Prologue Collaborateurs économiques et Collaboration

publicité
Table des matières
Préface
Première partie
Problématique de la collaborationéconomique, sous l’Occupation et avant
PROLOGUE. Collaborateurs économiques et Collaboration
I. Grand capital et État sous Vichy
Du grand capital belge au français
État et synarques sous Vichy
De la « contrainte » de Vichy sur les financiers
… aux rapports entre État et grand capital synarchique
Belin, faux « décideur » et ses tuteurs
Les demi-vérités de Du Moulin de Labarthète sur le conglomérat Worms
Le consensus allemand sur la synarchie, 1941-1947
Le consensus bancaire et policier sur la synarchie
II. La « collaboration économique »
« Niveaux » et chronologie de la collaboration économique
État et coût social de la collaboration
Chapitre 1. L’avant-« collaboration économique »
I. Le compromis économique d’avant-guerre
Les douceurs de Versailles : l’apaisement économique dans l’entre-deux-guerres
Les élites économiques françaises et l’Allemagne de Weimar
Compromis industriels et associations de capitaux depuis Versailles
Compromis bancaire : le test de la Banque des règlements internationaux
À l’ère hitlérienne : des compromis annonciateurs
Alliances de capitaux et relations courantes clandestines
Du boycott de la défense nationale au programme d’Occupation
Les ultimes bontés bancaires envers le Reich
II. Des effets sociopolitiques de la crise sur les élites : La guerre sociale
Organisateurs et organisations
Le grand patronat synarcho-cagoulard
Instruments de la guerre sociale
Des organisations patronales
… au bon usage de Syndicats, 50
Le « système de police » d’avant-guerre
Chapitre 2. L’accueil de l’occupant
I. Une reprise de contact précoce
De la banque
… à l’industrie : l’exemple de Kuhlmann à l’été 1940
II. Le code antisémite, critère de l’empressement des débuts
L’affichage idéologique
Du préfet de police
… aux élites économiques
Les bons aryens
Les juifs hors les murs
L’allègre aryanisation franco-allemande
Bestallungen (arrêtés de nomination) pour affaires juives
L’inspection des Finances, pionnière du Commissariat général aux questions juives
Les recommandations des financiers
Deuxième partie
Les divers niveaux de la collaboration bancaire et industrielle,du court terme au long terme
Les « commandes allemandes », 1940-1941 : vers la couverture de l’ensemble du territoire
I. Les tractations des débuts de l’Occupation : contrats privés et avortement des « contreparties »
L’exemple-type des métaux non-ferreux (bauxite, alumine, aluminium)
Vertu des grands, vice des petits ?
Le contrat Aluminium français-Vereinigte Aluminium Werkedu 4 septembre 1940 sur l’alumine et
l’aluminium
Les marchés de bauxite
Une tendance générale, toutes zones confondues
La farce du « contrôle » de Vichy
Le néant du service Herck de la Production industrielle
L’interdiction cosmétique de la fabrication des matériels de guerre
Les constructions aéronautiques : initiative industrielle et docilité de Vichy
Fausses réquisitions, avalanche de contrats, mort des contreparties
Juillet-août 1940, la fausse réquisition des ateliers de chars,
La marée générale
Les débuts des crédits bancaires aux programmes industriels de livraison au Reich
La haute banque en général
La Banque de France
II. La collaboration économiquetoutes zones confondues : les acquis de 1941
La mise en place des comités d’organisation
Des CO écrans ? Des textes aux pratiques
Modèle allemand et instrument du ratissage
Vichy-Janus face aux négociations privées : la circulaireaux CO sur les « commandes
allemandes » mars-août 1941
Influence allemande dans les CO et pratiques industrielles
L’invasion des commandes allemandes hors zone occupée : le triomphe du second semestre 1941
Commandes allemandes contre tracasseries administratives
Le « Centre en France des organisations économiques allemandes » en ZNO
Chapitre 4. L’ère de gloire des « commandes allemandes », 1941-1944
I. Généralités
La nourrice étatique
La ruche industrielle du grand capital
Entreprises prioritaires
CO, élimination des concurrents et préparatifs du STO : le COA 1941-1942
Des initiatives toujours privées
Les « commissaires-administrateurs » allemands à la charge du contribuable
Les administrateurs allemands des entreprises françaises
Les commissaires allemands des entreprises américaines
II. Une étude par secteur
Les industries d’équipement ou « de guerre »
Les métaux non-ferreux
Les contrats
Une industrie de zone non occupée au service du Reich
La construction aéronautique : couverture et caution de Vichy
Le rôle respectif des industriels et de Vichy
Ruche aéronautique et financements bancaires : la BNCI et les autres
Les bontés de Couve de Murville et de la Banque de France
Couve de Murville, le grand capital et l’Office des changes
Les financements généreux de la Banque de France
L’industrie automobile
La fébrilité d’avant Barbarossa
La guerre en Russie : la fête de l’automobile sous l’égide de Renault
La sidérurgie
Le cœur de la production de guerre allemande
Une branche victime et vertueuse ?
L’industrie du gazogène : gazogène : la croissance de l’enfant de Lehideux et Paribas
L’obsession COA-banque Worms
La manne des gazogènes au service du Reich
Les productions chimiques : un modèle industriel et bancaire
La chimie de la guerre allemande
Les sociétés mixtes, favorites des banques et moteurs de l’économie de guerre
Les contrats privés et le recours à l’État d’une branche travaillant à 100 % pour le Reich
Les industries de consommation
L’industrie céramique, de la vaisselle aux carreaux de grès
Le cas du textile : l’application du plan Kehrl
Tout le textile réservé aux Allemands
Misère française, dissensions et consensus internes
La concentration des « usines prioritaires » jusque dans la rafle du Vél d’Hiv
La gloire des Gillet (Rhône-Poulenc)
Les cuirs et peaux : autour du plan Grunberg
III. L’appel accru à la nourrice étatique pour une collaboration économique poursuivie jusqu’au
bout
Des opérations périlleuses couvertes par Vichy
Le cas significatif des raffineries de pétrole : la contrainte négociée
Une incontestable contrainte allemande
La tactique des groupes privés : mandat et garanties étatiques
Répression et profits : Paribas, la Banque d’Indochine, les synarques et la destruction du Vieux
Port de Marseille (janvier 1943)
Des massacres à parfum immobilier
La mobilisation des synarques
La collaboration finale : Renault et Gillet en tête
Chapitre 5. Le sens des cartels
I. Les cartels industriels
Les ambitions allemandes du Blitzkrieg
Les accords de 1940-1941 dans la chimie des colorants et la pharmacie
Le cas Kuhlmann
Les décisions de l’IG Farben à l’automne 1940
Francolor et le cartel franco-allemand
Les cartels entre l’IGF et annexes et Rhône-Poulenc
Le cartel des textiles artificiels, 3 décembre 1940
Les avantages français du cartel : l’élimination des concurrents (juifs ou non)
Les cartels IG Bayer-Rhône-Poulenc, 1940-1942
Le vieux rêve de Louis Renault : le « comité européen de l’automobile »
II. Des grands magasins aux assurances
Les accords bilatéraux entre grands magasins français et allemands
L’accord Hertie-Samaritaine, 5 juillet 1941
Un phénomène général en 1941
Vers l’assurance « européenne »
Géants allemands et fief Worms
La complicité franco-allemande contre les Anglais
Une collaboration globalement excellente
Chapitre 6. Or belge et cessions de titres « aryens » et « juifs »
I. Les objectifs allemands et la réponse française de l’été à l’automne 1940
Trésors français d’Europe orientale et or belge
La liste précoce des banques cédantes
II. Les cessions « aryennes »
La Banque de France et l’or belge
La reprise de la tactique espagnole
Des accords franco-allemands d’octobre-décembre 1940 l’exécution
Les Mines de Bor : négociation privée d’un bijou terni
La responsabilité du « mouton noir » Laval ?
La première étape de décisions privées, septembre-octobre 1940 : de la « société mixte » à la
cession totale
La Compagnie française des mines de Bor en gloire, novembre 1940-décembre 1941
Capitulation de Vichy et mensonges de Bouthillier
Putsch fiscal et ratissage des titres
Le harcèlement de la direction des Impôts
La chasse aux titres
Calcul stratégique des Suisses et dénonciation de la trahison des Mirabaud
Des cessions précoces et massives
La transformation générale de pertes en bonne affaire
Le lâchage financier précoce de l’Alsace-Lorraine
La stratégie de vente des perles de la couronne européenne
Vichy entre réticences et capitulation
Hésitation et mollesse
Le fond des choses : la charge du contribuable
L’aval à la marée de 1941
Une réalisation radicale
Un automne 1940 chargé
La marée des cessions : l’essentiel acquis en 1941
La germanisation de Winnica, 1941-1943
III. Les cessions de titres « juifs »
Les règles de la spoliation
« Législation » et initiative bancaire
Zèle franco-allemand gouvernemental et privé de 1941
La Banque de France et les autres
L’exemple des Rothschild
Les Rothschild et Vichy : le tandem Boissard-Janicot
La Banque de Paris et des Pays-Bas et la Norvégienne de l’Azote
Synarques bancaires et étatiques et « amende du milliard »
La fondation de l’OFEPAR
« Amende du milliard » et cession des titres « juifs »
La haute banque et les prêts de l’amende
Le feu vert aux cessions de titres « juifs » : de l’OFEPAR à la Banque de France
L’aryanisation de la Compagnie internationale des grands magasins (CIGMA) : Ardant, Dassonville
et la germanisation de Cimentul Titan, 1941-1943
Les dessous allemands d’une aryanisation franco-espagnole
Une aryanisation « effacée » en 1943
Le Carbone Lorraine, les Allemands, Legueu et Couve de Murville
Aryanisation et germanisation du Carbone Lorraine en Europe occupée
La germanisation des filiales suisse et suédoise
Du bilan général aux gains des synarques
Chapitre 7. L’association de capitaux.1. La France, royaume de la chimie allemande
I. Kuhlmann et les sociétés mixtes, 1940-1941
Le symbole Francolor
La faute à Vichy ?
La querelle des pourcentages
Création privée de Francolor et délais fiscaux, octobre 1940-juin 1942
L’accord privé Kuhlmann-IG Farben (49-51 %), octobre 1940-mars 1941
Vichy et les caprices fiscaux de Kuhlmann, mars 1941-juin 1942
La germanisation de la filiale de Mulhouse de Kuhlmann
II. Les sociétés mixtes des Gillet (Rhône-Poulenc)
France-Rayonne : une grande affaire marquée par l’aryanisation
Le mariage « France-Rayonne »-Zellwolle- und Kunstseiden-Ring GmbH
France-Rayonne et les aryanisations textiles
La Société industrielle de Moy (SIM)
Aryanisations multiples et camouflages
Le soutien bancaire à la création de l’usine de Roanne
Rhodiaceta
Théraplix : l’IG-Bayer majoritaire
Les négociations de 1940-1941
51 % du capital pour l’IG-Bayer, 1941-1942
Vichy fausse dupe
La portée des engagements de Rhône-Poulenc
III. Le mariage Degussa-Degesch-Ugine : « la petite » Durferrit-Sofumi
IV. Rhône-Poulenc, Ugine, Pechiney et les autres, du Buna à l’alumine
Les « sociétés mixtes » liées au programme Buna, 1941-1943
Le chantage allemand au Buna : cessions de titres, mariages de capitaux, « maisons pilotes » et
exception Michelin
Les négociations privées avant la conférence de Berlin : l’exception Michelin
Discussions et décisions d’août 1941 : Vichy devant les accords privés et l’exception Michelin
Le plan de Buna Fabrik IG Farben, Rhône-Poulenc et Ugine 1941-1944
Les négociations sur l’usine de Buna du printemps 1941 à octobre 1942
Les accords Ugine-Rhône-Poulenc-IG Farben d’octobre 1942 : un État vache à lait
Les accords Degussa-Société industrielle des dérivés de l’acétylène de 1943
La construction d’une usine d’alumine Pechiney, Ugine, Vereinigte Aluminium Werke, Farben
Le contrôle allemand de la « Compagnie d’exploitation des bauxites SA, Paris », 1941
La société mixte d’alumine : à nouveau l’appel à l’État
Les négociations d’avril à septembre 1941
Le protocole privé franco-allemand de septembre 1941 et la position de Vichy
L’accord franco-allemand du 20 novembre 1941 et ses lendemains incertains
V. La nébuleuse de la chimie allemande
Henkel-Boehme Fettchemie
La lessive, Henkel-Commerzbank et la banque Worms
Aryanisation et germanisation
Une grande diversité franco-allemande
La banque Worms et le contrôle allemand des matières premières
La banque Worms, Ichthyol Cordes Hermanni et C° et les mines d’Orbagnoux
La banque Worms, Otto Wolff et Krupp et Le Molybdène
Goldschmidt AG et L’Oréal : les Alginates
L’intérêt allemand pour les laboratoires
Kurt Herberts et les laboratoires juifs
C. H. Boehringer Sohn et son salarié français Ballu
Les investissements dans la peinture
Glasse et Siccolac, Novémail et les Vernis de Bonneuil
La société Hartmann, les Vernis Valentine et Néochrome
Peintures et vernis Reiffen, Lefranc-Ripolin et Freitag
Chemische Werke Albert (CWA) et Résine et vernis artificiels (Progil-Gillet)
La parfumerie : les exemples de Weil et Helena Rubinstein
VI. Le pétrole et ses Ersätze
Les sociétés mixtes de gazogènes de la Banque de Paris et des Pays-Bas
Une affaire précoce et privée, 1940-1941
Des sociétés mixtes 50-50 (et plus pour l’Allemagne)
La parité allemande à la Société des carburants français pour gazogènes (SCF), 1941-1943
La parité allemande à la Société des Gazogènes Imbert
Une autre société mixte ?
Une catastrophe financière à la charge de l’État
La réponse aux appétits pétroliers allemands
Pétroliers français et ambitions allemandes à l’acmé du Blitzkrieg : Mercier, Mény et les autres
en 1940-1941
D’éminents alliés français, CFP incluse
De l’agitation du printemps 1941…
…à la fébrilité autour de Barbarossa
Des projets communs jusqu’en 1944
Du sort de quelques plans
Autun et Saint-Gaudens
Chapitre 8. L’association de capitaux. 2. Diversité des branches, dominante aryanisatrice et
camouflage
I. La voie privilégiée de l’aryanisation
L’alliance franco-allemande pour la relève du capital juif
Des vertus de la liquidation
La tactique allemande
II. L’aryanisation-germanisation des services
Les grands magasins
Un symbole, les Galeries Lafayette
Les débuts de l’aryanisation et de la mainmise allemande
L’entrée du capital allemand en 1941
Les Galeries Lafayette allemandes
Et les autres grands magasins ?
La Compagnie internationale des grands magasins : un mystère maintenu
Les Nouvelles Galeries, la Samaritaine et Paris-France
L’hôtellerie
La phase préparatoire
Tractations et accords
III. La germanisation de l’industrie
Généralités
Les sources
Voies et moyens
Quelques grands noms de l’industrie allemande
Mannesmann et ses filiales en France
L’aryanisation des biens Van Leer : la SA de constructions en tôles d’acier (SACTA)
L’association avec la société de construction de tuyauteries de Darquier
Röchling et Krupp
Röchling : aryanisations et accords avec les sidérurgistes français
Krupp : des minerais (via la banque Worms) à l’affaire Austin
Des alliances sidérurgiques
L’industrie électrique, de Bosch à Siemens et Stotz Kontakt
Bosch
Siemens et Silex-Cuinier
Stotz Kontakt et la Société industrielle électrique,
Représentation de toute l’industrie, priorité de l’aryanisation : des exemples types
Les industries électriques
Le retour de Telefunken (AEG) en France : association avec la Banque de l’Union parisienne et
aryanisations
Les gros achats « juifs » de Günther Quandt via la Société parisienne de Banque
Les industries mécaniques
L’aéronautique
L’automobile
Le papier : Braunstein frères, les Papeteries de la Chapelle et l’Asschaffenburger Zellstoffwerke
AG
Les branches à surreprésentation « juive »
Le domaine culturel
La germanisation de l’édition : Hachette et les autres
Le cinéma : d’Alfred Greven à la haute banque
La radio : un symbole, Radio Monte-Carlo
Le cuir
Germanisation et aryanisation
Les Chaussures André et le « plan Ardant »
Textile et confection
Aryanisation de la Cotonnière du Nord et de l’Est contre germanisation de Köchlin-Baumgartner
(Gillet-Thaon) : Boussac, les Gillet et Kreuter
IV. Banques et assurances
Aryanisation bancaire, collaboration et germanisation
De la liquidation…
Les banques Amar et Lazard sous les coups de la Société Générale et de Paribas
La résurrection « aryenne » de Lambert et Cie et de la Banque de gérance mobilière Lowenbach
et Zunz
… à l’aryanisation franco-allemande
La Banque transatlantique : aryanisation et compromis du CIC sur les participations coloniales
La Société parisienne de Banque
Un bilan obscurci par la dissimulation des sources : le cas Worms
De la banque
… à l’assurance
Du menu fretin…
… au poids lourd Worms-La Préservatrice
Troisième partie
La collaboration économique, analyse politico-militaire et sociale
Chapitre 9. De la ferveur germano-européenne à la reconversion américaine : été 1941-été 1944
I. La collaboration économique mondaine, 1941-1942
Congrès et rencontres de 1941-1942
Les congrès des chambres de commerce françaises et allemandes de 1941-1942
Le consensus des dirigeants patronaux
L’atmosphère du congrès de septembre 1941
La collaboration mondaine courante
La routine
Financiers, banquets et salons
II. Des premiers doutes à la perception de l’avenir américain, été 1941-automne 1942
Antagonisme ou compatibilité des stratégies allemande et américaine du grand capital français ?
La perception de l’alliance germano-américaine : le critère des bombardements
Guerre et avenir des cartels internationaux
Du 13 décembre 1940 à « la manœuvre Weygand » de 1941
Pucheu et Laval, une même espérance atlantique
Pucheu, un cas exemplaire : le cheminement vers l’Algérie
Laval et son avenir américain, du printemps à l’été 1942
Les projets politiques américains de Laval
Les projets bancaires franco-germano-américains de 1941-1942
III. La grande cassure et ses lendemains
Le coup de tonnerre nord-africain
Le malaise de l’été 1942
Les effets du débarquement du 8 novembre 1942
De la grande presse à la haute banque
Autres mutations du temps
Les effets de Stalingrad
La synarchie entre alarme et adaptation
La panique raisonnée de février 1943
L’ère des précautions,
De l’attentisme au mythe de la « résistance »
Les entêtés de la collaboration et des biens juifs : Taittinger, symbole du « conseil municipal » de
Paris
Les indulgences d’Alger et la perspective du pardon
Le cas Couve de Murville et la « purge » des élites d’août 1943
Des déclarations alliées sur les spoliations aux perspectives d’après-guerre
Déclarations américaines et intentions gaullistes de 1943-1944 : le symbole Couve de Murville
Des menaces sur les synarques ? Le cas Pucheu
L’achèvement de la reconversion : vers l’été 1944
La banque Charles et Cie de Monaco, liée au clan Laval
Des bras des Allemands à ceux des Américains
Chapitre 10. Collaboration économique et rapports sociaux
I. Élites économiques et peuple ouvrier face à Vichy et à l’occupant
Un patriotisme socialement aléatoire ?
L’obsession antibolchevique des élites
Les miroirs ouvrier et bourgeois de l’URSS
Pas de comptes à régler ou un règlement de comptes ?
Union sacrée patrons-ouvriers ?
Patrons français et lutte des classes
II. Rapports sociaux et Occupation : le poids de la chronologie
1940-1942 : exploitation, répression et poussée communiste
Blocage des salaires et incitation au rendement
La contribution allemande au verrouillage des salaires
La loi franco-allemande du rendement
Le patronat et la répression franco-allemande
La hantise de l’élimination des « meneurs »
Du mouchardage intérieur à la collaboration policière
L’amorce d’un changement du rapport de forces intérieur
La poussée communiste en 1941
La Charte du travail, fugace triomphe de la synarchie
L’évolution du rapport de forces depuis 1942
Le grand patronat entre relève et STO, sous le signe général de la continuité
Le zèle anti-ouvrier des synarques d’État
Le soutien de la relève : chimie et automobile de l’été à l’automne 1942
La chasse aux « fortes têtes » : une situation répandue
Les rapports sociaux entre rupture et continuité
Les premiers signes de basculement depuis l’automne 1942
Les contrastes de l’ère du STO, 1943-1944 : entre rupture et continuité
La poussée communiste et les contraintes du compromis
Une irrésistible marée
Adaptation patronale et préparatifs d’avenir
Conclusion
Notes
Sources et bibliographie
Annexes
Index
COLLECTION RÉFÉRENCES • HISTOIRE CONTEMPORAINE
Illustration de couverture : Membres des chambres de commerce française et allemande à la
foire de Paris, septembre 1941
© LAPI/Roger Viollet
© Armand Colin, 2013
© Armand Colin/HER, Paris, 1999
ISBN 978-2-200-28891-4
Préface
ANNIE LACROIX-RIZ EST UN ÊTRE ANORMAL, au meilleur sens du terme.
Tous, nous avons à des degrés variables besoin de déni. L’effarante réalité nous effraie, nous sidère
légitimement, nous écœure, nous menace souvent dans nos certitudes. Devant ce scandale perpétuel, le
psychisme du commun des mortels se défend volontiers par la cécité, invente des trompe-l’œil qu’il
nomme parfois « Livre d’Histoire » afin que l’existence reste buvable ; et que l’on puisse continuer à
partir en vacances sans regretter d’être né. Cet effort plus ou moins conscient est assez utile pour ne
pas sombrer trop vite dans le chagrin, pour préserver un minimum d’estime de soi et pour que les
nations échappent à ce mépris de soi qui les rend parfois si dangereuses. Annie Lacroix-Riz, elle, est
un ovni : son cerveau bizarrement construit résiste mieux que d’autres à cette soif de dérivatifs, de
faux-semblants sédatifs, d’omissions salvatrices, à l’appel des conformismes intellectuels qui
protègent et permettent de mieux vivre en société en partageant des fables souriantes. Cette drôle
d’érudite à l’humour sec n’a pas besoin d’épouser les opinions dominantes sécrétées par presque tous
les milieux. L’exercice de l’hyper-lucidité semble ne pas lui coûter. Elle voit les choses telles qu’elles
sont – effrayantes donc – sans que sa bonne humeur en soit affectée, sans être tentée par la
misanthropie. À l’année, elle vit dans les paperasses les plus infectes de l’Occupation avec une
inextinguible bonne humeur ! De cœur plutôt très à gauche, elle aurait bien évidemment été transférée
dans un camp sous une dictature se voulant de gauche – sachant qu’une de droite lui serait sans doute
immédiatement fatale. Ayant la religion du fait, elle est par nature vouée à horripiler toutes les
puissances établies, toutes les Universités où l’on fait carrière en regardant là où il convient de
regarder. En somme, c’est un animal libre, singulièrement libre.
Ce livre fera date. Il est produit par son étrange façon d’être, par ce dérèglement séduisant qui lui
est propre. L’indicible est donc dit, l’irregardable est observé, l’inaudible est entendu sans filtre,
l’oublié est ressuscité, le tu est hurlé (poliment), l’omis est rappelé à la barre, le document dissimulé
est exhibé, scruté, essoré. Il y a de l’inhumain dans ce projet titanesque qui, à lui seul, justifie tout
Cioran. Où diable trouve-t-elle l’obstination nécessaire pour ne jamais détourner les yeux ? Pour ne
jamais céder à la tentation de sauver l’âme humaine ?
Dans son rire peut-être. Un rire très clair, étrangement confiant dans la vie. Peut-être sait-elle que
ses travaux feront inévitablement autorité, un jour ou l’autre, quand les peurs françaises auront baissé
pavillon.
Nous nous sommes rencontrés lors de la publication de mes Gens très Bien, en 2011. Une bonne
partie de la presse parisienne m’insultait alors d’avoir osé dire mon affreux chagrin d’avoir un grandpère directeur de cabinet de Pierre Laval en 1942-43. Gentiment, elle m’a écrit et a commencé à
m’envoyer – à ma demande – toutes sortes de documents désagréables, imparables, nauséeux, qu’elle
dénichait dans des fonds d’archives et qui confirmaient… que le poste de Directeur de cabinet de
Laval à Vichy ne fut décidément pas une bonne idée pour conserver l’estime de sa descendance. À
chaque document déterré, je demeurai abasourdi, tétanisé, désespéré de tenir mon nom de Jean Jardin ;
et elle me répétait :
– Que voulez-vous Alexandre, votre grand-père était directeur de cabinet de Laval ! Vous vous
attendiez à quoi ?
Puis elle me souriait avec tendresse et compassion, je crois.
Ceux qui consentent au vrai lui font du bien.
Elle se sent alors moins seule face à la falaise glaciale du réel.
Acceptez ce livre, ne vous en défendez pas. Même s’il est inadmissible. Même si l’envie
compréhensible vous prend, au détour d’un chapitre, d’entrer en déni pour trouver l’existence plus
respirable.
Vous vivrez mieux !
A.J.
PREMIÈRE PARTIE
Problématique de la collaboration économique, sous
l’Occupation et avant
Prologue
Collaborateurs économiques et Collaboration
LA LIQUIDATION DU MARXISME ET L’INFLUENCE CROISSANTE sur la recherche des institutions européennes et des
dirigeants de l’économie, privés ou publics, ont conduit l’historiographie dominante francophone à
rejeter le concept de « collaboration économique »1 ou à contester ses acteurs. L’imputation de la
collaboration aux puissances d’argent avait dès avant la Libération établi un certain consensus. Celuici fut ébranlé dans les années 1970 par deux études sur l’entre-deux-guerres, dont la connaissance est
indispensable à la compréhension de l’Occupation. La première transforma en « mythe » la
« synarchie » [nom courant du « Mouvement synarchique d’empire » ou MSE], groupe dirigeant du
grand capital ou concentré des « Deux Cents Familles » (les 200 plus gros actionnaires de la Banque
de France) créé en 1922 avec pour but de remplacer la république par un régime dictatorial2. La
seconde dressa en « témoin » ou expert social et économique3 le grand synarque et cagoulard4
François Lehideux, directeur général de la Société anonyme des Usines Renault (SAUR), type même
du « chef d’entreprise asocial » selon « ses employés et fonctionnaires »5.
Le témoignage ou le document d’après-Libération étaya ensuite l’histoire de « la collaboration
économique ». La plupart des historiens français en innocentèrent le grand capital, désormais défini
comme gestionnaire et/ou patriote, trouvant d’autres coupables : l’État français, qui aurait cherché « à
intégrer la collaboration économique en grande partie forcée des entreprises, des branches et des
secteurs dans le cadre d’une politique d’ensemble, la collaboration économique et financière d’État,
[… pour en] contrôler le processus, limiter éventuellement les pertes et en tirer un profit politique »6 ;
mais aussi les petits « forbans et soutiers » mus par « l’appât du gain facile »7.
Éloignée de ces « approches nouvelles »8, je fais mienne l’analyse de John Gillingham sur « le
grand capital belge » appliquant dès la défaite une stratégie, mise au point dans la décennie de crise,
d’adaptation au « nouvel ordre nazi ».
I. GRAND CAPITAL ET ÉTAT SOUS VICHY
Du grand capital belge au français
La Belgique était entre les deux guerres dominée par trois holdings géants : la Société Générale, fief
du « roi sans couronne » Alexandre Galopin, avec « la famille royale belge […] pour principale
Téléchargement