à nous dépenser sans attendre d'autre récompense
(gratuitement !) que celle de savoir que nous faisons votre
Sainte Volonté.
Rien de plus, rien de moins. Donner sa vie c’est cela et rien
d’autre ! Dans chaque décision, dans chaque acte, donner
concrètement quelque chose de soi-même : son temps, son
sourire, son amitié, son savoir-faire, sa présence, même
silencieuse, même impuissante, son attention, son soutien
matériel, moral et spirituel, sa main tendue… sans calcul, sans
réserve, sans peur de se perdre…
Le témoignage de nos sept trappistes était tellement simple et
tellement grand ! Ils n’avaient pas besoin de beaucoup de
paroles – comme les Dominicains ! Ora et Labora. Prie et
travaille, travaille la terre, travaille au champ de Dieu, travaille à
la réconciliation et à la fraternité avec tous. Ils accueillaient et
(vous les avez connus, beaucoup d’entre vous…), ils soignaient
aussi les pauvres de la montagne. Leur présence, humble et
cachée, parle aujourd’hui plus fort que tous nos discours
laborieux pour essayer d’expliquer ce que nous faisons en
Algérie même. Ecoutez ce témoignage reçu d’une musulman
parmi des centaines d’autres : « Nous faisons le choix de
rester » disait le frère Christian (Christian de Chergé, le prieur
des trappistes) et encore : « Que devient ce don chez celui qui
laisse son ami quand le danger est là ? » C’est Christian qui
disait cela. Et le musulman continue : « Adieu frère Christian !
tu as choisi de rester tout en étant conscient des risques que tu
encourais, toi et tes frères. Il fallait être fou pour rester dans ce
monastère, juché en plein maquis des assassins. As-tu jamais
eu peur ? Je ne puis le penser ! Tu étais courageux, mon frère !
Comment as-tu regardé tes assassins ? Avec le regard et la
pensée de celui qui sait pourquoi il meurt. Que faisais-tu là-haut
dans ces montagnes ?... Vieux brigand de Dieu, tu chassais les
pauvres, tu les kidnappais pour leur donner à manger, pour
écouter leurs plaintes, ô mon frère le Brigand ! Partagé entre ta
cellule et les travaux domestiques, tu mangeais du pain dur qui
rend le cœur doux, ô vieux Brigand qui avais choisi la robe de
bure et le martyre. Quoi te dire de plus, ô mon frère ? Rien, je