« Dissident,il va sans dire » est une pièce en un acte et douze morceaux issue du
théâtre de chambre de Michel Vinaver qu’il définit lui-même comme un « théâtre pauvre,
ou disons léger, par ses moyens. Pas d’histoires. Dialogues où le silence joue avec la
parole.
présentation de Michel Vinaver
« Hélène et Philippe habitent ensemble, mère et fils. Attachants l’un et l’autre. Attachés
l’un à l’autre. Mais lui passe aussi son temps à se dégager. D’elle. De la société. Du
monde. Dissident il l’est avec passivité. Il parle mais se délie des paroles qu’il prononce.
Disons peut-être que chez lui il n’y a pas d’adhérence. Il va. Il va sans dire. Elle n’est
pas immobile, elle va et dit le discours « des parents ». Elle le dit avec hésitation,
ardeur, délicatesse, discrétion. Apparemment ça ne mène pas à grand-chose. Ce qui se
passe entre eux risque tout le temps d’être nul. Pourtant on n’est pas loin, entre eux
deux, de ce qu’on pourrait appeler une passion, une intelligence. »
extrait du texte
UN
hélène - elles sont dans la poche de mon manteau
philippe - non ni sur le meuble
hélène - tu es gentil
philippe - parce que tu l’as laissée en double-file ?
hélène - alors je les ai peut-être oubliées sur la voiture
philippe - un jour on va te la voler
hélène - tu ne t’es pas présenté ?
philippe - mais si
hélène - je n’ai pas eu le courage j’ai tourné je ne sais combien de fois autour du bloc
d’immeubles ça devient de plus en plus difficile
philippe - je vais aller te la garer
hélène - encore un an et tu pourras passer ton permis
philippe - oui
hélène - c’est un nouveau chandail ?
philippe - oui
hélène - je me demande d’où vient l’argent ?
.../...