OREILLONS Pr. JP. CARRIERE Ils représentent une maladie d’origine virale, en majorité très bénigne, mais très contagieuse par diffusion du virus ourlien (paramyxovirus). Elle évolue par petites épidémies surtout de collectivités (école-régiment) de diagnostic très facile en règle, et exceptionnellement compliquées ou graves. CLINIQUE Comme toutes les maladies infectieuses, les oreillons évoluent de façon finie dans le temps. . L’incubation est la plus longue de toutes les maladies transmissibles : 21 jours . La phase d’invasion est brève (48 heures) marquée par asthénie, fébricule, vagues douleurs pharyngées ou mastoïdiennes, réveillées à la palpation osseuse de la mastoïde, de l’angle mandibulaire ou de l’articulation temporo-maxillaire (points de Rillet et Barthez). L’orifice du canal de Stenon peut être inflammatoire à l’examen endobuccal. . La maladie constituée est rapidement réalisée par la Parotidite, qui va évoluer en une semaine environ. C’est une tuméfaction, rapidement bilatérale et grossièrement symétrique, de l’espace rétromandibulaire, comblant le sillon parotidien, soulevant le lobe de l’oreille, s’accompagnant souvent d’un oedème facial inférieur et cervical, donnant le classique aspect pyriforme à la face. La tuméfaction parotidienne est sensible, élastique, accompagnée d’une légère tuméfaction cutanée, quelquefois d’un trismus. Elle ne s’accompagne jamais de paralysie faciale. La tuméfaction parotidienne est majorée par la présence constante d’adénopathies, cervicales et surtout prétragiennes, quelquefois d’une tuméfaction des glandes salivaires accessoires, surtout sous-maxillaires. L’examen clinique ajoute à l’intumescence rétro et sous mandibulaire, l’existence d’une tuméfaction/rougeur de l’orifice du canal de Sténon (signe de Catrin) avec écoulement salivaire (à prélever). L’état général est altéré : céphalées, inconfort général, fièvre à 38°/38°5 mais qui dure 4 à 5 jours tout au plus. . L’évolution est en règle très simple en 8 à 10 jours par rétrocession progressive de tous symptômes locaux et généraux sans laisser de séquelles. Le diagnostic de la parotidite est clinique, surtout par sa bilatéralité. Le dosage de l’amylasémie est élevé (> 100 u). L’hémogramme montre une leuconeutropénie sans anémie ni thrombopénie. Le virus ourlien peut être retrouvé dans la salive prélevée à l’orifice du canal de Sténon ; le sérodiagnostic se positive en deux semaines dans le sang (dosage des anticorps inhibant l’hémagglutination ou IHA ; ou des anticorps fixant le complément ou F.C) FORMES CLINIQUES 1 – La parotidite ourlienne est en règle isolée ; elle peut cependant s’associer, être précédée ou suivie d’autres localisations du virus ourlien avec leur cortège symptomatique caractéristiques. 2 – Autres atteintes glandulaires : ovarite, mammite, thyroïdite fébriles sont possibles. Plus classique est l’atteinte isolée des sous maxillaires salivaires. 3 – Pancréatite. Apparaît très rare par rapport à la parotidite, même si des douleurs abdominales peuvent accompagner fréquemment celle-ci. Constituée, elle se marque de violentes douleurs épigastriques et solaires avec contracture péritonéale, vomissements et quelquefois état de choc douloureux. L’amylasémie est élevée, comme la glycosurie ; quelquefois existe une stéatorrhée pendant quelques jours. Malgré son caractère pénible, elle guérit toujours sans séquelles car elle est seulement oedémateuse et ni hémorragique ni nécrosante ; le diabète post ourlien est historique. Elle peut être isolée ou associée à la parotidite, en lui succédant de 4 à 6 jours. 4 – Orchite ourlienne. Elle est exceptionnelle avant la puberté. Elle se marque d’une augmentation très volumineuse d’un ou des deux testicules, très douloureuse avec irradiation abdomino lombaire. La tuméfaction intéresse la glande elle-même, mais provoque une discrète réaction inflammatoire de la vaginale (transillumination), du scrotum lui-même, et d’une funiculite (douleurs jusqu’à l’orifice inguinal). L’orchite est fébrile, qu’elle évolue de façon isolée ou associée à la parotidite ; quand elle lui succède la fièvre réapparaît quelques jours. Son habituelle unilatéralité, et le caractère exceptionnel de l’atrophie glandulaire qui lui succède, rendent la stérilité par azoospermie séquellaire absolument anecdotique, exclusivement après la puberté. En cas d’atteinte isolée, l’amylasémie reste normale mais les modifications de l’hémogramme et du sérodiagnostic sont les mêmes qu’en cas de parotidite. 5 – Méningite ourlienne. Peut être associée à la parotidite ou à d’autres localisation glandulaires ; elle peut elle aussi être isolée. C’est une méningite à liquide claire qui se marque par la symptomatologie méningée classique (céphalées, raideur, vomissements …), fébrile, avec confirmation par analyse du LCR. Celui-ci est quelquefois très hypercellulaire (500 à 700 éléments nucléés/ml) et initialement souvent à majorité de polynucléaires mais à protéinorachie basse. Elle peut être associée à des atteintes neurologiques déficitaires (parésie oculomotrice, atteinte médullaire ou radiculaire) ou s’associer à des troubles du comportement transitoires. 6 – Atteintes neurologiques L’encéphalite des oreillons est rare (<0,05 %o). Marquée de troubles de la vigilance, de crises convulsives, de déficits divers des fonctions motrices ou sensorielles, elle est quelquefois prolongée plusieurs semaines mais guérit en général sans séquelles. L’atteinte du nerf auditif est spécifique. C’est une atteinte nucléaire, bilatérale, quelquefois transitoire mais le plus souvent définitive sous forme de surdité. L’atteinte de la vision est possible aussi. Myélite aiguë, polyradiculonévrite ou névrite sont possibles sans méningite. 7 – Très controversées restent - l’atteinte articulaire ou rhumatisme ourlien, en règle transitoire et s’inscrivant dans le cadre des arthrites réactives - la possibilité de la transmission maternofoetale et le risque d’embryofoetopathies. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL 1 – La parotidite . sa bilatéralité éloigne en général l’hypothèse de : adénopathie intraparotidienne, tumeur de la parotide, lithiase parotidienne surinfectée qui pourraient être explorés par tomodensitométrie ou sialographie iodée. . son caractère aigu et transitoire écarte l’hypothèse de parotidoses du B.B.S ou d’autres maladies chroniques (Mikulicz-Heerfordt), de même que les atteintes toxiques (plomb, mercure, AINS). . seules ne persistent en fait à discuter que les parotidites infectieuses virales transitoires qui ne s’inscrivent pas dans un contexte épidémique (coxsackie, chorioméningite lymphocytaire). 2 – L’orchite fait discuter chez l’adolescent : torsion du testicule ou de ses annexes, et orchiépididymites bactériennes (staphylococciques – gonococciques – MST) en règle très fébriles et accompagnées de signes infectieux bactériens. 3 – La méningite et ses complications font discuter les autres méningites aiguës à liquide clair. L’association de plusieurs localisations du virus est la meilleure preuve du diagnostic. DIAGNOSTIC POSITIF Il repose sur clinique, notion de contage et notion de non vaccination. Il est argumenté par l’hyperamylasémie quand existent atteinte salivaire ou pancréatite et par la leuconeutropénie à l’hémogramme. Le sérodiagnostic IHA ou FC est formel quand deux dosages à 15 jours d’intervalle montrent une différence supérieure ou égale à 2 dilutions. Le recours à ce test est réservé aux formes atypiques ; dans la règle le diagnostic reste clinique. TRAITEMENT 1 – Curatif Il n’est que symptomatique : repos, antalgiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens si douleurs parotidiennes ou pancréatiques sont trop importantes. L’orchite (adolescent-adulte) bénéficie de l’immobilisation, d’anti inflammatoires et d’antalgiques, comme la méningite. 2 – Préventif . Isolément des malades, notamment de l’école, jusqu’à guérison clinique. La contagiosité s’étale d’une semaine avant le début clinique à une semaine après. . Vaccination (voir le cours spécifique) Vaccin vivant atténué de souche Jerryll-Lynn, il est intégré au vaccin triple rougeoleoreillons-rubéole. Les recommandations actuelles sont les suivantes : primovaccination entre 12 et 15 mois (1 injection unique) deuxième injection entre 3 et 6 ans (1 injection unique). Le but recherché est de minimiser l’incidence des complications neurosensorielles et neurologiques. Ce vaccin confère une immunité solide (95 %), n’a que les contre-indications liées à une immunodéficience (virus vivant atténué) et ne doit pas être fait pendant la grossesse. Il est parfaitement supporté, quelquefois suivi d’une discrète intumescence parotidienne transitoire. Ce qu’il faut savoir sur les OREILLONS - Paromyxovirus à tropisme glandulaire méningé - Oreillons = PAROTIDITE seule ou associée autres localisations rarement isolées - Diagnostic est clinique contage aspect + fièvre peu la biologie – à réserver aux cas atypiques - Le sérodiagnostic (IHA/FC) ne doit nullement être systématique - PAROTIDITE - PANCREATITE - ORCHITE Bilatérale / non compressive / transitoire ↑ amylasémie ≠ autres parotidites infectieuses ou toxiques oedémateuse ni nécrosante très rares séquelles exceptionnelles Jamais l’enfant Chez l’adulte la stérilité exceptionnelle et anecdotique - MENINGITE ni hémorragique séquellaire (azoospermie) Souvent hypercytaire – Hésitations diagnostiques si isolée - ATTEINTES NEUROLOGIQUES Encéphalite – myélite Nerfs périphériques Nerfs crâniens → le VIII +++ MALADIE contagieuse et épidémique - école et régiment Le seul traitement préventif c’est la vaccination est