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Ce front germano-soviétique était le plus important de la guerre puisque sept divisions et deux brigades
soit 2,7 %, des forces nazies, étaient engagés face aux Américains et aux Britanniques, quand 91 divisions
et 3 brigades était cantonnées à la surveillance les territoires occupés.
Le haut commandement nazi pris la décision de porter leur effort sur un étroit secteur appelé le « saillant
de Koursk ». Cette bande avait été créée au cours de l'offensive soviétique post Stalingrad. La forme géo-
graphique de ce secteur favorisait cette décision qui concentrait les forces nazies concernées dans les
zones d'Orel et de Bielgorod et menaçaient les flancs et les arrières des troupes soviétiques placées à l'inté-
rieur même du saillant.
De même, ce saillant enfoncé profondément au cœur des défenses nazies, était de la plus grande impor-
tance pour les soviétiques puisqu’ils pouvaient l'utiliser pour frapper sur les flancs troupes nazies d'Orel
et de Bielgorod.
Durant la fin de l’hiver et le début du printemps 1943 que chacun connaît pour les conditions climatiques
et météorologiques, le commandement nazi avait préparé le plan dans ses moindres détails. C’est le 15
avril qu’Hitler donna l'ordre d'attaquer le saillant de Koursk, le nom de code était « Opération Citadelle ».
Hitler s’exprima ainsi : « Cette offensive revêt une importance capitale. Elle doit se conclure par un succès
décisif et rapide [...]. Dans la direction de l'effort principal, seront utilisés le meilleur matériel, les meilleures
troupes, les meilleurs chefs et les plus grandes quantités de munitions. A chaque échelon, tous les chefs, tous
les soldats devront avoir été convaincus à fond de l'importance primordiale de cette offensive. La victoire de
Koursk doit être un phare que le monde entier verra s'illuminer »
Les plans de l'opération consistaient à porter l'effort principal sur les forces soviétiques concentrées au
sud d'Orel, avec la 9ème Armée nazie et au nord de Kharkov, avec la 4ème Armée blindée et le groupement
tactique « Kempff », du groupe d'armées Sud. En dirigeant l'action sur Koursk, le haut commandement nazi
comptait ainsi encercler et détruire les forces des fronts de Voronej et du Centre qui défendaient le saillant.
L’ambition de l’état-major nazi était de raccourcir le front, et si l'opération fonctionnait selon les plans, de
développer leur offensive sur les arrières du front du Sud-Ouest, nom de code « opération Panthère », pour
tourner vers Moscou et encercler la totalité des forces soviétiques au centre du front : une leçon de straté-
gie militaire retenue de Stalingrad.
Les nazis avaient concentré d'énormes forces : 50 divisions, dont 16 étaient blindées ou motorisées, soit
près de 900 000 hommes avec quelque 10 000 canons et mortiers et 2 700 chars. Une force additionnelle
de 20 divisions se trouvait sur l'aile de la force principale, prête à intervenir pour appuyer les troupes
d'assaut, soit 1.5 million d’hommes.
C’est donc avec 70 divisions soit 30 % de toutes les forces allemandes engagées sur le front de l'Est (près
de 6 millions de combattants), que la bataille allait être engagée, dont 25% était constitué de chars Panzer-
6 et de divisions motorisées équipées du « Ferdinand ». 2 000 appareils pour l'appui aérien, avec l’élite de
la Luftwaffe dont le groupe de chasse 51 des « SS Môlders » et la légion « Condor » (celle qui avait bombar-
dait Guernica en 1936).
Vu l'importance d’une telle opération, l’O.K.H. et l’état-major général de l'armée de terre, avaient réétudié
et modifié plusieurs fois ce plan « Citadelle », par stratégie et doute de fuites possibles, mais surtout par
crainte d’Hitler qui avait dit : « il ne fallait absolument pas échouer, je vous l’interdis ».
Les divisions qui allaient prendre part à l'offensive furent mises au repos et complétées en hommes et en
matériel. On peut facilement comprendre les inquiétudes du haut commandement nazi qui avait porté une
attention particulière sur le système défensif soviétique à l'intérieur du saillant de Koursk.
Un des généraux allemands, le général Mellenthin affirmait après la guerre dans son livre « Batailles de
panzers, 1939-1945 » que : « grâce au service de renseignements, chaque mètre carré avait été photographié
d'avion » et « aucune offensive n'avait jamais été préparée avec plus de soin que celle-là ».
Quant à l'entraînement, il avait semble-t-il été rendu aussi réaliste que possible : tirs pratiques et exercices
tactiques s'étaient succédés régulièrement en arrière du front.