TFE : La Chine - Fichier

publicité
Emil Van Dessel
Année scolaire 2012-13
TFE :
La Chine
Photo prise par moi-même sur la place Tian’anmen
Promoteur : Mme Herbiet
Collège Godinne-Burnot
Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier le journaliste Jan Jonckheere pour les conseils et les
directions qu’il m’a fourni.
Un grand merci aussi à ma mère pour m’avoir aidé à corriger les fautes d’orthographes.
Je remercie aussi Mme Herbiet pour ses conseils et son calme même quand elle
m’entendait dire les pires sottises.
Et surtout un grand merci à moi-même, sans qui tout ce travail n’aurait pas été fait.
Table des matières :
-Introduction
1. Approche générale de la Chine
2. Raisons du mécontentement
2.1 Répartition des richesses
2.2 Corruption
2.3 Politique intérieure répressive
3. Les personnes mécontentes
3.1 Les internautes
3.2 dagongmei
3.3 Jeunesse européanisé
-Conclusion
Introduction
La Chine. Vaste sujet que la Chine, dont on sait tellement et pourtant si peu. Avec une
histoire de plus de 3000 ans, la Chine est actuellement deuxième puissance mondiale
derrière les Etats-Unis avec une population de plus de 1 350 000 000 habitants sous un
régime républicain « populaire » doté d’atouts économiques et d’une des meilleures
productions au monde ; ce sont là les choses que tout le monde sait, la partie émergée de
l’iceberg, mais la Chine c’est aussi des camps de travails aux conditions de vie atroces, une
pauvreté affolante dans les villes grandissantes, une campagne moyenâgeuse et une
pollution ravageant la population chinoise par les maladies et les cancers.
Mais il n’est pas évident d’arriver à un constat pareil, la Chine cache bien son jeu et ne laisse
sortir de ses frontières que ce qu’elle a vérifié et revérifié et ce qu’elle veut bien montrer.
Pourtant, grâce à des témoignages de citoyens chinois, grâce à l’apport d’internet et surtout
grâce à la mondialisation, chaque jour l’ombre chinoise s’éclaircit.
Si j’ai décidé de baser mon TFE sur la Chine, c’est parce que j’y ai effectué un voyage durant
3 semaines lors duquel j’ai visité Pékin comme Shanghai tout en parcourant les steppes de
Mongolie Intérieure. J’ai pu me rendre compte des écarts énormes entre citadins et
campagnards, et j’ai pu remarquer que même en ville il existait des écarts inimaginables
d’un quartier à un autre. Il y a des gens qui vivent avec seulement une serviette posée sur un
trottoir et un vélo, tandis que la Chine compte 1,11 millions de millionnaires. J’étais
réellement choqué. Comment aurais-je pu imaginer une telle misère dans un pays capable
de dépasser les Etats-Unis au niveau économique ? Mais la Chine ne s’y connait que trop
bien pour montrer tous ses atouts en prenant bien soin de cacher ce qui hélas, prouve bien
qu’elle a voulu s’accroitre trop vite et trop mal.
C’est en espérant en apprendre toujours plus sur la Chine que j’entreprends ce TFE.
Mais je me devais d’être plus précis, de n’être point éparpillé et de me concentrer sur un
problème, et c’est pourquoi j’ai décidé de me focaliser sur les raisons du mécontentement
du peuple chinois, liées à une croissance abusive. D’ailleurs, pourquoi ceux-ci seraient-ils
mécontents alors que les experts estiment que la Chine deviendra première puissance
mondiale en 2016 ? C’est finalement le symbole de tout ce qui ne va pas en Chine, et c’est
pourquoi j’ai décidé d’en parler.
Voilà donc ma problématique :
Pourquoi le peuple chinois est-il mécontent du gouvernement mis en place alors que celui-ci
a porté la Chine vers la première place du podium des puissances économiques mondiales ?
Et voici mes hypothèses :
1 la croissance trop rapide à détruit la stabilité sociale du pays ;
2 internet et la mondialisation ont ouvert les yeux du peuple chinois sur leur condition;
3 le gouvernement se préoccupe plus de la croissance que de la stabilité.
Comme je l’ai dit plus haut, la Chine est passée maitre dans l’art du contrôle d’informations
et une des plus grandes difficultés que je rencontrerai dans ce TFE est de bien faire le tri
entre informations provenant de la Chine et le reste des informations disponibles : ces
premières informations pouvant être à but propagandiste et donc potentiellement fausses.
Je vous ferai tout d’abord une rapide présentation de la Chine, tant au niveau de l’économie
que de la démographie et je ferai un bref rappel des atouts et défauts de celle-ci.
J’enchaînerai ensuite en vous présentant le mécontentement du peuple directement lié
selon moi à la croissance, mécontentement symbolisé par trois grands axes : corruption,
répartition des richesses et politique intérieure répressive. Le sujet étant relativement vaste,
je ne parlerai que de ces trois points sur lesquels le peuple exige des changements car s’ils
sont pour moi intimement liés, ils ne sont pour autant pas les seules origines du
mécontentement.
Je vous parlerai aussi des principaux mécontents et de leurs façons de l’exprimer; j’ai décidé
de vouer une grande partie de ce chapitre à Internet, qui est pour moi l’endroit où tout a
commencé et qui est l’élément sans quoi ce mécontentement n’aurait aucune puissance ;
j’ai aussi choisi de parler des dagonmeis, symbole du peuple épuisé, pour finir sur l’allégorie
même du futur : la jeunesse chinoise.
Bonne lecture.
1.Présentation générale
Géographie
D'une superficie proche de celle des Etats-Unis, la Chine s'étend sur 9,6 millions de km².
Située en extrême orient, la Chine est voisine au Nord par la Mongolie et la Russie, séparée à
l’Est du Japon par la mer de Chine, au Sud par l'Inde, le Népal, le Pakistan, le Vietnam et la
Birmanie et à l'Ouest par le Kazakhstan. La Chine se classe au troisième rang des pays
possédant la plus grosse superficie, après la Russie et le Canada. Le relief chinois est
principalement montagneux, bien qu’on puisse trouver de vastes zones désertiques ainsi
que des bassins fluviaux. Le climat est subtropical dans le sud et aride dans le nord-ouest,
l'est du pays connaissant une saison des moussons. Le territoire chinois est divisé en 23
provinces, 5 régions autonomes et 4 municipalités autonomes (Shanghai, Pékin, Chongqing
et Tianjin).
Présentation de la démographie
La population chinoise est d'environ 1,4 milliards d'habitants et est en croissance d’environ
0,58% par an. La population est plutôt jeune avec un âge moyen de 32 ans et est en majorité
campagnarde (¾ de celle-ci). Sous l’effet de la politique de l'enfant unique, l'écart entre le
nombre d'hommes et de femmes continue d'augmenter (aujourd'hui à 1,12 homme par
femme). Cette population se compose de 56 groupes ethniques parlant de nombreuses
langues différentes dont les Han, le groupe le plus important, représentent 92 % de la
population.
___________________________________________________________________________
Sur base du travail de Moustapha Sokhn A DIOP et son mémoire « La république populaire de Chine comme partenaire au développement
de la république du Sénégal: Enjeux et perspectives »
L’économie
Compte tenu de l'importance de sa population et de sa taille, la Chine se classe parmi les
principaux producteurs mondiaux de céréales, de coton, de viande, d'oeufs, de produits
textiles, de charbon, d'acier et de ciment. L’agriculture est très importante pour le pays, car
elle emploie 40% de la population et à elle seule fait grimper le PIB de plus de 10% 1. Elle fait
également partie des grands producteurs de pétrole brut, et possède d'énormes réserves de
gaz naturel. Malgré l'abondance de ses ressources, la Chine est aux prises avec des
problèmes économiques, les principaux étant le chômage et l'inflation et surtout la
mauvaise qualité des programmes sociaux. L'environnement a beaucoup souffert de la
croissance économique, au point où la Chine fait maintenant partie des pays contribuant le
plus au réchauffement de la planète. Si le gouvernement chinois contrôle en bonne partie
l'économie centrale dirigée, il reste que le pays adopte progressivement une économie de
marché
Atouts et défauts de la Chine
La Chine possède de très grands atouts économiques (croissance à 2 chiffres depuis
Plusieurs années) et sociaux (main d’oeuvre malléable) qui ont déjà fait leurs preuves mais
cette nation possède aussi des handicaps qui devraient se développer dans le futur à cause
de son enrichissement rapide et de son non-respect de l’environnement.
A.Atouts
-
-
-
C’est une puissance démographique (1 homme sur 5 est chinois !) ;
Elle est membre permanent du conseil de sécurité à l’ONU ce qui lui octroie le droit
de veto1, ce qui combiné à sa possession de l’arme nucléaire en fait une puissance
politique et militaire ;
Elle est la deuxième puissance mondiale derrière les Etats-Unis depuis 2010 et selon
l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) sera
première en 20162
Elle possède une adaptabilité permanente qui se traduit par une production
accélérée de produits de hautes technologies
Elle est très clairvoyante sur sa situation : en effet elle sait très bien que tous les pays
du monde cherchent à nouer des liens privilégiés avec elle car elle possède un des
plus grands marchés, du coup elle profite de cette situation et fait des choses qu’elle
ne pourrait pas faire en temps normal.
B.Défauts
-
-
-
Un PIB par habitant très faible (Elle est classée 93eme mondiale) 3
Une économie très consommatrice (première consommatrice de charbon et
deuxième de pétrole)
Des écarts de développement (Seul les villes côtières profitent du développement
alors que la majorité de l’intérieur des terres connait la croissance sans le
développement)
Un besoin de croissance de 8% par an pour atteindre le plein emploi , or la pression
démographique est telle qu’il y a désormais un excédent de main d’œuvre qui force
la Chine à produire de façon efficace , rejetant tout développement durable ce qui
est un problème à long terme car la réserve de charbon n’est pas inépuisable.
Un peuple soumis à une accélération sociétale (ex : maisons clous4) et à une
pression du gouvernement qui fait que soutien du peuple est loin d’être majoritaire
et si la Chine avait à vivre une révolution sociale, le château de cartes s’effondrerait
1 Le droit de veto du Conseil de sécurité des Nation Unies est un droit accordé uniquement aux cinq membres permanents du Conseil qui
leur permet de bloquer toute résolution ou décision, quelle que soit l'opinion majoritaire au Conseil.
2 « La Chine première puissance mondiale en 2016 », 09/11/12, http://www.lesoir.be/117142/article/actualite/monde/2012-11-09/chinepremi%C3%A8re-puissance-mondiale-en-2016 , consulté le 22/12/12
3 « Liste des pays par PIB (PPA) par habitant », http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_PIB_%28PPA%29_par_habitant, consulté le
22/12/12
4 Maison dont le propriétaire refuse de vendre le terrain à des propriétaires immobiliers, le propriétaire immobilier décide alors de tout
raser et construire tout autour de la maison. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_clou), consulté le 19/01/13)
2. Raisons du mécontentement
En 2011 était recensé plus de 180 000 « accidents de masse »1, définis comme étant des
mouvements de protestations de plus de 500 personnes dans un lieu public, tel que des
émeutes ou des grèves. Quelles sont les raisons de ces accidents et comment le PCC les
gère-t-il ?
 Répartition des richesses
Comme vu plus haut, la Chine est un des pays connaissant les plus grands écarts de revenus
au monde. S’il peut paraitre normal que campagne et métropole n’aient pas le même niveau
de vie, rien ne justifie le millénaire qui les sépare. J’ai pu le constater lors de mon voyage, la
vie en campagne chinoise est moyenâgeuse. Souvent ces gens ne possèdent rien d’autres
que leurs maisons, et bien souvent je voyais des chinois manger à même le trottoir, sans
chaises ni tables.
En me renseignant sur la répartition des revenus en général, j’ai pu voir qu’il existait 3 profils
types de graphique : celui de l’olive, du disque et de la pyramide. En lisant la description du
profil de la pyramide, nous pourrions croire qu’il a été créé pour la Chine. Voici une
définition que j’ai trouvé sur internet : « la forme pyramidale se caractérise par les éléments
suivants : le niveau de revenu d’une minorité de personnes est de beaucoup supérieur à la moyenne
nationale; celui d’une autre minorité atteint le niveau de la moyenne nationale, alors que le revenu de
la plupart des gens est inférieur à la moyenne, c’est-à-dire qu'il se situe quelque part entre le seuil de
pauvreté et l’aisance. La répartition en pyramide signifie que l’égalitarisme a cessé, que la
concurrence est encouragée et qu’une partie de la population s’enrichit d’abord. Cette forme de
répartition peut cependant engendrer une polarisation des revenus entre les riches et les pauvres.
Avec cette forme, le niveau de vie de la majorité ne peut pas s’améliorer avec la croissance
économique, ce qui nuit à la stabilité sociale et à un développement économique continu. »2
En effet, seulement 1% de la population possèderait un salaire annuel supérieur à 100 000
yuans, soit 1,3millions de personnes, pendant que 35% de la population (450 millions)
toucherait un salaire annuel de 7703 yuans. Cela nous donnerait donc 64% de la population
vivant dans la pauvreté avec un salaire moyen de 2476 yuans par an 3. Si à la campagne les
chinois se sont accommodés à un mode de vie quasi moyenâgeux, la pauvreté frappe fort en
ville, et fait souffrir le peuple. Les villes côtières sont composées d’un nombre très élevé de
millionnaires chinois et le choc de richesse provoque une grande frustration.
Cependant, le gouvernement chinois compte réformer la répartition des revenus, et
envisage notamment d’augmenter le salaire minimum des ouvrier urbains de 40% avant
2015.4 Une excellente décision qui n’a pourtant toujours pas pris effet, nous ne pouvons
donc en tenir compte.
_________________________________________________________________
1 J.Doyon et al, “control at the grassroots: china’s new toolbox”, juin 2012,
http://www.centreasia.eu/sites/default/files/publications_pdf/china_analysis_control_at_the_grassroots_june2012.pdf; page2, consulté le
23/02/13
2 « la répartition actuelle des revenus en Chine », http://www.coopgabon.net/berline/la-repartition-actuelle-des-revenus-en-chine,
consulté le 19/01/13
3 idem
4 D.Malovic, 06/02/13, « La Chine veut réformer la répartition des revenus », http://www.la-croix.com/Actualite/EconomieEntreprises/Economie/La-Chine-veut-reformer-la-repartition-des-revenus-_NG_-2013-02-06-908269, consulté le 02/03/13
 Corruption
Plus grande frustration encore que l’énorme écart de revenu est la corruption en Chine.
Selon l’ONG Transparency International qui publie chaque année un indice de perception de
la corruption (CPI), la Chine serait classée 78 sur 178 derrière la Thaïlande et juste devant la
Serbie.1 Et cet indice ne retient que la corruption en secteur publique.
Bien qu’il existe plusieurs types de corruption, celle que retient le peuple et qui enlise toute
l’administration chinoise est la corruption politique, qui se réduit aux pots-de-vin et aux
détournements de fonds. Ces actions exaspèrent le peuple qui, vivant en permanence avec,
se met à faire des généralités et ne croit plus du tout en l’efficacité de l’administration. De
plus, nombreux problèmes ont souvent eut comme corrélation la mafia, la corruption et le
gouvernement, si bien que le peuple a même parfois peur de celui-ci.
La révolte de Wukan est le symbole même de ce peuple à bout des abus des fonctionnaires
chinois. C’est dans ce petit village de 13 000habitants que c’est déroulé l’une des actions
contre la corruption la plus forte de Chine. Tout commence en septembre 2011 quand des
villageois commencent des manifestations à cause de fonctionnaires ayant vendus leurs
terres à prix d’or à des promoteurs immobiliers tout en dédommageant mal les habitants.
Manifestation de plusieurs milliers de villageois qui tourne à l’attaque d’un poste de police
et d’un bâtiment public, leurs slogans étant « rendez-nous nos terres » ou encore « laisseznous cultiver ». La situation ayant encore empiré après la mort suspecte du leadeur
populaire Xue Jinbo, le gouvernement n’eut d’autres choix que de lancer les négociations.
C’est après ce genre de déboires que le gouvernement décida de réagir. Il entreprend depuis
maintenant une dizaine d’année une chasse à la sorcière des fonctionnaires corrompus qui,
selon le PCC, marcherait à merveille. En effet, selon He Guoqiang, membre du conseil
permanent du PCC et directeur de la commission de discipline du PC, le gouvernement aurait
sanctionné plus de 660 000fonctionnaires corrompus depuis 5ans.2
 Politique intérieure répressive
624 milliards de yuans. C’était le budget de l’année 2011 pour la sécurité publique chinoise.
Ce fut plus que le budget de la défense, qui fut de 601 milliards.3 Il est évident que
dorénavant la Chine a fait de la sécurité intérieure sa priorité. C’est pourquoi elle a créé un
système tentaculaire appelé ici « stability maintenance machine ». Comme le montre cette
image ci-dessous, la « SMM » est une machine redoutable faisant front sur tous les cotées et
supposément très efficace.
1 « Indice de perception de la corruption », http://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_perception_de_la_corruption, consulté le 02/03/13
2 10/10/2012, « La Chine affirme avoir sanctionné 660 000 cadres pour corruption en cinq ans », http://chine.aujourdhuilemonde.com/lachine-affirme-avoir-sanctionne-660-000-cadres-pour-corruption-en-cinq-ans , 02/03/13
3 J.Doyon et al, “control at the grassroots: china’s new toolbox”, juin 2012,
http://www.centreasia.eu/sites/default/files/publications_pdf/china_analysis_control_at_the_grassroots_june2012.pdf,page 3; consulté le
23/02/13
Mais une telle machine rend tout contact avec le peuple extrêmement compliqué, chaque
service se passant les problèmes entre eux. Car au départ cette machine était censée servir
le peuple, pour que dès qu’un chinois ait un problème, il puisse en rendre compte au PCC. Le
système même du « Letters and Calls » était de pouvoir critiquer directement les
gouvernants et donner son avis sur les choix politiques, mais, selon Xu Kai et Li wei’ao, deux
journalistes pékinois, ce système se serait peu à peu transformé en : « a system for
suppressing and papering over social discontent » que je traduis par « un moyen de trouver et
contenir le mécontentement social ».
Et c’était oublier la corruption.
Le gouvernement se rendant peu à peu compte que cette machine infernale
s’enlisait dans le cafouillage administratif et la malhonnêteté des fonctionnaires, décida
d’opter pour une manière beaucoup plus simple et radicale de faire respecter l’ordre et la
paix. Et cette solution s’appelle la PAP1. La Police armée du peuple est une police militaire
créée en 82 et est commandée par le ministre de la sécurité publique. Son seul but était
d’assurer des missions de sécurité publique ou d’endiguer les menaces terroristes. Son
champ d’actions est pourtant maintenant beaucoup plus étendu, si bien qu’on peut voir des
membres de cette PAP s’occuper notamment de troubles maritimes et diplomatiques ou
même d’endiguer les feux de forêts.
1 « Police armée du peuple », http://fr.wikipedia.org/wiki/Police_arm%C3%A9e_populaire, consulté le 23/02/13
C’est en fait une suite de conséquences logiques, la « machine » inefficace et la PAP occupée
ailleurs, le gouvernement n’eut d’autres choix que d’imposer aux autorités locales de
maintenir la stabilité sociale à tout prix. Devant cette obligation de faire paraitre sa zone la
plus sûre possible, l’administration s’est trouvée en face d’une seule solution : paraitre plus
qu’être.
Selon les deux journalistes chinois, il y existerait donc trois façons de cacher le
mécontentement de manière efficace :

L’effacement des pétitionnaires des listes de plaignants, liste servant à
l’évaluation des autorités locales, là encore la corruption entrant en jeu, ce qui
est contre le droit fondamentale d’une démocratie.

L’enfermement pur et simple des pétitionnaires, soit en centre de détentions,
soit en asile psychiatrique. Souvent cela se réduit à des amendes dissuasives,
mais la séquestration, car c’est bien ce que c’est, s’est déjà déroulée.

Quand Pékin réagit à ces agissements, car le PC ne cautionne absolument pas ce
genre d’agissements, la situation s’empire car fermant les bureaux
d’administrations, les gouvernements locaux n’ont d’autres choix que d’employer
des sociétés de sécurité privée pour enfermer les pétitionnaires dans ce qu’ils
appellent les « prisons noires » ; enrichissant en plus les sociétés sur le dos du
peuple.
On en arrive donc à un stade terrible où, comme le dit très bien ces deux journalistes :
« Local authorities spend more time trying to stop the authorities in charge of their evaluation from
finding out about problems than they do on actually resolving them.”1
Que je traduis par : les autorités locales passe plus de temps à essayer d’empêcher les
autorités supérieurs en charge de leurs évaluations d’être au courant des problèmes plutôt
que de les régler.
1 J.Doyon et al, “control at the grassroots: china’s new toolbox”, juin 2012,
http://www.centreasia.eu/sites/default/files/publications_pdf/china_analysis_control_at_the_grassroots_june2012.pdf,page6, consulté le
23/02/13
3.Les personnes mécontentes
« Avant de faire la révolution, réforme ton coeur »
Proverbe chinois anonyme
Qu’ils soient jeunes, vieux, illettrés, anonymes ou médiatisés, ces personnes partagent un
même point de vue : Il est temps. Temps d’agir, temps de changer les choses. Qui sontelles ? Quel est leur point de vue, leurs idéaux ? C’est ce dont je vais parler dans cette
troisième partie.
3.1 Les internautes
A) Présentation
Bien que la Chine ne soit pas pionnière en matière de développement d’Internet, elle se
distingue du monde entier par son public énorme et sa censure exemplaire. Avec son peuple
gigantesque, la Chine est le n°1 mondial du nombre d’internautes (plus de 564 millions !1) et
contrairement à l’Inde où le nombre d’internautes y est aussi très élevé, le peuple chinois,
bien que de statut social et de culture différents, parle la même langue. Cela fait donc 513
millions de personnes s’échangeant des idées et des points de vue en permanence en
mandarin. Ces chiffres feraient pâlir n’importe quel régime autoritaire, essoufflé déjà à l’idée
de contrôler les dires du peuple, pourtant le parti communiste y arrive parfaitement et à mis
en route une machine qui, bien que non exempte de défauts, tourne de façon efficace
depuis maintenant 30ans. Pourtant les chinois ne manquent pas de trucs et astuces pour
s’informer et remettre en question le pouvoir mis en place sur la toile, si bien qu’une
véritable guerre froide sévit aujourd’hui entre Chine communiste et Chine libérale sur
internet.
Nous allons donc d’abord montrer par des graphiques éloquents l’augmentation
exponentielle du nombre d’habitants possédant une connexion , pour ensuite parler de la
vision de cette nouvelle façon de communiquer par le gouvernement chinois et ensuite finir
sur la résistance des blogueurs et la manière qu’a Internet de changer peu à peu la manière
de penser du peuple du milieu.
Pour plus d’informations concernant l’évolution de l’utilisation d’internet par les chinois, voir
la partie 1) des annexes
C) Censure du gouvernement
Il est déjà intéressant de noter que si la Chine a connu un développement d’Internet si
impressionnant, c’est parce que le gouvernement le voulait. En effet, en 2010, le
gouvernement chinois a tenu un rapport selon lequel, depuis 1997, aurait investi plus de
43milliards de RMB (plus ou moins 5milliards d’euro) dans le développement des
infrastructures pour un résultat impressionnant :
___________________________________________________________________________
1 La rédaction de ZDNet.fr, Mardi 15 Janvier 2013, « La Chine compte 564 millions d’internautes », http://www.zdnet.fr/actualites/lachine-compte-564-millions-d-internautes-39786280.htm, consulté le 23/03/13
Le réseau national de fibre optique de 8267millions de kilomètres couvre 99,3% des villes et
91,5% des villages et le taux de croissance annuel moyen du secteur des nouvelles
technologies de l’information est supérieur à 26% ce qui génère des revenus annuels
avoisinants les 60milliards d’euro1. C’est proche d’1/60eme du PIB de la Chine et c’est en
constante croissance.
Certes, ces données sont fournies par le gouvernement lui-même et pourrait donc être apte
à être remis en question, notamment sur des chiffres peut être un peu grossis, il n’en reste
que les faits sont là.
C’est en fait une double envie du gouvernement, qui a commencé cette tour de Babel car il
pensait sans doute que cela participerait fortement au développement économique du pays
et donc à la stabilité politique de celui-ci mais il s’agit surtout d’un pari très risqué pouvant
être la cause même de la chute de l’empire du milieu. Il en résulte surtout une
incompréhension populaire : le gouvernement ouvre un espace où peut s’exprimer le peuple
mais le canalise, il accepte certains nouveaux messages propagés par le net mais tient à
maintenir l’équilibre politique, se dit tolérant et enferme des blogueurs rebelles …
Il est néanmoins un fait que l’on ne peut nier : la machine est bien rodée. Le bureau national
de l’information du Net créé en 2011 rassemble des équipes de tous les ministères :
Département de Propagande du comité central, Bureau de l’information du conseil des
Affaires de l’Etat, Administration générale de la presse et publications et le ministère des
Technologies et Informations sont tous rassemblés dans un même but, censurer les
messages compromettants …
La censure s’opère donc sur trois niveaux , tout d’abord il est interdit par la loi « d’établir
une connexion internet internationale et nationale hors des réseaux officiels « or comme
par hasard ceux-ci possèdent un système de filtrage de mots clés et contenus surnommé le
« bouclier d’or « ( jin du ) , empêchant ainsi la connexion sur des sites étrangers ou
considérés comme dangereux , tel que par exemple des médias. Le deuxième procédé agit
au niveau des sites tolérés : « tous les sites qui offrent la possibilité de commenter les
informations ou d’écrire un blog sont légalement responsables des contenus publiés. »,
forçant ainsi les gérants des sites à engager du personnel ou créer des programmes
supprimant automatiquement les commentaires aux mots clés gênants. Ils sont aussi obligés
de donner les coordonnées d’un ou des utilisateur(s) si le gouvernement les réclament. C’est
là tout le brio du Parti, qui confie la censure au quotidien aux sites et du coup garde ses
mains propres. Le troisième et dernier niveau est la censure par et pour le peuple. La
législation impose aux clients d’hôtels ou cybercafés d’enregistrer leur véritable identité
pour se connecter, et même si la procédure est facilement évitable, elle rappelle en
permanence qu’il est dangereux de critiquer le système. A été aussi mis en place un « Parti
des 50 centimes «2 pour noyer le net chinois sous les éloges du Parti unique, dans un pur but
propagandiste.
1 S.Arsène et al, Internet en Asie, (Picquier Poche), Asie immédiate, Mas de Vert, janvier 2013 ; page 25. Se basant sur des faits
provenant de http://www.chinadaily.com.cn/china/2010-06/08/content_9950198.htm
2: « Parti des 50centimes » : Personnes payées par l’Etat chinois pour écrire des commentaires favorables au Parti sur le net. Ils sont payés
par commentaire (environ 50centime de RMB par commentaire)
Et comme si la censure n’était pas suffisante, il n’est pas rare de trouver sur le net des ultrapatriotes virulents prêt à tout pour protéger le Parti et ses idéaux. Détail amusant , ces gens
sont souvent si violents dans leurs propos qu’ils mettent dans l’embarras leur pays au
moindre accident diplomatique en tenant des discours racistes et en clamant la supériorité
du pays si bien que le gouvernement lui-même a à intervenir pour éviter les émeutes. Je
parle notamment des accidents dû au conflit aux Iles Senkaku 1. Il n’est donc pas bon d’être
un résistant sur le net chinois ! Les moyens ne manquent pas pour arrêter les blogueurs
gênants, le gouvernement n’ayant souvent besoin que d’une vague excuse (cf : affaire Ai
Weiwei2) pour faire taire la personne. Pourtant, même dans un contexte pareil, rien n’arrête
l’échange d’idées …
D) Contre-Attaque
Les premiers utilisateurs d’internet en Chine furent naturellement les dissidents. Ceux-ci
pensaient qu’Internet était le lieu idéal pour diffuser leurs idées ou tout simplement
coordonner leurs actions. Très vite des sites ont été créés dans le seul but d’informer
véritablement le citoyen ; c’est de cette façon qu’une petite partie de la population a été
informé des tragiques événements de la place Tiananmen en 89, événements qui rappelonsle, sont cachés des manuels d’histoire d’écoliers chinois. Inutile de préciser que quasiment
automatiquement ces sites furent interdits en Chine, mais c’est là que toute la beauté
d’Internet rentre en jeu : il suffit d’avoir un proxy3, accéder à ces sites, et copier le contenu
sur les forums populaires. De cette façon le peuple peut en permanence se rendre compte
de la désinformation systématique du gouvernement. Selon un sondage de l’Académie des
sciences sociales de Chine, plus de 30% des internautes chinois possèderaient un proxy en
2007, soit 155millions de chinois ayant accès à tous les sites protestataires.
Mais pas besoin d’aller aussi loin pour protester en toute impunité, en effet comme vu plus
haut (cf C)) bien souvent les sites ont des programmes supprimant tout commentaires
possédant des mots-clés compromettants, les internautes chinois y réagissent simplement
en modifiant légèrement l’orthographe de celui-ci, ou tout simplement en dessinant des
caricatures. Ainsi, lors de l’affaire très médiatisée de l’arrestation de Ai Weiwei, les messages
proclamant « l’amour de l’avenir « (ai weilai, le caractère lai s’écrivant comme wei)
fleurissaient partout sur le net. Dans une touche plus humoristique, le crabe est souvent
tourné en dérision. Pour comprendre ce phénomène il faut savoir que le Parti se dit souvent
en faveur d’une « société harmonieuse «, or en chinois crabe et harmonie se prononcent de
la même façon (hexie) (voir annexe), encore une fois preuve que l’internaute chinois moyen
sait se moquer en toute impunité, comme n’importe quel internaute occidental.
___________________________________________________________________________
1 Conflit diplomatique opposant le Japon et la Chine depuis les années 1945,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Conflit_territorial_des_%C3%AEles_Senkaku , consulté le 23/03/13
2 Le gouvernement chinois accuse Ai Weiwei de pornographie à cause de son œuvre « Le tigre et les huit seins »
(http://photo.parismatch.com/media/photos2/actu/monde/ai-weiwei4/4226969-1-fre-FR/ai-weiwei.jpg) et censure toutes ses autres
œuvres. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Ai_Weiwei), voir annexe
3 « Un proxy est un composant logiciel qui joue le rôle d'intermédiaire en se plaçant entre deux autres pour faciliter ou surveiller leurs
échanges. » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Proxy), consulté le 23/03/13
Même si on a bien du mal à voir en quoi un crabe parodié pourrait apporter la démocratie
en Chine, je pense que ces parodies et ironies journalières participent activement à
« désataniser « le gouvernement mis en place et améliore l’esprit critique du peuple à
l’égard des personnes au pouvoir. Mais heureusement cet humour n’est pas la seule pierre à
l’édifice révolutionnaire sur le net.
En effet, il y a aussi les blogueurs. Si chez nous ce sont Jacques Brel et JCVD les emblèmes de
la Belgique à l’international, en Chine les stars incontestés sont les blogueurs. Du Sex-Symbol
pilote de formule 1 / chanteur et compositeur / écrivain Han Han à l’artiste polémique Ai
Weiwei en passant par Zola le simple citoyen, tous ont commencés en écrivant des blogs
contestataires qui sont maintenant suivis par des millions de personnes , chinois ou autres.
Ceux-ci s’attaquent surtout à la censure, car les touchant directement, mais pas que. Ainsi
Han Han critique le système de scolarité chinois qui, selon lui, « détruit la créativité des
enfants et les empêche de penser «. Ai Weiwei, lui, artiste avant tout, publiait des œuvres
satiriques chaque jour. Publiait car, maintenant qu’il est en résidence surveillé (cf Affaire
Weiwei), il est beaucoup moins actif.
Zola, quant à lui, est le plus connu d’une nouvelle catégorie d’internaute : le citoyen
journaliste. Pour pallier à la langue de bois des médias traditionnels, ces citoyens vont
souvent au cœur de l’action, armés d’un appareil photo et d’un bloc-notes, prenant ainsi
compte de tout ce qu’ils y voient, pour ensuite le publier sur le net. C’est notamment Zola
qui a fait de la toute première « maison clou » de Chongqing une affaire nationale. Ces
citoyens mettent le régime autoritaire dans l’embarras car celui-ci est non seulement
décrédibilisé par le fait qu’il suffise qu’un témoin soit présent lors d’un incident pour que
tout soit relayé par Internet mais en plus perd son monopole des médias, ce qui est très
important pour les éventuelles actions révolutionnaires à suivre.
3.2 Les Dagongmei
Si j’ai décidé de parler des Dagongmei durant mon travail, c’est parce que, bien qu’étant un
cas précis, les Dagongmei sont la représentation même de ce peuple chinois épuisé qui hait
cette société myrmicéenne.
Mais tout d’abord, qui sont les Dagongmei ?
Les Dagongmei sont de jeunes femmes provenant de milieu rural qui, à la recherche
d’argent, partent travailler dans les grandes villes, et surtout dans les usines1. Mais la vie est
loin d’être facile pour ces femmes, surtout à cause du système d’enregistrement du hukou2
(parfois appelé Huji) qui les empêche d’accéder aux droits les plus fondamentaux en ville,
tels qu’accéder aux prestations sociales ou aux soins médicaux minimums. Ce système a
pour conséquence de rendre les Dagongmei complétement dépendantes de l’usine où elles
travaillent.
1 Pour faire cette définition, je me suis basé sur P.Ngai , traduit de l’anglais par H.Maury, Made In China : Vivre avec les ouvrières
chinoises, ( l’Aube), L’Ere planétaire, Europe, aout 2012.
2 Ce système rattache les dagongmei à leur lieu de naissance, la campagne. Pour plus d’information sur ce système :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Huji , consulté le 12/04/13
En effet ces usines les logent et les nourrissent, mais en échange leur offre un mode de vie
inhumain. Ces femmes enchainent le travail et le sommeil sans loisir aucun et dans des
conditions épouvantables. Bien souvent ces usines sont vétustes, et des accidents se
déroulent perpétuellement, le plus choquant étant peut-être cet incendie d’une usine de
Shenzhen où, en 1993, 80 ouvrières chinoises trouvèrent la mort.
A cela s’ajoute en ville le même type de racisme que l’on peut constater en Europe et qui a
pour objet : « ces gens viennent nous prendre nos boulots, qu’ils retournent chez eux » dès
qu’elles vont faire leurs courses.
Pour confirmer sa théorie, une sociologue du nom de Pun Ngai a passé plus de 6 mois en
couverture dans une usine de production, vivant chaque jour avec les Dagongmei, pour
connaitre leurs pensées et leur état d’esprit et sa conclusion est la suivante : ces femmes
sont à bout physiquement et moralement, et n’hésitent pas à parler de révolution.1
La Chine se remettrait-elle de pareille révolution ?
3.3 Jeunesse européanisée
Lors de mon voyage en Chine, et surtout dans les grandes villes telles que Pékin ou Shanghai,
les rues « branchées » étaient remplies de grands magasins de vêtements s’appelant
sobrement « Paris » ou encore « Europa style » et nombreux étaient les jeunes chinois qui
s’y pressaient. Cette jeunesse baigne en permanence dans la culture européenne et l’idéalise
complétement. Combien de jeunes m’ont demandé dans un anglais potable si j’habitais à
Paris, la ville de l’amour ? Et l’apport d’internet ne fait qu’accentuer cette envie de style de
vie. Mais n’oublions pas qu’une des valeurs même des pays occidentaux est la démocratie,
et il ne faudra pas longtemps à tous ces jeunes pour passer de l’envie de vêtements à l’envie
de changement.
1 P.Ngai , traduit de l’anglais par H.Maury, Made In China : Vivre avec les ouvrières chinoises, ( l’Aube), L’Ere planétaire, Europe, aout
2012. chapitre 7 « Approche d’un genre mineur de résistance »
Conclusion
Pourquoi le peuple chinois est-il mécontent alors que la Chine est en pleine croissance et est
en voie de devenir première puissance mondiale et quelles seraient les conséquences d’un
aggravement de la situation ?
Après ce travail, les choses me paraissent plus claires et nous possédons dorénavant tous les
éléments requis pour répondre à mes nombreuses interrogations.
Qu’en est-il donc de ce ras-le-bol, est-il réellement lié à une croissance trop rapide ?
Je pense que ce n’est pas si simple. Cette croissance instable n’a pour moi qu’influencé la
répartition désastreuse des revenus et l’écart millénaire entre campagne et côte.
Peut-on pour autant lui imputer tous les problèmes ? Il est sûr qu’elle y est liée, mais le
fantôme du communisme et les mœurs de la société aussi, et la corruption en est un parfait
exemple. N’oublions pas qu’il y avait une Chine avant la croissance économique, et que tous
ces problèmes étaient déjà présents. La croissance n’est donc pas la source de tous les
maux.
Pourquoi le peuple commence-t-il seulement à se rebeller ? Est-ce dû à la mondialisation et
l’arrivée d’internet qui ont ouvert les yeux des gens sur leurs conditions ?
Pour moi la réponse est oui. Que ce soit le gouvernement mis en défaut sur le net, les
images d’injustice postées sur les forums anonymes ou l’accès à la culture occidentale,
internet détruit chaque jour l’image sacro-sainte du gouvernement chinois et de sa toute
puissance. La mondialisation quant à elle crée une immense frustration chez les ouvriers
chinois qui produisent les produits occidentaux typiques et qui se demandent pourquoi ils
n’auraient pas droit à une part du gâteau. Ce questionnement permanent crée sans cesse
des vagues, et comme je le montre dans mon TFE, on se rapproche chaque jour d’une
révolution sociale.
Mais alors, que fait le gouvernement ? Est-il intéressé seulement par la croissance et oubliet-il totalement de s’occuper de la stabilité de son pays ?
Si nous étions fin des années 90, je vous aurais répondu oui, mais ce n’est plus le cas
maintenant. Vous aurez sans doute constaté que pour chaque problème émis dans mon TFE,
le gouvernement essaye tant bien que mal de le régler. Prenons par exemple le cas de la
corruption, la décision du gouvernement de faire tomber tous les corrompus de
l’administration n’est que très récente et pourtant elle fait débat sur le net et ravit le
peuple ; tout comme l’annonce du gouvernement de monter le salaire minimum des
ouvriers de 40% avant 2015 ! Et avec l’arrivée du nouveau président qui a encore beaucoup
de choses à prouver, il n’est pas trop tard pour l’empire du milieu.
Nous pouvons donc conclure que bien que la situation actuelle soit clairement mauvaise, il
ne faut pas croire pour autant que le Parti Communiste Chinois est sur le point de
s’effondrer ; en effet il possède encore plusieurs atouts dans sa manche et nous n’avons pas
fini d’en entendre parler
Annexes
1)
Fait par moi-même, sur base de chiffre provenant de « Internet en Asie », voir bibliographie
Bien qu’impressionnant, ces chiffres ne représentent en fait que 40% de la population mais
lorsqu’on sait que l’internaute chinois se connecte en moyenne 19heures par semaine, nous
comprenons l’intérêt que porte le gouvernement chinois à vouloir contrôler ce secteur.
2)
Image fabriquée par un internaute chinois anonyme
3)
« Le tigre et les huit seins », Ai Weiwei
Voilà l’œuvre qui causa tant de problèmes à l’artiste.
Bibliographie
1)
1.
2.
3.
2)
1.
3)
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
17.
18.
Livres
S.Arsène et al, Internet en Asie, (Picquier Poche), Asie immédiate, Mas de Vert, janvier 2013.
P.Ngai , traduit de l’anglais par H.Maury, Made In China : Vivre avec les ouvrières chinoises, ( l’Aube), L’Ere
planétaire, Europe, aout 2012.
F. Godement et al, Les géants d’Asie en 2025, (Picquier Poche), Asie immédiate, Mas de Vert, janvier 2013
Articles
J.Doyon et al, “control at the grassroots: china’s new toolbox”, juin 2012,
http://www.centreasia.eu/sites/default/files/publications_pdf/china_analysis_control_at_the_grassroots_june20
12.pdf
Sites internet
« La Chine première puissance mondiale en 2016 », 09/11/12,
http://www.lesoir.be/117142/article/actualite/monde/2012-11-09/chine-premi%C3%A8re-puissancemondiale-en-2016 , consulté le 22/12/12
« Liste des pays par PIB (PPA) par habitant »,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_PIB_%28PPA%29_par_habitant, consulté le 22/12/12
« http://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_clou », consulté le 19/01/13
« la répartition actuelle des revenus en Chine », http://www.coopgabon.net/berline/la-repartition-actuelledes-revenus-en-chine, consulté le 19/01/13
D.Malovic, 06/02/13, « La Chine veut réformer la répartition des revenus », http://www.lacroix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/La-Chine-veut-reformer-la-repartition-des-revenus_NG_-2013-02-06-908269, consulté le 02/03/13
« Indice de perception de la corruption »,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_perception_de_la_corruption, consulté le 02/03/13
10/12/2012, « La Chine affirme avoir sanctionné 660 000 cadres pour corruption en cinq ans »,
http://chine.aujourdhuilemonde.com/la-chine-affirme-avoir-sanctionne-660-000-cadres-pour-corruptionen-cinq-ans , 02/03/13
« Police armée du peuple », http://fr.wikipedia.org/wiki/Police_arm%C3%A9e_populaire, consulté le
23/02/13
La rédaction de ZDNet.fr, Mardi 15 Janvier 2013, « La Chine compte 564 millions d’internautes »,
http://www.zdnet.fr/actualites/la-chine-compte-564-millions-d-internautes-39786280.htm, consulté le
23/03/13
« conflit territorial des Iles Senkaku »,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Conflit_territorial_des_%C3%AEles_Senkaku , consulté le 23/03/13
« Proxy » , http://fr.wikipedia.org/wiki/Proxy, consulté le 23/03/13
« Huji » , http://fr.wikipedia.org/wiki/Huji , consulté le 12/04/13
Laura Fort, 09/11/12 ,« Han Han, le blogueur chinois populaire et ambigu »,
http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20121108trib000729803/han-han-leblogueur-chinois-populaire-et-ambigu.html, consulté le 23/03/13
« Censure d’Internet en république populaire de Chine » ,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Censure_d%27Internet_en_R%C3%A9publique_populaire_de_Chine , consulté
le 23/03/13
Philippe Grangereau, 19/12/12, « A Wukan, la révolte arable »,
http://www.liberation.fr/monde/01012378401-a-wukan-la-revolte-arable , consulté le 22/03/13
Pierre Sabatier et Jean-Luc Buchalet, 09/06/12, « L'économie chinoise s'apparente de plus en plus à une
locomotive lancée à pleine vitesse... mais sans freins » , http://www.atlantico.fr/decryptage/economiechinoise-apparente-locomotive-lancee-pleine-vitesse-sans-frein-jean-luc-buchalet-pierre-sabatier383671.html, consulté le 15/09/12
« Avant de faire la révolution, réforme ton cœur » , http://www.evene.fr/citation/faire-revolution-reformecoeur-11513.php, consulté le 27/03/13
Le nouvel Observateur, « L’actualité sur Ai Weiwei », http://tempsreel.nouvelobs.com/tag/ai-weiwei ,
12/04/13
Téléchargement