es farces médiévales que nous interprétons sont des saynètes de courte durée (8 à 15 minutes) dont l’action se
déroule au Moyen Âge mais dont le ressort comique demeure parfaitement contemporain puisqu’elles traitent de la
bêtise humaine et des péchés capitaux. Elles mettent en scènes des personnages burlesques, facilement identifiables,
dans des situations cocasses, de sorte que le public comprend aisément à la fois l’intrigue et le caractère humoristique de
chaque situation.
Proches par certains égards de la pantomime, du cinéma muet, voire même de la bande-dessinée, nos farces médiévales
sont à ce titre d’une incroyable modernité même si l’action se déroule au Moyen Âge. Car de tous temps il y eut des
trompeurs et des trompés, des nantis et des misérables, des couards et des courageux, des cocus et des fidèles, de sorte
que le comique médiéval trouve encore un écho dans notre société contemporaine.
Nos farces sont issues en partie du répertoire médiéval tel qu’il nous est parvenu : elles ont été adaptées par nos soins
de manière à être comprises par un public aussi large que possible, du néophyte au béotien, réécrites en Français
contemporain parsemé de quelques expressions typiquement médiévales. Ainsi, nul besoin de connaître le Latin ou d’avoir
fait une maîtrise d’Histoire pour les apprécier ! Certaines de nos farces ont été créées par Philippe Deleuze, l’un de nos
metteurs en scène, sur le modèle des farces existantes.
Même si elles traitent des péchés de chair et de gourmandise la plupart du temps, nos farces demeurent accessibles au
jeune public car nous prenons soin de ne pas employer de mots ou de gestes vulgaires, ou encore d’engendrer des
situations équivoques. Nous tenons à ce que nos farces ne gênent personne mais au contraire divertissent le plus grand
nombre. Et si la plupart de nos farces sont étrangères aux prescriptions déontologiques en vigueur, elles se terminent sans
ambigüité par une morale bon enfant. En somme, du rire mais de l’éthique !
Choisies pour représenter aussi fidèlement que possible l’humour médiéval dans son contexte historique et socioculturel, nos
farces sont interprétées en costumes d’inspiration médiévale, avec quelques accessoires et éléments de décor facilement
transportables, ce qui nous permet de les jouer en intérieur comme en extérieur, sur une vaste esplanade comme dans un
café-théâtre. Sans rapport entres elles, nos farces peuvent donc être jouées les unes à la suite des autres ou non
dans n’importe quel ordre. Adaptabilité et flexibilité sont nos maîtres mots !
Répétées et interprétées suivant un canevas de base, nos farces laissent cependant le champ libre à l’improvisation et la
part belle à l’interactivité. Le public n’est pas seulement spectateur, il est aussi acteur, parfois même à son corps
défendant ! D’où l’intérêt pour nous de jouer au plus près du public et de pouvoir dialoguer avec lui à l’issue de la
représentation. À la demande, nous pouvons d’ailleurs compléter notre jeu par une introduction didactique permettant de
contextualiser nos farces, voire même de proposer une conférence sur l’alimentation au Moyen Âge puisque le péché de
gourmandise revient de manière récurrente sur le devant de la scène.
L
es farces constituent un pan essentiel de l’Histoire du théâtre. Elles ont enchanté Rabelais et inspiré Molière. Elles offrent aujourd’hui un
formidable témoignage sur la société médiévale et ses travers. Dans les farces que nous présentons, se joue l’affrontement sans cesse renouvelé
des nigauds et des roublards, des filous et des nigauds, des naïfs et des cyniques, les rôles s’échangent et se renversent brutalement, car
« à trompeur, trompeur et demi ».
Apparue sous l’Antiquité, la farce est un genre théâtral à part entière qui s’épanouit en France entre le XVe et le XVIIe siècle. Intimement liée au
Carnaval au cours duquel les interdits sont temporairement levés, la farce puise ses racines et sa force comique dans le péché de chair et celui de
gourmandise. Des têtes couronnées au paysan, du bourgeois au marchand, nul n’est épargné et nul ne reste insensible à ces facéties joyeuses tournant
en dérision les travers d’une société sur laquelle pèse la religion avec sa cohorte d’interdits et d’obligations.
Ces farces étaient interprétées lors des foires et des fêtes populaires, en plein air sur des tréteaux, comme en témoignent ces deux représentations :
Cortège d'une noce campagnarde
, Brueghel l’Ancien, vers 1489
Recueil d’airs profanes et sacrés
, anonyme, vers 1542
« On verra s’ébattre ou s’affronter les couples d’autrefois, de l’accorte ménagère rudoyant son soûlaud de mari à la douce jouvencelle cajolant son
barbon. Curés paillards, amants trouillards, nobliaux vantards et sergents gueulards, c’est tout un monde qui ressurgit devant nous avec une verve
comique d’une surprenante modernité »
nous apprend Bernard Faivre, auteur de la préface d’un recueil de farces médiévales.
« La structure de base de la farce, c’est de parvenir à tromper l’autre, rappelle Michel Corvin dans son dictionnaire encyclopédique du Théâtre. La
farce est un univers de trompeurs et de trompés : maris perpétuellement dupes des manèges de la femme et de son amant ; boutiquiers victimes des
ruses des mauvais payeurs ; valets qui se vengent d’une humiliation ; matamores se faisant mutuellement peur ; badins demeurés qui croient le
premier hâbleur venu ».
En somme, c’est toute la société médiévale qui se retrouve chamboulée : le bas domine le haut, la femme dompte l’homme, l’homme d’Eglise devient
paillard, le seigneur se fait rosser par le valet, etc. Comme le mentionne Michel Corvin, « parenthèse festive, la farce est la revanche des instincts et
des pulsions sur les préceptes éthiques. D’son amoralisme tranquille : jamais un scrupule, rarement un remords. Sa seule morale, c’est qu’il est
juste de tromper un trompeur ».
[ Sources : Michel Corvin, Dictionnaire encyclopédique du Théâtre, aux éditions Larousse-Bordas, 1998 / Bernard Faivre, Les farces - Moyen Âge et Renaissance, aux éditions de lImprimerie
Nationale, 1997 / Charles Mazouer, Le Théâtre français au Moyen Âge, aux éditions Sedes, 1998 / Agnès Pierron, Dictionnaire de la langue du Théâtre, aux éditions Le Robert, 2002 ]
L
7
Qui de la femme ou de lhomme est le plus bavard ? Epineuse question à laquelle va tenter de répondre un couple dimpénitents gouailleurs,
avant que nintervienne un troisième larron particulièrement taquin officiant comme chaudronnier
7
Une jeune femme, belle et sans mari, se trouve confrontée à un grave dilemme : choisir entre un moine défroqué et un soldat en goguette.
Lequel des deux prétendants remportera le cœur de la belle ?
7
Le pauvre Jacquinot croule sous les tâches domestiques imposées par sa femme. Aussi, lorsque celle-ci tombe dans un baquet rempli deau, il
refuse de la secourir, prétextant que cette tâche ne fait pas partie des missions qui lui sont imposées ! La mégère sera sauvée, mais à quel prix !
7
Si rire est le propre de l’homme, travailler est-il celui de l’époux ? En prise avec sa femme et sa belle-mère, un mari trouve refuge dans la
médecine pour tenter d’échapper à la besogne. Mais l’habit ne fait pas le moine, encore moins le médecin, et gare à la colère des femmes !
7
Aller à confesse conduit une séduisante jeune femme à rendre jaloux son savetier de mari ! Mais le coquin de curé devrait se méfier des créatures
qu’il invite à confesser le soir chez lui et ne pas toujours se fier aux apparences ! Car le mari ne compte pas se laisser voler son épouse…
7
Si mentir est fort vilain, semer la zizanie entre deux voisines est impardonnable. Galopin en sait quelque chose, lui qui se venge de sa maîtresse
pour une sombre histoire d’aiguille perdue et finalement retrouvée... De même, sa maîtresse apprendra qu’il est dangereux d’accuser sans preuve.
7
Que faire lorsque deux succulentes perdrix, cuites à point, titillent vos narines ? Vous les mangez, pardi ! Mais que faire lorsque votre ivrogne de
mari rentre le soir pour les déguster ? Demandez donc au curé ! Ah, cruel péché de gourmandise…
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Mahuet est un brave garçon que sa maman envoie à Paris vendre ses œufs au prix du marché. A priori, rien de compliqué. Mais notre gentil
compère n’est pas au bout de ses peines car le monde est truffé de mécréants peu charitables qui méritent d’être remis à leur place.
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Mariette, épouse d’un homme jaloux qu’elle aime malgré tout, joue un tour mémorable à Robin, un riche marchand qui n’a de cesse de lui faire
la cour, quitte à suer de tout son corps pour satisfaire les caprices de la belle ! Et le mari de se voir offrir les services d’un valet inattendu…
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Quoi de plus naturel que de laisser échapper un vent ! C’est que le corps réclame de la place pour respirer ! Mais quand cela tourne au vinaigre,
mieux vaut prendre l’air ! Retenez donc votre souffle car il va y avoir grand vent entre Madame et Monsieur…
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L’amour rend aveugle, paraît-il. Mais doit-on vraiment supporter l’intolérable de la part d’une jouvencelle mal apprivoisée ? À cela, un chien, un
chat, un cheval et un coq vous supplieront de croire qu’il n’en est rien ! Les joies du mariage revisitées à la mode médiévale.
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Pour se tirer d’affaire, deux mendiants affamés entreprennent de rouler un marchand et son épouse en leur dérobant quelque salutaire pitance
grâce à un subterfuge. Mais la mascarade est découverte et la vengeance n’en est que plus salée !
7
Un couple de doux benêts tarde à donner une descendance à leurs vieux parents qui entreprennent de les déniaiser à leur façon, créant ainsi un
drôle de quiproquo révélé par le voisinage. À vouloir forcer la nature, certaines ardeurs s’en voient délivrées de manière saisissante !
En préparation deux nouvelles farces :
Le diable et la servante
-
Le diable et le goret
.
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