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L’autre mécanisme, non plus lié aux actes, mais aux phénomènes externes (la nature)
ou internes et spécifiques aux êtres humains dans le cas de la roue de la vie, est celui des liens
de l’enchaînement causal, de l’interdépendance des phénomènes composés qui régissent tous
ces phénomènes dans leurs relations causales. Ces liens, généralement arrêtés au nombre de
douze, expliquent, dans notre vie, le mécanisme de la souffrance, et d’une manière générale,
l’enchaînement des existences.
Les freins à la libération du cycle des renaissances sont illustrés par des images
symbolisant l’Impermanence, ce caractère transitoire de tout phénomène dont la prise de
conscience est nécessaire à l’atteinte du nirvāṇa symbolisé par un tertre blanc, grâce à
l’enseignement de Śākyamuni, rappelé par deux quatrains qui promettent de quitter « la mer
des souffrances » à ceux qui pratiquent la doctrine du Bouddha.
Suit alors dans notre thèse, la description et l’analyse de soixante-dix-neuf roues de la
vie réparties sur les territoires actuels du Bhoutan (quatorze), de l’Inde (vingt-six), du Népal
(quatorze) et de la Chine (vingt-cinq).
Le Bhoutan présente le grand intérêt d’être un petit pays, peu peuplé, d’une grande
unité politique et religieuse, le bouddhisme des Druk-pa Kagyü est religion d’Etat. Malgré ces
dominantes, il est intéressant de relever la diversité des roues observées. Treize des quatorze
roues présentent une architecture récurrente de quatre cercles concentriques comportant, du
centre vers l’extérieur, les poisons, les existences intermédiaires, les mondes de renaissances
et les liens de causalité. Cependant la taille de chaque cercle, les couleurs utilisées, les
illustrations de chaque thème sont toujours différents ; on retrouve les mêmes variations à
l’intérieur d’une même enceinte à l’exemple des quatre roues situées dans le Dzong de
Trongsa, ou des deux roues du Dzong de Paro ; en outre, à l’intérieur d’une seule et même
enceinte monastique comme celle de Trongsa, nous trouvons quatre roues que tout
différencie, les contenus, les couleurs, l’organisation des thèmes, le style, les dimensions : il
n’existe pas au sein d’un même établissement, de tradition d’unité ou de parenté
iconographiques pour les peinture des roues de la vie.
La quatorzième roue, située à Trashi Yangtse, présente des spécificités bien
différentes : poisons, existences intermédiaires et destinées de renaissance comportent parfois
des dessins enfantins mais nous relevons deux absences significatives dans le message de la
roue, celle des liens de causalité, notion pourtant indispensable à l’explication du mécanisme