Michel VEUILLE, directeur d’études de l’EPHE, section Sciences de la vie et de la terre (SVT). CV
Souhaitant étudier l’évolution, il assiste au cours de Georges Teissier, qui le convainc de s’orienter
vers la génétique des populations. Charles Bocquet l’initie au concept biologique de l’espèce et le
prend dans son laboratoire de Gif-sur-Yvette. Après la maîtrise de génétique et le DEA d’évolution de
l’université Paris VI, il se spécialise en génétique des populations et soutient une thèse de 3ème cycle
puis une thèse d’Etat (1982) à l’UPMC sur la spéciation et l’évolution des systèmes de reproduction.
Sa période de formation est aussi l’occasion d’une réflexion sur la réception des théories évolutives
dans la société, et plus généralement sur l’écho social des recherches en biologie évolutive. Il
s’engage notamment dans le débat sur le statut scientifique des recherches en sociobiologie.
Son post-doctorat à Harvard dans le laboratoire de Richard Lewontin lui permet de participer
aux premières recherches sur la détection moléculaire de la sélection naturelle, qui restera son
principal sujet d’études de 1985 à 2006. Cette recherche consiste à étudier le spectre des sites de
polymorphisme neutre sur une région génomique afin de détecter les événements de balayage
sélectif, qui constituent la signature dans l’ADN d’événements passés de sélection naturelle ou
artificielle. Ces événements se caractérisent par une disparition du polymorphisme neutre en cas
d’événement sélectif complet et récent, et en une altération du spectre de polymorphisme, par
rapport aux prédictions du modèle neutre à l’équilibre mutation-dérive, en cas de balayage partiel.
On notera que bien que le premier exposé public de la théorie de la sélection naturelle par Darwin
date de 1858, ce n’est que dans les années 1990 que la recherche expérimentale sur l’ADN, à laquelle
il a participé, a pu démontrer que la sélection naturelle s’était effectivement produite dans la nature.
Il promeut l’étude des populations africaines de Drosophila melanogaster comme matériel
de recherche de tels événements et détecte plusieurs d’entre eux, notamment au voisinage des
pieds d’inversions chromosomiques. L’étude d’un double événement de balayage moléculaire causé
par une distorsion de ségrégation chez D. simulans lui permet de montrer que tous les événements
de balayage sélectif ne doivent pas être interprétés comme une amélioration de la fitness
individuelle. Avec ses élèves, il met au point plusieurs tests de détection de la sélection naturelle et
des changements démographiques passés.
La création en 1999 du GDR CNRS de génomique des populations, qu’il dirigera pendant huit
ans, contribue à diffuser en France la théorie de la coalescence et à rassembler écologistes
moléculaires et théoriciens, en renouant avec des principes énoncés dès 1936 par Gustave Malécot.
Depuis 2007, suite à sa venue au Muséum National d’Histoire Naturelle, il travaille sur la
détection génétique de l’effet des changements climatiques sur l’histoire des espèces, en prenant les
espèces d’insectes non-modèles comme marqueurs biologiques.
Ses recherches ont porté sur la génétique des drosophiles et de nombreux insectes, ainsi que
sur les crustacés, l’homme, les coraux, les poissons, les graminées. Ses principales publications sont
parues dans Molecular Biology and Evolution et dans Genetics, dont il devient par la suite éditeur
pendant 12 ans.
Il a dirigé une unité CNRS pendant 8 ans et une équipe d’UMR pendant 23 ans. Il a organisé
18 colloques, dont dix internationaux, et obtenu un financement continu de ses recherches par des
agences à comité d’évaluation indépendant de 1990 à 2014.
Il a eu de nombreuses responsabilités à des tâches de direction de la recherche, notamment au
ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche (chargé de mission biodiversité à la MSU,
2000-2003) et comme directeur du département scientifique Systématique et évolution du Muséum
National d’Histoire Naturelle (2003-2008). Il s’est impliqué dans l’évaluation de la recherche en
participant à de nombreux comités nationaux (dont le Comité National) et internationaux (UE).
Chercheur CNRS de 1975 à 1996, il est élu directeur d’études à la section SVT de l’EPHE en 1997, et y
sera le principal animateur du secteur Biodiversité de 1998 à 2015. Il est doyen de la section SVT de
2010 à 2014 sur un projet de regroupement des laboratoires ; son mandat verra surtout reconnaître
la nécessité pour l’EPHE de mieux organiser le financement de la recherche en SVT.