GEOPOLITIQUE ECS1 29 MODULE I Thème 1 CHAPITRE 2
3.2.2. La stratégie de la guerre-éclair confirme l’avance des dictatures
La stratégie suivie par l’Allemagne, la Blitzkrieg, s’inscrit clairement dans la continuité de sa préparation ; il en
est de même pour le Japon. Cette stratégie marque le début de la guerre jusqu’en 1941 et permet à ces deux
pays d’étendre leurs territoires sous domination. Elle confirme aussi les faiblesses de l’Axe que sa
préparation précoce ne lui a pas permis de compenser : elle ne contrôle qu’une part médiocre du potentiel
industriel mondial et le problème des approvisionnements de base est loin d’être résolu. La guerre éclair apporte
des solutions à court terme mais ne résout pas les problèmes à long terme :
La confiscation des stocks de produits stratégiques puis le pillage des territoires conquis
fournissent une contribution immédiate à l’effort de guerre : l’Allemagne prélève 15% de la production
française de charbon, 75% de sa production de fer ; le Japon prélève d’importantes quantité de pétrole
en Indonésie, de caoutchouc en Malaisie.
La guerre éclair permet de couvrir ses propres coûts : les 20 millions de Reichsmarks payés par la
France dépassent largement les frais réels de l’occupation.
La préparation des forces de l’Axe est incomplète et insuffisante mais les victoires rapides du début de la
guerre semblent confirmer leur avance. Pourtant, l’absence de coopération entre des pays trop éloignés
(Allemagne/Japon) et à la préparation trop inégale (Allemagne/Italie) annonce d’importantes difficultés pour tenir
un conflit long. Si le camp allié paye au prix fort son retard initial, sa mise en action est extrêmement rapide et
efficace.
3.2.3. La réponse des Alliés montre les limites de la stratégie à court terme de l’Axe
La conversion des économies alliées en économie de guerre est extrêmement rapide. Si l’entrée en guerre
se fait presque sans préparation et souvent à la suite d’une agression non attendue (rappel : Staline livre des
produits stratégiques à l’Allemagne dans un rapport de 1 à 12 pendant la première partie de la guerre ; Roosevelt
reçoit les représentants japonais alors que la flotte nippone est déjà en route pour Hawaï), l’équilibre est
rapidement rétabli par la Grande Alliance : alors que la production d’armements des Alliés est égale à celle de
l’Axe en 1941, elle est trois fois supérieure en 1943.
La mobilisation est spectaculaire au Royaume-Uni qui abandonne les demi-mesures prises durant la Première
guerre mondiale :
dès aout 1939, le gouvernement se dote de pouvoirs exceptionnels.
le Ministry of Economic Warfare met en œuvre la mobilisation totale des ressources de la nation et du
Commonwealth à partir de 1940.
Les Etats-Unis mobilisent leur économie dès l’entrée en guerre. En l’absence de menace sur leur territoire, ils ont
le temps et les moyens de mobiliser les réserves sous-employées :
Dès le 18 décembre 1941 (Pearl Harbor : 7 décembre), le War Power Act confère au président des
pouvoir exceptionnels.
dès 1942 un cabinet chargé de la production de guerre est créé.
les dépenses de guerre ne connaissent pas de croissance progressive comme en Allemagne mais une
rupture brutale : de 17,8 milliards de $ en 1941, elles passent à 57,4 milliards en 1942.
Après le choc de l’invasion, l’économie planifiée soviétique, déjà subordonnée aux décisions centralisées en
temps de paix, se transforme immédiatement en économie de guerre. Elle montre une grande capacité
d’adaptation :
rapatriement plus de 1000 entreprises stratégiques dans l’Oural.
construction de nouvelles centrales électriques.
construction de nouvelles voies de communication
construction de nouveaux champs d’extraction pétrolière (Bakou II)
Ä objectif : réorganiser l’économie soviétique à l’arrière du front.
La réaction alliée est rapide mais elle s’inscrit surtout dans le temps : si l’Axe a privilégié une guerre courte
menée par des coups d’éclat, la montée en puissance de l’économie de guerre permet de tenir une guerre longue
pour faire la différence au final.
Les rapides victoires de l’Axe au début de la guerre masquent en fait un déséquilibre en sa défaveur : pour
reprendre la typologie du général Georg Thomas, chargé de l’organisation économique de l’armée allemande,
l’Allemagne a opté pour une stratégie d’armement extensif, dans la perspective d’une guerre courte, alors que
les Alliés se lancent dans une stratégie d’armement en profondeur, qui leur assure forcément la victoire finale.
Contrairement à la Première guerre mondiale qui avait vu la désorganisation toucher tous les protagonistes,
équilibrant ainsi le rapport de force, la Seconde montre un déséquilibre initial qui se renverse ensuite.
Malgré les démarches novatrices que l’on peut considérer comme les balbutiements du keynésianisme qui va s’épanouir
après-guerre, la « reprise [n’]est [pas] au coin de la rue », comme le croyait le président américain Herbert Hoover en
1930 La réussite apparente des nations prolétaires est totalement illusoire et ne peut conduire qu’à la guerre. La
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dégradation économique consécutive au krach de 1929 créé donc les conditions de la guerre et les choix économiques
permettent de mettre en place les moyens de la guerre. On comprend pourquoi le redressement économique est une
priorité en 1945.
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