BIBLIOGRAPHIE : quelques pistes
De Christian Delage :
La Vision nazie de l’histoire à travers le
cinéma documentaire du IIIe Reich, L’Age
d’homme, 1989.
De L’Histoire au cinéma, avec A. de
Baecque, Complexe, 1999.
La Vérité par l’image, Denoël, 2006.
D’ Edouard Husson :
Quand et comment ils décidèrent de la
Solution Finale, Perrin, 2005.
Comprendre Hitler et la Shoah. Les
Historiens de la République Fédérale
d’Allemagne et l’identité allemande depuis
1949, PUF, 2000.
De Saul Friedländer :
L’Allemagne nazie et les juifs, Tome 2.
Les Années d’extermination, le Seuil, 2008.
De Ian Kershaw :
Hitler, Tome 2, Nemesis,1936-1945,
Flammarion, 2000.
Le mythe Hitler : Image et réalité sous le
IIIe Reich, Flammarion, 2006.
De Henrik Eberle :
Le dossier Hitler, Presses de la Cité,
2006.
De Rochus Misch :
J’étais garde du corps de Hitler : 1940-
1945, Le Cherche Midi, 2006.
L’Histoire a publié :
« Hitler, le nazisme et les Allemands »,
Les Collections de L’Histoire 18, janvier-
mars 2003, 98 p.
Les archives de L’Histoire sont disponibles
en ligne : www.histoire.presse.fr
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HITLER SUR LE DIVAN par Edouard Husson
Les services secrets américains avaient demandé à des psychiatres, pendant
la guerre, de cerner la personnalité de Hitler. Il y a aussi un médecin français
qui, après 1945, a fait une étude de Hitler comme d’un cas clinique. Rien
de tout cela ne peut nous donner d’éléments de réponse. Hitler a ordonné
des massacres sur une grande échelle, mais il n’a pas été le seul homme
d’État dans ce cas, et il n’a paru à aucun de ses contemporains passible de
l’enfermement. Les représentants des élites allemandes, les responsables
politiques ont traité avec lui comme avec l’un des leurs.
Ses interlocuteurs ont tous parlé de son regard qui avait un caractère
hypnotique, certains ont subi des crises de colère, comme Hermann
Rauschning qui fut membre du parti nazi de 1926 à 1934, avant de s’opposer
à Hitler et de quitter l’Allemagne en 1935 (il fit paraître dès 1939 ses
Entretiens avec Hitler , aujourd’hui disponibles sous le titre Hitler m’a dit),
mais tout cela ne transpirait pas à l’extérieur. Il avait toutes les apparences
de la respectabilité.
Même dans les dernières semaines, quand devient manifeste sa fascination
pour la mort, son désir d’entraîner le monde dans sa chute, en tout cas
l’Allemagne : Sebastian Haffner a écrit que c’est peut-être le seul cas dans
l’histoire d’un homme d’État qui a entièrement subordonné à la durée de sa
propre vie la réalisation d’un certain nombre d’objectifs - Hitler n’a jamais
envisagé sérieusement de successeur !
Et pourtant, on connaît la fameuse formule de Joachim Fest : si Hitler était
mort en 1938 dans un accident de voiture, les Allemands en auraient sans
doute fait le plus grand homme d’État de toute leur histoire. De même,
pendant la guerre, il a été capable de mener des campagnes, de diriger des
opérations, et de s’imposer – quelquefois par sa connaissance, en détail, de
la tactique, de l’armement – à tous ses généraux.
Quand on réfléchit dans les cadres classiques de la psychanalyse, ce
qui surgit de façon massive, c’est le conflit avec le père. Hitler a dit à ses
proches, surtout à partir des années 1930, que ses relations avec son
père avaient été très mauvaises ; il avait en fait une vraie haine pour lui.
D’autre part, il avait une relation presque fusionnelle avec sa mère, qui lui
passait tous ses caprices alors que son père lui infligeait régulièrement des
châtiments corporels. De là à faire d’un éventuel complexe d’Œdipe l’origine
de sa carrière de dictateur... Tous les gens qui, selon les critères freudiens,
ont un complexe d’Œdipe ne sont pas devenus Hitler. De même, Guillaume
II avait un bras plus court que l’autre... Mais tous les gens qui ont un bras
plus court que l’autre ne se lancent pas dans une guerre mondiale ! Une
autre hypothèse célèbre, c’est celle de Rudolph Binion, qui rapproche le
traumatisme de 1918, vécu sur un mode collectif, du traumatisme personnel
vécu en 1907 lors de la mort de sa mère, qui meurt d’un cancer, et qui était
soignée par un médecin juif, Eduard Bloch. Même si Hitler a toujours marqué
sa reconnaissance à ce médecin, même s’il l’a épargné lors de l’Anschluss
– Bloch a exceptionnellement été autorisé à émigrer alors que d’autres Juifs
étaient déportés –, Rudolph Binion suppose que, pour Hitler, ce Juif aurait
empoisonné sa mère et que tout cela rejoue en 1918 avec une assimilation
entre l’Allemagne et la mère, la « mère patrie » maltraitée, meurtrie par les
Juifs. Cependant, Hitler a toujours parlé en termes émus et respectueux – y
compris quand il est devenu un politicien antisémite – du docteur Bloch.
L’AUTEUR
Edouard Husson, spécialiste de l’histoire allemande du XXè siècle, est
habilité à diriger des recherches, maître de conférences à la Sorbonne et
membre du comité de coordination du projet d’histoire de la Shoah par balles
(Yahad-In Unum/ Paris IV/ USHMM).
Il a publié Les Complaisantes. Jonathan Littel et l’écriture du mal, (avec
Michel Terestchenko) F.-X. de Guibert, 2007 ; Nous pouvons vivre sans
les Juifs, novembre 1941. Quand et comment ils décidèrent de la Solution
Finale, Perrin, 2005 ; Comprendre Hitler et la Shoah.
Les Historiens de la République Fédérale d’Allemagne et l’identité allemande
depuis 1949, PUF, 2000.
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