Evaluation des effets de la fiscalité indirecte sur les prix et le bien-être des populations en Côte d’Ivoire. Page 4
entreprises privées initié par le
gouvernement.
Les principales taxes indirectes sont la
taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les impôts
sur la production, les taxes sur les
importations, les taxes sur les exportations,
les contributions sociales des employeurs et
les taxes spécifiques sur les produits tels que
le tabac, l’alcool, les produits pétroliers…
L’importance relative des recettes
domestiques composées des impôts directs et
des taxes perçues sur les transactions des
biens et services domestiques, chute en 1993
à la suite des reformes du Programme
d’Ajustement Structurel de la Compétitivité
(PASCO). La réduction des taux n’est pas
compensée par le recul de l’évasion fiscale et
depuis lors, la fiscalité de porte génère en
moyenne 55% des recettes totales.
La part des recettes de la TVA est en
recul au profit des taxes sur les échanges
extérieurs. La TVA sur les biens et services
domestiques génère 19% des recettes de la
fiscalité indirecte et ce taux devrait connaître
une nette progression avec l’application
généralisée de la facture normalisée depuis le 1er
octobre 2005.
Au regard des caractéristiques du
système fiscal présentées ci-dessus, la fiscalité
indirecte est la composante déterminante de
l’augmentation des recettes fiscales. L’analyse
empirique de l’incidence des taxes indirectes
sur les prix et le bien-être des populations
nous renseignera sur la direction des
reformes à mener pour une mobilisation plus
efficace des recettes.
3- La méthode d’évaluation de
l’incidence fiscale
Les études existant en Afrique utilisent
des modèles comptables d’incidence fiscale,
ignorant totalement les ajustements effectués
par les ménages suite à la modification des
prix relatifs par les taxes indirectes. En
général, elles déterminent l’incidence
statutaire des taxes indirectes par le calcul
direct des contributions fiscales en
multipliant le taux officiel par la
consommation du bien taxé (Sahn et
Younger, 1999 ; Alderman et del Ninno,
1999 ; Munoz et Cho, 2003). Cette approche
présente des insuffisances majeures.
D’abord, elle mesure uniquement les
effets directs des taxes indirectes, ignorant
leurs effets indirects. Elle est par conséquent
limitée lorsque ces taxes frappent à la fois les
biens de consommation finale et des biens
intermédiaires. Ensuite, elle surestime
l’incidence statutaire en intégrant dans la base
fiscale, l’autoconsommation et la demande
des ménages satisfaite par le secteur informel
qui en réalité échappe à la fiscalité. Enfin, elle
surestime l’incidence en ne permettant
aucune substitution entre des biens dont les
prix relatifs sont modifiés.
Pour corriger ces insuffisances, nous
développons une approche intégrée qui
permet de capturer les effets directs des taxes
et les effets indirects liés aux ajustements de
la demande, consécutifs au changement des
prix. Au niveau du profil de l’incidence,
l’étroitesse des bases de certaines taxes telles
que les contributions sociales ou les taxes sur
les exportations, implique une concentration
de leur impact sur le bien-être des ménages
concernés. Ainsi, seule une analyse
d’incidence par groupes socioéconomiques
homogènes pourrait révéler ces effets de
concentration. La classification3 des ménages
a abouti à 9 groupes socio-économiques
homogènes : les agents du secteur vivrier, les
planteurs de café-cacao, les cultivateurs de
coton, les agriculteurs des autres cultures
d’exportation, les travailleurs du public, les
travailleurs du privé, les commerçants de
détail, les agents des transports et
communications, et les sans emplois précis et
inactifs.
La méthode appliquée comprend
deux parties4. La première est consacrée à
l’incidence des taxes indirectes sur les prix
des biens et services. Les variations
proportionnelles des prix exclusivement
3 Cette classification est une analyse en
correspondances multiples (ACM).
4 Pour les aspects techniques, voir Yeo (2008b)