XXXe Rencontres Internationales d’Archéologie et d’Histoire d’Antibes
Programme détaillé
Thème 1 : Gestion de la forêt : des chasseurs-cueilleurs aux sociétés industrielles
De réserve de ressources pour les sociétés préhistoriques, la forêt, domestiquée, artificialisée, est devenue
un lieu de loisirs pour nos sociétés industrielles.
Si elles nous apparaissent parfois comme le dernier refuge du « sauvage », les forêts actuelles sont
pourtant héritées d’une longue exploitation des formations végétales originelles. Les données archéologiques et
historiques nous montrent comment la gestion des ressources ligneuses, le pâturage, l’extension ou la rétraction
des terres agricoles ont été des facteurs déterminants dans la mise en place des paysages qui nous sont familiers.
Le bois, en tant que combustible et en tant que matériau, a de tout temps été une ressource recherchée,
pas toujours suffisamment abondante ou renouvelable. La façon dont les sociétés adaptent leurs pratiques aux
contraintes naturelles, en contexte d’abondance ou de pénurie, dépend de choix culturels, d’impératifs techniques
et des potentialités du milieu.
Thème 2 : Impact de l’Homme sur les dynamiques biogéographique
À partir du Néolithique et de la généralisation des pratiques agricoles, de très nombreuses plantes,
cultivées, adventices, rudérales, vont connaitre une diffusion anthropogénique en dehors de leur aire de
répartition naturelle. Ces plantes importées vont selon les cas devenir invasives, (au détriment d’espèces locales),
s’adapter à leur nouvel environnement au point qu’il peut être très difficile de déterminer leur origine, ou rester
strictement dépendantes de l’action humaine. D’autres taxons, indigènes mais rares, vont être favorisés par les
pratiques humaines et connaitre des expansions telles qu’ils sont étroitement associés aux civilisations qui ont fait
leur succès (le noyer et les romains, par exemple).
Les données archéobotaniques et paléobotaniques apportent des preuves de la présence ancienne de
certains taxons dans des zones où on les croyait naturalisés, ou permettent de suivre les évolutions des aires de
répartition au cours du temps. Les théories biogéographiques en vigueur se trouvent parfois renouvelées (pour
ne pas dire bouleversées) par cette confrontation avec les données paléo- et archéobotaniques.
Thème 3 : Alimentation et domestication des plantes
La domestication des plantes a totalement transformé l’alimentation des sociétés humaines. Les diaspores
riches en amidon (céréales en particulier) constituent le socle alimentaire de la plupart des sociétés historiques.
En Europe ce phénomène est amorcé avec la Néolithisation qui entraîne la large diffusion de l’assemblage de
plantes domestiquées dans le Néolithique acéramique proche-oriental, incluant céréales, légumineuses et une
plante oléagineuse, le lin.
Mais l’archéobotanique montre la variabilité chrono-géographique sous-jacente à ce vaste phénomène de
diffusion : choix culturels, adaptations éco-climatiques… Des phénomènes plus complexes sont rapidement à
l’œuvre : domestication du pavot en Méditerranée occidentale dès le Néolithique ancien, diffusion de mauvaises
herbes qui feront ensuite l’objet de domestications secondaires (caméline, seigle).
La cueillette ne s’éteint pas avec le Mésolithique. Pendant longtemps elle demeurera une composante
essentielle de l’alimentation : source de sucres, sels minéraux, vitamines, fibres avec les fruits et légumes sauvages
notamment. Sa contribution reste difficile à appréhender par l’archéobotanique. La question de la chronologie et
de la géographie de la domestication de ces ressources est loin d’être résolue. Syndromes de domestication
souvent peu marqués, vaste répartition des formes sauvages, le progrès des connaissances passe alors par la
génétique, la mise au point de méthodes archéobotaniques adaptées et spécifiques et le croisement des
approches.
S’ils jouent un rôle alimentaire et calorique secondaire, fruits, légumes et condiments peuvent également
constituer des marqueurs socio-culturels et des sources de profits (cultures spéculatives : vigne, olivier…).