raciale prétend ordonner ce que dans la diversité humaine est génétique. Considérer
comme race tout ce que est génétiquement différent conduit cependant à faire de chaque
être humain, ensemble unique de gènes, une race en soi. La seule démarche justifiable
consiste à tenter de classer les populations humaines, définies par la tendance de leurs
membres à se marier entre eux, selon une procédure logique de groupement basée sur
leur degré de ressemblance génétique. C’est la démarche de la taxonomie numérique,
lorsqu’elle part d’une mesure de la différence entre populations (ou «distance
biologique») pour un ensemble de caractères dont la variation est totalement ou
largement de nature génétique et tente sur cette base de délimiter des «agglomérats» de
populations. Encore très lacunaire, son application à l’espèce humaine suggère une
dispersion quasi homogène des populations dans l’espace des distances biologiques,
configuration qui rend toute classification inopérante. Par une démarche toute différente,
des spécialistes de la génétique des populations comme R. Lewontin (1974) sont arrivés à
une conclusion semblable : la subdivision en races ne rend compte que d’une part très
faible de la diversité génétique propre à l’espèce humaine. Par exemple, la distance
génétique entre deux populations françaises n’est en moyenne inférieure que de 15% à la
distance entre deux populations prises au hasard dans le monde. Les classifications
raciales encore en rigueur sont arbitraires et inopérantes.
Aussi un grand nombre d’anthropologues sont-ils actuellement convaincus de
l’inapplicabilité du concept de race à l’espèce humaine. D’autres cependant répugnent à
renoncer au confort mental d’une logique classificatoire, souvent liée dans leurs esprit à
un schéma évolutif qui voit dans les races les rameaux terminaux de branchements
successifs au départ d’un tronc représentant la souche humaine primordiale. Cette image
est elle-même loin de correspondre à la réalité : du fait de l’intensité du brassage des
populations humaines, associée à leur capacité à vivre dans les milieux les plus variés et à
leur faible aptitude à s’adapter biologiquement à des milieux contrastés, l’image du
réseau représente l’évolution humaine de façon bien plus réaliste que celle de l’arbre. Le
recours aux classifications raciales n’est pas prêt néanmoins de disparaître. De la même
manière, on continue en certains lieux de faire appel aux typologies raciales, c’est-à-dire
de considérer toute population humaine comme constituée de pourcentages différents