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conduit à une défiance généralisée, naturellement aggravée par la faille de Lehman Brothers. Ce défaut de régulation
générale est la cause réelle de la crise actuelle. Dans un climat de méfiance généralisée, les banques ont cessé de
s’accorder des prêts et les anticipations sont devenues négatives partout, ce qui a conduit à une dépression de
l’ensemble des bourses mondiales. Se sont ajoutées à cela un certain nombre de crises dans certains pays, comme
l’Islande, les États baltes ou la Hongrie.
Cette crise s’est traduite par un blocage quasiment total du marché interbancaire, dont le taux a cru très fortement,
générant un phénomène de « fuite vers la qualité ». Aujourd’hui, la valeur refuge est la dette publique, seul actif dans
lequel on a encore confiance parce qu’il est garanti par les États. Aux États-Unis, en particulier, l’orientation des
politiques économiques a été complètement revue. Désormais, l’État intervient dans l’activité économique et tous
les acteurs souhaitent lui prêter, si bien que les taux d’intérêt sur les emprunts d’État sont tombés à des niveaux
particulièrement bas. A l’inverse, il existe une très forte défiance à l’égard des agents économiques privés. De
nombreuses entreprises privées ont vu leur notation se dégrader significativement. Dans le même temps, les taux
d’intérêt publics de long terme ont baissé très fortement. Les investisseurs privilégient désormais le secteur public
sur le secteur privé pour leurs investissements.
Du fait de cette dévalorisation considérable des actifs, les agents économiques les plus fortunés ont perdu une
partie de leurs richesses et, de ce fait, sont plus prudents qu’auparavant. Ils ont donc tendance à reconstituer leurs
encaisses réelles en épargnant, ce qui réduit leur consommation. Dans la période antérieure, la montée des prix de
l’immobilier et des actions, notamment, alimentait la consommation, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Nous
sommes donc confrontés à un choc important sur la demande, qui est le fait des ménages les plus riches, dont la
part a fortement progressé durant les années précédentes, ce qui constituait d’ailleurs un élément de fragilité. Ceci
est naturellement valable à l’échelle internationale. En France, la crise se joue sur un mode très mineur par rapport
aux États-Unis.
Le deuxième mécanisme important pour comprendre le passage de la crise financière à la crise réelle est
l’investissement. Dans une conjoncture aussi dégradée, avec des anticipations aussi mauvaises, les entreprises ne
sont pas incitées à investir. Par conséquent, cette composante de la demande mondiale qu’est l’investissement
s’écroule véritablement. Ainsi, la Chine pourrait voir sa croissance ramenée de 10 à 3 %, ce qui serait considérable.
En outre, les pays fournisseurs de l’ensemble du monde, comme la Chine, l’Allemagne ou la France, voient leur
demande à l’exportation diminuer, ce qui contribue également au ralentissement de leur activité.
II. Perspectives pour 2009
2009 sera une année difficile, mais on peut se demander si elle constituera simplement une parenthèse, avec un
redémarrage de l’économie mondiale dès l’année 2010, ou si elle pourrait être plus prolongée. Pour la France,
l’OFCE anticipe à ce jour un recul de la production de l’ordre de 2,2 %, ce qui représenterait le double du recul
enregistré lors des crises de 1993 et 1974. Au niveau mondial, le commerce pourrait reculer pour la première fois
depuis très longtemps alors qu’il a progressé de 7 % en 2007 et de 4 % en 2008. Le PIB mondial devrait se rétracter
de 1 %, avec une croissance chinoise ramenée de 12 % en 2007 à 4 % en 2009. Les États-Unis devraient, pour leur
part, connaître une baisse de la production de l’ordre de 2,8 %. 2009 sera donc très clairement une année de
récession particulièrement marquée, mais il s’agit de savoir si elle signifiera, ou non, l’entrée dans un long tunnel de
crise.
En France, quatre chocs ont affecté notre économie en 2008.
Le premier est un choc sur le pouvoir d’achat, lié à la hausse du prix du pétrole, qui n’est plus d’actualité
aujourd’hui. L’inflation a atteint 3,6 % en 2008, si bien que le pouvoir d’achat des salaires n’a pas progressé.
Le deuxième choc a touché les changes : le dollar a reculé par rapport à l’euro, ce qui a dégradé de manière sensible
la compétitivité des produits européens.
Le troisième choc concerne l’immobilier. Dans la suite du retournement du marché aux États-Unis, les prix de
l’immobilier se sont stabilisés en France. Au cours de la période antérieure, les prix de l’immobilier ont progressé
bien plus rapidement que les loyers, si bien que le rendement des investissements immobiliers a diminué.
Désormais, on anticipe un retour des rendements des placements immobiliers au niveau où ils se trouvaient avant
le début de la bulle immobilière, à la fin des années 90. De ce fait, une baisse des prix de l’ordre de 10 % devrait
intervenir d’ici à la fin de l’année 2010.
Le dernier choc auquel a été soumise l’économie française en 2008 a été la chute des bourses qui a atteint 40 % en
fin d’année. En 2008, la croissance française s’est limitée à 0,7 % alors qu’elle aurait dû atteindre près de 3 % en
l’absence de choc. Cet écart s’explique, pour 1,2 % par une perte de pouvoir d’achat, 0,3 % par l’appréciation de
l’euro face au dollar, 0,2 % par la baisse des prix de l’immobilier et 0,7 % par les répercussions de la crise financière.
En 2009, la situation restera sensiblement identique, à ceci près que la hiérarchie des chocs évolue. En ce qui
concerne le pouvoir d’achat, le prix du pétrole a été divisé par trois, ce qui sera positif sur l’inflation. Il est même