- Marx et les marxistes ont introduit une critique beaucoup plus radicale du capitalisme. Les crises, les
inégalités, la paupérisation, le chômage, loin d'être des failles passagères du système en révèlent la nature
profonde.
- les « hétérodoxes » forment un ensemble disparate. On a pris l'habitude de regrouper sous ce nom, une
pléiade d'économistes qui refusent de considérer l'économie comme un monde autonome, séparé du reste
de la société et ayant ses lois propres. Pour eux, on ne peut penser l'économie sans y intégrer les formes
d'organisation des entreprises, les relations de pouvoir, les conduites des groupes sociaux, les institutions,
normes et valeurs d'une société.
Les nouveaux économistes sont arrivés
Voilà donc le portrait de famille des économistes tel qu'on le présentait il y a peu encore. Depuis une
quinzaine d'années, ce tableau a quelque peu changé. Comme dans toutes les familles, il y a eu des
mariages, des nouvelles ramifications... et des crises. Une génération de « nouveaux » économistes a fait
son entrée ; on les appelle les « nouveaux classiques », les « néokeynésiens », les « néoinstitutionnalistes
».
Même si on manque de recul pour apprécier toutes les évolutions, quelques lignes de force se dégagent
pourtant.
- Le courant néoclassique a d'abord eut le vent en poupe : il s'est enrichi, diversifié et sophistiqué encore
plus. On le présente souvent comme le courant dominant de l'économie contemporaine (2).
Fondamentalement, la démarche - fondée sur la formalisation mathématique et le raisonnement déductif -
reste la même. Les soubassements théoriques ne changent pas : les agents économiques sont rationnels, ils
cherchent à optimiser leurs gains. En revanche, le cadre d'application de la théorie s'est beaucoup étendu.
Les néoclassiques ne raisonnent plus vraiment à partir du seul cadre d'un marché « pur et parfait »
supposé équilibré. On a construit une infinité de modèles possibles : situations de monopoles,
concurrence imparfaite(3), coûts de transaction (4), etc. On reconnaît également que les agents
économiques (consommateurs ou producteurs) ne sont pas toujours bien informés (économie de
l'information), qu'ils agissent dans un environnement incertain (théorie des jeux)(3), que les différents
comportements de la firme dépendent de son organisation interne, (économie de la firme)(4), etc. Une
infinité de ramifications théoriques ont pris corps.
- Les keynésiens, après avoir subi une forte crise dans les années 80, relèvent la tête depuis peu. Les «
néokeynésiens » conservent de Keynes deux principes majeurs : l'imperfection du marché et la nécessité
de l'intervention de l'Etat. Cependant, face aux failles théoriques mises à jour et à l'épuisement des
politiques keynésiennes, ils ont dû se renouveler. Les néokeynésiens ont intégré de nombreux aspects de
l'approche néoclassique (importance de l'offre, des anticipations rationnelles notamment). Ils accordent à
l'Etat un rôle nouveau : sa fonction n'est pas d'intervenir pour stimuler l'activité, mais plutôt pour créer un
environnement favorable à la croissance (par la création d'infrastructures, d'aides à la formation, à
l'innovation).
- Les marxistes ont quasiment disparu de la scène des idées économiques. Ils se sont joints aux
hétérodoxes pour former une nouvelle constellation : celle des « socioéconomistes ». Pour la
socioéconomie et ses différentes composantes (conventions, évolutionnisme, école de la régulation,
institutionnalisme), on ne peut penser l'économie hors des relations sociales. Le marché du travail, par
exemple, n'est pas (et ne doit pas être) réglé par les lois de l'offre et de la demande, supposées
universelles, mais est structuré par des normes, des conventions, des règles produites par les acteurs
sociaux.