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Rééducation Orthophonique - N° 208 - Décembre 2001
Jany LAMBERT
Orthophoniste
Inserm U320, Service de Neurologie
CHU avenue Côte de Nacre
14033 Caen cedex
e-mail : lambert-j@chu-caen.fr
L’histoire de l’humanité commence avec le langage.
« Le langage est la nature de l’homme... Dès le début,
les hommes ont été des êtres parlants ; et ceux qui
avant ne parlaient pas n’étaient pas des humains. »
Françoise Parot
Dans les ori gines de l’esprit modern e, Merlin Donald trace une syn-
thèse évolutionniste de la cognition depuis les pri m ates non humains
jusqu’à l’homme modern e. L’ ap p a rition du langage en constitue une
é t ape déterm i n a n t e . En le faisant accéder à la fonction symbolique et surtout à
la possibilité de générer lui-même un ensemble infini de symboles, il l’a
d é m a rqué de l’espèce animale. A l’opposé, les habiletés pro c é d u rales, la cul-
t u re épisodique liée à la mémori s a tion de nombreuses connaissances situat i o n-
nelles semblent exister dans de nombreuses espèces. Mais l’esprit humain ne
se résume pas au langage et même sans langage, il reste très supérieur à celui
du singe en raison d’une capacité mimétique qu’il définit en terme de fo n c t i o n
rep r é s e n t at i o n n e l l e.
Si le langage constitue une fonction mentale spécifiquement humaine,
très tôt investie comme objet d’étude, l’histoire de la neuropsychologie et ses
débats théoriques montre que longtemps il a été difficile de le dissocier d’autres
fonctions. Dans les prémices de la neuropsychologie, courant localisationniste
ou associationniste, l’aphasie est souvent décrite en terme de trouble mnésique :
amnésie verbale qui touche le stock des mots en mémoire (Broca, Lordat), perte
du souvenir des mots (Trousseau), perte de la mémoire des images auditives
(Wernicke). Pour d’autres, appartenant au courant globaliste, la spécificité de la