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OUI de Gabriel AROUT
Note d’intenon (suite)
J'ai d’abord voulu mere en scène cee pièce car je me suis toujours demandé
pourquoi deux êtres que tout oppose, les origines ethniques, les convicons poliques, reli-
gieuses… pouvaient un jour se retrouver et surtout s'aimer.
Ce qui m'a d'abord intéressé dans ce texte c'est l'aspect humain des personnages
et le travail a eectué sur leurs personnalités. J’ai donc choisi de me passer d’un décor et de
n’uliser que très peu d’accessoires an que la présence des acteurs et du texte soient pré-
pondérantes.
Les acteurs invesssent le lieu de jeu avec le texte et le contexte historique (la pe-
te et la grande histoire). Je voudrais que le public ressente l’ambiance mais ne la subisse pas
et que les personnages soient dans une tension verbale. Que les moments de violence soient
bien précis dans le jeu des acteurs an que, par eet de bascule, les silences soient plus forte-
ment habités.
Mere en scène cee tension est intéressante an de ressenr la montée de leurs
caractères pour aller au paroxysme de ceux-ci : Raphaël a une sorte de crise d'épilepsie, une
crise d'angoisse et amènera Max, immobile, crispé, tendu, jusqu'à un état catalepque.
Nous avons là comme une paron musicale, chaque personnage suit la sienne,
pour enn s'accorder et jouer ensemble, avoir foi en l'homme et reconnaître la fraternité dans
le malheur.
Cee histoire peut se passer à n'importe quelle époque lorsque deux êtres que
tout oppose, se retrouvent dans la même situaon. Ne faudrait-il pas s'interroger sur la haine
de l'autre ?
C'est l'atrocité même de leur situaon qui leur fait suivre ce chemin, au cours du-
quel ils se dépouillent peu à peu et se délestent de leur personnalité sociale, pour ne garder
que ce qu'ils ont d'essenel.
Chacun au début se cherche, s'invest, apprend pour mieux apprécier ses derniers
instants puis ils vont se réfugié dans ce qu'ils connaissent le mieux : Max, dans sa défense de la
race pure, Raphaël, dans sa défense du peuple juif. Mais ni l'un ni l'autre ne croit à ses convic-
ons, à ses idées. Ce sont avant tout deux hommes face à un ennemi commun et invisible.
Les nazis observent leur expérience comme les spectateurs eux-mêmes qui devien-
nent à leur tour des «voyeurs» de cee dualité. Le public devient lui-même
«expérimentateur» d'une situaon qu'il a voulue, peut-être, voir.