buveur excessif, non alcoolo-dépendant
ou chez un sujet ayant une relation
pathologique à l’alcool.
L’IEA résulte de l’action d’une dose
importante d’alcool sur le système
nerveux avec un effet stimulant direct
qui précède un effet dépresseur, éven-
tuellement hypnotique.
Les manifestations liées à l’état
alcoolique sont très dépendantes de :
–la dose d’alcool ingérée ;
–la rapidité avec laquelle la dose a été
absorbée ;
–la susceptibilité individuelle du sujet.
C’est la raison pour laquelle il est illu-
soire de faire une corrélation entre les
troubles cliniques observés et les taux
d’alcoolémie.
L’IEA simple
L’intoxication éthylique aiguë dite “sim-
ple” entraîne des modifications psy-
chologiques plus ou moins vives :
•
•la phase d’excitation psychomotrice
s’accompagne d’une désinhibition, d’une
impression d’aisance, de brio, d’euphorie
avec une logorrhée et une incoordination
motrice. Ensuite, cette facilité de contact
et d’échanges peut laisser place à une
morosité, un spleen, une irritabilité ;
•
•la phase dite d’“ébriété” entraîne un
état d’obnubilation intellectuelle : la
pensée s’embrouille, la mémoire est
imprécise, les propos sont incohérents. Il
s’agit d’un état confusionnel. La phase
d’ébriété s’accompagne fréquemment de
troubles des conduites instinctuelles,
émotionnelles : le sujet passe du rire aux
larmes, les sollicitations érotiques sont
fréquentes, ainsi que les attitudes provo-
cantes ou des mouvements de colère.
L’incoordination motrice est majeure.
Ces deux phases précèdent le coma qui
est un coma calme avec aréflexie et
hypoesthésie. L’odeur de l’haleine, car-
actéristique, est un guide précieux pour
le diagnostic.
Les IEA compliquées
À côté de l’IEA simple, on décrit clas-
siquement les IEA dites “pathologiques”.
Elles surviennent le plus souvent, mais
pas exclusivement, chez les sujets ayant
une relation pathologique avec l’alcool.
Il existe classiquement différentes formes :
•
•les IEA excitomotrices : ces imprégna-
tions alcooliques aiguës sont des formes
agitées, avec impulsions verbales, motri-
ces, des décharges clastiques, une agres-
sivité qui ne trouve aucun frein, des gestes
destructeurs, saccageurs. Le passage à
l’acte va fréquemment jusqu’aux coups et
blessures, parfois jusqu’au meurtre :
–l’alcool est un facteur criminogène ;
–le Surmoi est soluble dans l’alcool ;
–l’alcool facilite le passage à l’acte anti-
social.
On pense aux jeunes qui recherchent un
effet d’excitation dans l’alcool, qui
facilite leurs actions, leurs délits, surtout
en bande ; et, souvent, l’alcool est asso-
cié à d’autres toxiques (LSD, cocaïne,
héroïne, etc.).
Ces “ivresses” sont marquées par la vio-
lence et l’incidence médico-légale.
•
•Les IEA avec troubles de l’humeur :
elles sont soit d’allure maniaque, soit
d’allure dépressive.
Aux symptômes d’intoxication alcoolique
aiguë peuvent s’ajouter soit une euphorie,
une logorrhée avec des idées de grandeur,
de toute-puissance, une agitation et un dis-
cours familier, soit des symptômes
dépressifs. Le risque de passage à l’acte
suicidaire est toujours à craindre.
•
•Les IEA délirantes : elles se présentent
fréquemment sous la forme d’un état
délirant aigu à type de persécution, de
jalousie ou encore mégalomaniaque ou
d’autodépréciation délirante. Il ne faut
jamais minimiser la possibilité d’une
dangerosité vis-à-vis d’autrui ou d’un
passage à l’acte suicidaire.
•
•L’IEA hallucinatoire : cette forme
pathologique est la plus rare. Elle com-
porte principalement des hallucinations
visuelles, le plus souvent terrifiantes,
allant de distorsions cauchemardesques
de la réalité à un véritable état hallucina-
toire. Ce tableau clinique est à dif-
férencier du delirium tremens.
Le danger de ces formes d’IEA, s’accom-
pagnant d’aspects cliniques psychia-
triques, réside donc principalement dans
la dangerosité du patient vis-à-vis de lui-
même et/ou vis-à-vis des autres. Ces
risques sont d’autant plus importants que
l’intoxication éthylique survient chez un
sujet ayant des troubles de la personnalité
ou une pathologie psychiatrique associée.
L’ alcoolisation aiguë peut venir révéler un
état dépressif constitué. L’action dépres-
siogène de l’alcool risque d’aggraver le
trouble de l’humeur préexistant et faciliter
un passage à l’acte suicidaire. Certains
patients déprimés prennent de l’alcool
pour se donner le “courage d’en finir”.
Dans les grandes séries de suicides
accomplis, on retrouve une alcoolisation
chronique dans 25 % des cas. Parmi les
causes de décès chez les alcooliques, le
suicide est retrouvé dans 5 à 25 % des cas.
Ainsi, le risque est grand que des patients
alcoolisés et/ou violents ne soient admis
au sein des urgences, et les médecins
sont de plus en plus confrontés à la prise
en charge de ces patients, ce d’autant
qu’il existe en outre, pour ces patients,
un contexte de crise, c’est-à-dire une sit-
uation interactive conflictuelle impli-
quant le sujet et son environnement. Ces
patients sont donc conduits à l’hôpital
dans une démarche autant sanitaire que
sécuritaire. Outre la dimension des soins,
avec la triple évaluation médico-psycho-
sociale, se pose la dimension plus
médico-légale, avec les aspects déon-
tologiques, législatifs, voire éthiques.
Après évaluation de la situation et en
tenant toujours compte du discours de la
famille, ces situations de violence peu-
vent nécessiter l’hospitalisation sous
contrainte, sous le mode de l’hospitalisa-
tion sur demande d’un tiers (HDT) ou de
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (18) n° 10, décembre 2001 321
mise au point
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