11 ans, un cancer, une tonne de courage

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ACTUEL
LA PRESSE
MONTRÉAL
DIMANCHE
26
MARS
2006
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SÉRIE
VIVRE AVEC LE CANCER
LES ERREURS DE DIAGNOSTIC
Chaque année, 120 000 Américains sont victimes d’un diagnostic de cancer erroné, selon
une récente étude américaine portant sur 20 000 patients. Appliquée au Québec, cette
analyse signifie que plusieurs milliers de Québécois ont un diagnostic fautif, ce qui leur cause
des inconvénients : tests inutiles, thérapie retardée, voire une mort ou une amputation qui
aurait pu être évitée.
L’ONCOLOGIE ADULTE
La lutte contre les cancers pédiatriques est un des grands
succès de l’oncologie. Peut-on appliquer ce modèle aux
adultes ?
MATHIEU PERREAULT
Dans les années 70, moins de
10 % des enfants atteints de leu-
cémie survivaient à la maladie.
Maintenant, cette proportion est
pratiquement inversée : 15 % en
meurent.
Ce succès extraordinaire repose
sur une recette très simple : une
étroite collaboration entre les
hôpitaux pédiatriques canadiens
et américains. Cette recette
pourrait être appliquée à l’oncologie adulte, croit le Dr Daniel
Sinnett, chef de l’axe leucémiecancer au centre de recherche de
l’hôpital Sainte-Justine.
Paradoxalement, les succès de
la lutte contre la leucémie s’expliquent par le manque de médicaments. « La pédiatrie est un
marché trop petit pour les compagnies pharmaceutiques, dit le
Dr Sinnett. Nous devons nous
débrouiller avec des médicaments plus anciens. Il n’y en a
qu’une trentaine en oncologie
pédiatrique, comparativement à
500 pour les adultes. L’avantage, c’est qu’il n’y a pas de pressions pour favoriser telle ou tel-
le molécule. Ce sont les
cliniciens, pas les compagnies
pharmaceutiques, qui décident
quelle molécule sera testée et de
quelle manière. »
Cocktail
Résultat : chaque enfant leucémique reçoit un cocktail de cinq
à huit médicaments, dosé selon
les caractéristiques particulières
de son cancer.
« Chez les adultes, il y a beaucoup moins de multithérapie,
explique le Dr Sinnett. Les différents types de cancers sont
moins bien caractérisés, parce
que les cohortes de patients sont
moins grandes. »
La standardisation de la lutte
contre la leucémie origine de
l’institut Dana Farber, à Boston,
au début des années 70.
« L’idée est de soumettre chaque patient au même protocole,
explique le généticien montréalais. Il est classé selon son âge,
son sexe, le type de leucémie et
son taux de globules blancs.
En fonction de ces caractéristiques, le protocole, qui détermine quels médicaments sont administrés et pendant combien de
temps, sera toujours le même.
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11 ans, un cancer, une tonne de courage
PASCALE BRETON
C’était l’été de ses 11 ans. Un été
qui a plongé Gabriel Rivard dans
un monde d’adulte et qui l’a fait
mûrir rapidement, comme beaucoup d’enfants atteints de cancer.
La douleur à sa jambe semblait
anodine. Puis elle s’est faite de
plus en plus forte. Chaque fois
que Gabriel pratiquait un sport,
une sensation de brûlure se faisait sentir dans sa cuisse. En juillet, après un match de baseball,
la douleur est devenue intolérable.
Au terme de deux longues semaines d’examens et d’investigation, le verdict est tombé : sarcome d’Ewing. Une tumeur
maligne des os.
La première idée de Gabriel a
été de se battre. « Après le diagnostic, je me suis retrouvé seul
dans le bureau du médecin avec
mes parents. Je me rappelle ce
que j’ai dit : Si j’ai le cancer, c’est
parce que la vie le voulait et je vais
être capable de passer au travers. »
Après, ce fut le choc, l’impression d’être dans un mauvais rêve.
La peur de mourir, la peur de ne
pas guérir. Une période difficile,
tant pour le garçon de 11 ans que
pour ses parents et sa petite
soeur.
« Sur le coup, quand on apprend que notre enfant a le cancer, on pense à tout. Comme parent on se demande si on a fait
quelque chose de pas correct.
Mais non, c’est le hasard qui a
voulu ça », se rappelle la mère de
Gabriel, Monique Girouard.
Malgré le choc, il faut continuer
à vivre. La famille Rivard a chassé le négatif pour s’accrocher à un
espoir de guérison. Pendant près
d’un an, Gabriel s’est soumis à
des traitements de chimiothérapie à l’hôpital Sainte-Justine. Il a
aussi été opéré à la cuisse. Les
médecins ont enlevé son fémur
malade et procédé à une reconstruction.
Près de trois ans plus tard, Gabriel est en rémission. Ses cheveux ont repoussé. Un sourire illumine son visage. Il garde
certaines séquelles de sa maladie.
PHOTO ROBERT MAILLOUX, LA PRESSE
À 14 ans, Gabriel Rivard est en rémission depuis 21 mois.
En raison de sa jambe affaiblie, il
devra toujours marcher avec une
canne.
Une différence avec laquelle il
apprend à composer. « Le regard
en dit long parfois. Certaines per-
sonnes me suivent des yeux. J’ai
un truc. Je les fixe aussi et elles
arrêtent », lance Gabriel d’un ton
plein d’assurance.
Sa vie a changé. Mais peu à peu,
il retrouve l’une de ses passions,
le sport. Au lieu de dévaler les
pentes sur deux skis, il s’est mis
au ski adapté. Réticent au début,
il avoue maintenant « tripper à
fond » sur les pistes enneigées. Il
joue aussi au basketball dans une
équipe en fauteuil roulant. Il a
maintenant 14 ans. Il est en rémission depuis 21 mois et ne
pense qu’à une chose : vivre comme tous les autres garçons de son
âge.
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Les vedettes n’y échappent pas non plus
Le cancer n’épargne personne, même les gens connus. La mort du
hockeyeur Bernard Boum Boum
Geoffrion est venue nous le rappeler il y a huit jours. Voici quelques
personnalités qui, un jour, ont elles aussi entendu leur médecin
prononcer le mot « cancer ».
Lance Armstrong
Le coureur cycliste texan avait 25
ans lorsqu’on a découvert qu’il
souffrait d’un cancer des testicules
avec des métastases aux poumons
et au cerveau. Les médecins estimaient alors ses chances de survie
année », a annoncé la chanteuse
américaine le mois dernier. Sheryl
Crow a subi une chirurgie et ses
chances de rémission sont excellentes.
à moins de 50 %. Trois ans plus
tard, Lance Armstrong remportait
le Tour de France, un exploit qu’il
réitérera les six années suivantes.
Cette histoire, il la raconte dans
deux livres : It’s Not About the Bike :
My Journey Back to Life, paru en
2000, qui s’est vendu à 145 000
exemplaires, et Every Second Counts,
paru en 2003, qui en a écoulé
415 000.
Kylie Minogue
À 36 ans, cette autre lauréate
d’un trophée Grammy a aussi appris, en mai dernier, qu’elle souffrait d’un cancer du sein.
Sheryl Crow
« Je joins le groupe de plus de
200 000 femmes qui recevront un
diagnostic de cancer du sein cette
Mario Lemieux
Tout un exploit : en 1993, Mario
Lemieux apprend qu’il a la maladie de Hodgkin, un cancer qui
s’attaque aux ganglions. Il rate une
vingtaine de matchs, ce qui ne
l’empêche pas de décrocher le
championnat des marqueurs.
Saku Koivu
Le capitaine du Canadien de
Montréal a combattu un lymphome diffus à grande cellule pendant
la saison 2001-2002.
Richard Petit
Le chanteur québécois a été frappé de la même maladie que Saku
Koivu en février. Ses chances de
rémission sont excellentes.
Michel Tremblay
L’auteur des Belles-Soeurs est en
rémission d’un cancer de la gorge.
Dana Reeve
La veuve de l’acteur Christopher
Reeve, mort à 52 ans alors qu’il
était tétraplégique, a été emportée
par un cancer du poumon à 44 ans
il y a 15 jours.
Bob Marley
Le roi du reggae est décédé en
1981 d’une forme de cancer de la
peau. Il avait 36 ans.
Susan Sontag
L’essayiste et romancière américaine est décédée en 2004 après
avoir combattu un cancer du sein
et une forme rare de cancer utérin
pendant 30 ans.
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