Contexte et objectifs de l'étude
Le dernier rapport du groupe intergouvernemental
d'experts sur l'évolution du climat [1] confirme que « le
réchauffement du système climatique est sans équivoque,
car il est maintenant visible dans les observations de
l'accroissement des températures moyennes mondiales de
l'atmosphère et de l'océan, la fonte généralisée de la neige
et de la glace et l'élévation du niveau moyen mondial de la
mer », et qu'il est « très probablement » dû aux émissions
de gaz à effet de serre des activités humaines.
Dans ces conditions et compte tenu de l'urgence de la
situation et des conséquences potentielles du réchauffe-
ment climatique, l'un des objectifs du Grenelle de
l'environnement [2] consistait en la division par quatre
des émissions de gaz à effet de serre de la France d'ici 2050.
L'ensemble des secteurs économiques (transports, bâti-
ment, industrie, agriculture, tourisme...) est concerné par
ces mesures, le bâtiment (secteurs résidentiel et tertiaire)
étant l'un des plus critiques car il contribue à 23 % des
émissions nationales de gaz à effet de serre et il est le
secteur le plus consommateur d'énergie en France avec
42,5 % de l'énergie finale totale (énergie livrée au
consommateur et utilisée pour satisfaire l'intégralité de
ses besoins). C'est en particulier le secteur résidentiel qui
consomme leplus d'énergie (2/3contre 1/3 pourle tertiaire)
avec une consommation moyenne annuelle d'énergie
primaire (énergie générée sur le lieu de production qui ne
tient pas compte de l'énergie nécessaire à sa transforma-
tion età son transport) pourle chauffageet l'eau chaude de
240 kWh/m
2
, hors bois, (soit 164 kWh/m
2
enénergiefinale).
C'est dans ce contexte qu'a été prévue la mise en œuvre
d'un chantier très ambitieux de rénovation énergétique de
bâtiments existants (logements, bureaux, commerces,
équipements publics et privés) avec pour ambition de
réduire les consommations d'énergie d'environ 12 % dans
les bâtiments résidentiels en 2012 et de plus 38 % à
l'horizon 2020. Un programme de rupture technologique
sur les bâtiments neufs a également été lancé afinde
généraliser les bâtiments à énergie positive en 2020 et avoir,
dès 2013, la totalité des bâtiments neufs à basse consom-
mation ou à énergie positive. Les engagements du Grenelle
de l'environnement se retrouvent notamment dans la loi
n82009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la
mise en œuvre du Grenelle de l'environnement [3] dite
« Grenelle 1 » et la loi n82010-788 du 12 juillet 2010 portant
engagement national pour l'environnement [4] dite
« Grenelle 2 » et se traduisent, dans le secteur du bâtiment,
par le Plan Bâtiment Grenelle (lancé en janvier 2009) et par
l'élaboration de la future réglementation thermique pour
les bâtiments neufs « RT 2012 ». Cette réglementation est
applicable en fin d'année 2011 pour les bâtiments à usage
d'habitation situés en zone géographique définie par
l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), les
bureaux, les bâtiments d'enseignement et les établisse-
ments d'accueil de la petite enfance et au 1
er
janvier 2013
pour la majorité des bâtiments d'habitation. Elle vise
notamment à limiter la consommation conventionnelle
d'énergie primaire (consommation calculée avec certaines
hypothèses fixées, notamment de température intérieure,
de présence des occupants, des scénarios d'occupation et
d'historique des données météorologiques) des bâtiments
neufs à un maximum de 50 kWh/m
2
/an en moyenne pour
cinq usages pris en compte : chauffage, production d'eau
chaude sanitaire, refroidissement, éclairage, auxiliaires
(ventilateurs, pompes).
Bien que l'enjeu majeur de ces bâtiments soit d'^
etre
les plus économes possible, des interrogations se posent
cependant : que sait-on de la qualité d'air intérieur de ces
bâtiments ? Qu'en est-il du confort des occupants ? Enfin,
existe-il d'éventuelles contre-performances dans ces
bâtiments (économies d'énergie susceptibles d'affecter
la qualité d'air intérieur et/ou le confort des occupants) ?
En l'absence d'éléments de réponse disponibles à ce
jour, compte tenu du caractère récent de ces bâtiments
performants en énergie et afin de répondre à ces
questionnements, un outil d'évaluation de la qualité de
l'air intérieur, du confort des occupants et des consomma-
tions d'énergie des bâtiments économes en énergie a été
élaboré dans le cadre du programme de recherche
Bâtiment et Santé (2008 et 2009) du Centre scientifique et
technique du bâtiment (CSTB). Intégré depuis 2010 au
programme d'actions de l'Observatoirede la qualitédel'air
intérieur (OQAI) créé et financé par les ministères en
charge du Logement, de l'Écologie et la Santé, l'Agence de
l'environnement et dela maîtrise de l'énergie (Ademe) et le
CSTB, l'outil méthodologique a été testé sur quelques
bâtiments.
L'objectif de cet article est de présenter les indicateurs
de performance choisis, les protocoles et les moyens de
mesure utilisés dans cet outil méthodologique. Un retour
d'expériences des suivis expérimentaux réalisés au moyen
de cet outil sur sept bâtiments performants en énergie est
présenté ainsi que des pistes pour l'élaboration d'un
protocole plus opérationnel, déployable à grande échelle,
à un coût raisonnable et une base de référence nationale
destinée à centraliser les données collectées sur le terrain.
Key words: air pollution, indoor; assessment methodology; conservation of energy
resources; housing; noise; temperature; ventilation.
Environ Risque Sante –Vol. 11, n81, janvier-février 2012 41
Méthodologie d'évaluation de la qualité d'air intérieur, du confort et des consommations énergétiques des logements
performants en énergie
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.