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échange de ce signe. Cette qualité est consubstantielle avec celle qui consiste à
constituer la disponibilité par excellence, au sens économique.
Si l'objet dont nous voudrions disposer, pour réaliser nos fins économiques,
n'est pas de la monnaie, mais une propriété, un bijou, une marchandise ou un titre de
la dette publique, il nous faut l'évaluer en monnaie, rechercher la personne qui a
besoin de cet objet particulier, en discuter le prix et, enfin, l'échanger contre de
l'argent, toutes choses qui ne sont pas très faciles à réaliser. De là le fait que parmi
tout ce que chacun possède, seule la monnaie est généralement considérée comme
disponibilité ; à l'exception de tous les autres objets, quelle que soit leur valeur, quel
que soit leur prix, voire même si elles ont une valeur supérieure à celle de la
monnaie elle-même.
Un homme d'affaire, sans avoir moins de capital qu'auparavant, peut se
trouver dans une situation difficile, voire acculé à la banqueroute, si du fait de la
paralysie de ses ventes, ses disponibilités ne se reforment pas, ceci dans toute la
mesure où la monnaie représente, comme toujours, le symbole de toute richesse,
bien qu'en vérité, elle n'ait pas davantage, mais, plutôt moins, de valeur qu'un autre
objet.
La monnaie, quelle que soit la forme qu'elle revête, est essentiellement un
signe de crédit sur la société, le symbole et la mesure du droit de revendiquer sur le
patrimoine social les biens que le marché considère équivalents à cette somme de
monnaie. En effet, la possession de cet argent est en soi, la preuve effective, que
l'on a apporté, au fonds de biens sociaux, une valeur ou un effort qui a été évalué et
rétribué par cette somme, son propriétaire peut donc, lorsqu'il le désire, réclamer sa
juste récompense sous forme de son équivalent en marchandise.
Apporter des marchandises sur le marché, c'est augmenter l'offre. Apporter de
la monnaie, c'est accroître la demande ; en ce sens, la monnaie et les autres
marchandises sont des termes antinomiques. Ce que l'on accepte comme monnaie
acquiert, en vertu de ce principe, le pouvoir d’inciter, à travers le marché, les forces
économiques à produire ce que son propriétaire demande. Celui qui possède cet
objet, dans la mesure où il le possède, dirige l’application des énergies productives ;
si ces désirs et ces desseins se modifient, le changement se traduit, par la suite, en
un déplacement des activités de production, tout comme les variations d'un courant
électrique proche modifient l'orientation d'une aiguille aimantée.