L`assainissement économique des pays latino américains du milieu

ﻲﻧﺎﺜﻟا ﻲﻟوﺪﻟا ﻲﻤﻠﻌﻟا ﻰﻘﺘﻠﻤﻟا14 و 15 ﺮﺒﻤﻓﻮﻧ 2005
IDE, CROISSANCE ET GOUVERNANCE DANS LES PAYS SUD DE LA
MEDITERRANNEE : UNE ESTIMATION SUR DONNEE DE PANEL
AYOUB Hassan1
KAMAL Abdelhak2
Résumé
Les résultats théoriques indiquent que l’intensification des flux financiers semble avoir un
impact positif sur le développement. Cette relation positive est d’autant plus vraie que le pays
receveur dispose d’un stock suffisant de capital humain (BORENZSTEIN, DE GREGORIO
ET LEE [1998]), d’un environnement institutionnel adéquat et d’une bonne gouvernance
(RODRIK [1996], HARMS ET URSORUNG [2002]). Par ailleurs, Cette relation positive
n’apparaît pas toujours empiriquement vérifiée. Les études empiriques ne permettent pas de
déboucher sur un consensus. Face à cette divergence, la détermination du concours de la
gouvernance dans l’attractivité et l’ancrage des flux de capitaux et de leur impact sur la
croissance des économies du bassin méditerranéen s’avère particulièrement nécessaire.
D’autant plus, qu’à notre connaissance, très peu d’études se sont intéressées à cette région.
Nous testons empiriquement cette relation sur la période 1975-2000. Nos résultats indiquent
que (i) les flux d’IDE dans la région sud méditerranéenne restent faibles et versatiles et n’ont
pas encore atteint des niveaux suffisants pour influencer suffisamment leur croissance, (ii)
l’interaction entre les IDE et la gouvernance semble soutenir la croissance.
Mots clés : IDE, Gouvernance, Croissance, Pays Sud Méditerranéens.
1 ATER, CADRE / CEMAFI, Faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales, Lille, France.
2 CEREFI, Faculté d'Economie Appliquée, Aix-en-Provence, France.
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Introduction
La région euro-méditerranéenne doit relever de multiples défis et faire face au
décalage de prospérité qui sépare les pays du nord des pays du sud de la Méditerranée. Pour
cette raison, le Partenariat euro-méditerranéen impulsé par la conférence de Barcelone (1995),
est conçu comme un moyen d’enrayer l’instabilité économique et politique et de parvenir à
réduire les écarts de développement entre les deux rives du Bassin (Commission Européennes
[1995]).
Dans cette perspective, la majorité des pays partenaires méditerranéens ont mis en
œuvre des programmes de libéralisation en vue d’améliorer leur attractivité. Ces efforts
laissent penser à une contribution sans ambiguïté positive des Investissements Directs
Etrangers (IDE) sur la croissance. Cependant, l’analyse de la tendance générale des flux
d’IDE à destination des pays en développement montre un détournement de ces flux de la
région du Moyen-Orient et du sud de la méditerranée vers les pays d’Europe centrale ou du
MERCOSUR1. Ce constat pose non seulement la question de leur attractivité mais aussi de
l’impact des IDE sur leur croissance économique.
Par ailleurs, l’évolution annuelle des IDE et du PIB pour l’ensemble des pays
méditerranéens au cours de la période 1975-2000 montre une croissance stable pour le PIB et
une croissance plus prononcée pour les IDE surtout dans la deuxième moitié des années 80.
PIB, FDI (1975=100)
85,00
95,00
105,00
115,00
125,00
135,00
1975 1979 1983 1987 1991 1995 1999
PIB FDI
Ces évolutions masquent-elles une relation de causalité de quelque nature que ce soit ?
Le calcul de la corrélation entre les flux d’IDE et le taux de croissance du PIB, effectué sur un
échantillon de pays, dévoile une relation plutôt positive entre ces deux variables.
1 A titre d’exemple, la part des IDE en provenance de l’UE aux partenaires méditerranéens qui était de l’ordre de
2,2% en 1992 a chuté à moins de 1% en 1999.
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PIB, IDE (1975-2000)
y = 0,0105x - 57,309
R
2
= 0,8143
2,5
2,9
3,3
3,7
5 740 5 760 5 780 5 800 5 820 5 840
PIB Par habitant
IDE
Il importe néanmoins, de remarquer que cette régression inconditionnelle n’intègre pas
les variables conventionnelles généralement retenues pour expliquer la croissance
économique telles que le taux d’investissement, la croissance démographique, le
développement financier….Dès lors, cette analyse doit être affinée tant par la détermination
de l’effet direct, s’il existe, de l’IDE sur la croissance que par la recherche de différents
canaux par lesquels cet effet pourrait transiter.
Le lien entre les flux IDE et la croissance ont fait l’objet de nombreux travaux
empiriques. Cependant, et dans de plusieurs cas, l’impact positif est conditionné par le
concours d’autres facteurs notamment la qualité du capital humain (BORENZSTEIN, DE
GREGORIO ET LEE [1998]). D’un autre côté, les analyses récentes soutiennent l’idée selon
laquelle une meilleure gouvernance et la promotion de la démocratie constituent est un facteur
déterminant d’attractivité des IDE (RODRIK [1996], HARMS ET URSORUNG [2002]) et
une condition nécessaire pour le développement (Rapport PNUD sur le développement
humain dans le monde arabe, 2002, 2003 et 2004).
Pour mieux rendre compte de l’environnement institutionnel et de l’état de la
gouvernance, nous utilisons deux indicateurs de démocratie : Droits politiques « PL » et
Libertés Civiles « CL » de Freedom House (2004). La valeur de chaque indicateur varie entre
1 et 7 indiquant une détérioration des droits et libertés et donc une amélioration de la
gouvernance et du climat institutionnel. L’évolution (moyenne) de ces indicateurs pour les
pays sud de la méditerranée révèle une nette amélioration de l’environnement institutionnel
durant la période allant de 1975 à 2000.
Evolution des indices de Gouvernance
4,1
4,2
4,2
4,3
4,3
4,4
4,4
4,5
4,5
4,6
1975 1979 1983 1987 1991 1995 1999
PR CL
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Ces constants laissent présager une contribution positive des IDE à la croissance
économique dans ces pays. Notre objectif est ici d’identifier empiriquement ce lien à l’aide de
l’économétrie des données de panel avec une mise en évidence du concours du rôle des
institutions et de la gouvernance dans la consolidation de cette relation. A notre connaissance,
au niveau de la zone méditerranéenne, très peu d’études existent sur ce sujet.
Dans un premier temps nous passerons succinctement en revue les développements
théoriques récents traitant de notre problématique. Puis nous récapitulerons les principales
conclusions de la littérature empirique. Une deuxième partie présentera une description des
données et une spécification de la démarche méthodologique retenue. Suivra ensuite l’analyse
de nos résultats et de leur portée.
I. L’IDE, Gouvernanve et Croissance dans les pays en développement : Rappel de la
littérature théorique et empirique
Le renouveau des théories de la croissance, initié notamment par ROMER (1986),
LUCAS (1988) et REBELLO (1989), a donné lieu à une vaste remise en cause du modèle de
croissance néo-classique de SOLOW (1956). Il a également conduit à un réexamen critique
des déterminants de la croissance économique de long terme. Il fournit un cadre d’analyse qui
intègre plusieurs facteurs explicatifs de la croissance (capital humain, infrastructure,…). Les
conditions initiales de l'économie sont également considérées comme des déterminants de la
croissance. Selon BALASUBRAMANYAM ET ALII (1999), la majorité de ces facteurs sont
censés caractérisés par les flux d’IDE. De plus, ces derniers, engendrent selon ROMER
(1993) une augmentation de la productivité dans ces pays.
Récemment, on note un regain d’intérêt notable dans l’exploration du lien entre les
IDE et l’activité économique agrégée surtout avec les pistes de recherche offerte par la
littérature sur la croissance endogène. Cette littérature a offert des structures théoriques qui
ont été saisis par les économistes du développement pour identifier les facteurs qui
influencent sur la croissance. Cependant, les études qui examinent les liens entre les flux
d’IDE et la croissance économique dans les pays d’accueil ne permettent pas de déboucher
sur un consensus. Certaines d’études trouvent un impact positif des flux d’IDE sur la
croissance. [FRANKEL ET ROSE (1996) ; OLOFFSDOTTER (1998) ;
BALASUBRAMANYAM ET ALII (1999 ; ITO (1999) et SOTO (2000) BAILLIU (2000)
FELDSTEIN (2000)]. D’autres études soulignent l’impact négatif des IDE sur la croissance
[SATZ (1992) ; BORENSZTEIN Et ALII (1998) ; HERMES ET LENSINK (1999)].
NUNNENKAMP (2000) et ALFARO ET ALII (2000) quant à eux, ils soulignent les impacts
négatifs et positifs.
Si, dans certains travaux, l’effet positif a pu être décelé, il reste très sensible à la
période de l’étude, à la composition de l’échantillon, à la technique d’estimation utilisée et
aux variables explicatives retenues. Dans cet esprit, BORENZSTEIN, DE GREGORIO ET
LEE (1998), confirment que les IDE n’ont d’impact sur la croissance que lorsque les pays
receveurs disposent d’un stock de capital humain suffisant. Quant à HERMES ET LENSINK
(2000), ils soulignent que le développement du système financier du pays bénéficiaire
constitue une condition préalable importante pour que les IDE possèdent un impact positif sur
la croissance.
Il nous semble qu’il existe plusieurs raisons de croire que le lien entre IDE et
croissance est dépendant du bon fonctionnement de l’économie dans son ensemble.
Récemment, on note un regain d’intérêt notable dans l’exploration du lien entre les
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institutions et la croissance économique surtout avec les travaux de NORTH (1990). Les
institutions y sont comprises au sens large comme l’ensemble des procédures, des règles de
comportement ou des normes juridiques et réglementaires qui réduisent l’incertitude des
agents économiques et rendent l’économie plus efficace. Le FMI évalue la qualité des
institutions par trois types d’indicateurs : (i) une mesure synthétique de la qualité de la
gouvernance dans ses différentes dimensions (KAUFMANN, KRAAY ET ZOIDO-
LABATON, 1999) : degré de démocratie, stabilité politique, efficacité des services publics,
degré d’intervention de l’Etat dans l’économie, sécurité juridique et absence de corruption ;
(ii) la protection de la propriété privée et (iii) les limites à l’arbitrage du pouvoir exécutif.
Selon le FMI, ces mesures contribuent significativement à expliquer les écarts de PIB par tête
entre pays en développement.
HERMES ET LENSINK (1999) prennent la protection de la propriété privée comme
indicateur explicatif de l’environnement institutionnel. Quant à OLOFFSDOTTER (1998),
elle insiste sur l’importance de l’efficacité bureaucratique dans l’influence des Ide sur la
croissance économique.
Notre travail se veut plus général et plus adapté au contexte des pays méditerranéens
étudiés. Nous prenons en compte trois plusieurs indices sont utilisés pour évaluer
l’environnement institutionnel et la qualité de gouvernance. Pour renforcer l’impact positif
des flux d’IDE sur la croissance des pays récepteurs, il faut assurer un environnement
institutionnel adéquat qui se manifeste par une interaction entre les flux d’IDE et ces facteurs.
En l’absence de cet environnement, les effets négatifs emporteront. Pour cette raison, il
convient d’examiner la manière avec laquelle l’environnement institutionnel interagit sur les
autres variables pour mieux identifier les canaux par lesquels les IDE influent la croissance
économique. L’amélioration du contexte institutionnel – vecteur important de la libéralisation
financière - peut jouer un rôle essentiel dans la consolidation de l’attractivité d’un pays et par
conséquent sur sa croissance.
II. Modèle, données et spécifications
Nous nous proposons de construire un modèle intégrant l’investissement direct étranger dans
les nouvelles approches empiriques de la croissance. Notre objectif vise à tester l’impact des
déterminants de la croissance des pays du sud de la méditerranée sur la période 1975-2000
avec une mise en évidence du rôle de l’environnement institutionnel et de la gouvernance
dans l’attrait et l’ancrage des IDE dans la région.
Nous réalisons ces tests dans le cadre des estimations les plus robustes. C'est à dire celles qui
spécifient l'hétérogénéité individuelle et éliminent tout biais d'endogénéité causé par sa corrélation
avec les variables explicatives, en l’occurrence le modèle à effet individuel fixe et aléatoire.
Dans le modèle à effet fixe, l'hétérogénéité individuelle est spécifiée sous la forme d'une constante
spécifique à chaque individu. Sa forme générale s’écrit comme suit :
ititiit xGOVy
ε
β
β
α
+++= 21 (1)
Dans ce modèle à effet aléatoire, l'hétérogénéité individuelle est incluse dans le résidu de la régression.
Ce dernier est donc constitué de deux composantes : la composante aléatoire standard εit et la
composante aléatoire i
µ
qui capture l'hétérogénéité individuelle. Le modèle s'écrit alors sous la forme
suivante :
itiitit xGOVy
ε
µ
β
β
α
++++= 21 (2)
325
1 / 15 100%

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