Florence MALHOMME La musique dans la pensée de l`humanisme

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Florence MALHOMME
La musique dans la pensée de l’humanisme italien
Paris, Classiques Garnier, 2013
En s’attachant à la musique non seulement comme art des sons mais aussi art des Muses
présidant à toutes les activités de l’esprit, cet ouvrage vise à replacer la musique au sein de la
philosophie de l’art et de l’histoire des idées. À la Renaissance se substitue au paradigme
cosmologico-théologique de la musica mundana une musique proprement humaine. Cette
musica humana renoue un dialogue avec l’âme, retisse un lien vivant avec la parole et
l’éthique, assure la revalorisation de la corporéité. Elle se comprend moins comme l’harmonie
du microcosme humain, reflet de l’arithmétique divine, que comme l’expression d’un chant
capable de dire tout l’humain, universel par la complexité du mundus humanus qu’il donne à
entendre.
Musica rhetoricans.
Musique et rhétorique, de l’Antiquité à 1650
éd. Florence Malhomme, Paris, PUPS, 2002
Si la musique, placée sous l’autorité de Pythagore, fait partie en tant que science théorétique du
quadrivium, elle est pourtant dès l’origine également liée aux artes sermonicales, comme le
montre l’étude des textes fondateurs de la musique et de la rhétorique, tels que les ont établis de
façon diverse Platon, Aristote, Aristoxène, Quintilien, Cicéron, saint Augustin, Zarlino, jusqu’à
Kircher même. Mais cette tension entre nombre et verbe n’est qu’apparente car la musique, de
la paideia aux studia humanitatis, placée sous l’égide de la ratio, n’est qu’une propédeutique
aux sciences suprêmes que sont la philosophie et la théologie. La mosaïque complexe de
l’image que la musique donne d’elle-même de l’Antiquité à l’âge moderne est ainsi unifiée par
un lien très fort : celui de l’excellence et de la très haute place au sein de la culture humaine que
lui donna en ses commencements l’humanisme classique. Ainsi la musique n’est-elle pas
seulement le règne du virtuose mais de l’homo cantans ; non seulement une science et une
technique, mais un art de vivre. C’est ce dont voudrait témoigner le présent ouvrage Musica
rhetoricans.
Mousikè et Aretè. La musique et l’éthique, de l’Antiquité à l’âge moderne
éd. Florence Malhomme, Anne Gabrièle Wersinger,
Paris, Vrin, 2007
Cet ensemble de contributions, offertes par des spécialistes de disciplines différentes réunis
autour de la question des rapports de l’éthique à la musique de l’Antiquité à l’âge moderne, est
d’examiner la façon dont la musique s’est ajustée à l’âme, afin d’y ancrer les valeurs de la
civilisation occidentale, sur une période assez longue puisqu’elle conduit de la plus haute
Antiquité à la veille de l’époque moderne. La période ainsi délimitée a été retenue parce qu’elle
voit se substituer la philosophie à la musique et offre le tableau saisissant de la transformation
de la sensibilité humaine dans son passage de l’èthos à l’éthique, qui coïncide avec l’histoire de
l’abandon des modes musicaux. Cette histoire du rapport de la musique à la philosophie éthique
pose les fondements d’une histoire de la sensibilité et de la manière dont l’émotion humaine
s’est réfléchie et pensée elle-même.
Musica corporis.
Savoirs et arts du corps, de l’Antiquité à l’âge humaniste et classique
éd. Florence Malhomme, Elisabetta Villari
Turnhout, Brepols, 2010
Penser le corps, à travers ses savoirs et ses arts, telle est la question que se propose d’examiner
cet ensemble de contributions, à partir des divers points de vue et méthodes propres aux
disciplines réunies, philosophie, philologie, histoire, histoire de l’art et de la musique. Alors que
nombreuses sont les approches que le sujet suscite, aujourd’hui plus que jamais, la réflexion
développée ici pose sous l’arbitrage de l’art les fondements de la question : elle s’attache moins
à l’être de nature qu’à l’objet, soumis à la recherche de perfection et de beauté, que l’art dessine
et offre au monde. La période retenue, de l’Antiquité à l’âge humaniste et classique, est en effet
celle des civilisations artistes qui ont pensé et construit le corps de l’homme à partir de l’idée de
beauté : les paradigmes architectural, sculptural, pictural et musical s’y entrecroisent autour des
notions d’harmonie, d’eurythmie, de symétrie, de proportion, de nombre et de rythme, mais
aussi de grâce, mouvement libre et dissonant qui confère légèreté à toute fabrica et en
parachève l’ineffable beauté. Des présocratiques à Platon et Aristote, d’Homère aux Tragiques,
de Vitruve à Leon Battista Alberti, de Polyclète à Benvenuto Cellini, de Pline l’Ancien à
Raphaël et au Corrège, d’Augustin et de Boèce à Francesco Zorzi, de Castiglione à Schiller,
pour citer quelques-uns des auteurs abordés, l’on voudra mieux comprendre cet humanisme
esthétique qui, par les arts du beau — les arts du disegno et la musique — et ceux du corps —
la gymnastique, la danse, l’escrime, voire l’art équestre — vise à la connaissance, au
perfectionnement et à la construction de soi.
L’harmonie, entre philosophie, science et arts, de l’Antiquité à l’âge moderne
éd. Pierre Caye, Florence Malhomme, Gioia Maria Rispoli, Anne Gabrièle
Wersinger, Napoli, Giannini Editore, 2011
De l’Antiquité à la Renaissance, la notion d’harmonie semble concerner toutes choses, de l’ordre du ciel au
moindre objet décoratif. Il n’est pas un art, pas un savoir, de la médecine à l’astronomie, de l’architecture à la
musique sans oublier bien sûr la théologie qui en fasse l’économie. On peut parler d’un règne de l’harmonie.
Pourtant il y a deux conclusions qu’il serait erroné de tirer de cette suprématie : que l’harmonie constitue un
monde qui va de soi, sous le signe de ce que les philosophes postérieurs appelleront la fin de l’histoire et qu’elle
constitue un principe transcendant unifiant toutes choses. En réalité, il n’est pas d’harmonie sans conflit ; la
concordia est par essence discors. C’est ce conflit sous-jacent qui justifie son ascendant. Chaque art, chaque
discipline illustre en réalité un sens spécifique de l’harmonie : l’harmonie musicale, l’armonia proprement dite,
n’est pas la même que la concinnitas lineamentorum du peintre ou l’eurythmie de l’architecte, qui elles-mêmes
restent étrangères à l’équilibre physiologique du corps dont s’occupe le médecin. Il y a souvent conflit entre ces
diverses définitions en fonction de la région de leur provenance. Et c’est pourquoi, du fait de l’alietas de cette
notion, on ne saurait l’assimiler au principe irénique du Grand Pan qui aurait enchanté le monde des origines.
Elle est une forme intermédiaire qui s’édifie sur un chaos sous-jacent qu’elle réussit à tenir sans jamais pouvoir
le réduire. C’est en quoi elle est un principe constitutif dans l’histoire de la présence de l’homme à soi-même et
au monde. Dans cette perspective, trois grands axes de recherche guideront nos travaux : 1. La constitution de
la notion d’harmonie : on situera la notion d’harmonie par rapport à des notions voisines relativement
auxquelles elle prend sens sans jamais pouvoir s’y réduire : l’oikeiosis (l’approprié), l’ajusté, le lien, l’ordre
(taxis, cosmos), le nomos (le partage), le koinon (“l’en-commun”), le système, mais aussi l’Être, l’Un ou le
Tout. 2. La pluralité des harmonies : on fera le point sur les différents aspects de cette notion pluridisciplinaire
à travers les arts et des disciplines qui contribuent à son institution et à son déploiement (de la médecine à la
théologie en passant par les arts, la littérature et la philosophie) pour montrer la richesse de ses mises en œuvre
heuristiques et méthodologiques et de ses implications théoriques et pratiques. 3. L’habitation du monde par
l’homme : on posera à nouveaux frais la question du rapport de l’homme au monde, en remettant en perspective
la systématique mise en place par la métaphysique moderne.
Renaissances de la tragédie. La Poétique d’Aristote et le genre tragique, de
l’Antiquité à l’époque contemporaine
éd. Florence Malhomme, Lorenzo Miletti, Gioia Maria Rispoli, Mary-Anne
Zagdoun, Napoli, Giannini Editore, 2013
Les travaux de ce colloque sont consacrés à la tragédie dans ses rapports avec la Poétique
d’Aristote, de l’Antiquité à l’époque moderne et contemporaine. Une telle problématique, qui
confronte la tragédie à l’œuvre aristotélicienne, n’a pas été souvent étudiée, a fortiori dans la
perspective interdisciplinaire et trans-historique proposée ici, réunissant des spécialistes de
domaines et de méthodes divers. Par cette confrontation, l’on cherchera à mesurer l’écart entre
la Poétique et les différentes tragédies grecques, et ainsi à mieux comprendre la nature même
de la Poétique. La mise en relation, à l’intérieur du système aristotélicien, de la tragédie avec
les beaux-arts, en particulier la peinture et la musique, permettra en outre de mesurer la place et
le rôle de la tragédie dans l’esthétique aristotélicienne ainsi que dans la vaste question du
théâtre. De la tragédie grecque, d’origine essentiellement athénienne, l’on ne saurait compter
les renaissances, à Rome avec Sénèque, à l’âge humaniste et classique, jusqu’à l’ère la plus
contemporaine. L’on interrogera cette étonnante et incessante force de transmission et de
recréation du genre tragique, à partir de la tradition du texte aristotélicien et des différentes
stratégies qu’il suscite, — traduction, imitation, commentaire, surédification, distorsion,
jusqu’au rejet initié par l’anti-aristotélisme de Nietzsche. En reprenant à nouveaux frais le
chantier d’étude philosophique, philologique et esthétique du texte de la Poétique, l’on voudra
contribuer à la compréhension de l’un des genres les plus essentiels de la culture humaine dans
sa pérenne modernité.
Silence et sagesse, de la musique à la métaphysique :
les anciens Grecs et leur héritage,
éd. Laurence Boulègue, Pierre Caye, Florence Malhomme, Sylvie Perceau
Paris, Classiques Garnier, 2014
Le silence traverse énigmatiquement toute civilisation fondée sur la parole et l’écriture, de l’art
et de la science à la théologie, préparant l’homme à la réalité dans tout ce qu’elle a d’indicible
ou d’incommunicable. Le silence se tient aux limites de l’expérience humaine qu’il contribue à
structurer. Mais le silence n’est pas le degré zéro de la parole, il se construit : on fait silence. En
tant que tel, il entretient une relation étroite avec la notion grecque de sôphrosunê, cette sagesse
fondée sur la retenue, la mesure et l’ordre. Sous ses formes élaborées et construites aussi bien
par la littérature ou les arts que par la philosophie ou la théologie, le silence détermine ainsi, de
façon radicale, la culture des hommes.
Parole e suoni.
Contributo a una storia musicale della razionalità antica e moderna,
éd. Florence Malhomme, Maria Semi
Milano, Mimesis, 2015 Des anciens Grecs jusqu’à l’âge classique, la culture occidentale a développé une conception
profonde et complexe de la voix, signe de la rationalité et de la dignité humaine, qui unit
étroitement son et signification, et par suite tous les arts du verbe, musique, poésie, rhétorique
et philosophie. Centre et lien de l’encyclopédie du savoir grâce à son rapport non seulement
avec le mot mais avec le nombre, la science du son, la musique, offre un point de vue privilégié
pour penser cet humanisme de la voix. Les études réunies dans ce volume tentent d’en éclairer
les moments les plus significatifs, des philosophes antiques jusqu’au classicisme du XVIIe siècle
français, de la redécouverte de la voix humaine par l’humanisme de la Renaissance jusqu’à la
naissance de l’esthétique qui annonce l’effacement de cet idéal classique. À l’heure où le son
semble avoir résolument pris le pas sur la signification, où le culte du sensible semble trop
souvent étouffer la voix de l’esprit, il ne semble pas inutile de repenser cet idéal de haute
culture qui, unissant la noblesse de l’idée à la beauté musicale, offre un modèle unique
d’expression humaine et de création artistique.
Le plaisir au temps de la Renaissance
dir. Marie-Thérèse Jones-Davies
éd. Margaret Jones-Davies, Florence Malhomme, Marie-Madeleine Martinet
Turnhout, Brepols, 2010
Le Plaisir est-il le Bien ? La Renaissance reprend à son compte cette question débattue depuis
le Philèbe et le livre X de l’Éthique à Nicomaque. Au xve siècle, Lorenzo Valla, dans son
dialogue Sur le plaisir (1430), tranche dans le sens d’une identification entre le plaisir et le
Bien. Il est suivi un siècle plus tard par Érasme qui n’hésite pas, dans l’Épicurien (1533), à
assimiler le Christ à Épicure. Et Montaigne, dans sa critique du stoïcisme, stigmatise le danger
des vertus immodérées qui excluent le plaisir. Le problème que posait Platon de la possibilité
d’un faux plaisir fascine à nouveau les esprits. Et si le plaisir pensé, imaginé, rêvé, pouvait
réveiller les sens, toucher le corps ? Et si les barrières s’effaçaient entre le corps et l’âme ?
Réhabiliter le plaisir, c’est pouvoir assumer sa part d’ombre, le déplaisir, refuser l’abstraction
de leur dissociation. Accepter le plaisir, c’est accepter la mort. C’est l’une des leçons
paradoxales de Peines d’Amour Perdues de Shakespeare, que la pensée baroque ne cessera
d’illustrer. La Renaissance reste vigilante, comme l’avaient été les périodes précédentes, car il
est un plaisir auquel il ne convient pas de laisser libre cours : le bon plaisir du monarque
absolutiste.
Certitude et incertitude à la Renaissance
dir. Marie.-Thérèse Jones-Davies
éd. Margaret Jones-Davies, Florence Malhomme
Turnhout, Brepols, 2013
La Renaissance est marquée par un grand mouvement de rationalisation du savoir. La science
sert de référence à l’art qui, par sa mathématisation, tente de s’approcher le plus possible de la
certitude absolue dont elle fournit le modèle. Les sciences intermédiaires, disciplines
d’application de la mathématique, telles que la mécanique, l’optique, l’abaque, se développent,
permettant de nombrer le réel, parallèlement aux instruments de précision qui accroissent
l’efficacité de la technique. D’autres disciplines, telles que le droit ou l’histoire, cherchent de
même à élaborer les principes et la méthode de leur certitude propre. Il est toutefois des
domaines, tels que la foi ou l’acte moral, où la certitude ne s’étalonne pas sur la vérité de la
science, mais trouve en son cœur l’incertitude fondatrice de l’expérience humaine. En tentant,
dans la recherche du bien et du mal, du beau et du laid, de conjurer la relativité et la précarité de
la vie, l’intelligence humaine ne saurait fait l’économie du doute qui la distingue de la machine
et fonde sa grandeur. C’est à cette tension jamais résolue, mise en évidence par l’humanisme de
la Renaissance, que cet ensemble de contributions se propose de réfléchir.
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