STRATÉGIE DE FIDÉLISATION
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concurrentielle propice à un tel phénomène. Mais le fait que ce chiffre
soit si élevé s’explique en partie par l’absence de réelle stratégie de fidé-
lisation EPL à long terme par les principaux acteurs. Certes, plusieurs
d’entre eux ont développé ces dernières années le concept de pleasure
shopping (ou fun shopping) introduisant une dimension spectacle sur le
lieu de vente, pour entretenir la génération de trafic. Cela s’assimile
davantage à la communication événementielle et/ou au design, qu’à une
stratégie de fidélisation. Cependant, en 2002, les travaux de recherche
très intéressants menés par Marie-Christine Lichtlé, Sylvie Llosa et
Véronique Plichon ont permis de comprendre que si le distributeur se
contentait de faire son métier, en proposant un assortiment organisé de
produits dans un point de vente aménagé, cela ne suffisait plus pour
influencer positivement l’évaluation faite parle client. Il fut démontré,
dans le cadre d’une grande surface alimentaire, que les facteurs
d’ambiance, notamment, influençaient fortement sa satisfaction. D’où
l’importance de l’expérience affective vécue par le client lorsqu’il se rend
dans une grande surface, si l’on souhaite l’y voir revenir. Le fait est que
les grandes enseignes n’ont pas de positionnement véritablement diffé-
rent et compte tenu du développement considérable des implantations
dans le courant des années 1970 et 1980, les zones de chalandise des
différents points de vente sont rarement exclusives. Dès lors, l’offre de
la grande distribution repose essentiellement sur une politique de coups
(anniversaires, festivals, produits saisonniers, braderies, soldes…) qui
constituent autant d’actions promotionnelles. Certaines d’entre elles,
comme la fabuleuse opération mondiale des 35 ans de Carrefour réalisée
en 1998, sont de véritables cas d’école marketing tant la réussite fut
grande en termes de trafic généré et chiffre d’affaires engrangé. Et la très
forte incitation à la réflexion générée à l’issue chez les enseignes concur-
rentes est là pour conforter l’idée du succès de l’opération. Mais il n’y a
rien de surprenant dans ces conditions à ce que le consommateur/client
soit logiquement et implicitement incité à passer d’une promotion à une
autre, quelle que soit l’enseigne.
Qui dit fidélisation, dit naturellement stratégie. Qui dit stratégie, dit
nécessairement combinaison d’actions cohérentes à moyen/long terme et
non succession d’opérations indépendantes à court terme. D’autre part,
une stratégie de fidélisation ne doit pas signifier un retour au marketing
de masse. Et l’observation vaut également pour l’utilisation d’Internet.