Les étangs
Les étangs participent fortement à l’identité du paysage et du patrimoine lorrain. En fait,
il n’existe pas d‘étangs naturels à proprement parler, exceptés quelques rares lacs
vosgiens. Les autres sont des étangs, créés par des moines au Moyen-âge, ou les
conséquences d’exploitations de carrières. La majorides 200 étangs recensés dans le
Parc naturel régional de Lorraine, est situé en Woëvre et au Pays des Etangs et offrent
certainement l'image la plus représentative des richesses naturelles de Lorraine.
Présentation
De profondeur et de taille variable, les
étangs Lorrains ont été créés initialement
pour développer la pisciculture, activi
aujourd’hui encore très présente dans la
Région du Lindre.
Les étangs piscicoles sont soumis à un
entretien régulier (vidange et curage) et ont
constamment fait l’objet d’aménagements
pour favoriser le développement du poisson.
Certains étangs ont depuis été reconvertis en
réservoir d’eau potable, en régulateur de
crue et, pour les plus grands, en base
nautique.
Etang de l’Embanie à Andilly -
photo : PnrL
Les plus importants sont les étangs de Lachaussée, de Lindre, de Gondrexange qui ont
une superficie de plusieurs centaines d'hectares et, plus récemment, a été créé le lac de
Madine, vaste réservoir de plus de 1000 hectares.
Aux aspects économiques, paysagers, culturels, touristiques et pédagogiques s'ajoutent
les intérêts floristiques et faunistiques de ces milieux. En effet, les étangs sont les points
forts des zones humides reconnues sur les plans national et international.
Faune des étangs
Les étangs de Lorraine sont parmi les zones humides les plus riches du territoire national
et cette richesse est liée essentiellement à la présence d’une avifaune remarquable,
composée d’importantes populations de hérons et de rapaces auxquelles s’ajoute la
faune habituelle des étangs (canards, râle d’eau, grèbe huppé, foulque, fauvette
aquatique,…). La seule région du Lindre accueille environ 230 espèces d’oiseaux sur les
500 espèces communes en Europe.
Le râle d’eau, hôte discret des roselières - (photo : R. Diez)
Parmi les espèces les plus rares, on note le héron pourpré, le busard des roseaux
(première population française avec plus de 100 couples nicheurs), le butor étoilé dont la
Lorraine abrite 20 % des effectifs nationaux et son cousin le blongios nain. Les roselières
abritent de nombreux passereaux (rousserolles, locustelles, rémiz penduline, bruant des
roseaux,…). De plus, beaucoup d’oiseaux hivernent sur les étangs lorrains : les canards
sont les plus nombreux ( canards colvert, sarcelles d’hiver, fuligules milouin et
morillon,…), accompagnés de foulques, d’oies, de cygnes ou de quelques grandes
aigrettes et plus rarement du pygargue à queue blanche.
L’Aeschne mixte, libellule abondante en juin-juillet - (photo : L. Godé)
Les étangs sont également des points de passage importants lors des migrations
automnales et printanières et de nombreuses espèces s’y arrêtent pour reprendre des
forces.
Les mammifères sont aussi bien représentés (nombreux chats sauvages et putois), et on
peut regretter l’absence de la loutre, qui trouverait, dans les étangs, des habitats
favorables à son installation. Enfin, les étangs lorrains abritent de nombreux amphibiens
(4 espèces de tritons, rainette verte, grenouille,…), des poissons telle la Loche d’étang
ainsi qu’une grande diversité d’invertébrés (40 espèces de libellules, l’écrevisse à pieds
rouges,…).
Flore des étangs
La plupart des plans d’eau à vocation piscicole sont entourés par une végétation de
phragmites, de carex, de massettes, de saules, et d’aulnes. Certains sont prolongés par
de grandes roselières et, parfois, des prairies humides renfermant quantité d'espèces
végétales rares (Orchidées). On y trouve aussi de la végétation flottante comme les
nénuphars, les potamots et la renouée amphibie. Par ailleurs, la vidange
traditionnellement annuelle et la mise en assec durant une longue période ont permis
l’installation d’une végétation très particulière sur les vases exondées comme les bidents
ou le carex de Bohème. Ce type de végétation tend à disparaître lorsque les mises en
assec sont de courtes durées ou sont irrégulières.
Les étangs de Lorraine abritent, toutefois, des plantes rares dont certaines sont
protégées : c’est le cas de la grande Douve (renoncule de grande taille) encore bien
présente en petite Woëvre ou du Fluteau à feuilles de graminées.
Utriculaire négligée, petite plante carnivore rare habitant la forêt de la Reine - (photo : L. Godé)
Toutes ces espèces n’ont pu se maintenir qu’à la faveur d’une pisciculture extensive et
une eau de bonne qualité. L'abandon de la pisciculture ou son intensification est une
menace directe qui pèse sur ces espèces.
Le populage des marais (Caltha palustris),
espèce commune des milieux humides - (Photo : L. Godé)
Menaces et protection
Les étangs du Parc de Lorraine demeurent
une richesse encore préservée, malgré les
menaces qui pèsent encore aujourd’hui.
Le succès touristique peut être un facteur
de dégradation par le dérangement qu’il
entraîne et la dégradation des eaux.
L’étang du Stock qui accueillait un nombre
très important d’oies sauvages en 1960, a
été totalement déserté par celles-ci. De
même, certaines pratiques agricoles
intensives provoquent des pollutions par
apports excessifs d’engrais chimiques, qui
se retrouvent dans les étangs et les zones
humides dès les premières pluies.
Certaines pollutions comme l’apport des
eaux usées et le non entretien des étangs
entraînent leur eutrophisation et, à terme,
leur comblement.
La pratique d’une pisciculture intensive transforme les étangs en bassin de production
avec un remplacement de l’alimentation naturelle de la faune piscicole par un
engraissement artificiel du poisson. Ceci s’accompagne souvent d’une destruction des
roselières entraînant un appauvrissement de l’avifaune.
La pérenni de ces richesses et une gestion correcte de ces espaces nécessitent dans
tous les cas une connaissance approfondie et d'indispensables repérages. L'action du
Parc naturel régional en lien avec d’autres partenaires (Groupe d'Etude des Mammifères
de Lorraine, Ligue pour la Protection des Oiseaux) a permis de combler d'importantes
lacunes quant à la connaissance de ces milieux : insectes inféodés aux roselières, prairies
humides non amendées à Orchidées, plantes aquatiques, amphibiens, mammifères et
oiseaux liés à l'eau. De plus, elle a montré le fort intérêt des étangs Lorrains et la
nécessité de les préserver.
http://www.pnr-lorraine.com/environnement/fiches/milieux/01etangs.php
Les végétations amphibies qui caractérisent ces plans
d’eau sont constituées de plantes vivaces ou de plantes
annuelles. Les premières peuvent subsister sous l’eau
pendant plusieurs années mais certaines ne fl eurissent
que lors des assecs. Par contre, les secondes ne peuvent
se développer que sur les grèves exondées. Elles
sont alors capables d’accomplir leur cycle de reproduction
en quelques mois, avant que les pluies d’automne
ne provoquent la remontée du niveau des eaux. Leurs
graines peuvent subsister à l’état dormant pendant de
nombreuses années, le temps que les conditions soient
à nouveau favorables à leur germination.
Intérêt écologique
Les plans d’eau oligo-mésotrophes constituent le milieu
de vie de nombreuses espèces spécialisées, notamment
de plusieurs espèces de libellules, etc. l’agrion à
lunules, l’agrion nain et le leste dryade. Ils sont aussi
diversement colonisés par les espèces aquatiques et
amphibies. Parmi ces dernières, les petites mares temporaires
sont souvent l’habitat de prédilection du crapaud
calamite et de l’alyte accoucheur.
Menaces
Les plans d’eau oligo-mésotrophes figurent parmi les
habitats les plus rares et les plus menacés de Wallonie. Les menaces sont liées à leur destruction
pure et
simple par remblai ou drainage. C’est surtout le cas
des petites mares en prairie ou des ornières en forêt.
Elles sont le plus souvent liées à l’eutrophisation généralisée
des eaux. Ce phénomène est lié à la pollution
par les phosphates agricoles (engrais) ou domestiques
(lessives) mais aussi, dans le cas des milieux les plus oligotrophes,
à la pollution générale de l’environnement
(pluies acides, pluies azotées).
La variation saisonnière du plan d’eau sera conservée,
soit naturellement, soit en intervenant sur le système
de vidange. Lorsque plusieurs pièces d’eau sont en
connexion, elles seront vidangées en alternance plutôt
qu’en même temps et, de manière à préserver la végétation
strictement aquatique, elles seront rapidement
remises sous eau. Dans les grandes pièces d’eau à vocation
récréative, l’accès du public sera limité afin d’éviter
la destruction de la végétation.
Mesures
Il est essentiel de préserver la qualité de l’eau qui alimente
les pièces d’eau, en constituant des espaces
tampons où tout emploi d’engrais, d’amendements, de
pesticides, d’herbicides est proscrit. Pour être efficaces,
ces mesures doivent concerner l’ensemble du bassin
d’alimentation. Dans les stations forestières, on évitera
de combler les ornières. Les coupes forestières seront
réalisées de manière à limiter le lessivage des éléments
nutritifs. Les étangs à vocation piscicole, halieutique ou
cynégétique seront conduits selon des pratiques d’élevage
très extensif sans utilisation d’amendements ni
nourrissage. On évitera d’introduire des espèces fouisseuses
(carpes, brèmes) ou des espèces étrangères à la
faune piscicole locale.
http://natura2000.wallonie.be/CatalogueNAT2000_Habitat_PDF/Cat_NAT2000_Habitat3130.pdf
Les difficultés de gestion des zones humides
La gestion extensive d’une zone humide nécessite un travail d’adaptation continu. Le milieu n’est
en effet pas figé et il arrive souvent qu’une espèce d’insecte ou d’oiseau, non présente au départ,
apparaisse, ce qui implique alors des changements dans les méthodes de gestion. Le protocole de
gestion n’est donc pas non plus figé : il évolue en fonction des observations faites sur le terrain.
Il arrive parfois que des gestionnaires doivent faire face à des intérêts contradictoires, par exemple
entre ceux des oiseaux et ceux des amphibiens. Il est alors nécessaire de trouver un compromis. Ce
n’est pas toujours facile de trancher, car alors on a le sentiment de privilégier la protection d’une
espèce au détriment de l’autre. Dans ce genre de situation, le gestionnaire essaiera d’élargir sa
vision au-delà de son seul site, pour voir si une autre zone humide proche de la sienne n’applique
pas déjà une démarche forte de protection de l’une ou l’autre espèce. Si cette autre zone humide
s’avère avant tout favorable aux oiseaux, sans doute que le gestionnaire choisira de protéger plutôt
les amphibiens sur son propre site.
Des plantes exotiques envahissantes sont susceptibles de s'implanter sur une zone humide (Renouée
du Japon, Myriophylle du Brésil, Jussie...). La présence de ces plantes doit toujours générer une
attention accrue chez le gestionnaire, ainsi que la mise en pratique d'une gestion rigoureuse de ces
plantes, visant à contrôler et limiter leur expansion.
http://www.gestiondifferenciee.be/professionnel/zones-humides-/31/2
Un autre élément perturbateur comme le déséquilibre en nutriment dans le sol ou l’eau
rendrait à son tour les milieux plus vulnérables. Ainsi, l’apport excessif en nutriments dans un
lac risque d’encourager la multiplication effrénée de plantes envahissantes non désirées.
http://www.gestiondifferenciee.be/fr/les-plantes-invasives-/25/2
Rives en assec
Écrit par CBNBP - MNHN
Les végétations d'assec, comme leur nom l'indique, apparaissent lorsque le niveau d'eau
baisse ou lorsque l'étang est vidé. La baisse du niveau de l'étang intervient le plus souvent en
automne, l'eau ayant pu s'évaporer ou ayant été utilisée pour soutenir le débit de la rivière ou
pompée comme eau potable.
Les berges qui apparaissent lentement avec la baisse des eaux peuvent être de deux types :
elles sont soit constituées de vases, soit constituées de sables granitiques. Dans les deux cas,
les espèces qui se développent sont très différentes.
Espèces caractéristiques :
Flûteau d'eau,
Littorelle à une fleur,
Elatine à six étamines,
Scirpe ovoïde.
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