Amérique, puissance du N, affirmation du S Term L-ES p. 1
L'AMERIQUE, PUISSANCE DU NORD, AFFIRMATION DU SUD
Avec une superficie de plus de 42 millions de km², l'Amérique est le continent de la planète, s'étendant sur 28,2% des terres émergées. Il abrite
13,5% de la population mondiale (plus de 950 millions de personnes).
Mais c'est un continent traversé par un fort contraste entre le nord (Canada, EU), riche et développé et le sud (Amérique latine) en développement,
débouchant sur de profondes fractures socio-économiques et culturelles.
Toutefois, cette opposition est atténuée par la mise en place d'associations régionales de coopération qui cherchent à intégrer les États de tout le
continent. Cependant, la volonté de domination des EU suscite de multiples oppositions et tensions et constitue un frein à une véritable intégration
continentale.
Cette domination des EU est contestée par l'émergence du Brésil à l'échelle régionale et mondiale. Le continent est donc dominé par deux géants au
rôle mondial majeur mais différent, qui illustrent les nouveaux rapports de force internationaux. L'entrée en scène régionale et mondiale du Brésil lui
permet, comme le font les EU depuis longtemps, d'orienter la politique d'intégration continentale et de défendre ses intérêts à l'échelle planétaire. Les
dynamiques régionales des deux États reflètent leur puissance respective.
En quoi le continent américain est-il le reflet de nouveaux équilibres N/S ?
Le continent américain est le reflet des nouveaux équilibres N/S car il oscille entre tensions et intégrations, les pays du Sud souhaitant intervenir et
prendre des décisions, (1° partie), ce qui est illustré par le rôle majeur joué par le Brésil, pays émergent, à l'échelle continentale et mondiale et qui
conteste la domination EU (2° partie).
I: UN CONTINENT ENTRE TENSIONS ET INTEGRATIONS REGIONALES :
A: Un continent fait de contrastes :
Cartes n°1 p. 206, n°2 p. 207, n°1 p. 208
Quels différents contrastes abrite le continent américain ?
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Le continent présente
de forts contrastes de
développement,
abritant :
- un pôle de la
Triade au Nord avec
les EU...
… le Canada
- des puissances
émergentes, (les
Jaguars), parmi
lesquelles se détache
le Brésil
Contrastes de développement :
Les contrastes de développement sont criants entre une Amérique du Nord, riche, et une Amérique centrale et sud abritant
à la fois des pays émergents, des pays intermédiaires, des pays souffrant de graves retards et un PMA (Haïti).
Un pôle de la Triade :
Le poids des États-Unis, territoire clé de l'espace mondial
Les États-Unis constituent à tout point de vue le lieu central du continent américain. Le PIB et l'IDH (0,910) des États-Unis
sont les plus élevés du continent. Leur PIB global est sept fois plus élevé que celui du Brésil, qui possède le deuxième PIB
continental. Les EU sont les 1° investisseurs dans le continent, notamment au Canada et au Mexique.
D'importants lieux centraux de l'espace mondial se concentrent en effet aux États-Unis. Du point de vue politique, on
trouve à New York le siège de l'ONU. Les décisions prises à Washington sont décisives (siège FMI), tant pour le continent
que pour le monde. Du point de vue financier, la présence de la Bourse de Wall Street est déterminante. Les États-Unis
possèdent des lieux forts de l'espace continental et mondial : la mégalopole du Nord-Est avec sa façade maritime, sa ville
mondiale (New York), les pôles de la Sun Belt avec le Texas et la Californie (qui, si elle était un État indépendant,
posséderait le 6° PIB au monde). Les ressources naturelles d'un territoire maîtrisé contribuent à cette place particulière.
Le Canada : un territoire intégré à la Triade :
Le Canada est un pays riche en ressources naturelles et un grand exportateur de matières premières. Son PIB le classe
au 14° rang mondial. Sa forte intégration aux EU a contribué à l'émergence d'une vaste région frontalière, la Main Street
America.
Des puissances émergentes
L'Amérique émergente regroupe les États du sous-continent riches en ressources naturelles et qui connaissent un taux de
croissance économique compris entre 5 et 7%/an : Argentine, Brésil, Chili, Mexique surnommés les Jaguars. Ils ont des
économies diversifiées avec un secteur industriel (industries agro-alimentaires, industrie textile et confection, usines
d'assemblage) et touristique. Le secteur de l'énergie est aussi développé (sauf au Chili).
Le Mexique est la 2° puissance économique d'Amérique latine, le 1° investisseur latino-américain à l'étranger. La proximité
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- des PED
aux potentiels
inégaux
aux économies
dépendantes
des EU est un atout (exportations, investissements) mais génère une forte dépendance.
Les pays du « cône sud » (Argentine 21° économie mondiale et Chili 42°) sont de grands exportateurs de matières
premières (cuivre) et denrées agricoles (fleurs, blé, soja). Mais l'Argentine a été handicapée par la faillite financière de
l'État en 1998.
Le Brésil s'affirme comme la puissance régionale de l'Amérique du Sud et apparaît véritablement comme une puissance
émergente : PIB du sous-continent, au rang mondial, pays récepteur d'IDE du sous-continent, il fait contrepoids à
la domination EU. Il s'appuie sur son potentiel agricole et ambitionne de devenir la « ferme du monde », mais aussi sur ses
ressources pétrolières offshore, son système bancaire et ses industries variées et performantes. Cependant, il est traversé
par de profondes inégalités sociales (IDH de 0,718 soit le 84° rang mondial).
Des pays en voie de développement
Des pays aux potentiels inégaux
L'Amérique « en développement » présente une grande diversité de situations, allant du Venezuela riche en ressources
pétrolières (7° exportateur mondial de pétrole mais possédant peut-être les plus importantes ressources de la planète) aux
États enclavés comme le Paraguay et la Bolivie jusqu'au pays le plus défavorisé Haïti, seul PMA du continent américain,
marqué par la très grande pauvreté avec des richesses confisquées par une infime minorité blanche ou métisse, héritage
de la société esclavagiste, des risques naturels tels que cyclones et séismes, une absence de culture démocratique et de
la corruption.
Des économies dépendantes
Leurs économies sont très dépendantes du cours des matières premières (exportations pétrolières pour le Venezuela,
exportations de café, sucre, fleurs pour la Colombie, exportations d'or et de produits de la mer pour le Pérou) et des
investissements venant de l'étranger (IDE). Les FTN originaires du Nord y ont également un poids considérable.
Les espaces agricoles de l'Altiplano (plaine d'altitude), de la Bolivie, Pérou, Équateur, Colombie sont consacrés à une
agriculture uniquement vivrière . Employant une main-d’œuvre nombreuse, elle s'avère peu intensive et peu productive, ce
qui ne lui permet pas de dégager des surplus commercialisables.
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Des contrastes
géographiques
et sociaux
Des contrastes
culturels
Des contrastes
géopolitiques :
- des dépendances
Des problèmes de développement
Les États dont le PIB et l'IDH sont les plus faibles se situent en Amérique centrale (Guatemala, Honduras…). Les deux
pays enclavés du continent, la Bolivie, située dans la zone andine, et le Paraguay connaissent des difficultés comparables.
Haïti est classé dans les PMA avec un IDH de 0,450 et une espérance de vie de 62 ans. C'est l'un des pays les plus
inégalitaires au monde, incapable d'effectuer sa reconstruction à la suite du séisme de 2010 et du cyclone de 2012. 20%
des Haïtiens ont émigré et leurs transferts fournissent 25% des revenus du pays. Sa situation géographique (équidistance
des EU et de la Colombie) fait de Haïti une plate forme du trafic de drogue entre la Colombie et les EU.
Des contrastes géographiques et sociaux
Dans tous les pays du continent, on relève des contrastes entre les littoraux, les métropoles et leurs CBD, qui concentrent
hommes, activités et pouvoirs de décisions, et l'intérieur des continents, les espaces ruraux, certains quartiers défavorisés
des villes, qui sont autant de périphéries délaissées.
Les inégalités sont également entre, d'une part, les descendants de colons européens et les métis, et d'autre part, les
populations indiennes ou d'origine africaine bossales » de Haïti, Indiens de Bolivie qui représentent 70% de la
population mais sont les plus pauvres).
Des contrastes culturels
On oppose traditionnellement une Amérique anglo-saxonne, protestante et blanche au Nord, à une Amérique latine,
catholique et métissée au Sud.
Mais les échanges culturels et les influences croisées se multiplient
Des contrastes géopolitiques
Les États du continent sont des puissances géopolitiques variées. La plupart des États d'Amérique latine ne jouent qu'un
rôle modeste, à l'échelle continentale voire régionale.
Tous issus de la décolonisation, certains États ont encore des liens de dépendance avec l'extérieur : les territoires
ultramarins de pays européens (St Pierre et Miquelon, îles des Antilles, Guyane, îles Falklands) ; Porto Rico est « territoire
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- des régimes
politiques variés et
marqués par
l'instabilité au Sud
rattaché aux EU » ; la zone du canal de Panama n'a été restituée à l’État du Panama qu'en 1999 ; Haïti, République
peuplée d'anciens esclaves à accéder à l'indépendance en 1804, mais aujourd'hui dirigée par une force internationale.
Les régimes politiques en place sont variés : EU et Canada, sont des démocraties stables. En revanche, l'aire latino-
américaine et caraïbe est marquée par l'instabilité. La guerre froide y a pris la forme d'un affrontement entre des guérillas
de gauche, qui sont parfois parvenues à s'emparer du pouvoir, et les EU qui ont pratiqué le « containment » en soutenant
les régimes anticommunistes contre ces guérillas, au prix, souvent, de coups d’État militaires (Guatemala, Paraguay, Haïti,
Brésil, Argentine, Bolivie, Uruguay, Chili).
Le début des années 1980 a été marqué par la crise économique, financière, la montée du chômage, des coupes
drastiques dans les budgets sociaux, la contestation politique et l'inflation des dépenses militaires. L'effondrement du
communisme a entraîné un retour vers la démocratie, dans le cadre du « consensus de Washington » (discipline
budgétaire, libéralisme). Des gouvernements de centre-droit ont succédé aux dictatures.
Depuis le début du XXI°s, un glissement vers la gauche s'opère et les coups d’État demeurent l'exception. Les
gouvernements qui en sont issus sont tenus à l'écart par leurs voisins (le Paraguay interdit au sommet ibéro-latino-
américain de 2012).
B: Des tensions aux origines variées :
Le rejet de
l'hégémonie EU :
Carte diapo 1 : Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales
Cartes manuel 2 p. 207 et 1 p. 208
Quelles sont les tensions au sein du continent américain ?
Le rejet de l'hégémonie EU
L'hégémonie des EU sur l'Amérique latine est ancienne, elle trouve sa justification dans la doctrine Monroe. Dès la fin du
XIX°s, après avoir expulsé l'Espagne de ses dernières possessions (Cuba,Porto Rico), les EU se sont réservé une vaste
« arrière cour » en Amérique centrale et dans les États insulaires des Caraïbes. Pratiquant le « bon voisinage » ou
maniant le « gros bâton », ils s'octroient le droit d'intervention, y compris militaire. Inaugurant la « diplomatie du dollar », ils
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