsFERRAZZA, HAYAT, Sylvie KOCKELMEYER, Le psychodrame psychanalytique métathérapeutique. supervision, relance et dégagement Romano SCANDARIATO, Rita SFERRAZZA, Le psychodrame psychanalytique métathéraCANCRINI Luigi (Traduction de silvia GUZZI), L’océan borderline. Troubles des états limites, peutique. Supervision, relance et dégagement récits de voyage Luigi CANCRINI (Traduction de Silvia GUZZI), L’océan borderline. Troubles des états limites, CAUTAERTs, Michel récits de voyage « Je tu(e) il ». Psychanalyse et mythanalyse des perversions D’AMORE, Les salvatore Approches cliniques des perversions Michel CAUTAERTS, « Jenouvelles tu(e) il ».familles. Psychanalyse et mythanalyse Frank M. DATTILIO, Thérapies cognitivo-comportementales pour les couples et les familles Salvatore D’AMORE, Les nouvelles familles. Approches cliniques Michel DELBROUCk, Psychopathologie. Manuel à l’usage du médecin du psychothérapeute Frank M. DATTILIO, Thérapies cognitivocomportementales pour les et couples et les familles Édouard de PERROT, La psychothérapie de soutien. Une perspective Martin DEBBANÉ, Mentaliser. De la théorie à la pratique clinique psychanalytique Édouard de PERROT,Psychopathologie. Martin wEYENETH, Psychiatrie etmédecin psychothérapie. Une approche(2e éd.) Michel DELBROUCK, Manuel à l’usage du et du psychothérapeute psychanalytique Michel DELBROUCK, La relation thérapeutique en médecine et en psychothérapie Barry L. DUNCAN, scott D. MILLER, Bruce E. wAMPOLD, Mark A. HUBBLE, Édouard de PERROT, La psychothérapie de soutien. Une perspective psychanalytique L'essence du changement. Utiliser les facteurs communs aux différentes psychothérapies Édouard de PERROT, Martin WEYENETH, Psychiatrie et psychothérapie. Une approche Mansour EL FEkI (Éd.), La sexothérapie. Quelle thérapie choisir en sexologie clinique ? psychanalytique Nicolas FAVEZ, France FRAsCAROLO-MOUTINOT, Hervé TIssOT, Philippe de TIMARY, Sortir l’alcoolique de son isolement Naître et grandir au sein de la triade. Le développement de l’alliance familiale Barry L. DUNCAN, Scott D. MILLER, Bruce E. WAMPOLD, Mark A. HUBBLE, L’essence du Elisabeth FIVAZ-DEPEURsINGE, Antoinette CORBOZ-wARNÉRY, Le triangle primaire. changement. Utiliser les facteurs communs aux différentes psychothérapies Le père, la mère, le bébé Mansour EL FEKI (Éd.), La sexothérapie. Quelle thérapie choisir en sexologie clinique ? (2e éd.) Elisabeth FIVAZ, Le triangle primaire et les deux Psychologie de la parentalité Nicolas FAVEZ, France FRASCAROLO-MOUTINOT, Hervé TISSOT, Naître et grandir au sein Jacques FRADIN, Camille LEFRANÇOIs, La thérapie neurocognitive et comportementale. de la triade. Le développement de l’alliance familiale Prise en charge neurocomportementale des troubles psychologiques et psychiatriques 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 366 02/09/2016 15:39:34 Elisabeth FIVAZ-DEPEURSINGE, Antoinette CORBOZ-WARNÉRY, Le triangle primaire. Le père, la mère, le bébé Elisabeth FIVAZ-DEPEURSINGE, Diane PHILIPP, Le bébé face au couple. Accompagner les familles avec jeunes enfants Jacques FRADIN, Camille LEFRANÇOIS, La thérapie neurocognitive et comportementale. Prise en charge neurocomportementale des troubles psychologiques et psychiatriques Edith GOLDBETER-MERINFELD, Le deuil impossible. Familles et tiers pesants Edith GOLDBETER-MERINFELD, Juan-Luis LINARES, Luigi ONNIS, Elida ROMANO, Marco VANNOTTI, Thérapie familiale en Europe. Inventions à cinq voix Zohra GUERRAOUI, Gérard PIRLOT, Comprendre et traiter les situations interculturelles. Approches psychodynamiques et psychanalytiques Russ HARRIS, Passez à l’ACT. Pratique de la thérapie d’acceptation et d’engagement Russ HARRIS, se libérer avec l’ACT. surmonter les principaux obstacles dans la thérapie d’acceptation et d’engagement Michel HELLER, Psychothérapies corporelles. Fondements et méthodes Ann JERNBERG, Phyllis BOOTH, Theraplay. Une nouvelle thérapie par le jeu basée sur l’attachement David G. KINGDON, Douglas TURKINGTON (Traduction de Pierre PÉRIARD), Thérapie cognitive de la schizophrénie. Une thérapie par le dialogue et l’écoute du sujet Ilios KOTSOU, Alexandre HEEREN, Pleine conscience et acceptation. Les thérapies de la troisième vague Juan Luis LINARES (Traduction de Felipe BARROS SOLANA), Des abus et autres maltraitances. La maltraitance familiale, entre thérapie et contrôle Jean-Claude MAES, Emprise et manipulation. Peut-on guérir des sectes ? Muriel MEYNCKENS-FOUREZ, Christine VAN DER BORGHT et Philippe KINOO, Éduquer et soigner en équipe. Manuel de pratiques institutionnelles Pierre MICHARD, La thérapie contextuelle de Boszormenyi-Nagy. Une nouvelle figure de l’enfant dans le champ de la thérapie familiale Moïra MIKOLAJCZAK et Martin DESSEILLES, Traité de régulation des émotions Moïra MIKOLAJCZAK, Isabelle ROSKAM, Stress et défis de la parentalité. Thématiques contemporaines Kekuni MINTON, Pat OGDEN, Clare PAIN, Le trauma et le corps. Une approche sensorimotrice de la psychothérapie Salvador MINUCHIN, Joel ELIZUR (Traduction de serge KANNAS), Maladie mentale et hospitalisation psychiatrique. Familles, psychothérapies et société Serge MORI et Georges ROUAN, Les thérapies narratives Haim OMER (Traduction d’Édith GOLDBETER-MERINFELD), La résistance non violente. Une nouvelle approche des enfants violents et autodestructeurs Luigi ONNIS, Anorexie et boulimie, le temps suspendu. Individu, famille et société Luigi ONNIS (Traduction de Michèle LAURENT), Asthme et enfant. Apports de la thérapie familiale André PASSELECQ (Éd.), Anorexie et boulimie. Une clinique de l’extrême Isabelle ROSKAM, Sarah GALDIOLO, Jean-Christophe MEUNIER et Marie STIÉVENART Psychologie de la parentalité. Modèles théoriques et concepts fondamentaux Paolo RIGLIANO et Margherita GRAGLIA, L’homosexualité dans les psychothérapies. Histoire, enjeux et perspectives 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 367 02/09/2016 15:39:34 Babette ROTHsCHILD (Traduction de Françoise DUCÈNE), Le corps se souvient. Mémoire somatique et traitement du trauma Benjamin SCHOENDORFF, Jana GRAND, Marie-France BOLDUC, La thérapie d’acceptation et d’engagement. Guide clinique Zindel V. SEGAL, J. Mark G. WILLIAMS, John D. TEASDALE (Traduction de Claude MASKENS), La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression. Une nouvelle approche pour prévenir la rechute (2e éd.) Matteo SELVINI (Traduction de Dominique WATHELET), Réinventer la psychothérapie. L’École de Mara Selvini-Palazzoli René SIRVEN, Relaxation thérapeutique pour adolescents. Guide de pratique psychosomatique Emmanuel STREEL et Léonie CHINET (Éd.), Cannabis. Approches thérapeutiques contemporaines Carlos SLUZKI, La présence de l’absent. Réalisme magique en thérapie familiale Sylvie TORDJMAN Matthias WISS, À la rencontre des jeunes en souffrance. L’expérience d’une équipe mobile pluriprofessionnelle Onno VAN DER HART, Ellert R.S. Nijenhuis, Kathy STEELE, Le soi hanté. Dissociation structurelle et traitement de la traumatisation chronique Kelly G. WILSON, avec Troy DUFRENE, La pleine conscience en thérapie. Une approche de la Mindfulness basée sur l’ACT Jean-Jacques WITTEZAELE (Éd.), La double contrainte. L’influence des paradoxes de Bateson en sciences humaines Jeffrey E. YOUNG, Janet S. KLOSKO, Marjorie E. WEISHAAR (Traduction de Bernard PASCAL), La thérapie des schémas. Approche cognitive des troubles de la personnalité 265518GSK_INTSOM_CS6_PC.indd 368 02/09/2016 15:39:34 Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques ISBN 978-2-8073-0016-3 ISSN 1780-9517 9782807300163_UNTAS_CV.indd Toutes les pages Aurélie UNTAS Catherine BUNGENER Cécile FLAHAULT est maître de conférences-HDR en psychopathologie à l’Université Paris Descartes et directrice des études du master 1 de psychologie, spécialité psychologie clinique et psychopathologie intégrative. Elle est également psychologue clinicienne à l’AURA Paris, formée aux thérapies familiales systémiques, à l’hypnose et à l’éducation thérapeutique. Catherine BUNGENER est professeur de psychopathologie à l’Université Paris Descartes. Elle est responsable du master de psychologie, spécialité psychologie clinique et psychopathologie intégrative. Cécile FLAHAULT est maître de conférences-HDR en psychopathologie à l’Université Paris Descartes et responsable du master de psychologie, spécialité psychologie de la santé. Elle est également psychologue clinicienne et thérapeute familiale à l’Institut Curie à Paris. Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques Aurélie UNTAS COUVERTURE : AXION FISZMAN & PARTNERS L es auteurs, tous psychologues, souhaitent présenter aux professionnels de santé un éventail d’interventions psychothérapeutiques, pouvant être proposées lors de l’accompagnement de patients ayant une maladie somatique et de leurs proches. L’objectif n’est pas d’être exhaustif, mais, dans une perspective intégrative, de sensibiliser les lecteurs au fait qu’actuellement, nous disposons d’un panel de psychothérapies relevant de diverses approches théoriques, souvent complémentaires les unes des autres. Ces approches se différencient par leurs buts, mais aussi par les moyens utilisés pour les atteindre. Les interventions psychothérapeutiques exposées ici sont individuelles, familiales ou groupales. Au sein des approches individuelles, nous avons distingué des approches structurées (TCC, Mindfulness et EMDR), des approches plus introspectives (expérientielle et centrée sur la personne, psychodynamique multifocale et Gestalt) ou encore imaginatives (hypnothérapie, sophrologie). Parmi les approches familiales et groupales, nous décrivons les thérapies familiales systémiques, de groupe et multifamiliales. Chaque chapitre présente une approche psychothérapeutique, les intérêts de celle-ci dans les maladies somatiques, les travaux scientifiques récents, et des vignettes cliniques. L’ouvrage se termine par une réflexion sur la place des interventions psychothérapeutiques en éducation thérapeutique. carrefour des psychothérapies Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques Accompagner les patients et leurs proches Aurélie UNTAS, Catherine BUNGENER et Cécile FLAHAULT (sous la direction de) Préface de Marilou BRUCHON-SCHWEITZER www.deboecksuperieur.com 02/09/2016 14:10