Introduction : La polarimétrie est une technique expérimentale basée sur la mesure de la déviation du plan de polarisation d'une lumière polarisée traversant une solution composée d'une ou de plusieurs molécules chirales. Cette méthode n'est applicable qu'aux molécules optiquement actives (chirales). Elle a été découverte par Biot en 1812 sur des cristaux puis en 1815 sur des molécules organiques. L’activité optique d’une solution peut nous permettre de déterminer certaines de ces caractéristiques. En effet, la façon dont une substance agit sur la polarisation de la lumière peut nous donner des informations sur sa nature, sa concentration,... Définitions Polarimétrie : La polarimétrie est une technique sensible et non destructive permettant de mesurer l'activité optique montrée par les composés inorganiques et organiques. Un composé est considéré comme optiquement en activité si la lumière polarisée linéairement subie une rotation en passant au travers de celui-ci. Chaque substance optiquement active a sa propre rotation spécifique. Chiralité Un objet ou un système est appelé chiral s’il constitue l’image miroir d’un autre objet ou système avec lequel il ne se confond pas. De tels objets se présentent alors sous deux formes, qui sont l’image miroir l’une de l'autre, et ces paires d’images miroirs sont appelées énantiomorphes (du grec formes opposées) ou, en se référant à des molécules, des énantiomères. Chaque carbone asymétrique est un centre de chiralité. Propriété physique associée à la chiralité : une substance chirale est douée d'activité optique et fait tourner le plan de polarisation d'une lumière polarisée plane qui la traverse. Un objet non chiral est dit achiral. Il est isomorphe à son miroir avec lequel il partage les mêmes propriétés géométriques, c’est-à-dire qu’il existe un isomorphisme de l’espace dans lequel il est défini, qui transforme l'objet en luimême. Exemple : Pouvoir rotatoire Un composé est optiquement actif lorsqu'il provoque une rotation angulaire, appelée pouvoir rotatoire, du plan de polarisation d'une lumière monochromatique préalablement polarisée par un cristal biréfringent appelé polariseur. Principe de la polarimetrie Le polarimetre est un dispositif optique permettant de mettre en evidence le phenomene du pouvoir rotatoire dû à l’activité optique d’une substance. Il comprend : Une source lumineuse le plus souvent une lampe à vapeur de sodium Un polariseur Un analyseur Le polariseur transforme la lumiere naturelle en lumiere polarisee lineairement, proprité detectable seulement si on interpose sur le trajet du faisceau un autre polariseur appelé analyseur. Celui-ci est un faisceau lorsqu’il est tourné de manière à ce que sa polarisation soit à 90° à celle du polariseur. On dit alors que l’analyseur et le polariseur sont croisés. Au moment ou on glisse l’echantillon optiquement actif sur le trajet du faisceau il provoque une rotation du plan de polarisation et il faut tourner l’analyseur d’un angle pour restituer l’extinction La lumiere polarisée : La lumière est une onde électromagnétique qui se propage. Elle peut être caractérisée en un point par deux vecteurs: V: Vitesse de propagation (célérité) de l’onde A: Amplitude de l’onde (combinaison linéaire des champs électrique E et magnétique B) Une onde électromagnétique est la superposition d’un champ électrique E et d’un champ magnétique B orthogonaux entre eux et vibrant dans une direction perpendiculaire à la direction de propagation de l’onde. Le vecteur champ électrique E caractérise l'état de polarisation de l'onde Une onde est non polarisée si E a une direction qui varie aléatoirement dans le plan d'onde: c'est le cas de la lumière naturelle. Une onde est polarisée rectilignement si E a une direction bien définie dans l'espace. Examinons la figure ci-contre : à un instant donné il n’est pas possible de préciser l’orientation de la vibration à l’intérieur du plan de vibration. C’est le cas de la lumière ordinaire. Dans certaines conditions cette représentation peut être modifiée dans le sens qu’on peut obliger la vibration à s’effectuer dans une direction bien précise. Nous aurons alors une lumière polarisée. On appelle lumière polarisée une lumière dont la direction de vibration est bien définie. Lorsque la vibration a lieu toujours dans la même direction tout le long du rayon lumineux et qu’on peut placer toutes ces vibrations dans un plan normal au plan de vibration, nous obtenons une lumière polarisée plane. Ce nouveau plan est dit plan de polarisation Production de lumière rectiligne, elliptique ou circulaire Production de lumière polarisée rectilignement (par Reflexion) Parmi les différentes méthodes, on trouve la polarisation dite par réflexion. Elle a été découverte au début du XIX siècle par le physicien Malus et étudiée ensuite par le physicien écossais Brewster. Ce dernier a observé que lorsqu'un pinceau de lumière se réfléchit sur du verre, il présente une polarisation complète sous une valeur précise de l'angle d'incidence appelé incidence de Brewster. Cet angle est défini par la relation : Tang i1 = n2/n1 où n1 est l'indice de réfraction du milieu contenant le pinceau incident est n2 l'indice du milieu réfléchissant D'ordinaire, on prend n1 = 1 car c'est l'indice de réfraction de l'air. On a alors Tang i1= n2 car n1=1 Relations de Descarte: Réflexion i1= i'1 et Réfraction n1.sin(i1) = n2.sin(i2) Relation de Brewster : tang(i1) = n2 On a tan(i1) = n2 sin(i1)/cos(i1) = n2 sin(i1) = n2. cos(i1) or n1 .sin(i1) = n2 . sin(i2) avec n1= 1 donc sin(i1) = n2 . sin(i2) On a alors n2 . cos(i1) = n2 .sin(i2) cos(i1) = sin(i2) Le cosinus d'un angle est égal au sinus de son complémentaire i2= 90°- i1 i'1+ i2 = 90° On en déduit qu’à l’incidence de Brewster, une onde initialement non polarisée le deviendra par réflexion puisque seule la composante transverse électrique (champ E perpendiculaire au plan d’incidence) est réfléchie. Polarisation par transmission Les polariseurs par transmission sont des systèmes optiques qui permettent de sélectionner dans la lumière naturelle de la lumière polarisée rectilignement. Ils sont donc caractérisés par une direction privilégiée du vecteur de polarisation E. Ils se présentent sous la forme de lames à faces parallèles et utilisent : • soit la propriété de biréfringence • soit la propriété de dichroïsme de certains cristaux. Production de lumière elliptique ou circulaire Pour produire de la lumière elliptique, nous utiliserons des lames biréfringentes. Une lame biréfringente est une lame à faces parallèles taillée dans un milieu n'ayant pas les mêmes propriétés optiques selon toutes les directions et caractérisée par deux axes orthogonaux OX et OY parallèles aux faces de la lame. La majeure partie des cristaux sont biréfringents c'est-à-dire qu'ils donnent deux faisceaux réfractés pour un seul faisceau incident ; ils ont donc deux indices de réfraction, l'un correspond aux lois de DESCARTES, il est appelé indice ordinaire ; l'autre, qui ne suit pas ces lois, est dit extraordinaire. Polarimetre de Laurent = Nicols polariseur Un Nicol est un prisme formé d’un cristal rhomboédrique de spath d’Islande (calcite naturelle CaCO3) taillé à un angle de 68° et coupé selon la diagonale. Les deux parties du cristal sont ensuite collées par une substance d'indice de réfraction assez élevé (baume du Canada, n=1,55). La calcite est un matériau biréfringent il possède deux indices de réfraction : ne=1,486 < no=1,658 Lorsque l’on éclaire le prisme de Nicol, il se crée à la première interface deux ondes polarisées : l’onde ordinaire est assez fortement déviée l’onde extraordinaire est très peu déviée Les deux faisceaux réfractés sont polarisés linéairement et leurs plans de polarisation sont perpendiculaires. Un des faisceaux suit la loi habituelle de la réfraction, c'est le rayon ordinaire. Pour ce rayon, l'indice de réfraction a une valeur constante no . L'autre faisceau, appelé rayon extraordinaire, n'obéit pas à cette loi; l'indice de réfraction dépend de la direction de propagation et varie entre no et lʼindice extraordinaire ne . En général, le rayon extraordinaire n'est pas dans le plan d'incidence; il est dévié même si lʼangle dʼincidence est nul (lʼangle dʼincidence est lʼangle entre la direction dʼincidence et la normale à la surface frappée, au point dʼincidence, ces deux directions définissant le plan dʼincidence). Les indices no et ne sont les indices principaux de réfraction d'un cristal (uniaxe). Certains cristaux biréfringents plus complexes (cristaux biaxes) requièrent trois indices de réfraction, aucun rayon ne suit alors la loi de la réfraction. Passage d’une lumière polarisée à travers les lames minces biréfringents Par ailleurs on sait que l’interposition d’une lame d’épaisseur(e) et d’indice n sur le trajet d’un rayon lumineux entraîne l’apparition d’une différence de marche ∆=(n-1).e et donc une différence de phase: φ=2 π(n-1)e/ λ φ1=2 π(ne-1)e/ λ φ2=2 π(no-1)e/ λ φ =φ1- φ2=2 π(no-ne).e/ λ ∆= (n0-ne).e=différence de marche φ =2 π∆ / λ Si ∆ = k λ+ λ/2 la lame est dite demi onde Si ∆ = k λ la lame est dite onde Le Dichroisme Certains cristaux anisotropes absorbent les rayons ordinaires et extraordinaires dans des proportions très différentes. Un rayon lumineux se propageant à travers une épaisseur assez grande dʼun tel cristal devient progressivement polarisé puisqu'un des rayons finit par être complètement absorbé. Dichroïsme. L'onde incidente pénétrant dans la substance est séparée en un rayon ordinaire et un rayon extraordinaire. Après avoir traversé une certaine épaisseur de substance, lʼun des rayons est entièrement absorbé; la lumière émergente est alors polarisée. Ce phénomène est appelé dichroïsme. L'absorption dépend également de la fréquence de la lumière, c'est pourquoi un cristal dichroïque éclairé par une lumière blanche apparaît différemment coloré selon la direction d'observation. Le dichroïsme est le moyen le plus simple et le meilleur marché pour produire la lumière polarisée. Il est à remarquer que toute matière plastique transparente, formée parétire ment, polarise (au moins partiellement) la lumière. On peut s'en rendre compte en plaçant un morceau de Cellophane avant ou après un polariseur. Loi de MALUS • Cette loi donne la valeur de l’intensité lumineuse (I) qui émerge d’un analyseur en fonction de l’intensité (I0) qui sort du polariseur. i = i0cos 2 α E0 et I0 sont l’amplitude et l’intensité de l’onde qui arrive sur l’analyseur. E et I sont l’amplitude et l’intensité de l’onde qui émerge de l’analyseur. est l’angle entre la direction de polarisation initiale u0 et la direction de polarisation de l’analyseur u. Si un faisceau parallèle de lumière naturelle est envoyé sur ce polariseur le faisceau transmis est polarisé rectilignement et son champ électrique E est parallèle à P'P. Si I0 est l'intensité du faisceau incident, l'intensité transmise est égale à I0 /2. Si l'onde incidente est polarisée rectilignement seule la composante du champ électrique suivant P'P est transmise. Analyse d’une lumière polariseur et prisme analyseur • OV1=OVcosα L’intensité lumineuse est proportionnel au carré de l’amplitude. OV1=OV cosα OV12=OV2 cos2α OV2=OV sinα OV22=OV2 sin2α On pose I0=OV2, I1=OV12, I2=OV22 La loi de Malus s’écrit: i1=i0cos2α ;i2=iosin2α Avec un Nicol polariseur d’un Nicol analyseur • Le rayon ov2 ne passe pas à travers le nicol analyseur il est totalement réfléchit. • La loi de Malus s’écrit:OV12=OV2 cos2α i1= i0 cos2α 1. Si α=0 les sections principale sont parallèles: le rayon ordinaire ne passe pas à travers l’analyseur. I2=0 ; I1=I0 2. Si α= π /2 les sections principales sont perpendiculaires: le rayon extra ordinaire ne passe pas le rayon ordinaire passe en entier. I2=I0 ; I1=0 Cas particuliers 1. Si α=0 les sections principales sont parallèles I1=I0 l’intensité du rayon extraordinaire est maximale 1. Si α= π /2 les 2 nicols sont dit croisés I1= 0 alors extinction l’intensité nulle aucune lumière ne passe à travers l’analyseur il y’a Loi de Biot La proportionnalité entre la concentration en produits optiquement actifs (dextrogyres ou lévogyres) et le pouvoir rotatoire est exprimée par la loi de Biot qui stipule que : Pour une substance optiquement active en solution liquide dans un solvant inactif, le pouvoir rotatoire produit par une longueur l de solution traversée par une radiation donnée est proportionnel à la concentration de la solution (masse de substance active en gramme par unité de volume ml), proportionnelle à la longueur l (dm) et proportionnelle au pouvoir rotatoire spécifique de la substance active dissoute. α : pouvoir rotatoire (en degrés) ; l : épaisseur de substance active traversée (dm) ; C : concentration de la substance dissoute (g.cm-3) ; : pouvoir rotatoire spécifique (°.dm-1.g-1.cm3) α est positif si la substance est dextrogyre (+) α est négatif si la substance est lévogyre (-) C’est une constante pour une substance active, indépendante de la concentration elle dépend de plusieurs facteurs : La longueur d'onde : pour la raie D de sodium (λ = 589,3 nm). La température (généralement fixée à 20 °C dans les tables) Le solvant. Pour un mélange, l'angle de rotation est la somme algébrique des angles que produirait chaque composant avec sa concentration :