Conclusion et perspectives : De l`information environnementale à l

Conclusion et perspectives : De l'information
environnementale à l'éducation
environnementale …
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1. Apports et limites de notre travail
La problématique qui a orienté notre recherche était d'identifier les flux et canaux
d'informations pouvant motiver puis aider les PME / PMI à améliorer leurs performances
environnementales. Nous sommes partis du postulat que la situation et le comportement des
petites et moyennes entreprises ne pouvaient être assimilés à ceux des grandes entreprises
[JULIEN 97] et du constat que les travaux de recherche portant sur l'intégration de
l'environnement par les entreprises portent principalement sur les grands groupes industriels.
Dans la première partie, nous avons présenté les caractéristiques des PME : ces entreprises de
petite taille sont centralisées autour de leur propriétaire - dirigeant, ont des stratégies intuitives
et peu formalisées et des systèmes d'information interne et externe peu complexes et peu
organisés. D'un autre côté, nous avons défini l'environnement comme un ensemble de
milieux, dans lesquels l'entreprise fonctionne, et d'acteurs avec lesquels elle est en relation.
L'information environnementale est caractérisée, entre autres, par sa complexité, source
d'incertitude (sur les effets et impacts environnementaux) et d'ambiguïté (sur les préférences
des acteurs). La volonté de gérer ces incertitudes et ambiguïtés est un déterminant majeur
pour inciter les entreprises à intégrer l'environnement. Cela exige l'accès et le traitement d'un
volume important d'informations. Disposant de moyens limités, les PME n'engagent pas de
démarche active de recherche d'information environnementale. Aussi, elles ne sont pas
conscientes des enjeux (événementiels, réglementaires, économiques, stratégiques et
managériaux) que représente l'environnement pour leur pérennité et perçoivent
l'environnement comme une contrainte et non comme un atout.
Notre démarche d'observation du terrain repose sur deux méthodes :
Une enquête a été réalisée, grâce à des partenariats avec les CCI de Pau et de Saint-
Etienne, le Parc Naturel Régional du Pilat et deux consultants, auprès de 47 PME. Notre
méthode est basée sur l'évaluation du niveau d'intégration de l'environnement à travers
celui d'accès à l'information environnementale.
Plus de 300 renseignements fournis à des industriels par deux associations possédant un
service de type "SVP environnement" (ALSAPE et APORA) ont été analysés.
L'échantillon de notre enquête est relativement restreint : 47 entreprises alors que le SESSI
estime à plus 19 600 le nombre de PMI (de 20 à 249 salariés) [SESSI 00]. Nous ne pouvons
prétendre à l'exhaustivité de nos résultats, ni à une représentativité statistique du tissu des
PME. Du fait de l'hétérogénéité du tissu des PME, nous n'avons pas cherché à proposer une
"théorie" du comportement environnemental des PME. La représentation et la "réponse" que
nous proposons s'appliquent surtout aux entreprises que nous avons observées :
Nos observations portent principalement sur les "petites entreprises" (entre 10 et 50
employés). La situation et le comportement des micro-entreprises (artisans,
principalement) et des moyennes entreprises (généralement mieux structurées que les
petites) ne sont pas toujours assimilables aux schémas décrits dans ce travail.
Les secteurs d'activité que nous avons étudiés sont principalement des secteurs
traditionnels et manufacturiers (textile, mécanique, etc.). Les entreprises du tertiaire et
celles utilisant des procédés et produits radioactifs, par exemple, sont confrontées à des
questions environnementales spécifiques que nous n'avons pas abordées. De plus, nous
n'avons pu différencier les comportements industriels en fonction du secteur d'activité du
fait d'un nombre trop faible d'entreprises dans chaque secteur.
Les entreprises que nous avons étudiées sont suffisamment intéressées par les questions
liées à l'environnement pour accepter d'y consacrer un entretien d'une heure. Cependant,
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la plupart d'entre elles n'en font pas un argument de vente et n'en sont qu'au début de leur
prise en compte.
Cependant, cet échantillon est suffisant pour valider notre méthode d'enquête, auprès de
partenaires, secteurs d'activité et territoires variés. Elle repose sur des entretiens d'une heure
avec les chefs d'entreprise. Chaque entreprise peut ensuite être évaluée selon une grille
d'évaluation comprenant 15 critères gradués sur 3 niveaux. Cette démarche peut être utilisée
par des parties intéressées pour identifier rapidement le niveau d'intégration de
l'environnement des entreprises qui les concernent à travers leur niveau d'accès à
l'information, évaluer leurs points forts et faibles et leurs besoins en matière d'information.
Tout en considérant les limites que nous avons soulignées ci-dessus, nous pouvons rappeler
les principaux enseignements de notre enquête :
Le postulat de rationalité parfaite ne peut s'appliquer au cas de l'intégration de
l'environnement par les PME. Par exemple, plus de la moitié des chefs d'entreprise
interrogés avouent manquer d'information à propos de la réglementation sur les déchets.
L'accès à l'information environnementale est une condition nécessaire, mais non
suffisante à l'amélioration des performances environnementales du fait du comportement
opportuniste de certaines entreprises.
Le comportement environnemental de l'entreprise est lié à ses relations avec
différents partenaires : plus une entreprise est ouverte, mieux elle intègre l'environnement.
Le canal d'information le plus efficace pour aider et encourager les PME à réduire leurs
impacts sur l'environnement est le contact direct avec des partenaires locaux qui visitent
le site industriel.
Le type de partenaires le plus influent (généralistes ou techniques et spécialistes ou non de
l'environnement) varie selon chaque entreprise. Le "profil de partenaires" de la PME
dépend de son territoire d'implantation, de son niveau d'indépendance, de son statut ICPE
et de sa situation par rapport à une certification qualité.
Six caractéristiques influent sur son niveau d'intégration de l'environnement : son statut
ICPE, la présence éventuelle d'un responsable environnement, le type de motivation de
son dirigeant, sa situation vis-à-vis de la certification qualité et son effectif (dans une
moindre mesure, cependant : seules les entreprises de plus de 50 salariés se différencient
des autres).
D'une manière générale, nous avons constaté un décalage entre le discours des
"spécialistes de l'environnement" (littérature, réglementation, institutionnels,
scientifiques) et la réalité quotidienne des PME.
L'analyse des questions posées aux centres de ressources nous amène à proposer une
classification de l'information environnementale nécessaire à l'entreprise selon quatre axes :
- son type : information sur l'environnement (en particulier, sur l'état de
l'environnement et les mesures administratives), sur les moyens de l'intégrer
(techniques et méthodes), sur les éco-acteurs et sur les événements et références,
- son thème environnemental : utilisation de l'environnement comme facteur de
différenciation, aspects administratifs (procédure de déclaration et autorisation
ICPE, agréments, etc.) ou concernant les différents facteurs d'impact de l'entreprise
sur l'environnement,
- son niveau décisionnel : stratégique, tactique ou opérationnel,
- son niveau géographique : local, régional ou national.
Il ressort que les questions pour lesquelles l'entreprise fait le plus souvent appel à une aide
informationnelle extérieure portent sur les mesures administratives concernant la sécurité et
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les risques industriels, les aspects administratifs (procédures d'autorisation, etc.) et les
déchets.
Les PME ont besoin d'une interprétation personnalisée de la réglementation et d'une aide
extérieure pour identifier leurs propres besoins en information environnementale. Par
exemple, l'expert qui répond au service SVP environnement doit généralement les aider à
formaliser leurs questions. Pour être efficace, l'information doit donc non seulement répondre
à la question que la PME exprime mais aussi à des besoins non exprimés que seul un expert
"humain" peut l'aider à définir. Ainsi, il est impossible d'établir un "profil type"
environnemental de la PME qui ferait correspondre automatiquement les besoins
informationnels de l'entreprise à un nombre limité de caractéristiques qu'elle aurait
renseignées a priori. Un contact direct (au moins par téléphone, au mieux par une visite sur
site) est indispensable à l'identification de ces besoins.
Ces constatations nous amènent à proposer le guide méthodologique IPAPE (Information
Pertinente pour l'Amélioration des Performances Environnementales) destiné à aider des
acteurs locaux (institutionnels, consulaires, associatifs et collectivités locales) à identifier
l'information pertinente qu'ils peuvent diffuser auprès des PME pour les encourager à
améliorer leurs performances environnementales. Il est basé sur le principe de l'amélioration
continue afin de permettre aux acteurs locaux d'apprendre, dans un premier temps, à
collaborer sur des projets de petite envergure pour s'orienter ensuite vers des projets apportant
une amélioration plus grande de l'état de l'environnement. Cela exige la mise en place d'une
évaluation des actions menées et d'une phase d'amélioration qui prend en considération le
retour du "terrain" pour réviser les objectifs et actions menées et pérenniser le projet.
Ce guide se situe au niveau de la recherche méthodologique et n'est pas directement
opérationnel. Il propose une méthode, des pistes de réflexion et des questions à se poser pour
mener de tels projets, mais pas de conseils pratiques ni de réponses concernant le financement
de tels projets.
Il s'accompagne de deux bases de données qui recensent, d'une part, l'ensemble des
informations que l'entreprise doit mobiliser pour réduire ses impacts environnementaux
(fichiers entreprise.xls) et, d'autre part, l'ensemble des sources d'informations qu'elle peut
utiliser (dans la mesure du possible officielles et publiques) (fichier infos-externes.xls).
Ces constats nous amènent à effectuer deux types de propositions : des actions qui pourraient
être menées par les pouvoirs publics pour améliorer les connaissances (et performances)
environnementales des PME et des pistes de recherche à approfondir.
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